vendredi 25 avril 2014

Occupy life

Occuper la vie, occupare la vita / Sergio Girardi



« Le sujet idéal du totalitarisme, ce n’est pas le nazi convaincu ou le communiste convaincu ; ce sont plutôt les gens pour lesquels la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) n’existe plus. »

Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme, 1958

Au-delà du totalitarisme de la démocratie spectaculaire
Quiconque se pose la question sociale dans ses termes radicaux, assume immédiatement la lourde tâche de libérer les mots et les concepts qui en composent la trame contemporaine du sens téléguidé et falsifiant qu’une pseudo-culture spectaculaire, omniprésente, leur colle dessus.
Cela reste vrai qu’en l’absence d’une révolution la culture dominante est toujours la culture de la classe dominante ; même aujourd’hui quand, allant bien au-delà des intérêts d’une classe particulière, la domination s’est infiltrée parmi les castes humiliées et confuses d’un capitalisme anthropomorphisé pour y diffuser le spectacle qui, toutes classes confondues, éduque les hommes capitalisés à la domestication.
Les dérives du signifiant des termes fondamentaux qui composent l’histoire des doctrines politiques et de leurs mutations tendent systématiquement à fausser le sens des passions qui les articulent et les projets sociaux dans lesquels ces doctrines sont inscrites. Cela est vrai depuis toujours, mais encore plus aujourd’hui quand presque tout s’exprime sur la scène d’une société du spectacle en pleine décadence.
Le poids de l’idéologie nous accompagne toujours pour nous pousser inéluctablement vers les territoires administrés par l’ennemi, là où plusieurs mots fondamentaux sont employés de façon acritique selon le système des valeurs de l’idéologie dominante, désormais étendue à tout l’univers politique de la société spectaculaire : de droite à gauche, des Parlements et de l’Etat aux Bourses et au Marché, du réformisme pragmatique au révolutionnarisme abstrait.
A ce propos, j’ai repéré dans le livre de Nico Berti, Liberté sans révolution, un exemple évident de la difficulté rencontrée par la pensée critique radicale (en dehors, donc, des élucubrations académiciennes et de la mauvaise foi des mercenaires de la culture) à se soustraire au « bon sens » conformiste qui écrit ses théorèmes en utilisant des mots lourdement idéologisés.
En suivant une mode sectaire plutôt fréquente parmi les anarchistes antimarxistes (justifiée seulement en partie par l’odieux autoritarisme idéologique des théologiens marxistes-léninistes), un Berti « libéral-libertaire »1 identifie platement le projet communiste au soi disant communisme réel ; alors que, en revanche, avec une facilité déconcertante chez un libertaire, il octroie le label de qualité démocratique à la démocratie virtuelle et fictive qui est, depuis des siècles, la forme la plus haute et la plus efficace de la domination du capitalisme et de ses serviteurs volontaires sur la dernière classe de l’histoire, la classe de la conscience.
Identifier simplement l’alternative entre démocratie et totalitarisme, sans prendre en compte le glissement sémantique contrôlé que je viens de dénoncer, pousse à ignorer le distinguo nécessaire entre la démocratie fictive existante (parlementaire, majoritaire et hiérarchique) et la démocratie réelle incluse dans le projet révolutionnaire de l’autogestion généralisée de la vie quotidienne.
Pour un libertaire – et j’assume pleinement pour moi ce qualificatif -, l’alternative radicale ne se pose pas entre démocratie et totalitarisme, mais bien avant et plus profondément, entre une démocratie réelle, inexistante, et la démocratie spectaculaire, répandue comme une représentation idéologique du totalitarisme affiné de la société du spectacle.
On n’a pas besoin de ressortir l’anarchie pour dénoncer le totalitarisme dans ses formes ringardes, traditionnelles. L’antifascisme a uni dans un premier interclassisme aussi inévitable qu’ambigu, athées et croyants, bourgeois et prolétaires, libéraux et communistes, libertaires et autoritaires non totalitaires dans une lutte contre « la bête immonde » achevée par l’instauration des démocraties parlementaires de la deuxième moitié du vingtième siècle, devenues en l’espace de quelques décennies, le pire produit du fascisme, finalement vaincu uniquement dans sa forme politique archaïque.

