mercredi 26 août 2015

Des nouvelles de la résistance, suite au virage libéral de Tsipras.

by · 25/08/2015

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LA LUTTE S’INTENSIFIE, EN GRÈCE, CONTRE LA VENTE MASSIVE DU BIEN COMMUN ET LES IMPOSTEURS DE LA « CROISSANCE VERTE ». Les conséquences de l’accord du 13 juillet, puis du troisième mémorandum ne se sont pas faites attendre. La lutte contre la privatisation de 110 plages (parfois la plage unique d’un île habitée) s’organise un peu partout, notamment dans les Cyclades, après six mois de pause et d’attente vis-à-vis du nouveau gouvernement qui vient de trahir l’engagement qu’il avait pris sur ce dossier. Les premières grandes actions sont prévues début septembre, après la haute-saison touristique. Du côté d’Helleniko, au sud-est d’Athènes, la riposte juridique est privilégiée par la plupart des occupations autogérées et multiformes de l’ancien aéroport et des installations olympiques abandonnées, le tout cédé à un consortium pour une bouchée de pain.
Plus encore, la lutte s’intensifie depuis quelques jours contre la mine d’or d’Eldorado Gold* en Chalcidique (nord de la Grèce, près de Thessalonique). Voici une photo prise hier par Dimitris Kyriakopoulos. D’autres photos viennent d’être mises en ligne sur la page :
https://www.facebook.com/skouriesnogold
Aujourd’hui : convois, covoiturage et même bus** sont mis en place pour amplifier la mobilisation sur place et organiser la solidarité.
De même, la tension monte, à nouveau, en Crète contre l’implantation, sur la totalité de l’île, de centaines d’éoliennes géantes et industrielles par une filiale de la société française EDF*** et par d’autres firmes qui se prévalent de la « croissance verte ». Des habitants et des bergers ont été chassés des montagnes qui sont, pour certaines, désormais classées zones interdites. Même les sorties scolaires sont refoulées. Les actions de sabotage ont repris et d’autres initiatives se préparent.
Nous parlerons de tout ça, le mardi 8 septembre, lors d’une projection-débat de « Je lutte donc je suis » (version expérimentale du film) dans un endroit surprise près d’Albi, en soutien aux inculpés de la ZAD du Testet en procès ce jour-là. Le lieu sera annoncé quelques heures avant sur :
https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/
et sur :
http://jeluttedoncjesuis.net/spip.php?article16
Parce que rester assis, c’est se mettre à genoux.
Y.Y.
http://jeluttedoncjesuis.net
https://www.facebook.com/pages/Je-lutte-donc-je-suis/1590195614532653
* Lutte présentée de 1h16 à 1h21 dans « Ne vivons plus comme des esclaves »:
https://www.youtube.com/watch?v=rpqk24qvoR4
** https://athens.indymedia.org/post/1548222
*** Lutte présentée de 0h13 à 0h19 dans « Je lutte donc je suis » (à découvrir bientôt).

dimanche 23 août 2015

Déclaration de sortie de membres de la section locale de SYRIZA à Paris

Les évolutions politiques accélérées des dernières semaines nous contraignent à rendre nos démissions de membres de SYRIZA, puisqie le parti subit une mutation irréversible et  sans précédent, se transformant en parti de soutien aix mémorandums; ceci de l’exclusive responsabilité du groupe qui le dirige.
Les faits qui nous ont conduit(e)s à une telle décision sont de deux ordres essentiellement:
  1. Le détournement des textes programmatiques fondamentaux du parti (décision politique du 1er Comgrès fondateur, programme de Thessalonique) mais aussi des déclarations de programme du gouvernement qui en confirmait les orientations. SYRIZA fut le parti qui, dès le départ, a lutté contre les choix politiques imposées comme des sens uniques: les mémorandums, le néolibéralisme, le déni de démocratie. Les décisions des dernièrrs semaines annulent les orientations essentielles de SYRIZA et conduisent le parti inéluctablement à la soumission à l’establishment autochtone et international dont SYRIZA deviendra dès à présent l’incontournable serviteur.
  2. Le parti ne fonctionne plus, depuis un certain temps, pour ce qui est substantiel. Des décisions concernant la marche du pays et le peuple, portant sur les décennies à venir, ont été prises, non seulement sans la contributions des instances officielles du parti (Secrétariat Politique, Comité Central, éventuellement Congrès) , mais dans leur complète ignorance.
    Même la décision récente au sujet d’élections anticipées (qui prévisiblement allait conduire à la scission du parti) a été prise en cercle fermé sans information préalable des instances du parti.
Nous considérons que nous n’avons aucune place au sein d’un parti qui s’est soumis aux injonctions de l’establishment local,  mais aussi aux maîtres étrangers, d’autant plus que ses instances ne participent nullement à la plannification et à l’exercice de la politique, mais n’ont qu’un rôle ornemental, au sein d’un parti qui dévie vers le bonapartisme et la gestion des mémorandums.
Cependant, en dépit d’une très grande déception, nous considérons que la démobilisation est une option inadaptée.
Citoyen(ne)s grec(que)s de la diaspora, nous considérons que le troisième mémorandum sera dévastateur; il s’impose donc d’apporter toutes nos forces au combat pour l’annuler, d’annuler aussi les mémorandums précédents.
La lutte contre les mémorandums socio-destructeurs, contre la dépendance de l’impérialisme, est une nécessité.
Nous mènerons ce combat au niveau du mouvement social et du politique, à travers un nouveau grand pôle de lutte contre les mémorandums, pour accéder à l’unité du peuple, nécessaire à la lutte pour le démontage des politiques hostiles au peuple.
Nous sommes dans l’attente de soutien des mouvements syndicaux et populaires européens. Soutien à notre combat pour la reconstruction productive progressiste, pour l’émancipation des inatances réactionnaires européennes.
Par conséquent nous diffuserons notre décision à toutes lea forces qui, des années durant, se sont positionnées à nos côtés, en France, dans les luttes communes contre l’austérité, contre le néolibéralisme, contre le déni de la souveraineté nationale.
Apostolidou Eleni – membre de SYRIZA Paris
Goulas Vangelis – coordinateur de SYRIZA Paris
Grigoriadou Lena – membre de SYRIZA Paris
Kosadinos Emmanuel – membre de SYRIZA Paris
Kiriakidis Pâris – membre du secretariat de SYRIZA Paris
Nestoridis Nestor – vice-coordinateur de SYRIZA Paris
Papageorgiou Chryssa – membre du secretariat de SYRIZA Paris
Papadomihelaki Alice – membre de SYRIZA Paris

jeudi 6 août 2015

L.E.J : summer 2015


Les anes ont soif : 2è partie





Les Anes ont soif,1ère partie  ici Informer disaient ils ?

