mardi 16 février 2016

Fermeture d’un tiers du parc nucléaire français : l’habillage politique d’une impasse industrielle

Source : l'observatoire du nucléaire

Avec son rapport publié ce jour, la Cour des comptes apporte sa caution à la véritable mystification mise en place par le pouvoir politique en plein accord avec la direction d’EDF.
Le subterfuge consiste à prétendre que le programme dit de "grand carénage", à savoir la rafistolage à grand frais des réacteurs nucléaires français, tous vieillissants, permettrait à EDF de maintenir sa production d’électricité nucléaire pendant de longues années, voire des décennies.
De fait, la baisse de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique française, nécessitant probablement la fermeture d’un tiers du parc nucléaire, serait seulement la conséquence d’une décision politique "courageuse", voire même relevant de l’engagement "écologiste".
Or, en réalité, EDF est incapable d’assumer - tant sur le plan financier que sur celui des ressources humaines - le rafistolage de tous les réacteurs nucléaires, et même ceux qui seront rénovés n’auront pas pour autant la certitude de pouvoir fonctionner encore bien longtemps, vu le délabrement avancé de l’ensemble du parc.
Donc, EDF va dans tous les cas se résoudre à fermer de nombreux réacteurs. Mais l’objectif de tout ce beau monde est de mettre ces fermetures sur le compte d’une décision politique… qu’ils n’hésiteront d’ailleurs pas par la suite à qualifier d’ "irresponsable".
C’est d’ailleurs exactement le même tour de passe-passe qui a prévalu lors de la fermeture du surgénérateur Superphénix en 1997 : cette décision a été présentée comme un cadeau du premier ministre Lionel Jospin à sa ministre verte Dominique Voynet, voire comme un succès du parti Les Verts, qui aurait donc subitement été capable d’obtenir la fermeture de cette centrale.
Il ne s’agissait bien sûr que d’une fable : EDF avait décidé de mettre un terme à l’aventure de Superphénix, désastreuse tant sur le plan industriel que financier. Les Verts ont servi d’ "idiots utiles", couvrant involontairement l’abandon du projet par EDF. Aujourd’hui encore, les pronucléaires dénoncent une décision "politicienne" sans laquelle Superphénix aurait assurément accompli nombre d’exploits !
De la même façon, mettre aujourd’hui la fermeture inévitable de dizaines de réacteurs délabrés sur le compte de la loi de Transition énergétique est un tour de passe-passe dont l’objectif est à la fois de masquer l’impasse industrielle dans laquelle se trouve la parc nucléaire français, tout en soutirant à nouveau de lourdes sommes aux citoyens : ces fermetures étant "politiques", les industriels devront donc être dédommagés par l’argent public !
De toute façon, EDF étant une entreprise d’Etat, tout comme Areva, les faillites respectives de ces deux "fleurons de l’atome" seront quoi qu’il arrive assumées par les citoyens.
Les "élites" françaises, impliquées depuis 40 ans de l’irresponsable aventure du lobby nucléaire, complices des errements insensés de Mme Lauvergeon à la tête d’Areva, couvrent aujourd’hui encore l’impasse industrielle et financière dans laquelle elles nous ont amené.
Mais l’heure de vérité arrive inéluctablement et il serait anormal que Mme Lauvergeon, justement poursuivie dans l’affaire de production Uramin, soit la seule à devoir rendre des comptes…

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