Quel exemple plus éclairant de la dimension spectaculaire des démocraties contemporaines que celui de la jeune république italienne ? Constitutionnellement « née de la résistance » antifasciste, elle est passée d’un demi-siècle de cléricalisme démocrate-chrétien à vingt ans de berlusconisme (« un ventennio », la durée du fascisme mussolinien) terminant en une orgie de pouvoir mafieux, toutes idéologies confondues.
Manipulée par des droites et des gauches confuses et complices de la corruption productiviste, bien au-delà de leurs diatribes de façade, l’Europe artificiellement unie s’est contentée d’un gouvernement despotique directement aux mains du pouvoir économique, bien avant que la hiérarchie mondialisée de l’économisme dominant enlève le masque démocratique pour consigner explicitement les citoyens souverains de vingt sept pseudo démocraties à la financiarisation capitaliste d’un Super-Etat Européen que personne n’a choisi et surtout pas démocratiquement.
En réalité, par une continuité somme toute cohérente mais humainement inacceptable, l’horrible vision du monde des fascistes avait été abondamment supportée et financée, depuis le début, par plusieurs capitalistes internationaux, membres reconnus des démocraties occidentales d’avant-guerre. Ces mécènes capitalistes amoraux, humanistes cyniques du business, ont abandonné les pestiférés en chemise brune à leurs suicides potentiels uniquement en vue de la victoire finale d’un antifascisme nourri par les ruines de la deuxième guerre mondiale.
Au nom d’une rhétorique antifasciste qui n’a pas empêché les Etats et les Eglises de venir au secours d’un nombre considérable de dirigeants nazi et fascistes en fuite, jusqu’à les réintégrer ensuite dans la pieuvre étatique démocratisée, les alliés d’une coalition opportuniste ont servi pour instaurer une démocratie planétaire fictive, opposée au capitalisme d’Etat autoritaire soi-disant communiste (spectacle diffus contre spectacle concentré).
Par le spectre de l’arme nucléaire et de l’obsolescence programmée de l’homme, la guerre est restée toujours menaçante et potentiellement apocalyptique, même si elle était congelée dans le frigo idéologique où pavoisait une démocratie purement virtuelle.
Pendant d’horribles décennies, des deux côtés d’un rideau de fer honteux, les héritiers de deux fascismes opposés se sont montrés unis dans l’étalage spectaculaire de droits humains presque inexistants. Autant les droits de l’homme libéral que ceux de l’homme prolétaire ont été réduits, en fait, à un alibi marchand pour un bien plus rentable droit de la marchandise voulant soumettre l’humanité entière à son perpétuel délire de valorisation.
Le fascisme, dont les racines caractérielles précédent abondement ses ramifications politiques, fut donc utile, à son apparition, en tant que chien de garde de l’Etat autoritaire (tautologie) contre les occupations des usines qui, par l’élan du fort mouvement ouvrier de ces années vingt, annonçaient le « risque » de l’avènement d’une possible démocratie réelle2.
Poussé à l’autodestruction par un morbide délire de toute puissance marqué par le réflexe de mort, le fascisme, vaincu sur le plan militaire, fut relativement refoulé, après 1945, et réduit à un folklore pathologique tenu en laisse en attendant la suite.
En Europe, son retour explicite et massif s’est montré rarement possible (voir la Grèce des colonels) et le seul fascisme conquérant explicitement au pouvoir fut, pendant des décennies, le fascisme rouge sponsorisé par l’Union pseudo Soviétique.
Le fascisme noir a survécu comme une maladie incurable, comme une nostalgie démentielle, comme le rêve d’un bourreau qui attend la restauration de la peine de mort. Le pouvoir prétendait hypocritement l’ignorer, sauf pour quelques promenades financées par les intérêts les plus secrets des Etats qui devaient par ici éliminer un président dérangeant, par là faire peur à une population qui levait un peu trop la tête, prête à résister à un totalitarisme économique de plus en plus envahissant.
Dallas, Piazza Fontana, le palais de la Moneda, différents exemples surgissant d’un passé récent à souligner l’antienne qui renvoie au présent.
Face aux injustices injustifiables des banksters et des multinationales, le fascisme revient, en fait, aujourd’hui en se proposant comme une éventuelle sortie de secours ponctuelle pour un capitalisme empêtré dans l’attente illusoire d’une sortie de la crise structurelle qui le traverse et le fragilise.
Les Chamberlain du spectacle de droite et de gauche, majordomes qui gèrent, en politiciens impuissants, la catastrophe sociale en cours, sont les meilleurs sponsors d’un éventuel retour démentiel des fascismes opportunistes qui attendent, depuis un demi siècle, une revanche certes possible, mais destinée, de toute façon, à l’éphémère. Eux non plus, en fait, serfs mafieux d’un capitalisme sur lequel vomissent leurs tares racistes et xénophobes pour mieux en servir les buts les plus cachés, ne pourraient durer au pouvoir dans le désert nihiliste que le capitalisme en phase terminale apprête pour les humains.
Aujourd’hui, les Aubes dorées et les divers fascismes xénophobes, déguisés en mouvements sociaux, lèvent la tête et dégainent leurs poignards assassins, mais leurs délires mortifères sont agités comme des drapeaux rouges destinés, dans la contingence actuelle, à distraire les populations de l’expropriation systématique, concrète et définitive de tous leurs droits dans la vie quotidienne3.
La guerre civile entre fascisme et antifascisme revient comme une dernière diversion tragique voulue par le capitalisme nihiliste en voie d’extinction. Il n’est pas question de l’ignorer, mais encore moins d’en faire le point crucial de la lutte tendant au dépassement de la folie capitaliste en train de détruire le vivant.
On a l’impression fallacieuse de revenir aux temps des occupations des usines, mais sans les usines occupées. Celles-ci tendent plutôt, d’ailleurs, à rester inoccupées, poussant la conscience de classe, aiguisée par cette « crise » que les serviteurs médiatiques vendent comme un problème concernant tout le monde, à comprendre qu’il n’est pas question de s’approprier ce monde infect, de se battre pour le sauver, mais d’inventer un monde nouveau qui en soit le dépassement.
Le fascisme ne peut pas grand-chose contre la créativité. Il ne peut qu’attendre qu’elle manifeste sa poésie pour la violer publiquement.
Le fascisme est négation sans dépassement, là où la révolution sociale est le dépassement dialectique de la négation.
Le fascisme peut uniquement jouer sur la peur, mais il y a un point au-delà duquel le chantage à la peur ne fonctionne plus. Nous ne sommes pas loin de ce point et pour cela l’ennemi à craindre le plus est l’Etat et non pas ses pitbulls.
Arrivé à un tel point de non retour, le fascisme se réduit visiblement à une maladie opportuniste du capitalisme en phase terminale.
La haine ne peut construire que des ghettos et des prisons. Non pas uniquement pour les ennemis mais aussi pour les soldats minables d’une guerre sociale menée derrière les drapeaux psychotiques de la peste émotionnelle et de l’obsession mortifère de la rentabilité.
Il est question, désormais, d’aller contre cette folie, au-delà des extrémismes spectaculaires qui opposent aux hiérarchies dominantes d’autres hiérarchies, renforçant ainsi l’ennemi et justifiant la répression aux yeux d’une opinion publique confuse et dépourvue d’autonomie de jugement.
On ne peut pas se battre contre l’aliénation en utilisant ses méthodes, dans une optique bêtement vindicative, sans renforcer, en fait, ce qu’on prétend abolir.
D’un mode de production à tendance totalitaire, le capitalisme d’Etat et de Marché s’est transformé en une pulsion nihiliste qui poursuit désormais, dans son délire final, la mort en l’appelant croissance. Il ne reste qu’à construire un nouveau monde social qui abroge positivement le nihilisme spectaculaire-marchand.
Mise à part la troisième voie d’une révolte radicale pour une démocratie réelle, le choix semble se réduire à une soumission silencieuse face à la terreur diffuse par toutes les paroisses idéologiques (terreur qui n’est que ponctuelle, pour le moment, mais déjà projetée à profusion sur les écrans d’un spectacle social devenu la menace permanente d’un pire imminent), en acceptant de se laisser progressivement empoisonner par l’air, la nourriture et l’eau pollués ; on peut aussi se laisser intoxiquer par les gaz lacrymogènes et massacrer par la violence d’un Etat qui défend la démocratie fictive contre ces mêmes citoyens que sa propagande la plus vulgaire continue, de façon grotesque, à définir souverains.
La violence de la répression, dans la Péninsule Chalcidique, dans la Vallée de Susa et à Notre Dame des Landes, est déjà un signe inquiétant – en Grèce, en Italie et en France – de la vraie guerre sociale sans quartier que le capitalisme a déclarée partout à l’humain, en réduisant la démocratie à un alibi pour le totalitarisme.
La phase terminale du capitalisme, rendu absolument inhumain par son morbide réflexe de mort, a été inaugurée un onze septembre moins médiatisé que celui de 2001, mais probablement encore plus crucial du point de vue historique.
En 1973, dans une Amérique latine habituée aux sursauts autoritaires de dictatures parfois éphémères mais répétées jusqu’à la banalisation, le coup d’Etat perpétré par Pinochet contre le socialiste Allende cachait bien plus que l’envie de pouvoir de l’énième caudillo. Derrière l’extermination cynique de tout esprit libre au Chili, il y avait la folie lucide d’une pathologie totalitaire intrinsèque à la phase finale du capitalisme et à ses envies de valorisation4.
Avant que l’écroulement de l’empire pseudo soviétique consigne le monde au libéralisme comme un unique et démesuré supermarché planétaire, Friedman et ses Chicago Boys ont représenté l’Hitler Jugendbewegung du capitalisme réel, c’est-à-dire du mode de production arrivé à la présomption de sa domination totalitaire sur le monde.
L’idéologie économique, véritable religion athée d’un monde aliéné, a trouvé dans cette poignée d’économistes exaltés le projet de solution finale allégé des thèses raciales du fascisme archaïque et réduit à l’essentiel d’un renversement total, radical et définitif de la relation homme/marchandise.
Le fétichisme de la marchandise de Friedman et de ses camarades émergea comme une pathologie agressive du système dominant, juste au moment où des groupes de plus en plus larges de jeunes générations internationales confirmaient leur refus de la société libérale récemment touchée par un camouflet imprévu : la révolte radicale d’un grand nombre de jeunes citoyens et de travailleurs amoureux de la liberté, opposés à la consommation et au bonheur marchand autant qu’à tout communisme autoritaire au service du capitalisme d’Etat.
Fidèle au dicton « la meilleure défense c’est l’attaque », l’ultralibéralisme despotique des Chicago Boys s’est chargé de la destruction systématique du tissu social humain s’affichant comme réfractaire et rebelle face à la dictature du Marché.