Pierre Carles : « En France, c’est l’omerta médiatique sur l’Équateur »

Pourquoi la politique du président équatorien Rafael Correa, qui va à l’encontre des plans d’austérité et enregistre depuis huit ans des succès économiques, a-t-elle aussi peu d’écho en France ? Bien connu pour son travail de critique des médias, le documentariste Pierre Carles s’est penché sur la question dans son dernier film « Opération Correa Épisode 1 : Les ânes ont soif ». Entretien.
Qu’est-ce qui vous a poussé à parler de Rafael Correa ?
À l’origine, Le Monde Diplomatique m’a demandé d’enquêter sur le fait que le journal n’est jamais cité dans les revues de presse radiophoniques, alors qu’il a pourtant le plus grand rayonnement à l’étranger [35 éditions internationales, 19 langues, ndlr]. À côté de ça, le Monde diplomatique a retranscrit la conférence de Rafael Correa du 6 novembre 2013 à la Sorbonne. Je me suis aperçu que ces propos n’avaient pas été repris par les grands médias français. C’était le silence total sur la politique menée depuis huit ans en Équateur. Mes collaborateurs Nina Faure, Aurore Van Opstal, Julien Brygo et Brice Gravelle sont donc allés au contact des responsables d’information français pour les interpeller au sujet de cette omerta médiatique.
Certains journalistes comme Ivan Levaï refusent de traiter ce sujet et d’autres, comme Christophe Barbier, estiment plus subtilement qu’il s’agit d’une pensée trop complexe pour être synthétisée à une heure de grande écoute…
Correa avait toutes les qualités pour être invité dans un grand média : il parle français, possède un certain charisme, il est économiste – non orthodoxe certes, mais reconnu. Et il est à la tête d’un pays qui, selon les standards traditionnels des grands médias, a des résultats économiques supérieurs à ceux de l’Allemagne. On pourrait se dire : « Tiens, il y a d’autres politiques que l’austérité. » Mais non ! On répond par des arguments totalement fallacieux : « On ne peut pas traiter ces sujets à 20 heures sur TF1. Les gens n’en veulent pas ! » Ivan Levaï a eu une réplique qui a donné son titre au film : « On ne donne pas à boire aux ânes qui n’ont pas soif ». Ça dénote un certain niveau de mépris pour l’auditeur. Et c’est une conception assez étrange de l’information que de fabriquer cette censure préalable.
C’est un peu ce que dit Christophe Barbier aussi, avec d’autres arguments. Ce qui se passe en Équateur va à l’encontre des politiques néo-libérales et reaganiennes que ces éditocrates nous présentent comme inéluctables. Alors ils préfèrent ne pas en parler. C’est un travail de flic de la pensée, destiné à maintenir un ordre établi injuste. Ils n’ont pas intérêt à ce que ça change s’ils veulent maintenir leur position de pouvoir, leurs privilèges, ceux de leurs propriétaires et de la classe dirigeante à laquelle ils appartiennent.
En salle, le film est projeté avec votre court-métrage « J’ai mal à la dette », où l’on voit notamment Susan George (Attac), les économistes Aurélie Trouvé, Jean Gadrey, Bernard Friot, Michel Husson…
Ce court-métrage porte sur le chiffrage de la part illégitime de la dette publique française. Selon le rapport du Collectif pour un Audit Citoyen de la dette publique, 59% de cette dette est illégitime. Elle devrait donc faire l’objet d’un défaut de paiement. À nouveau, il faut lire des médias indépendants pour prendre connaissance de cette idée.
Concrètement, quelles sont les solutions préconisées par les économistes que vous mettez en avant ?
Réguler la finance, les excès des dominants. Ce qui n’est pas très révolutionnaire en soi. Expliquer que la dette est une manière de faire la guerre… sans armée. Quand on endette un pays, on l’occupe. C’est ce qui est arrivé à la Grèce : le taux de pauvreté a augmenté, le chômage a explosé, et le Produit Intérieur Brut (PIB) a chuté de 25%.
Pour que l’entreprise d’occupation financière cesse, il faut opérer un défaut de paiement. Dire qu’une grande partie de la dette a servi des intérêts particuliers, et non la collectivité. En chiffrer la part illégitime. Sur ce point, le Comité de l’annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM) recense quatre niveaux, en fonction des ravages commis : part illégale, part illégitime, part odieuse, et part insoutenable. En Grèce, on n’est pas loin de la dette odieuse, qui porte atteinte aux droits fondamentaux des citoyens : se loger, se nourrir…
Il faut établir un rapport de force avec les créanciers qui continuent à ponctionner, pomper, exploiter. Avant, on faisait la guerre pour piller des ressources. Maintenant le pillage se fait de manière plus maline et plus « light ».
Est-ce que les mouvements de gauche radicale, comme le gouvernement de Syriza en Grèce, ou Podemos en Espagne, sont réceptifs à l’expérience équatorienne ?
En 2008, l’Équateur a effectué un défaut de paiement sur la dette publique en la considérant comme illégitime. Il n’y a pas de raison pour qu’on ne puisse pas le reproduire ailleurs. Ce n’est pas un hasard si Eric Toussaint, l’un des fondateurs du CADTM, a participé à l’audit de la dette équatorienne et à la commission qui chiffre la part illégitime de la dette publique grecque. Les dirigeants grecs et Podemos regardent de très près comment fait l’Équateur pour rendre sa dette soutenable. Retrouver des marges de manœuvre financière. Injecter une partie de l’argent économisé dans des programmes d’investissement public, dans l’éducation, la santé. Ce que la Grèce ne peut pas faire aujourd’hui, tant qu’elle est confrontée à cette dette insoutenable.
La pression de la dette grecque est exercée par l’Allemagne. Comment l’Équateur s’est-il affranchi des États-Unis ?
Il a bénéficié de l’élection d’Hugo Chavez en 1998, qui a marqué un changement des relations entre une partie de l’Amérique latine et les États-Unis. À son arrivée au pouvoir, Correa a fermé la base étasunienne de Manta, sur la côte pacifique. Officiellement dédiée à la lutte contre le narcotrafic, elle constituait en réalité une ingérence très claire dans la souveraineté du pays. Leurs premières mesures ont donc été de retrouver leur souveraineté en fermant ces bases ou en récupérant les ressources minières pillées par les compagnies pétrolières, dont les profits partaient à l’étranger.
L’Équateur a contracté un important emprunt avec la Chine, qui est devenu son premier investisseur. N’est-ce pas juste une façon de déplacer le problème ?
La différence avec les dettes antérieures, c’est que la Chine n’interfère pas dans la politique du pays. Quand le FMI prête de l’argent, il demande des ajustements structurels. La Troïka et les organismes prêteurs ordonnent à la Grèce des mesures. Le rapport de force n’est pas le même.
L’Équateur a besoin d’argent pour ces projets dans l’éducation, la santé, la sécurité sociale, l’augmentation des salaires. Avec des prêts de la Chine et du Vénézuela, dix milliards de dollars ont également été investis dans une raffinerie géante, la Raffinerie du Pacifique, afin de pouvoir exporter un pétrole raffiné. À terme, il y a une volonté de souveraineté économique et de production locale. Aujourd’hui, l’Équateur, qui exporte son pétrole brut à un prix relativement faible, se retrouve obligé d’en importer pour sa consommation locale, raffiné ailleurs, à un prix plus élevé. La différence va dans des poches étrangères.
Pour autant, peut-on parler de miracle équatorien ?
La Colombie, en guerre civile depuis des dizaine d’années, voit avec envie ce qui se passe chez son voisin. Depuis l’arrivée de Correa, les inégalités entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres ont baissé. Des routes ont été construites et réparées. L’État est relativement présent sur l’ensemble du territoire. Il y a des hôpitaux, des dispensaires, des écoles gratuites. C’est le résultat de luttes. Ces avancées impressionnent les pays voisins. Néanmoins, c’est un modèle productiviste et centralisé, ce qui est critiquable.
Qu’est-ce qui lie ces nouveaux états sud-américains, souvent d’inspiration bolivarienne ?
Chavez, Correa, Morales ou Kirchner en Argentine sont arrivés au pouvoir de manière différente. Ils se sont entraidés en créant des organismes de coopération importants, se passant des États-Unis. Quand il y a eu des tentatives de coup d’état – au Vénézuela en avril 2002, en Équateur en septembre 2010 – les autres pays se sont montrés solidaires. Pour eux, ce n’est plus possible qu’on remette en place des dictatures de droite appuyées par les États-Unis.
On reproche à ces gouvernements de faire preuve d’autoritarisme, voire d’être des dictatures…
Dans un reportage, Arte avait qualifié Chavez de dictateur quand il a été victime du coup d’état d’avril 2002. C’est un retournement incroyable. Le sujet racontait qu’il avait démissionné. Ce qui était complètement faux. Il y a de la désinformation dans des journaux comme Libération. Paulo Paranagua, responsable du service Amérique latine du Monde est un anti-castriste et anti-chaviste primaire. Si on veut s’informer sur ce qui se passe dans ces pays, il vaut mieux lire Le Monde Diplomatique, l’Humanité ou les articles de Patrick Bèle dans Le Figaro.
On voit dans votre film que Correa a fermé |1| trois chaînes de télévision et une radio en 2008. Son rapport aux médias est controversé
Je ne suis pas sûr que le premier reproche qu’on puisse lui faire soit d’avoir régulé l’audiovisuel en 2013, en inscrivant dans la Constitution une part de 33% de médias publics, 33% de médias privés et 33% de médias communautaires et associatifs. On ferait mieux de s’en inspirer. Une journaliste espagnole a reproché à Correa d’avoir fermé des médias |2| appartenant aux banquiers de la Filanbanco, les frères William et Roberto Isaias, en exil à Miami et accusés de détournement de fonds. Elle trouve inconvenant qu’une partie du capital ait été redistribuée aux salariés. Or c’est plutôt une bonne chose que les salariés soient propriétaires de leur outil de travail. Car ces médias ne sont pas neutres : ils appartiennent à des gens qui sont dérangés dans leur business, à des banquiers qui ont pillé le peuple équatorien au moment de la fermeture des banques en 1999. Les intérêts de ces médias détenus par des groupes industriels ne vont pas forcément dans le sens de l’État équatorien.
On ne peut pas dire que tout est rose en Équateur…
Non. Par exemple, les mouvements sociaux qui contestent des aspects de la politique de Correa ne sont pas pris en compte. En avril dernier, à Quito, des manifestations ont dénoncé la politique extractiviste qui consiste à puiser dans les ressources minières et pétrolières pour développer le pays… en occasionnant des ravages environnementaux – et sans qu’il y ait forcément de concertation. On attendrait aussi d’un régime progressiste des mesures envers les femmes, comme la légalisation de l’avortement. Au bout de huit ans, des penchants autoritaires se révèlent et dérangent à la gauche de Correa. Quand on enquêtera sur place, on parlera des avancées mais aussi de ces aspects problématiques.
Il y a également une volonté d’adopter le tout électrique qui n’est pas sans poser problème…
Aujourd’hui, les habitants cuisinent au gaz, ce qui coûte très cher à l’État, qui subventionne les bouteilles de gaz importé. Celui-ci veut généraliser le passage aux plaques à induction, et un programme d’équipement et de subvention est à l’oeuvre. Correa a également lancé la construction de huit barrages hydro-électriques très importants qui devraient, à court terme, permettre au pays d’être autonome en énergie renouvelable. Sur le papier, ça tient la route. Mais ce programme ne tient pas compte des habitudes culturelles des habitants. D’où des résistances et des contestations de pans entiers de la population qui ne se sentent pas associés à cette politique.
Comment avez-vous préparé l’enquête qui doit faire l’objet de cette deuxième partie ?
En mars, avec Nina Faure, on a fait un repérage de trois semaines sur le terrain. Voir comment ça se passe. Sentir le pays. Rencontrer des pro-Correa et des opposants de gauche, des déçus. On n’est pas allés voir l’opposition de droite issue de l’oligarchie. On est allés dans la campagne voir d’autres réalités que celles des trois grandes villes de Quito, Cuenca et Guayaquil.
On a une idée, forcément imparfaite, de ce qui fonctionne et de ce qui pose problème. On va essayer de la sortir en début d’année prochaine. Peut-être qu’on l’appellera « Révolution et induction », en référence à ces plaques à induction qui cristallisent à la fois des aspects intéressants et problématiques.
Selon vous, Correa est soutenu par les classes populaires…
En 2013, il a été réélu [pour la troisième fois] au premier tour avec 57% des voix, dans un pays où il n’y a pas d’abstention car le vote est obligatoire. C’est une assise très large. Comme en Bolivie, où Morales a été élu avec 61% des voix au premier tour. Ces gouvernements ont une légitimité populaire énorme. Les gens ont vu les améliorations de leur niveau de vie, avec une retraite supérieure à ce qu’ils avaient avant – quand ils en avaient une. Avant, vous pouviez crever dans un hôpital parce que vous n’aviez pas d’argent ! Maintenant les hôpitaux privés ont l’obligation, en cas d’urgence, de vous recevoir, et on peut désormais s’y faire soigner avec la sécurité sociale. Faire des études gratuites. Ces mesures ont amélioré le sort des plus pauvres et énervé les plus riches.
N’y a t-il pas un risque de vous laisser fasciner par le personnage ?
Chaque fois qu’on fait des films, on peut se laisser fasciner. Mais on ne travaille pas seul. Le travail collectif permet de limiter ce risque. On présente des versions de travail à un public restreint pour recevoir des critiques, s’améliorer. Les retours critiques ne nous font pas peur. C’est comme ça qu’on fait des films qui tiennent la route.
En 2012, Correa a donné asile à Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, dans son ambassade de Londres. Pourquoi, selon vous ?
Peut-être pour un enjeu de politique intérieure. C’était une façon pour Correa, très contesté par l’opposition sur son rapport aux médias, de leur faire un pied de nez en disant : « Je suis un grand défenseur de la liberté d’expression. Je donne l’asile à Julian Assange. » Toujours est-il qu’il fallait avoir le courage de le faire et de se mettre à dos les États-Unis, très fâchés de ne pas pouvoir l’extrader.
En 2013, l’avion d’Evo Morales a été stoppé à Vienne par la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, car les États-Unis le soupçonnaient de transporter Edward Snowden. Ça a fait un scandale en Amérique latine. Il y a eu des manifestations devant l’ambassade de France à la Paz. Des drapeaux français ont été incendiés. Evo Morales a expliqué qu’il a été séquestré. On a même tenté de fouiller son avion présidentiel, qui bénéficie pourtant d’un statut d’extraterritorialité. C’est une ingérence des États-Unis dans les affaires de ces quatre pays européens, qui se sont comportés comme des vassaux. Tout ça aurait dû faire l’objet d’enquêtes et la Une des journaux. Mais il y a un tel parti-pris pro-américain que c’est passé, en France, comme une lettre à la poste.
Le but est d’étaler ces films jusqu’aux présidentielles 2017, avec un financement participatif…
Le premier épisode a été financé avec très peu. On l’a sorti au cinéma pour le faire circuler et rapporter un peu d’argent. Le deuxième est en train d’être financé par les internautes. Toutes les ressources sont les bienvenues, à condition qu’elles ne nous lient pas. Pas question de recevoir d’argent du gouvernement équatorien. Quant aux chaînes de télévision françaises, l’Équateur n’a pas l’air d’être leur priorité. Et mes films en sont bannis. En dix-sept ans, aucun de mes huit long-métrages n’a été diffusé sur une chaîne de télévision. On n’a pas d’autre choix que d’aller chercher un financement auprès des spectateurs, des internautes.
Est-ce une façon de s’adresser aux futurs candidats de 2017, tout comme le précédent film « DSK, Hollande, etc. » se référait aux élections de 2012 ?
En 2012, on a voulu montrer à quel point le jeu est faussé. Les grands médias orientent le vote des électeurs, construisent des catégories de gros et de petits candidats, et fabriquent un duo jugé « sérieux ». Ils arrivent à mettre dans la tête des gens qu’il n’y pas d’autres choix possibles que ces deux là, dont les programmes sont en réalité très proches. C’est pour cela que les médias ont promu les candidatures de DSK et François Hollande, tous les deux issus de l’aile droite du Parti Socialiste. Tout en prenant au sérieux la candidature de Nicolas Sarkozy. Le choix proposé, c’était droite-droite et non droite-gauche, comme on l’a fait croire au deuxième tour.
Avant l’élection de mai 2017, on va essayer avec ces films de contribuer à l’enrichissement du débat politique. Faire connaître aux citoyens l’existence d’autres modèles de société. Il ne faut pas compter sur ces grands médias pour nous en informer.
Vous avez participé à l’expérience de Pour lire pas lu / Plan B, « le journal qui mort et fuit » dont le nom est inspiré de votre film « Pas vu pas pris ». Où en est la presse alternative ?
Il y a pas mal de journaux indépendants comme Fakir, CQFD la Décroissance, la Brique, Silence, l’Envolée… Mais pas de radio ou de télé alternative. Pour l’instant, les médias indépendants ne constituent pas une alternative aux médias dominants pour le grand public.
Si on veut qu’il y ait un jour des médias alternatifs, il faudrait déjà que les médias traditionnels aient moins d’espace. Je milite pour une réduction de leur l’espace. Pour la suppression de certaines chaînes et radios hégémoniques. Si on veut voir émerger de véritables radios ou télévisions de gauche, communiste, il faudrait que les médias de droite privés et publics cèdent un peu leur place. Qu’ils cessent de nous asphyxier avec leur pensée néo-libérale. Ce qui passe par des mesures coercitives, parce que si on leur demande ils ne le feront jamais. On en est encore loin. Mais on a vu en Équateur qu’il est possible de réguler le spectre audiovisuel. J’espère que ça sera fait ici un jour.