Le but du capitalisme, conscient que le facteur humain s’opposait partout à ses fins, du Vietnam à l’Europe, de Prague à Paris, s’est alors concentré, là où cela était possible, sur l’imposition de son inhumanité rentable par les méthodes expéditives du Coup d’Etat.
Pendant environ une décennie, du Chili à l’Argentine, du Brésil à l’Indonésie, la longue tradition du putsch politico-militaire a permis l’imposition du dogme des libéralisations économiques comme un premier pas vers le prétendu paradis terrestre du Libre Marché.
La terreur pour faire oublier l’émancipation, la domestication forcée pour humilier toute instance de liberté. Les années quatre-vingt ont été, ensuite, le laboratoire démentiel qui imposa la propagande de l’absurde Eden économiste fondé sur le péché originel de la dette, comme un mauvais sort déferlant sur la planète. Des analphabètes politiques, inhumains et nantis comme Reagan et Thatcher, ont contribué avec morgue à sa divulgation de façon messianique jusqu’aux masses de consommateurs dopés.
Il ne manquait plus que la chute du mur et l’écroulement de la bureaucratie soviétique pour donner un dernier coup de pouce au délire ultralibéral. Même les plus sinistres bureaucrates de gauche se sont alors recyclés en adeptes de l’idéologie des privatisations à outrance, en contribuant à l’instauration de la plus macabre des superstitions : la fable du Libre Marché émancipateur. Plutôt que de s’affranchir de l’autoritarisme du fascisme rouge et des bureaucrates qui l’incarnaient, en sauvant les bonnes intentions misérablement déchues d’une société plus juste et fraternelle, droites et gauches parlementaires, obsédées par la conservation de leurs privilèges, se sont accordées pour intégrer les bureaucrates et profiter de l’autoritarisme, en effaçant définitivement l’hypothèse d’une démocratie conseilliste contrariée par tous les partis politiques formels et informels, affairés à se partager le magot d’un économisme absurde et vulgaire.
En plein accord avec l’ultralibéralisme, on a donc laissé tomber à l’eau le projet trahi d’une société égalitaire, dessein avorté dans le cauchemar d’un communisme au visage aussi inhumain que ses actes.
L’hyper-productivisme pathétique et irrationnel d’un capitalisme en phase terminale a pris corps dans ce nœud de l’histoire confisquée, là où la mythologie économiste a démoli toute lecture humaine possible de l’émancipation.
Pour répondre au danger représenté par la première révolte anti productiviste de l’histoire qui a traversé le monde à la fin des années soixante (Mai ‘68 et alentours), l’idéologie dominante a su fausser et en partie s’approprier ce passage crucial en l’identifiant avec un gauchisme confusionniste encore totalement imprégné d’idéologismes et de rancœur et récupérable, donc, à la continuité de la domination.
Comme le récitait un slogan prophétique de ces temps passés, le vieux monde pervers et de plus en plus nihiliste qui était derrière nous a rejoint et avalé en premier les plus désespérés, puis les plus corruptibles et enfin les plus confus, en finissant par déborder même à l’intérieur du caractère de beaucoup d’individus anonymes, là où l’aliénation est plus difficile à isoler et à extirper.
D’ailleurs, les pires idéologues de la conservation sont toujours embauchés parmi les stratèges frustrés des révolutions ratées, indépendamment du degré d’autoritarisme de l’idéologie révolutionnaire introduite sur le marché.
Toute idéologie de la liberté, avec ou sans révolution, est un pas de plus non pas vers la liberté, mais vers l’idéologie, dans le territoire de laquelle aucune liberté réelle n’est jamais praticable.
Ce n’est pas un hasard si l’attention des situationnistes, libertaires irrécupérables et inclassables selon les catégories politiques habituelles, se concentrait, il y a déjà un demi-siècle, sur la dénonciation de toute idéologie révolutionnaire, situationnisme inclus : « La théorie révolutionnaire est maintenant ennemie de toute idéologie révolutionnaire, et elle sait qu’elle est. » (Guy Debord, La société du spectacle, Thèse 124).
Peuples et populisme, nations et nationalisme
Quand, ayant fini son repas cannibale dans les divers pays violés de l’Amérique latine et du soi-disant tiers monde, le capitalisme s’est remis à table pour avaler aussi le cœur de la société occidentale, il a du prendre acte que les cicatrices encore récentes du conflit entre fascisme et antifascisme ne lui permettaient pas d’appliquer mécaniquement à l’Europe la recette expéditive par laquelle il avait imposé l’idéologie ultralibérale du Chili à l’Argentine.
Trop récente était la mémoire d’une résistance à l’inhumanité au nom d’un humain sensible à la volonté de vivre et de jouir de la vie, bien au-delà des idéologies de service, débordantes d’hédonismes mécanistes autant que de mystiques du sacrifice.
L’idéal d’une Europe patrie commune de nations rescapées des guerres fratricides durant des millénaires, est alors devenu la carotte qui a permis au bâton de l’Union Européenne de s’enfoncer plus au fond.
Non par des coups d’Etat, bien au contraire, mais par la contribution de la mortalité sénile, exit Franco (1975) peu de temps après Salazar (1970), funérailles transformées en excellents spots publicitaires pour s’inventer les conditions (Grèce exclue) d’un continent pacifié au-delà de toute attente.
Quelques mondanités révolutionnaires de façade, entre œillets portugais et roses mitterrandiennes utiles à la récupération idéologique du risque d’une vraie révolution des désirs d’émancipation, puis, rapidement : fin de la dictature soviétique, de l’Allemagne coupée en deux et des pays satellites – malgré eux – de la grande arnaque marxiste-léniniste.
La liberté, mot évocateur de beaux sentiments abstraits, pouvait enfin se traduire en un ultralibéralisme économique bien plus pragmatique. Même la Chine, toujours accrochée à son stupide maoïsme passéiste, a maintenu les drapeaux rouges pour rendre mimétique l’esclavagisme cynique et scientifique de son prolétariat bien aimé.
Dans l’Occident chrétien, en revanche, lors d’une orgie de démagogie et de propagande, ces mêmes bureaucrates qui avaient adoré les plans quinquennaux du capitalisme d’Etat sont devenus les adeptes les plus fidèles de la privatisation de tout bien public et de la suppression de toute conquête sociale.
Privatiser tout ce qui bouge encore : banquiers, affairistes, économistes, bureaucrates politiques de droite et de gauche se sont montrés parfaitement complices dans la lutte mafieuse pour la domestication définitive de l’être humain.
Sous le masque d’une rationalisation abstraite et discutable, soutenue par la volonté de rompre avec le moindre souvenir de l’idéologie communiste mise définitivement à l’index, on a détruit progressivement le tissu social de nations à l’histoire millénaire et assez peu communiste, d’ailleurs, dans la majorité des cas.
Il était question de libérer la valorisation économique des déchets d’un vrai progrès humain réalisé au dépens du progrès capitaliste ; des décennies de luttes pour l’émancipation, de conquêtes nobles et nécessaires pour l’humanité, envoyées au rebut en quelques années au nom du business sacré.
Libéraliser, privatiser, réduire l’Etat à un vigile au service du Marché (néanmoins, jamais question d’abolir l’Etat – intolérable idée subversive et anarchiste ! – car un Marché sans Etat est comme un violeur sans érection, ou pire, sans matraque).
Puis, dans un crescendo confus mais cyniquement déterminé, le coup final : la mise en scène de la crise et la criminalisation de la dette, sur fond de financiarisation galopante de l’économie planétaire.
Etats, banques, multinationales et structures bureaucratiques asservies par nature au fonctionnement de l’apparat productif capitaliste et de son administration planétaire (FMI e OMC), ont réduit la politique à la gestion de l’existant, en excluant de façon autoritaire qu’un autre monde meilleur soit possible.
Celui-ci était et devait rester le seul monde possible et toute autre hypothèse devait être expurgée comme une utopie ingénue ou une diabolique propagande populiste afin de maintenir le contrôle des masses d’ignares maccartistes berlusconisés que sont devenus les citoyens-spectateurs-consommateurs des démocraties parlementaires.
Le délire des Chicago Boys a donc brillamment survécu à ses maîtres finalement disparus car il contenait l’essentiel de l’idéologie intrinsèque au capitalisme en phase terminale : que le vivant meure jusqu’à la dernière rentabilité ; dans le paradis désertique d’une planète génocidée, le Marché reconnaitra les siens.
On n’explique pas autrement le mantra productiviste de la croissance infinie qui harcèle les survivants d’un monde fini, violé dans ses équilibres vitaux et lançant désormais quotidiennement des signaux concernant la limite dépassée de ce qu’il peut supporter.
Unique idée géniale digne des meilleurs spin-doctors : après chaque catastrophe, prévoir une messe funèbre collective pour exorciser la peur et continuer imperturbables dans l’agression de la nature et du vivant à des fins économiques.
Tchernobyl, Fukushima, l’amiante, la pollution des nappes phréatiques ? Allons-y avec le nucléaire, le TAV et le gaz de schiste !
L’importance des forêts primaires et de la biodiversité ? Allons-y avec l’élevage intensif et les extractions minières aux effets catastrophiques, de l’Amazonie à la péninsule Chalcidique !
Les bombes à l’uranium appauvri ? Allons-y avec « l’exportation de la démocratie » par la guerre, au nom de la paix ! Etc. …
La croissance sacrée n’est même plus un facteur économique, mais une croyance que certains économistes en caleçons répètent sans même plus y croire. Du moins pas autant que Friedman, horrible mystique du capitalisme, semblait y croire quand il se laissait aller à l’aveu involontaire que ses idées économiques étaient essentiellement « une profession de foi ».
Jamais un matérialisme vulgaire ne fut plus métaphysique. Les animaux meurent réduits à des choses, les humains ne trouvent plus d’espaces vitaux, ils tombent malades, ils se suicident ou deviennent parfois des meurtriers de masse ; pas de problème, pourvu qu’ils ne se révoltent pas contre le système ; mais, au cas où – on l’a bien vu – les solutions finales ne manquent pas.
L’économie autonomisée est une crise perpétuelle qui se résout en créant les conditions de la crise suivante. Néanmoins, la seule question qui revient en boucle est : comment faire pour recommencer la croissance ?
Il n’est plus question de répondre à une telle idiotie mais de commencer la thérapie d’urgence.
Parmi les mots que le pouvoir a historiquement pliés à son utilisation idéologique, plusieurs sont ceux dont la perte de sens empêche le dépassement devenu urgent des conditions existantes.
Le concept de peuple est alourdi par l’utilisation démagogique que les populismes divers en ont faite pendant l’histoire. Ceci est aussi vrai pour le concept de nation, corrompu par l’idéologie nationaliste qui a inventé pendant plus d’un siècle les racismes et le surhomme minable des différents fascismes.
Néanmoins, la distinction entre ces deux entités sociales – peuple et nation – et les idéologies qui en ont corrompu le sens, me semble une condition sine qua non pour comprendre notre temps et surtout pour changer la condition d’une société prisonnière du totalitarisme marchand et d’un capitalisme devenu explicitement nihiliste.