Source : The Dissident

Julien Le Gros

Notes
1 En 2008 les chaînes de télévision Gamavision, TC Television et Cablevision appartenant aux frères Isaias ont été saisies. La radio Sucre a également été fermée
2En 2011, après une plainte de Rafael Correa, quatre dirigeants du journal de droite conservateur El Universo ont été condamnés pour diffamation à trois ans de prison, dont l’éditorialiste Emilio Palacio, frère de l’ancien président Alfredo Palacio, depuis parti aux États-Unis
Julien Le Gros
Julien Le Gros est un journaliste indépendant, spécialisé sur les cultures d'Afrique. Il a notamment écrit dans pour Jazzman - Jazz magazine, Afriscope, Mondomix.. mais aussi sur Internet avec Africultures, Mondafrique, Tribune 2 l'artiste, International Hip Hop. Il a fait des reportages au Kenya, Cameroun, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Sénégal et récemment en Guinée Conakry sur le virus Ebola.
 

 

« Non à la criminalisation de la politique – Ne touchez pas à Yanis Varoufakis »

Source : http://rproject.gr/article/keimeno-syllogis-ypografon-ohi-stin-dioxi-tis-politikis-kato-ta-heria-apo-ton-giani
 
Ces derniers jours, atterré(e)s et indigné(e)s, nous observons au sein de la société grecque un processus de stigmatisation intense des « défenseurs de la solution alternative » que l’on dénigre en les appelant les « défenseurs de la drachme ». Selon les chaînes de télévision, celui ou celle qui défend une solution hors euro devrait être traité comme appartenant à une organisation criminelle ou comme ayant commis un délit spécifique (delictum sui generis) qu’aucune loi écrite ne mentionne encore à ce jour.
La liberté d’expression et d’opinion, l’exercice même de politique gouvernementale, en dehors des limites de l’euro, sont  présentés comme quasiment crimes de haute trahison, au moment même où c’est l’inverse qui se passe dans la réalité : le pays est écrasé et humilié, justement au nom du dogme du maintien dans l’euro.
Le summum de cette cabale sont les poursuites pénales ourdies à l’égard de Yanis Varoufakis, voire même des velléités de le soumettre à examen… par la Commission d’Enquête parlementaire sur les Responsabilités de l’imposition des Mémorandums, pour la seule raison qu’il a explicitement mentionné qu’il avait un certain plan B (encore qu’il s’agissait d’un plan à mettre initialement en place dans le cadre même de l’euro) et qu’il a tenté de organiser son éventuelle application. Tout cela revient à dire que l’ancien ministre encourt le risque de poursuites pour avoir accompli son devoir.
Il s’agit bien d’une évidente tentative de criminalisation de la liberté de parole, de l’action politique, voire de l’exercice gouvernemental de l’ancien ministre compétent en matière, répondant probablement aux injonctions des créanciers. Au-delà de ça, l’objectif de telles tentatives est de créer le bouclier de protection pour une subordination totale à la troïka d’autorités telles le Secrétariat Général des Recettes Publiques. Ces tentatives de criminalisation doivent s’arrêter ici, pour que les nuages du totalitarisme soient empêchés de confluer autour de nous.
Les organisateurs de cette pétition appellent à la signer (en mentionnant nom-prénom, profession et adresse électronique) et à renvoyer les soutiens par courrier électronique aux personnes ci-dessous :
Yorgos KALANDZOPOULOS (Γιώργος Καλαντζόπουλος), geo.kalantzopoulos@gmail.com
Dimitris BELANDIS 5Δημήτρης Μπελαντής), dbelantis@hotmail.com
Eleni PORTALIOU (Ελένη Πορτάλιου), portel@central.ntua.gr
(Traduction Emmanuel KOSADINOS, co-signataire de la pétition)

CONSTRUIRE SA MAISON SOI-MÊME DES FONDATIONS AUX FINITIONS

Source: Les Permaculteurs

Remerciements :
à Paule et à Roger, pour leur aide, leur science et leur soutien,
à Francis pour ses tuyaux sur les tuyaux, à Lahoussine, à Zarah,
à Tristan, pour leurs sacrés coups de main et les parties de rigolade,
à Christian qui n’est plus là, à Leïla, à Jean-Charles, aux deux Matthieu,
à Fanny, à Nelly et à Karine, à Emmanuelle, à Corinne, la reine des joints,
à Babeth, à Sylvie, à Laurence, à Doris et Anna, à Stéphane, à Alain, à Odile
et à ceux du SEL en Durance…
qui ont mis, ne serait-ce que pour un jour, la main à la pâte