Un peuple est un groupe qui partage une nation et un projet.
La nation est son bassin vital ; le projet, peu importe la forme sous laquelle il se présente, est toujours un essai de créer les conditions, même relatives et mouvantes, du bonheur collectif, donc, a fortiori, individuel.
Le concept de peuple a été largement utilisé avec des intentions despotiques par différentes lignées de populisme.
Qui sont les populistes ? Tous ceux qui caressent les peuples (et surtout les identités concrètes qui les composent, les individus) dans le sens des chaînes.
Un peuple heureux n’écoute pas les sirènes populistes. Face à un peuple heureux, une idéologie populiste n’arrive même pas à se formuler, à exister. Néanmoins, puisque le bonheur est une réalité en devenir, fragile et toujours à reconstituer dans une dimension orgastique dont on peut jouir, l’opportunisme populiste trouve toujours un point d’appui où accrocher sa semence malade, sa paranoïa auto valorisante qui s’offre en compensation de l’intolérable sentiment d’impuissance qui saisit les individus et les peuples en manque de bonheur.
Surtout dans la civilisation du travail et de son exploitation organisée par la structure économico-idéologico-militaire, les raisons de malheur et les injustices évidentes produisent des occasions sans fin pour la récupération populiste.
Le premier populisme fut la religion, puis le produit s’est diversifié.
Le populiste dit aimer le peuple alors qu’il se substitue aux individus réels dans le choix des objectifs et des stratégies de changement des conditions existantes.
Qu’il soit donc clair, face aux sophismes démagogiques des professionnels de la politique en lutte pour conserver leurs privilèges : n’est pas populiste celui qui dénonce au peuple une situation intolérable mais celui qui utilise cette situation pour assujettir le peuple à une nouvelle hiérarchie dont il est le sommet.
N’est pas populiste celui qui aime le peuple, mais celui qui l’annexe à ses propres intérêts économiques ou narcissiques.
Seul un imbécile, ou un pervers manipulateur, en s’apercevant que le peuple est trompé, peut revendiquer avec fierté son populisme plutôt que de participer en sujet du peuple souverain à l’émancipation concrète des individus.
Le populiste s’identifie à l’idéologie du peuple comme un quelconque satrape, dictateur, despote, tyran : afin de le dominer et le diriger.
L’émancipation du peuple passe par l’exclusion et même par l’élimination physique, si nécessaire, de tout chef dominant, de tout seigneur qui dépasse même pour un moment la délégation éventuelle de pouvoir représentatif reçue par l’assemblée du peuple souverain.
Renvoyé donc le populisme aux cloaques qui l’ont inventé, (fascismes divers, mystiques du peuple et autres tromperies) cherchons à approfondir un peu le concept de peuple au-delà des quelques définitions déjà proposées.
Je note que « peuple » est un terme générique en relation aux conflits de classes qui agitent tout groupe social tombé dans les tentacules de l’économie politique. Un peuple qui n’a pas encore intimement dépassé la relation historique entre classe dominante et classe dominée, porte en lui la plaie ouverte d’une injustice intolérable : l’un mange et l’autre est affamé, l’un rit et l’autre est en pleurs pour d’autres raisons que les péripéties individuelles du vécu, pour les conditions collectives qui octroient à certains les privilèges, à d’autres les corvées.
Les peuples qui ont habité la terre jusqu’à maintenant sont des peuples manchots car ils ont subi la dictature d’une injustice historique relative à l’appartenance à la classe dominante ou à celle des dominés.
Le premier peuple absolu apparu sur la planète est celui des Derniers qui ne veulent plus l’être. Par leur acte de volonté pratique ils abolissent les différences hiérarchiques sur lesquelles se fonde toute la civilisation du travail et de l‘économie politique qui en gère les profits.
Cet acte, tant rêvé par les utopies sociales des deux derniers siècles, n’a jamais été accompli de façon radicale, mais il est aujourd’hui le seul acte capable de garantir non seulement une justice véritable, mais la survie même de l’espèce humaine.
On a vu comment l’aliénation intrinsèque au monde de l’économie politique ne peut pas s’émanciper de l’obligation de la rentabilité même face au risque désormais avéré d’un holocauste spécifique de l’humanité et des espèces qui en partagent le milieu vital.
Tant que le processus de valorisation de la marchandise, typique du mode de production capitaliste, restera souverain, l’homme aliéné, justement à cause de son aliénation, préférera mourir pour le profit plutôt que vivre pour son bonheur au prix du dépassement du capitalisme. Uniquement après le naufrage dans la tempête de la décomposition sociale, l’hypnose productiviste quittera l’individu aliéné en le poussant à chercher une bouée pour se sauver des vagues. Il sera probablement trop tard, sans compter qu’un tel retard provoque les meilleures conditions pour une dernière récupération populiste. Le premier démagogue venu qui lance une bouée idéologique à l’ignorant désespéré s’agitant parmi les flots, a des chances d’en faire un adepte prêt à tout.
La souffrance aveugle pousse au grégarisme et à la haine envers n’importe quel bouc émissaire exposé à la risée publique.
C’est ainsi que l’immigration est chargée de fautes qui ne la concernent pas, que la couleur de la peau devient un signe capable de déclencher une inqualifiable haine raciale. Qu’importe de savoir qu’Hitler avait des origines juives quand la supériorité de la race Arienne a été affirmée par le délire national-socialiste ?
La peste émotionnelle se contente de calmer la douleur psychique d’une insatisfaction intime et refoulée. Peu importe la cohérence et moins encore la vérité établie.
Cela est vrai autant à droite qu’à gauche : même enrobé par la démagogie de l’utopie la plus parfaite, tout communisme de guerre est destiné à produire les conditions d’une contre-révolution dont l’économie politique sait toujours extraire des avantages importants au prix du malheur des individus réels.
Le bonheur orgastique d’un être humain naturel se réalise, en revanche, uniquement par un projet cohérent et déjà jouissif par les manières de le proposer et de se le proposer.
L’entraide est de l’ordre du don orgastique et non pas du devoir, il ne faut jamais l’oublier, et une démocratie directe est l’organisation de l’égoïsme de chacun harmonisé en égoïsme collectif autogéré pour le bien de tous.
La non-violence n’est donc pas une question d’éthique, mais une harmonisation spontanée du principe orgastique du vivant qui fait de l’amour le moteur de la jouissance d’exister.
La démocratie conseilliste est la transposition consciente dans le social du processus biologique de « l’innamoramento » que chaque individu de toute espèce connait au moins mécaniquement quand la nature engage la saison des amours.
Seule la gratuité d’une relation restaurée avec et à l’intérieur de la nature permettra à l’humanité de s’émanciper du nihilisme capitaliste qui est en train de nous accompagner vers une mort certaine, et qui plus est, prématurée.
Libérée des idéologies qui la rendent diabolique aux yeux de n’importe quel progressiste, la nation est simplement le milieu psycho géographique5 dans lequel on nait subjectivement. Elle se tisse dans le terrain local en tant que mémoire vécue d’un monde créatif, élaborée par l’élan à jouir de la vie sociale que la volonté de vivre provoque spontanément.
Comme le caractère établit les équilibres psychophysiques d’un individu, ainsi son être social détermine les harmonies possibles à partir de la découverte de sa propre individualité unique et différente, mais toujours intégrée aux éléments communs partagés avec un certain nombre d’autres sujets. L’ensemble de ces individus et le vécu librement partagé entre eux forment la nation.
La notion de nation a donc des racines autonomes de l’Etat nationaliste que les hiérarchies du pouvoir ont inventé pour réduire les nations à un tas de bandes prédatrices en lutte entre elles.
L’Etat-nation a été le point de suture entre l’ancien régime et la république bourgeoise. La nationalité est ainsi devenue ce que Joseph Gabel a stigmatisé dans La fausse conscience (Les Éditions de Minuit, 1962) : une erreur partagée par un certain nombre d’individus à propos des leurs origines.
La nature humaine de la nation est instinctivement gylanique6 et tend spontanément au partage et à l’entraide, mais elle est fragile et peut facilement sombrer dans le patrisme guerrier du mâle dominant, seigneur d’un territoire de chasse, de séjour et d’affectivité. La forme humaine de la nation consiste dans le dépassement d’un tel primitivisme animal habitué à imposer sa domination sur un territoire comme un privilège reconnu.
La nation enclenche l’émancipation de l’être humain en se proposant comme communauté subjective. La nation-gemeinwesen7 est le seul dépassement humain possible de la condition animale fondée sur la hiérarchie dont le mâle dominant est la version la plus vulgaire. Ainsi, tout le long de l’histoire, la gemeinwesen a porté en elle l’alternative radicale à la gemeinschaft, société artificielle, étatiste car conditionnée par l’économie politique.
Le capitalisme est la forme artificielle du primitivisme animal prêt à se battre jusqu’à la mort, par la compétition et la prédation, pour la défense et l’élargissement du territoire conçu comme une appropriation privative.
Devenir humains passe par le dépassement d’une telle conflictualité mécaniste à travers la poésie dialectique intrinsèque à la fonction de l’orgasme. Par elle l’homme s’émancipe de la pulsion mécaniste primitive en la satisfaisant qualitativement, en obtenant, en même temps, la réalisation et le dépassement de la politique et de l’art.
Le rêve séculaire de l’émancipation humaine passe, donc, aussi par une réappropriation radicale de la « nation » en opposition à l’utilisation aliénée que l’économie politique en a fait.
Le capitalisme nous a éduqués au nationalisme, en faisant de la nation naturelle le véhicule ambigu d’une machine kafkaïenne au service des puissants et de la classe dominante.
L’Etat qui coupe la tête au roi et proclame le citoyen souverain, se libère d’un seul coup des seigneurs et des esclaves, en perpétrant les deux en tant que rôles sociaux auxquels personne ne pourra plus se soustraire.
On découvre alors que le libéralisme et l’ultralibéralisme n’ont rien à faire avec la liberté humaine et que le nationalisme n’a rien à faire avec la nation authentique, avec la communauté humaine, avec ses racines locales et sa gestion horizontale exercée par des sujets qui s’aiment et non pas par des troupeaux unis par la haine d’autrui, du différent.
En tant que communauté subjective, la nation est la réalisation historique de la gemeinwesen, superposition de couches différentes de la communauté qui, du local, tendent à s’étaler vers des territoires de plus en plus larges sans jamais perdre de vue la tendance à faire du gouvernement un moyen pour garantir le bonheur de chacun. Un tel gouvernement conseilliste garantit l’espace individuel pour les divergences et les choix les plus autonomes, tout en restant en syntonie avec la volonté d’être souvent une source de jouissance pour les autres car cela augmente aussi notre potentiel de jouissance de la vie.
Certains, comme Ivan Illich, ont parlé à ce propos de convivialité.
J’ai voulu, par ma modeste réflexion, mettre bien en vue la dynamique de la nation-gemeinwesen comme absolument réfractaire à toute forme de nationalisme prétendant à une quelconque supériorité sur les autres nations.
L’abrogation de l’Etat de la part de la communauté humaine rétablie, ressemblera en beaucoup mieux au dépassement de la monarchie au nom de la république car le nationalisme est l’idéologie pestifère de l’Etat fagoté en une nation (« L’Etat c’est nous », voilà le plus horrible des mensonges) vidée de sa dynamique spontanée de communauté réelle, pacifique et orgastique.
Par la nation-gemeinwesen l’Etat est destiné à disparaître en tant qu’instigateur de l’exploitation et de l’aliénation sans la reconstitution d’une autre classe dominante (ni la bourgeoisie de 1789 ni la bureaucratie de 1917). Sa disparition se traduira par l’effacement tendanciel de tout nationalisme. Seules les pathologies individuelles resteront, qu’une société libre saura traiter comme un problème de la communauté et non pas comme des machines de guerre que la société productiviste utilise cyniquement afin de débiter des hiérarchies pour la domination.
Bien au-delà d’une décroissance toutefois nécessaire et souhaitable, seule la promesse d’un affinement du bonheur fera bouger les êtres humains d’un nouveau monde psycho géographique, finalement libres de l’obsession de la croissance économique.
En s’aventurant, même timidement, au-delà des traces des bonobos qui pratiquent déjà un premier degré instinctif du dépassement de l’animalité conflictuelle, l’humanité a introduit, avant de se perdre dans la jungle perverse du productivisme, l’option consciente d’une organisation sociale solidaire, rendant possible la satisfaction sans fin de tous les désirs.
La démocratie conseilliste est l’essai concret de la tendance de l’humain au bonheur social en voie de lent affermissement. Néanmoins, l’humanisation de l’homme est encore extrêmement fragile car le singe humain est toujours attiré par la facilité de la solution éphémère de la question sociale par le conflit et par la domination, notamment masculine.
Il ne faut jamais oublier que l’être humain n’est ni bon ni mauvais dans l’absolu. Il est capable de tout, du meilleur comme du pire : de la Commune à Auschwitz, de l’amour pour autrui au cannibalisme.
Comment passer de la république bourgeoise à la démocratie conseilliste ?
On doit répondre à cette question aussi d’un point de vue théorique, pendant qu’on soutient les luttes transitionnelles de la résistance au monstre qui est en train de détruire la vie.
Attention, néanmoins, à tout purisme, à tout manichéisme moraliste : le ridicule des luttes idéologiques et leur effet boomerang réitéré favorisent un détachement élitiste impuissant à corriger les erreurs et à dépasser les limites de la rébellion.
Il est certes opportun de dénoncer la manipulation récupératrice de tout foyer de lutte de la part de la politique bureaucratique. Il ne faut, néanmoins, jamais faire manquer la solidarité à la moindre résistance à la domestication.
On sait bien qu’en continuant à faire les mêmes erreurs qui ont produit les défaites du passé, on risque d’obtenir, tristement, les mêmes résultats nuls. On doit, néanmoins, attaquer ponctuellement les erreurs et non pas la passion qui pousse à lutter pour l’émancipation.
Comme les républicains ont réussi à faire sauter l’ancien régime de la monarchie de droit divin, nous devons maintenant archiver celui de la république de droit marchand pour y substituer la société du don et de la richesse partagée.
Le but manqué par le prolétariat industriel, vaincu par le consumérisme bien plus que par la répression des armées et des polices de l’Etat capitaliste, est devenu celui de l’humanité entière, obligée, désormais, de lutter pour son émancipation, non plus simplement classe contre classe, mais, globalement, contre la dynamique nihiliste du capitalisme en train de détruire les conditions de la vie humaine sur la planète. Ce sera probablement un itinéraire tortueux auquel le système dominant opposera toutes ses forces pour survivre. Il n’y a pas, toutefois, d’alternative à la révolution sociale qu’une ruine catastrophique pour l’espèce humaine.
Les multinationales et la financiarisation de l’économie ont bouleversé les équilibres fragiles entre l’exploitation de l’homme et de la nature et les acquis sociaux qui donnaient aux exploités la sensation d’un progrès minimal. Le progrès est terminé. A sa place il y a la progression incessante de la décomposition de la société humaine, justifiée par l’idéologie de la crise qui cache mal l’émergence puissante de la crise de toutes les idéologies.
Et c’est la bonne nouvelle : il ne nous reste plus qu’à abandonner le monstre à son destin. Droite et gauche ne signifient plus rien non parce que la conflictualité sociale a disparu mais parce qu’elle s’est étendue au monde entier, en opposant désormais, directement, les défenseurs de la vie aux producteurs d’une mort de moins en moins rentable mais toujours assez séduisante pour les masses de zombis qui la suivent comme l’unique source concevable de bonheur.
Face à un tel gâchis de la volonté de vivre, seul le projet radical d’émancipation du totalitarisme nihiliste qui déferle offre une possibilité de salut.
L’instinct de survie, subsistant même dans l’animal le plus malade, s’entremêle désormais avec la poésie vitale de ceux qui continuent de vouloir vivre sans temps morts et de jouir sans entraves dans une vie digne de ce nom. La réalisation de l’utopie est devenue un dernier but concret pour l’espèce en danger ; aux antipodes, donc, d’un consumérisme qui fait poursuivre incessamment des carottes pourries faisant mourir d’ennui avant même que de faim, chaque fois qu’on les goûte sans la moindre joie.
Des Conseils locaux au Conseil international des Nations Unies, un nombre conséquent de Conseils intermédiaires peuvent assurer la chaine complète d’un processus décisionnel égalitaire, horizontal et non hiérarchique. Beaucoup de problèmes de gestion du fonctionnement d’une démocratie directe et réelle trouvent solution par des techniques adéquates.
Afin que les sujets de la communauté réelle – chaque nation en symbiose avec toutes les autres nations organisées en Conseils – arrivent finalement à formuler le refus et l’abrogation de la forme étatique en faveur de l’organisation conseilliste, on ne peut que passer avant tout par le balayage de certaines confusions, lieux communs et faux problèmes.
Une démocratie directe n’exclut pas les délégations et les mandats mais elle les prétend absolument révocables à chaque moment. La délégation doit être un don du délégué qui se rend disponible à représenter une décision commune, sans jamais rentrer dans aucune hiérarchie de pouvoir cumulable et rentable. Pour cela le contrôle des délégations et des mandats sera une tâche délicate et indispensable au bon fonctionnement d’une démocratie conseilliste. Beaucoup d’astuces, d’ailleurs, sont déjà connues. Je parle d’astuces et non pas de vérités philosophiques, comme le tirage au sort et autres tactiques de filtrage des rôles sociaux.
Avec l’abolition souhaitable et impérative des Etats, le concept de nation assumera un rôle important que l’idéologie totalitaire de l’économie politique a aboli subrepticement. Totalement émancipée des miasmes nationalistes si chers aux fascismes et aux chauvinismes, la nation réapparaîtra comme une catégorie sociale naturelle pour les membres de toute communauté réelle.
Comme ce fut le cas, par exemple, de plusieurs tribus indigènes du nord de l’Amérique qui parlaient de nation Sioux ou Cheyenne, le concept naturel de nation indiquera de nouveau une communauté d’éléments matériels et spirituels, biologiques et culturels.
Etre né dans un lieu commun renvoie à une liaison affective, non pas de droit ou de pouvoir, avec une terre, un groupe, une langue, une lumière particulière, des habitudes alimentaires, un climat, des goûts esthétiques, musicaux, philosophiques, poétiques, etc.
La nation n’exclut pas les barbares. Nous sommes tous les barbares de quelqu’un d’autre et, heureusement, nous sommes tous métissés, c’est-à-dire les enfants d’une même humanité diversifiée. Les clandestins n’existent pas. Il n’y a que des étrangers aux habitudes différentes qui doivent trouver une harmonisation par une volonté commune, aussi dénuée de tremblantes défenses obsidionales que de despotiques invasions barbares. Le sentiment d’hospitalité écarte toute relation entre la nation et l’appropriation privative du territoire.
Les citoyens du monde, autochtones ou étrangers, sont toujours autant chez eux que chez les autres.
Au nom du principe de laïcité, il est question de mettre en commun uniquement ce qui est commun à tous, en laissant au libre arbitre de l’intimité de chacun le partage éventuel des spécificités et des différences.
Les affinités électives se chargeront de l’harmonisation des unions et des séparations, des rapprochements et des distances.
Le but kaléidoscopique de notre émancipation passera par la reprise planétaire du Mouvement des Occupations.
Justement : OCCUPY THE LIFE. (A suivre, ce n’est qu’un début…)
Sergio Ghirardi, le vendredi 6 décembre 2013
.
le texte OCCUPY THE LIFE. —>
1 – Ainsi pourrait le définir affectueusement Daniel Cohn Bendit, passé de l’anarchiste primaire qu’il fut à l’icone d’un environnementalisme européiste imbedded.
2 – La flambée spartakiste en Allemagne, puis le projet libertaire en Espagne entre 1936 et 1938, sont deux exemples d’une sensibilité conseilliste qui traversa les idéaux concrets d’émancipation de tout le vingtième siècle. Elle a trouvé un ennemi redoutable, prêt à tout pour préserver l’exploitation et l’aliénation de la civilisation marchande, dans l’alliance objective entre capitalisme de Marché et capitalisme d’Etat.
3 – 2007 : création du Conseil Economique Transatlantique (sans que les parlements nationaux soient consultés): plus de 70 firmes dont AIG, AT&T,BASF, BP, Deutsche Bank, EADS, ENI, Exxon Mobil, Ford, GE, IBM, Intel, Merck, Pfizer, Philip Morris, Siemens, Total, Verizon, Xerox,…conseillent le gouvernement US et la Commission européenne.
2011 : création d’un groupe d’experts USA-UE, dont le rapport, le 11 février 2013, recommande le lancement de négociations pour la réalisation du Grand Marché Transatlantique
4 – Voir: Naomi Klein, La Stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre, Actes Sud 2008.
5 – Voir à propos de psycho géographie: S. Ghirardi, Notes pour une exploration psycho géographique d’un nouveau monde.
6 -Voir à propos des sociétés gylaniques (du grec gyné femme + lyein/lyo libérer) les travaux de Marija Gimbutas, Riane Eisler et James DeMeo.
7 – Voir K. Marx et J. Camatte à propos du concept de communauté et de la différence entre gemeinwesen (dans le sens de la libre communauté subjective) et gemeinschaft (dans le sens de la communauté du capital).