INTRODUCTION

Ce livre est un guide pratique accessible à tous, fondé sur notre expérience et sur les nombreuses informations que nous avons glanées auprès de gens du métier pendant 3 ans. Ce n’est pas une « bible » de la construction ni un ouvrage technique pour des spécialistes. Il a pour but de donner confiance aux gens qui veulent se lancer dans l’aventure de l’auto­construction.
Ce livre est là pour prouver que construire sa maison soi- même est tout à fait possible, depuis la conception jusqu’aux derniers petits détails de décoration,en passant par les fonda­tions, les murs, le toit, l’électricité, la plomberie, etc. Nous l’avons fait, ce n’est pas du tout notre métier, et beaucoup d’autres l’ont fait avant nous. Notre maison est finie, confor­table… elle n’a pas de fuite et elle résiste au Mistral !
Pour répondre aux besoins de ceux qui n’ont jamais touché une truelle, ces pages contiennent de nombreux conseils concrets et précis qui sont peut-être totalement inutiles pour ceux qui ont déjà de l’expérience.Vous les sauterez s’ils ne vous concernent pas.
D’autre part nous n’envisageons pas toutes les possibilités de construction. Il faudrait des milliers de pages.Vous trouverez ici la description de toutes les étapes de la réalisation d’une maison pour laquelle nous avons fait des choix de matériaux, de techniques, d’or­ganisation, de style, qui ne seront pas forcément toujours les vôtres.
Par exemple, nous avons utilisé de grosses briques monomur, des enduits à la chaux, des huisseries en bois. Pour le toit, nous n’avons pas posé les fermettes que l’on rencontre très souvent de nos jours sur les chantiers, mais des poutres rondes appuyées sur des murs porteurs à pignons.A l’intérieur,la volige est apparente.Ainsi de suite. C’est la construction de cette maison qui est décrite ici. Pour une grande part, les informations sont communes à toute construction. Mais vos propres choix vous amèneront aussi,certainement,à cher­cher ailleurs les compléments d’information dont vous aurez besoin.
Dans certains cas, vous trouverez des renvois à des sites ou à des livres intéressants et clairs sur des techniques que nous n’avons pas eu à appliquer nous-mêmes ou des matériaux que nous n’avons pas utilisés.Vous trouverez aussi une bibliographie à la fin du livre.
Et maintenant, quelques idées en vrac, à méditer :
  • Au moment de la conception, lorsqu’il s’agit seulement d’avoir de bonnes idées, le risque est de se lancer dans une construction pharaonique. Ensuite, il faut réaliser tout cela. Et parfois, on a du mal à tenir la route jusqu’au bout.Il vaut mieux finir une maison de propor­tions et de conception raisonnables que de ne jamais pouvoir habiter un palace toujours en chantier.
  • A partir de maintenant vous allez devenir une véritable éponge à informations.Vous parlerez beaucoup, avec vos amis, ceux qui ont déjà fait des travaux, avec les livreurs et vendeurs de matériaux, etc. Les gens seront toujours intéressés par votre projet et prêts à donner des tuyaux,des conseils, parfois de l’aide. Recoupez les avis, acceptez toujours la possibilité de modifier vos idées initiales, mais n’écoutez pas forcément le dernier qui se prononce ou celui qui parle le plus fort.
  • Pendant la durée du chantier, on n’a pas le temps ou on refuse de se reposer parfois, physiquement et psychologiquement. Or, faire une pause de trois jours peut vous redonner du courage et un enthou­siasme tout neuf qui vous feront largement rattraper le temps supposé perdu.
  • Il est important de se projeter quelques semaines en avant dans le chantier. Pour mieux prévoir l’enchaînement des livraisons et des travaux, ne pas vous retrouver à court de ciment ou de briques, ne pas avoir à défaire et refaire parce que vous n’avez pas assez réfléchi, ne pas avoir à prendre de décision importante dans la précipitation, etc.
  • Prévoir large pour les quantités, surtout au début quand vous ne connaissez pas parfaitement les besoins, est un bon pari : les marchands de matériaux reprennent sans problème ce qui reste si ce n’est pas abîmé et rien n’est plus agaçant que d’être bloqué en plein élan par la pénurie de sable ou de gaine électrique. De plus vous ferez des économies de temps et d’argent si vous évitez de revenir interminablement dans les magasins pour 10 tire-fond ou un sac de ciment prompt.
Après une étude comparative des prix,de la qualité et de la dispo­nibilité des produits, entre les différents fournisseurs locaux, il est préférable d’ouvrir un compte dans un magasin de matériaux.Vous obtiendrez des remises et des conditions favorables de livraison ou de reprise du matériel.
  • Soyez toujours « trop » prudents.Vous ne pouvez pas imaginer le nombre d’histoires qu’on va vous raconter sur le copain d’Untel qui s’est cassé le dos en tombant de son toit ou sur le beau-frère qui s’est entaillé la chaussure à la meuleuse. « C’était moins une. Il a eu drôlement chaud ».
La prudence passe par le fait d’avoir un chantier propre et orga­nisé, où les outils sont rangés quand on ne s’en sert plus, où l’on met de côté les clous et les bouts de ferrailles au lieu de les laisser à terre,où l’on empile les choses correctement,où l’on sécurise les échafaudages, où l’on ne travaille pas avec des vêtements flottants qui peuvent se coincer dans la scie sauteuse, où les machines sont nettoyées, abritées, révisées si nécessaire, etc. Bref, la prudence, c’est toujours ennuyeux comme tout,et il est bien difficile de rester prudent jusqu’à la fin du chantier, mais…
  • Pensez aux voisins s’il y en a et à l’environnement : ne brûlez pas les sacs de ciments (ils sont doublés de plastique), ne laissez pas les emballages, les morceaux de polystyrène, les bouts de scotch orange vif, les tronçons de gaine rouge ou verte, voler au vent et fleurir tout le quartier. Évitez aussi de faire tourner la bétonnière ou la meuleuse le dimanche à 7 heures du matin.
  • Faites le point sur le budget assez régulièrement : on a vite fait de se laisser déborder. Cela passe par un budget prévisionnel au départ, par une comparaison régulière avec le budget réel et par une révision du budget prévisionnel pour la suite.