mercredi 23 avril 2014

50 PERSONNALITÉS DONT D’ANCIENS RÉSISTANTS APPELLENT AU BOYCOTT DE L’ÉLECTION EUROPÉENNE


Par le Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP).
 
Le 21 avril 2014.

Plus d’une cinquantaine de personnalités d’un large spectre politique et professionnel, dont d’anciens résistants, ont lancé un appel au boycott de l’élection européenne. Ils ont créé le Comité national de résistance républicaine à l’Union européenne (CNR-RUE). Des comités similaires se créent actuellement dans les départements. Le M’PEP participe activement à cette campagne citoyenne de salut public.


  • Pour accéder au site du Comité national de résistance républicaine à l'Union européenne (CNR-RUE),
    cliquez ici : http://www.cnr-rue.fr



Pour verser à la souscription pour la campagne de boycott, cliquez ci-dessous :

http://www.m-pep.org/IMG/pdf/140211_soutien_boycott.pdf

Nucléaire 30 ans d'age : Stop aux rafistolage !

Envoyez la lettre ouverte à votre député en un clic !
Chère amie, cher ami,
Alors qu’EDF cherche à obtenir la prolongation du fonctionnement des réacteurs nucléaires jusqu’à 50 voire 60 ans, nous devons agir pour contrecarrer ce projet lourd de risques. Les réacteurs ont été conçus pour fonctionner approximativement 30 ans, et déjà 27 d’entre eux ont dépassé cette durée...
Nous devons absolument interpeller nos député-e-s sur le danger majeur et sur les coûts astronomiques que ce choix impliquerait. En effet, à l’automne prochain, les parlementaires débattront de la loi sur la transition énergétique.
Tous les parlementaires ne sont pas des relais zélés de la propagande du lobby nucléaire ; mais la plupart d’entre eux/elles connaissent mal les enjeux énergétiques et nucléaires. En agissant avec nous, vous pouvez influer sur la position qu’adoptera votre député-e.
Interpelez votre député-e en 1 clic, envoyez-lui dès maintenant la lettre ouverte "Nucléaire 30 ans d’âge : stop au rafistolage !"
Extrait : « Je vous appelle à contrecarrer le projet d’EDF et de ses relais au sein des institutions : les réacteurs nucléaires ne doivent en aucun cas être prolongés à 40 ans ou au-delà, au prix d’un rafistolage coûteux et d’un risque accru d’accident majeur. Au contraire, les réacteurs qui ont dépassé 30 ans d’âge doivent être arrêtés dans les plus brefs délais. »
Merci infiniment pour votre engagement à nos côtés !
Toute l’équipe du Réseau "Sortir du nucléaire"

PROGRAMME du PRINTEMPS DE SIVENS

les 26-27 avril 2014

Dans le Tarn :

Le programme sera complété dans la semaine - Pensez à le consulter jusqu’à la veille

Samedi 26 avril
A la découverte de la zone humide du Testet
Rendez-vous au croisement de la D132 et du GR de pays - entre la D999 et Barat
10 h 00 à 12 h 00 : à la rencontre des oiseaux du Testet
avec Evelyne HABER et Philippe TIREFORT de la LPO Tarn (Ligue de Protection des Oiseaux)
15 h 00 : à la découverte de la zone humide du Testet
par un Naturaliste de "l’association APIFERA comité 81"
16 h 00 : à la rencontre des insectes du Testet
avec Pascal POLISSET de l’OPIE-MP (Office Pour les Insectes et leur Environnement)
A la tombée de la nuit : observation des chauves-souris du Testet (sur inscription au 0631100528, possible également le dimanche soir).
Ateliers
Chaque jour à partir de 11 h 00, signalétique et programme détaillé sur place
 Atelier « Mise en culture » : Cultures sur buttes / Potager en lasagne/Spirale Aromatique (merci d’amener des outils si possible !). Plantation d'une bande fleurie.
 Création d'habitats pour prédateurs de nuisibles (lézards, hérissons, insectes, oiseaux et chauve-souris).
 Fabrication collective de pain et de pizzas, pour petits et grands.
 Phytoépuration mobile, sur lit planté de roseaux (sur inscription au 0631100528)
 Chauffe-eau solaire mobile
Les deux chantiers précédents dureront tout le week-end. Les explications techniques pourront vous être données même si vous n’êtes que de passage, pour donner un coup de main !
 Arts plastique : Peinture sur galets / OEuvre collective / Sculpture végétale / Peinture sur argile / Fabrication de « DreamCatchers » / Fabrication de bracelets / Espace Créatif autogéré /Photographie de nature / Aquarelle chinoise.
 Méditation, relaxation
Soirée du samedi 26 avril
Suite aux ateliers, diner partagé
et soirée musicale à 21h sous chapiteau avec la fanfare d’à côté, Le rang du fond (rock folk), Jess Zyma (blues)

Dimanche 27 avril :
Convergence des marches (départ 9h30 des mairies de Salvagnac, Lisle sur Tarn, Gaillac et Castelnau de Montmirail, cf. tract explicatif) puis pique-nique auberge espagnole le long de la vallée
14 h 00 : interventions / informations militantes
14h-16h : activités pour enfants (construction de cabanes, arts plastiques, ballades découverte de la zone)
A partir de 16 h 00, spectacles au chapiteau :
 Le cirque Pistil avec Olivier et Murielle
 Contes avec Milo
 Clown avec David

Possibilité de restauration sur place. Amenez vos couverts dans la mesure du possible !

Possibilité de camper sur place la nuit du samedi.

Programme actualisé sur le site internet : http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com

Silence - la revue.

Visuel Silence 


Privilégiez un autre regard sur le monde qui nous entoure, participez directement à une alternative, et soutenez la liberté d’une presse militante, engagée et libre !
(Re)découvrez Silence !

Elle est gérée par une association, indépendante de tout mouvement ou parti.
Pas de pub ni de subvention non plus !
Cette indépendance lui permet sa liberté de ton et ses prises de position.

Silence est aussi une plate-forme pour dialoguer, avancer collectivement et agir ensemble.

Nous vous invitons à la découvrir en cliquant sur ce lien.

Vous pouvez également nous aider à nous faire connaitre en transférant ce message à votre entourage.

Merci de votre visite et à très bientôt.
L'équipe de Silence

ALERTE AUX UTOPIES !

Source : Yannis Youlountas

Une menace généralisée se précise sur la ligne de front entre les ruines du vieux monde et les premiers jardins du nouveau. En Europe, la répression s’accentue simultanément dans les poches de résistance et de création que sont Marinaleda (Espagne) et Exarcheia (Grèce), sans oublier les irréductibles du Val Susa, du Pays Basque, de Chalcidique ou encore de la ZAD de NDDL. Une répression qui n’a qu’un seul but : nier les alternatives et garder l’imaginaire sous contrôle.
Janvier 2014. Il y a exactement 30 ans, Margaret Thatcher lançait son redoutable TINA : « There is no alternative ! » (il n’y a pas d’alternative). Depuis lors, le repli des utopies des 60’s et 70’s a fait place à la toute-puissance du modèle dominant. Les premières années de l’ère du TINA se sont conclues par la victoire d’un bloc sur l’autre. Les suivantes ont vu le projet altermondialiste affaibli puis dépassé par la montée des nationalismes dans un climat entretenu de peur économique et sociale.

Cependant, depuis quelques mois, l’expérience autogestionnaire de Marinaleda, pourtant ancienne, et les déplacements de ses représentants, ne cessent de susciter le désir de changement. De même, l’archipel d’utopies qu’est le quartier athénien d’Exarcheia, au cœur de la Grèce qui résiste à une austérité inhumaine, fait l’objet d’une attention chaleureuse en France et ailleurs en Europe. Les idées voyagent, les slogans, mais aussi les actes. Des expériences concrètes qui prouvent que des alternatives existent et qu’un autre monde est possible voire même, peut-être, déjà en marche. D’autres territoires s’insurgent contre la tyrannie productiviste et son projet délirant d’avaler la terre et le temps : sur la ZAD de NDDL contre un nouvel aéroport nantais, au Pays Basque et dans le Val Susa (Alpes italiennes) contre des lignes de train à grande vitesse. Autant de grands travaux inutiles et nuisibles qui s’étendent jusque dans les coins reculés de l’Europe, comme si la seule question était comment aller plus vite, sans jamais se poser la question du pourquoi et, par-là même, de l’orientation dans la pensée, dans la vie, dans le monde.