1.LE CHOIX DU TERRAIN

L’orientation
On pense toujours qu’un terrain plein Sud est la meilleure orien­tation. Encore faut-il savoir quelle est sa vue, quel est le climat de la région et comment on va pouvoir y implanter la maison. Un grande baie vitrée plein Sud en Provence au mois d’août transforme la maison en four solaire.Il faut aussi tenir compte du vent dominant, par exemple pour éviter de tourner vers lui l’ouverture d’un hangar.
Les accès
Vérifier leur taille : la loi SRU impose des largeurs minimales.Vous risquez de ne pas obtenir de permis si votre chemin est moins large. Attention aussi à la nature du sol : un chemin d’argile se transforme en patinoire à la première pluie. Le gravier fin sur une pente raide se retrouve au pied de la pente dès la fin du premier hiver.
A qui appartient le chemin d’accès ? A la commune, à vous, à un voisin avec une servitude pour vous ? Dans le dernier cas, vérifiez la réalité et les conditions de la servitude à la mairie ou chez le notaire local : par exemple, qui doit entretenir le chemin ?
Enfin, pensez à la période des travaux : une toupie de béton ou un camion de poutres avec une remorque vont-ils pouvoir arriver jusque sur le terrain et tourner sans risque de se renverser ou de faire écrouler le talus, sans arracher toutes les branches des arbres centenaires, etc. ?
La viabilisation
Où se trouvent les points les plus proches de raccordement à l’eau, à l’électricité, au téléphone, aux égouts s’il y en a ? Faire planter des poteaux électriques coûte cher. Les poteaux de téléphone sont gratuits mais si vous voulez enterrer les câbles, c’est payant et onéreux. L’ensemble, si les points de raccordements ne sont pas immédiatement à proxi­mité, peut très rapidement faire augmenter le prix du terrain. Attention aussi aux formulations : on trouve parfois des annonces portant la mention « viabilités à proximité » ou « viabilités en bordure ». Mais si le terrain est une longue pointe et que la viabi­lisation se trouve exactement à l’opposé de l’endroit où vous pourrez implanter la maison, le problème de distance reste entier.
Les particularités géologiques
La nature du sol a une importance évidente. Un sol argileux impo­sera un épandage très long et coûteux après la fosse septique. Un sol friable peut vous obliger à édifier des fondations profondes ou à couler des piliers de consolidation. Enfin si vous construisez sur du roc, les fondations seront solides mais l’implantation de la fosse septique et le creusement des canalisations d’adduction et d’éva­cuation coûtera cher.
De toute façon,vous devez compter une étude géologique de votre terrain dans votre budget, si vous n’êtes pas situé à proximité d’une zone urbaine (coût approximatif, mais se renseigner car variable selon les régions :800 euros).L’étude hydrogéologique peut être couplée avec le plan d’évacuation des eaux usées. Elle servira aussi à révéler d’éventuelles zones inondables sur le terrain.
Les limites de constructibilité
Il existe des zones « non edificandi » (où rien ne doit être cons­truit) par rapport aux chemins, routes, limites de terrain, etc. Ces zones sont variables selon la région et la nature des voiries.Vous pouvez par exemple devoir implanter votre maison à plus de 10 m du centre d’un chemin rural ou à plus de 4 m de la limite entre votre terrain et celui du voisin. Vérifiez donc que cela ne vous empêche pas de placer la bâtisse où vous l’envisagez ou de l’orienter comme vous le voulez. C’est à la mairie que vous obtiendrez tous les renseignements.
Les POS et COS du terrain et de ses environs
Le POS (plan d’occupation des sols) détermine les zones construc­tibles de la commune. Il est consultable à la mairie. Certaines zones sont totalement inconstructibles de façon durable, comme les « zones de montagne ». D’autres sont constructibles sous conditions parti­culières, comme la taille minimale du terrain pour y édifier une maison.
Le COS (coefficient d’occupation des sols) détermine la taille maxi­male de la construction par rapport à la surface du terrain. Si le COS est de 0,5, par exemple, vous ne pourrez construire une maison de 150 m2 que si votre terrain fait un minimum de 300 m2.
Les règles locales
Si vous êtes situés dans une zone sismique, vous devrez respecter certaines règles dans la construction,comme d’entourer chaque ouver­ture de la maison de poteaux en béton armé. Ces règles sont dispo­nibles en mairie.
La proximité d’un bâtiment ou d’un village classé vous obligera à soumettre votre plan et le choix des matériaux et des couleurs, la taille des ouvertures, la forme du toit, etc. aux « Bâtiments de France », ce qui retardera l’obtention du permis et vous imposera des contraintes esthétiques particulières.
Dans certaines régions, il existe des règles liées à la protection contre l’incendie.Vous pouvez par exemple être obligés de construire une piscine ou de défricher dans un rayon de 80 m autour de la maison. Pour la plupart des informations, se renseigner à la mairie et/ou à la DDE.
Une remarque importante : ne concluez le contrat d’achat d’un terrain qu’avec la clause suspensive d’obtention du permis de construire. Ainsi vous ne risquez aucune surprise désagréable et si, pour une raison ou pour une autre,vous n’obtenez pas le permis, la vente est annulée.

2.L’EVALUATION DU BUDGET

A titre de simple indication, la maison de 120 m2 que nous avons construite, en utilisant des briques monomur, des tuiles anciennes, des poutres en cèdre et en douglas, des carreaux de terre cuite au sol, et en n’installant pas d’autre chauffage qu’un gros poêle à bois, nous est revenue à 75 000 euros tout compris, avec l’achat des outils, la viabilisation, l’installation de la fosse septique et de l’épan­dage. La construction de la remise de 56 m2 est comprise dans ce prix. Elle est couverte des mêmes tuiles anciennes et enduite comme la maison, mais les murs sont en parpaings, ce qui coûte, en gros 1/2 du prix des briques. L’achat du terrain n’est pas compris.
Liste des postes à prendre en compte dans le budget
  • Achat du terrain (incluant les taxes et les frais de notaire + l’éven­tuelle commission d’agence immobilière). Remarque : Le bornage du terrain est obligatoire et il est à la charge du vendeur. Le géomètre vous remettra un plan que vous utiliserez pour la demande de permis de construire.
  • Viabilisation.
  • Frais de dépôt de permis.
  • Taxes locales à la construction (se renseigner : elles peuvent être importantes et constituer une très mauvaise surprise. En général elles sont étalées sur 2 ans).
  • Passage du consuel pour la vérification de l’installation électrique (100 euros en 2003).
  • Outils et matériel de base (bétonnière,meuleuse,échafaudage,scie électrique,perceuse,etc.+ planches de coffrage,madriers de maçon). Voir la liste exhaustive et le rôle spécifique des outils et du maté­riel au chapitre 6. Outil p. 22.
  • Intervention d’un terrassier pour le creusement des fouilles, la tran­chée de viabilisation et l’installation de la fosse septique et de l’épan­dage.
  • Matériaux pour le gros œuvre : briques ou parpaings, liant (ciment ou chaux), sable, béton pour les fondations et les dalles, fer à béton pour les fondations, les poteaux, les linteaux et les dalles, poutres, chevrons, volige, isolation du toit, couverture.
  • Huisseries : fenêtres, portes, volets + vitrage, éventuellement double.
  • Isolation thermique intérieure (sauf en cas de briques monomur).
  • Matériel pour les cloisons intérieures.
  • Matériel électrique (gaines, fils, interrupteurs, prises, tableau, fusi­bles, terre, disjoncteurs, etc.).
  • Matériel de plomberie et appareils sanitaires (douche et ou baignoire, lavabo,WC, évier, cumulus).
  • Chaudière, radiateurs,ou poêle + matériel d’installation en cas de chauffage par le sol, par exemple, ou de géothermie ou chauffage solaire.
  • Carrelages et parquets.
  • Peinture et enduits.
  • Terrassement autour de la maison à la fin des travaux.
  • Et festin de pendaison de la crémaillère avec tous ceux qui vous ont soutenus ou aidés !
Comment procéder à l’évaluation ?
Commencez par lister le plus exhaustivement possible les outils, matériaux et interventions dont vous allez avoir besoin, en vous aidant de la liste ci-dessus,en imaginant chronologiquement toutes les étapes de la construction que vous envisagez,en discutant avec un marchand de matériaux. Puis demandez des devis à plusieurs fournisseurs et comparez. Revenez vers ceux qui vous paraissent les plus intéres­sants (prix, proximité, grand éventail de produits, etc.) et négociez. Vos deux arguments majeurs : « J’ai obtenu tel prix pour tel et tel matériau chez un concurrent »(restez raisonnables sinon vous ne serez pas crédibles) ; « Si vous me faites des conditions intéressantes je prendrai tout chez vous ».
Les avis sont partagés sur l’attitude à avoir. Personnellement, j’ai préféré dire carrément que je ne connaissais rien mais que je me renseignais beaucoup et tout le temps. Qu’on pouvait donc facile­ment me « rouler dans la farine », mais qu’au moment où je m’en apercevrais ce serait rédhibitoire. Cela m’a permis d’attirer plutôt la sympathie que le mépris (on passe facilement pour un imbécile quand on fait semblant de savoir ce qu’on ignore). Cela m’a aussi permis, finalement, d’obtenir des prix raisonnables et de précieux conseils en prime.
Quelques exemples de prix
Les prix ci-dessous sont donnés à titre purement indicatif, juste pour vous permettre de vous faire une idée approximative si vous êtes pour le moment complètement étrangers à l’univers de la construc­tion. Les prix peuvent varier dans le temps et selon la région et les quantités commandées. Par exemple,au moment où nous avons cons­truit la maison, le prix du fer était relativement raisonnable. Deux ans après, il avait quasiment doublé à cause de la fermeture des derniers fabricants français et de l’obligation pour les fournisseurs de s’ap­provisionner à l’étranger. Or c’est incroyable ce qu’il peut y avoir comme fer dans une maison en briques !
Vous trouverez à la page suivante des exemples de prix négociés en Provence (une région généralement chère), en 2002/2003. Les prix sont donnés en euros, hors taxes, hors livraison.
prix maison materiaux