« Étant toujours en train de courir,
nous vivons la tête baissée. »

Et c’est en cela que les marges inquiètent le système en place. Elles posent les questions éludées dans la précipitation quotidienne, du matin au soir. Étant toujours en train de courir, nous vivons la tête baissée. Jamais le regard à l’horizon, ou si peu. Toujours dans les objets, outils, médias, miroirs de notre vacuité. Toujours dans le néant de ce monde qui marche à l’envers. L’être humain croît être tout et ne rien avoir, alors qu’il a tout et qu’il n’est rien. Sur ce présupposé mensonger sont bâties nos sociétés. Un mensonge qui nous détourne à la fois des moyens raisonnables d’exister et du projet raisonné d’être.
2014 est une marche de plus dans l’escalier de la peur, dont on redoute la destination. Cette peur nous ramène, à l’instar du Léviathan de Thomas Hobbes, à une société distillant quotidiennement l’idée que l’homme est un loup pour l’homme et un objectif principal, par conséquent : la sécurité. Dès lors, la question de la norme et de la normalité se pose avec insistance. Et en miroir, celle de la marge et de la marginalité. Marginalité qui consiste à vivre ou penser dans la marge, ou plutôt dans les marges. Oui, mais quelles marges ? Celles que définit Foucault. Précisons : Michel Foucault, le philosophe et psychologue… qui a le malheur d’avoir un homonyme, animateur télé, qui est aussi un antonyme, mais qui serait sans doute un bon sujet d’analyse sur ce qu’est la normalité dans notre société du spectacle. Laquelle nous invite partout, à travers lui, à gagner des millions, à devenir riche, puissant, connu, glorieux et même adulé, mais qui ne nous permet pas de vivre autrement qu’en rampant. Le fantôme de la précarité nous hante et nous conduit à désirer la sécurité et le petit confort personnel plus que tout autre projet de société.
À l’extérieur, au-delà, autrement, il y a ce que Michel Foucault appelle les hétérotopies. Ces zones périlleuses, de non-droit pour la plupart, catacombes de la cité ou lieux transitoires, zones tampons, espaces vides ou presque, étapes ou voies de garage, raccourcis, détours ou impasses. Zones d’humanité à part entière, comme les écoles, les maisons de retraites, les hôpitaux, les prisons, ou encore la rue quand on est amené à y habiter. Des zones de mise à l’écart, volontaire ou pas, avec un statut à part entière et une liberté conditionnée, surveillée, et souvent réduite. L’hétérotopie est un lieu d’hétéronomie, c’est-à-dire dans lequel l’individu ne peut pas pleinement être autonome.
Sauf quand l’hétérotopie est une création, une brèche ouverte pour donner un lieu à l’utopie, c’est-à-dire un projet de vie alternatif. Travailler l’utopie de l’intérieur et la donner à voir à l’extérieur. Libérer l’imaginaire colonisé par les mots du pouvoir, l’opinion majoritaire ou s’affirmant comme telle, et les habitudes convenues comme étant les principales références. Ces hétérotopies là sont l’archipel de la marge, un peu comme des îles au large d’un continent, mais qui s’exposent d’autant plus aux intempéries, aux tempêtes, aux cyclones. Marges auxquelles s’oppose également, et plus violemment encore, le fascisme qui n’est pas tant un extrémisme, au sens d’un mouvement visant intensément une utopie (qui peut se révéler être une dystopie) que la radicalité dans la normalité : délire de pureté jusqu’à l’eugénisme social, politique, sanitaire ou ethnique. Marges qui paraissent des en-dehors, alors que la fabrication de l’exclusion est d’abord dans le regard de l’autre. Marges qui permettent parfois de voir, dire et penser autrement, donc de contribuer, même modestement, à changer le monde ; qui posent la question cruciale : est-ce l’individu en rupture qui est inadapté ou bien n’est-ce pas aussi et surtout la société qui est inadaptée à la diversité, à la créativité et à la fragilité des individus ?

« L’heure n’est plus au nombre de Vietnam,
mais de Marinaleda, d’Exarcheia… »

Pour fêter les 30 ans du TINA, l’Europe de la norme vient d’accentuer la répression des marges et projette l’écrasement des hétérotopies qui dérangent ou défient son modèle dominant. Le maire de Marinaleda en Espagne vient d’être condamné à 7 mois de prison ferme, ainsi que plusieurs de ses camarades le 20 novembre. Des dizaines de compagnons viennent de subir le même sort en Grèce, notamment à Exarcheia après les nuits du 17 novembre (189 interpellations), du 6 décembre (135 interpellations), et du 13 décembre (84 interpellations). De même en Chalcidique, territoire du nord de la Grèce où la population lutte contre l’installation autoritaire d’immenses mines d’or sur un site naturel autrefois protégé et se trouve menacée par des peines de prison de plus en plus lourdes. Les opposants basques au TGV pyrénéen ont, pour leur part, écopé de deux ans de prison ferme le 27 novembre pour avoir simplement entarté la présidente de Navarre. Des militants NO TAV contre le LGV italien de Val Susa ont subit de violentes arrestations le 9 décembre dans des espaces sociaux libres de Turin et à Milan. En France, parmi d’autres luttes, celle de la ZAD de NDDL menace également de se durcir du fait d’un pouvoir obstiné dans l’autisme et qui s’apprête à utiliser la violence.
Faisons-le savoir partout, cette répression généralisée n’a qu’un seul but : nier les alternatives et garder l’imaginaire sous contrôle. Pendant qu’il est encore temps, défendons les utopies en actes et multiplions-les. L’heure n’est plus au nombre de Vietnam, mais de Marinaleda, d’Exarcheia et de bien d’autres formes d’alternatives expérimentales à inventer. Il est encore temps de libérer l’imaginaire, dissiper la résignation et mettre fin au TINA. Il est encore temps de choisir la vie.
Y.Y., paru dans Z’indignés (ex-Le Sarkophage), janvier 2014

.« Un militantisme qui est en train de se perdre »

Chronique du Contrôle Social – La PJJ (1) 

Source : Terrains de lutte


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Premier épisode de la « chronique du Contrôle social » qui reviendra régulièrement sur les évolutions actuelles des métiers du travail social. Avec pour débuter, ce premier volet d’une série de témoignages d’un éducateur PJJ sur les transformations de son quotidien.