3.LES PLANS

Il est permis de réaliser le plan soi-même sans passer par un archi­tecte si l’on ne dépasse pas la surface de 170 m2 et si la maison est de plain pied.Vous pouvez même aller consulter gratuitement l’ar­chitecte-conseil de la DDE quand vous avez fini le plan, juste pour vérifier qu’il n’y a pas de problème.
Demandez aussi à la mairie s’il existe un document résumant les conditions à remplir pour obtenir un permis dans la commune. Cela peut vous éviter de recevoir un refus pour une bêtise. J’en parle avec certitude : c’est ce qui nous est arrivé. Il est interdit, dans la commune où nous avons construit, de réaliser une remise dans des matériaux différents de la maison elle-même. Or nous pensions la faire en bois ! Refus, deuxième dépôt de la demande après trans­formation des plans, nouvelle attente… Nous avons perdu 2 mois.
Comment concevoir le plan ?
Lorsqu’on construit sa maison, cela procure la chance de pouvoir le faire en pensant à sa propre façon de vivre et à la circulation que ce mode de vie induit dans les différents espaces. Si vous avez un fils génie de la batterie, il peut être judicieux de placer sa chambre loin des espaces de vie du reste de la famille. Si vous avez une vie sociale active, un espace ouvert où la cuisine peut se faire tout en continuant la conversation est une option intéressante.Autant de particularités de votre mode de vie autant d’idées à intégrer dans votre plan.
D’autre part si vous n’êtes vraiment pas des maçons à la base,mieux vaut peut-être concevoir un plan simple qu’un projet très compliqué avec pigeonnier intégré et patio intérieur.Toutes les ruptures de toit, par exemple, sont des occasions de fuites.Toutes les excentricités sont des complications. Bien sûr personne ne veut vivre dans un bunker, mais il y a des solutions pour animer une maison, même si elle a un plan simple.
Limites imposées
En dehors des contraintes locales éventuelles citées au chapitre 1, il faut tenir compte des règles liées au climat, en particulier le degré de pente du toit. Dans les régions de neige, on privilégie les pentes raides pour éviter que le poids ne vienne à bout de la charpente. Dans les régions de plaine, la pente s’adoucit, avec un minimum à respecter de toute façon : 25 %.
Ce que doivent indiquer les plans
Pour un permis de construire,vous devez présenter un plan de posi­tionnement de la maison sur la parcelle, un plan des fondations, un plan au sol, une coupe et un plan de chaque façade.Tous ces plans doivent être faits à l’échelle (1/500 pour les plans de situation et 1/100 pour les autres) et être orientés.
Réaliser ces plans peut prendre du temps, ne serait-ce que pour le calcul de toutes les mesures. Si vous maîtrisez un logiciel de mise en page ou un logiciel d’architecte,vous ferez du travail très propre. Sinon, vous pouvez aussi utiliser le bon vieux papier millimétré, le calque et l’encre de Chine.
Le plan de positionnement est à faire sur une copie du plan délivré par le géomètre. Il doit bien sûr être à l’échelle (en général 1/500), et doit clairement montrer les zones de « non edificandi », le projet de fosse septique et d’épandage s’il y en a un, les arrivées d’eau et d’électricité. Le projet d’épandage peut être réalisé à part, directement par l’hydrogéologue.Voir un exemple p.15.
Le plan des fondations montre les murs porteurs,à l’échelle 1/100. Il est entièrement coté.Voir un exemple p.16.
Le plan au sc , lui aussi au 1/100, doit montrer l’emplacement et l’épaisseur des murs et des cloisons, ainsi que l’emplacement des ouvertures extérieures et intérieures,avec indication de la zone d’ou­verture des portes. Il doit préciser l’usage des pièces (cuisine, chambre, etc.).Tout doit être coté.Voir un exemple p.17.
La coupe est destinée à montrer le profil du ou des toit(s), les ouvertures transversales, les décrochements de niveau éventuels. Voir un exemple p.18.
Le plan des façades montre l’aspect extérieur. Il est coté et orienté. Il s’agit bien d’un plan et pas d’un dessin en perspective. Voir un exemple p.18.
S’il y a des bâtiments annexes, ils doivent également faire l’objet de plans et figurer sur le plan de positionnement.
Attention : il faut compter l’épaisseur du mortier dans le calcul de la hauteur des murs (1 à 1,5 cm entre deux rangs de parpaings ou de briques), sinon cela peut fausser les calculs d’une bonne dizaine de centimètres pour un mur de 10 rangs, par exemple. De même, compter l’épaisseur des murs et des cloisons dans le calcul de la largeur et de la longueur des pièces et de la maison entière.
Un dernier point : pas de panique. Une erreur de 10 ou 15 cm dans le calcul de la hauteur globale de la maison ne vous fera pas refuser la conformité en fin de parcours. Mais mieux vaut essayer d’être le plus précis possible dès le départ parce qu’on peut de toute façon avoir des surprises ensuite.
Le plan de la toiture
Le plan de toiture n’est pas demandé pour l’obtention du permis, mais il est recommandé de le faire pour pouvoir commander la bonne longueur de poutres, de chevrons, de volige, le bon nombre de tuiles, etc. Ce plan vous sera aussi nécessaire au moment de cons­truire vos pignons et d’y réserver l’emplacement des poutres avec précision.Ainsi,au moment de la livraison, les poutres pourront être déposées à la grue, directement à leur place définitive, ce qui est évidemment la solution la plus simple.Aucune erreur n’est possible à ce moment-là ! Mieux vaut avoir réétudié votre plan avant.
Faire ce plan est plus compliqué que de réaliser le plan au sol. En effet, pour un profane et pour quelqu’un qui a un peu oublié le théo­rème de Pythagore,calculer la pente du toit,sa surface et la longueur des chevrons demande quelques révisions !
La pente du toit
Elle se calcule en pourcentage. Le minimum autorisé en France est de 25 %, sauf pour les toits-terrasses. 25 %, cela signifie qu’il y a un écart de 25 cm de hauteur entre deux points situés à 1 m de distance calculé à plat. Si vous êtes dans une région de montagne, la pente sera plus raide. Renseignez-vous sur les habitudes de la région.
Construire Sa Maison Soi Memejpg_Page14_Image1
Envisageons un cas concret : vous savez, par exemple, que la pente de votre futur toit doit être de 30 % au minimum, que la hauteur minimale de votre mur est de 2,60 m, et que la largeur totale de la maison est prévue à 8 m. (On dirait un problème de robinets ! Ça rappelle de vieux souvenirs).
Vous voulez par exemple que le sommet du toit se trouve exacte­ment au milieu de la largeur de la maison : en 4 m (moitié de la largeur totale), le mur gagnera 4 x 30 cm, soit 1,20 m en tout et le sommet sera à 2,60 m + 1,20 m = 3,80 m, ce qui fait une maison très basse.
Si vous voulez que le sommet du toit monte plus haut, vous serez obligés de le décaler.Ainsi, pour qu’il arrive à 4,5 m, par exemple, le calcul est le suivant :
450 cm – 260 cm = 190 cm (pour savoir quelle hauteur sépare le sommet du mur et le sommet du pignon).
190 cm divisés par 30 cm = 6,3 (pour savoir combien de mètres sont nécessaires pour gagner cette hauteur, avec une pente de 30 %).
Le sommet du toit sera donc à 6,33 du bord de la maison. Il ne reste plus qu’1,66 m de large pour le deuxième côté, ce qui est vraiment peu et imposera une pente très raide pour le deuxième versant du toit. On peut calculer cette pente de la façon suivante :
On a toujours 190 cm d’écart entre le point le plus haut du pignon et le sommet du mur.
Et on gagne ces 190 cm sur une distance de seulement 1,66 m. Ce qui signifie que sur une distance de 1 m, avec cette pente, on gagne :
190 cm divisés par 1,66 = ll4.Vous aurez une pente de 114 % :un vrai vertige ! C’est impossible.
Vous devrez donc soit accepter de faire un pignon moins haut, soit élargir la maison, soit faire monter l’un des deux murs beaucoup plus haut et faire une mezzanine à l’intérieur.
Les croquis de la p. 14 présentent deux solutions, parmi bien d’au­tres possibles.
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Le calcul des longueurs
En revanche si vous n’êtes pas emballés par les calculs, vous pouvez sauter ce paragraphe :il existe une solution plus concrète.Vous pourrez mesurer vos distances une fois les murs montés et faire la commande des chevrons et de la volige à ce moment-là : vous perdrez un peu de temps en attendant la livraison, c’est tout.
Calculer la longueur d’un chevron revient à calculer l’hypothénuse d’un triangle rectangle dont vous connaissez les deux côtés opposés.
Construire Sa Maison Soi Memejpg_Page15_Image4
Voilà pourquoi vous aurez besoin du bon vieux théorème de Pythagore : a2 = b2 + c2, qui permet de calculer l’hypothénuse.
Si b = 2,5 m et c = 6 m, le calcul se fait ainsi : b2 = 2,5 x 2,5 = 6,25 et c2 = 6 x 6 = 36 b2 + c2 = 6,25 + 36 = 42,25
Comme a2 = b2 + c2, a2 = 42,25
a = racine carrée de 42,25 = 6,5 m.
Vous pouvez aussi, maintenant, calculer la surface de votre toit puisque vous disposez des mesures de sa longueur et de sa largeur.
plan maison bornage
plans fondation
plan au sol
plan en coupe

4. L’obtention du permis

Le dossier complet
La mairie dispose souvent d’un exemple type de dossier de permis de construire. D’une façon générale, le dossier doit comprendre, en plus des plans cités au chapitre précédent,
• un plan de situation du terrain dans la commune (1/12500) et un extrait cadastral (1/2500), tous deux fournis par le géomètre,
• un extrait du contrat de vente stipulant les clauses d’accès et de servitude s’il y a lieu,
• un dessin montrant l’implantation de la future construction dans le paysage. Les nouvelles technologies peuvent vous aider énormément pour ce dernier document. Il suffit de scanner une photo, de la dimensionner grosso modo à l’échelle 1/100 et d’y superposer votre plan de façade avant de colorer le tout.
Si vous n’avez pas d’égout à proximité et si vous avez besoin d’installer une fosse septique, on vous demandera l’étude hydrogéologique, le plan de réalisation du système d’assainissement complet et l’obtention du permis sera soumise à l’accord préalable du SIVOM (organisme gérant la question des déchets pour la commune) sur votre projet d’assainissement.
Les délais
Il faut compter entre 2 et 3 mois entre la date de dépôt et la réception de l’avis. Si vous recevez un refus, ne tardez pas à modifier le permis en fonction des remarques,à moins qu’elles ne vous posent de sérieux problèmes,et déposez une nouvelle demande le plus rapidement possible parce que cela peut de nouveau prendre 2 à 3 mois. Dans la mesure du possible,mieux vaut éviter les périodes de fêtes ou de vacances : tout est paralysé parfois pendant 3 semaines !
Après l’obtention du permis
A partir de l’obtention du permis, vous avez 36 mois pour réaliser la maison…où en tout cas tout ce qui se voit de l’extérieur,car l’employé de la DDE qui viendra vérifier la conformité au moment de l’achèvement des travaux n’a pas le droit d’entrer dans la maison. Sachez aussi que la garantie décennale, que doit fournir tout constructeur professionnel s’applique aussi à vous :si vous voulez vendre la maison, dans un délai inférieur à 10 ans après l’obtention de la conformité, vous devrez signer un papier garantissant à l’acheteur que vous paierez les frais ou ferez les réparations en cas de problèmes importants (fuites en toiture, fissures des murs, etc.).

5. Organiser le chantier

Maîtriser le temps et l’espace
La phase des fondations est assez stressante car, en plus d’être le début du chantier et un moment clé de la construction, elle vous oblige d’entrée de jeu à gérer correctement le temps et l’espace. Gérer le temps pour que les rendez-vous s’enchaînent parfaitement et que le chantier soit chaque fois prêt à recevoir l’intervention extérieure (creusement par le terrassier, livraison des fers à béton, livraison du béton).
Gérer l’espace pour que,par exemple,les encombrants fers à béton n’aient pas été déposés dans le passage de la pelle mécanique lorsqu’elle tournera pour creuser les fouilles,ou pour que les énormes tas de terre qui vont sortir ne vous gênent pas pendant tout le reste du chantier pour placer la bétonnière,stocker les palettes de briques ou simplement permettre aux livreurs de manœuvrer.
Vous aurez ainsi à gérer le temps et l’espace pendant au moins toute la période du gros œuvre. Pour éviter les ennuis, une seule solution :anticiper toujours par la pensée sur la suite des événements.Et puis, aussi,faites-vous une raison :même si vous étudiez les choses « au petit poil », vous ferez certainement quand même pas mal de manutention !
Eau, électricité et stockage
Il est très difficile de commencer un chantier sans eau et électricité. Faites les démarches dès la signature définitive car cela peut prendre du temps.Or vous aurez besoin de la meuleuse dès le début pour couper les fers à béton et ce ne sera pas facile de nettoyer les règles et les râteaux pleins de béton… sans eau. Si vraiment les services « compétents » se montrent particulièrement incompétents,vous avez toujours la solution du très long tuyau et de la très longue rallonge, si les voisins sont sympathiques et si vous n’êtes pas en rase campagne. Il y a aussi la possibilité de louer un groupe électrogène, mais cela fait des frais et de la manutention en plus. Autre point à régler dès le début : le stockage des outils et des matériaux à l’abri des intempéries et du vol. Pour les outils de valeur,l’idéal est une cabane de chantier métallique avec un cadenas, ou une vieille caravane dont vous aurez condamné les fenêtres.Pour les matériaux, rien ne vaut les bâches de camion. Elles sont gigantesques, increvables, et on en trouve d’occasion à des prix raisonnables.Vous pourrez en couper de grands morceaux pour couvrir le sable, le ciment ou la chaux, les sacs de colle et de joint, etc.
Couvrir les sacs de liant va de soi et les légères bâches de plastique livrées par les marchands de matériaux se déchirent tout de suite. S’il gèle, elles se cassent en mille morceaux qui se mettent à voler sur le chantier et aux alentours.
Texte Sylvia Dorance Photos Zaïna Ben Ali