TDL : Quelles sont, officiellement, les principales missions de la Protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ) ?
La PJJ est une administration qui dépend du ministère de la justice. Elle intervient dans le cadre d’un mandat judiciaire, c’est-à-dire suite à une décision du Juge des Enfants (ou parfois d’un Juge d’instruction). Pour faire simple, la PJJ prend en charge les mineurs de 10 à 18 ans, principalement parce qu’ils ont commis un délit et plus rarement parce qu’ils sont en danger. Nous, en tant qu’éducateurs PJJ, on est sur 4 missions : le suivi en milieu ouvert, le placement éducatif (en foyer), l’insertion et enfin le suivi en milieu fermé (en détention).
Les éducateurs en « milieu ouvert », comme on dit, interviennent dans la vie des gamins… qu’ils vivent chez eux, dans leur famille ou qu’ils soient placés. Après il y a les éducateurs qui travaillent en Établissement de Placement Éducatif (E.P.E). Si tu veux ce sont des foyers, où les gosses sont placés pour une durée déterminée. Ensuite il y a les éducs qui bossent dans les Unités Éducatives et d’Activité de Jour (U.E.A.J), qui sont des lieux qui proposent aux jeunes suivis des activités dans le cadre d’un parcours d’insertion. Et enfin les éducateurs en milieu fermé suivent des gamins qui ont été incarcérés.
Je me permets de rappeler que… et pour bien comprendre la suite… la justice des mineurs applique le principe d’attribuer à chaque enfant repéré par le système judiciaire, un juge des enfants référent. Il accompagne le jeune à chaque étape de son parcours qu’il soit un enfant en danger (au civil) ou qu’il soit délinquant (au pénal). Il endosse une double casquette qui est parfois très critiquée par les médias mais qui fait la spécificité et l’humanité du système français… à savoir qu’un même juge des enfants peut suivre un jeune jusqu’à ses 18 ans.
TDL : Et toi en tant qu’éducateur PJJ, en quoi consiste ton travail ?
Moi déjà, je travaille en milieu ouvert, ça veut dire que je m’occupe du suivi socio-éducatif d’enfants qui ont commis un acte délinquant, Je suis en quelque sorte l’éducateur « fil rouge » dans le parcours judiciaire du jeune. Mon intervention est exclusivement conditionnée par les décisions du magistrat qui confie à la PJJ la mission de suivre le gamin dans un cadre éducatif ou dans un cadre probatoire (le jeune a des obligations à respecter faute de quoi il peut être incarcéré). J’interviens donc dans un cadre qui est normé dans le temps, soit avant le jugement et jusqu’au jugement, soit après le jugement et sur une durée fixée par le juge. Il faut bien comprendre que ce n’est pas la situation sociale intrinsèque du jeune qui détermine la durée ou le cadre de notre intervention, mais les décisions du magistrat.
Alors après s’agissant de mes missions en tant qu’éducateur en milieu ouvert… Bon nous déjà on intervient pour renseigner les magistrats, c’est ce qu’on appelle dans le métier « l’aide à la décision ». Par nos rapports, nos interventions en audience, parfois aussi au téléphone ou dans des conditions plus informelles, on informe les magistrats de l’évolution des situations dont ils nous ont confiées la charge. Cette dimension est cruciale parce que même si c’est le magistrat qui décide, il décide sur la base de ce que nous lui transmettons…. Autant dire que la responsabilité éthique est énorme… en tout cas à mes yeux. Mais le cœur du métier c’est qu’on agit dans la famille, le milieu social, la scolarité, l’insertion professionnelle ou la santé des jeunes… Et bon, on intervient aussi sur le caractère déviant des actes qu’ils ont posés. Donc l’idée, c’est de leur rappeler la loi, le contexte de société dans lequel on vit, de les accompagner dans un parcours propre, à eux, et de les soutenir dans cette démarche…. En vérité, il y a autant de parcours qu’il y a de jeunes… Alors bien sûr, parfois, quand on repère des difficultés, c’est aussi nous qui demandons aux juges à ce que les gamins soient placés en foyer PJJ, en Centre Educatif Renforcé (C.E.R) ou en Centre Educatif Fermé (C.E.F).
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TDL : En quoi ton travail se différencie de celui des éducateurs des Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (SPIP) qui prennent en charge les délinquants majeurs ?
Toute la spécificité de la justice des mineurs, c’est de ne pas traiter les mineurs de la même façon que les majeurs ! Ni dans les suivis, ni au moment des jugements, ni dans l’aide structurelle que tu leur apportes… Déjà lorsque qu’un mineur est jugé, une bonne partie de l’audience est consacré à l’étude de sa personnalité. Le juge passe en revue les rapports des éducateurs, donne la parole aux parents présents ainsi qu’à l’éducateur présent. Le magistrat ne se contente pas de juger un gamin sur la base des faits qu’il a commis mais il s’intéresse aussi à l’origine de ses problèmes et à ses récentes évolutions.
Bon et nous quand on intervient, c’est un peu la même chose… Par exemple un Contrôle Judiciaire pour un majeur et pour un mineur, ce n’est pas la même chose ! C’est-à-dire que, pour un majeur, un éducateur du SPIP, il va le convoquer, il va recevoir des justificatifs d’emplois ou de soins et… il va renvoyer au Juge d’Application des Peines un regard très administratif. C’est : Il est venu à mes rendez-vous, ou pas ? Il a trouvé un boulot ou pas ? Il est allé chez le psy pour l’obligation de soin, ou pas ? Tandis que chez nous, on part du principe que pour des enfants, le respect des toutes ses obligations ne vont pas de soi. Quand un jeune n’arrive pas à trouver une formation, nous, notre approche ce n’est pas de dire : Il n’a pas trouvé de formation ! Ça consiste plutôt à décrire s’il s’est investi ou pas, et s’il n’était pas motivé, de rappeler quelles difficultés il a rencontré, dans sa famille, dans son quotidien…
Si tu veux, on va s’atteler à tempérer l’échec par la mise en perspective de son parcours personnel… Après, attention, je ne veux pas dire du mal des collègues du SPIP, je tiens à le dire ! Eux aussi font des actions, en maison d’arrêt ou en semi-liberté… Ce sont des gens qui sont vraiment investis… Mais sur la partie purement probatoire… ces questions, ils n’ont pas le temps de se les poser car ils sont débordés et puis les Juges d’Application des Peines ils veulent des faits pour prendre leurs décisions parce que, eux aussi, ils sont débordés. Si tu veux ce n’est pas une question de personne, c’est plutôt un problème structurel. Nous, concernant nos jeunes, on part du principe que rien n’est encore figé, qu’on peut agir sur leur évolution. On se pose des questions autour de l’enfance, de l’adolescence, de comment le jeune a grandi, de ce qu’il est capable de faire ou pas, et une fois qu’on a défini ses capacités… C’est dire au juge ce qu’il a réellement réalisé par rapport à ses capacités. Parce que les jeunes dont on s’occupe ce sont des personnalités qui continuent d’évoluer, ils ont pour la grande majorité entre 13 et 18 ans… Et donc, on part du principe que l’on ne peut pas avoir une lecture binaire des actes qu’ils posent … Ce n’est pas qu’on les excuse, mais on dit : « Voilà, le gamin, il n’est pas prêt pour tel travail ou tel formation ». On se prend le temps de comprendre, d’essayer d’autres dispositifs et si ça échoue on propose autre choses encore et encore jusqu’à ce que ça fonctionne. Et d’ailleurs c’est une conception que les Juges des enfants partagent avec nous. Donc elle est là notre spécificité… ne pas avoir une lecture binaire des choses et prendre le temps d’y répondre de la manière la plus adaptée possible.
D’ailleurs c’est quelque chose que l’on transmet aux nouveaux collègues… J’ai le souvenir d’une collègue, son premier dossier : un Contrôle Judiciaire. Elle vient me voir après le premier rendez-vous auquel le jeune n’était pas venu. Elle me dit : « Machin n’est pas venu, je vais écrire au magistrat ». Ben là, tout de suite je lui dis : « Non ! C’est peut-être ce que dit le texte, mais ce n’est pas ce que dit la profession, ce n’est pas ce que dit l’histoire du métier ». L’histoire du métier dit qu’il faut prendre le temps de comprendre, d’accompagner le jeune à ce qu’il se mobilise et de décomposer les difficultés qu’il rencontre en objectifs chacun surmontable pour qu’au final le jeune continue d’avancer, continue de se construire. Ce qu’on fait c’est plus subtil que de cocher des cases pour dire qu’un objectif est rempli ou pas… Alors après bien sûr, si la formation des éducateurs PJJ ne suit pas, c’est-à-dire que si on leur explique que notre métier c’est cocher des cases, remplir des formulaires et si on leur rappelle pas qu’il faut être un peu militant, un peu humaniste alors là, la dérive, elle est très facile et rapide.
Et c’est d’ailleurs ce qui est en train de se produire. Parce que c’est plus simple de dire au bout du deuxième rendez-vous ou de la deuxième observation : « Il n’est pas venu, il ne se justifie pas »… C’est beaucoup plus simple que d’aller le chercher chez lui pour le rencontrer et essayer de comprendre ce qui se passe, lui re-proposer un rendez-vous et ensuite d’organiser des synthèses pour alimenter la réflexion… et au final de taper un rapport qui personnalise sa situation et qui la distingue de celle d’un autre… Alors que pour deux situations très différentes, on aurait très bien pu avoir les mêmes cases de cocher ! Donc, tu vois… il y a un militantisme aussi autour de ça… Mais ce militantisme malheureusement est en train de le perdre.
TDL : Et tu l’expliques comment ? Il y a eu un changement dans le recrutement des éducateurs PJJ ces dernières années ?
Bon, déjà, il faut savoir que nous, on n’est pas des éducateurs spécialisés. Pour devenir éduc PJJ il faut un niveau Bac+2 et passer un concours national… Donc il y a un spectre très large de personnes qui se présentent… Il y en a qui ont fait du droit, des sciences dures, STAPS ou encore des sciences sociales, enfin bref… Il y a des gens qui ont fait chimie, histoire… En vrai il y a tous les profils ! Ce qui fait que, quand on arrive en formation, en réalité, on est totalement formatables! C’est-à-dire qu’on n’arrive pas nécessairement avec des convictions, ou une littérature… La frange qui rentre à la PJJ avec déjà un bagage est très très minoritaire. Alors finalement, toutes ces promos-là, elles peuvent se laisser porter par le contenu qu’on lui présente. L’école Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, l’ENPJJ, dans les années 1990, c’était un truc très militant, limite marxiste, et si t’étais pas de gauche quand tu y rentrais, tu l’étais quand tu en sortais. Mais depuis 2002 d’importantes mutations y ont eu cours. L’une d’entre elles touche aux modalités d’accès à la fonction d’éducateur… les portes d’entrées quoi.
Depuis 2002, il y a eu au moins 5 portes d’entrées différentes. Tu as d’abord les gens qui entrent par le concours classique, par voie externe ou interne. Les modalités de concours sont différentes mais ils suivent la même formation de deux ans à l’ENPJJ. En 2002, un contingent d’éduc a été recruté par concours exceptionnel… là c’était 3 mois de formation et une pré-affectation sur le lieu de ton stage… Ensuite il y a ce que l’on appelle le concours « 3ème voie », eux aussi passe par l’ENPJJ mais seulement un an. Après, en 2007, la RGPP s’applique chez les personnels… et des responsables de notre administration ont jugés bon de prendre des catégories C (Agent Technique d’Éducation, cuisinier, Ouvrier Professionnel, chauffeur…) et de les faire passer éducateur. Ça c’est mon cas ! Moi, j’ai profité de ça. Ça porte pas vraiment de nom d’ailleurs, certains parlent de promotion sociale, d’autres d’examens internes ou de reclassement. Le souci, c’est que dans le wagon, ils ont aussi fait passer des gens qui n’étaient sans doute pas très outillés pour exercer le métier… La vague de reclassement a duré 3-4 ans. Et ça, même si j’en ai profité, j’estime que ça a quand même appauvri le métier. Et enfin, pour répondre à cet appauvrissement, une dernière voie d’entrée a maintenant le vent en poupe : celle qui consiste à recruter des éducs Spé par ce qu’on appelle un « concours sur titre ». Là, il faut arriver avec un diplôme d’éducateur spécialisé, et tu peux passer un concours, qui n’est pas vraiment un concours d’ailleurs, plutôt un entretien professionnel, et après, tu as juste un an de formation à l’ENPJJ et puis tu es déjà sur site pour travailler comme un éduc titulaire soit dit en passant…
Alors cette pluralité des modes d’entrée bien sûr ça enrichit le métier, mais ça rajoute aussi une forme de diversité qui fait que c’est aussi difficile d’avoir une identité commune, une unité…
TdL : Qu’est ce que tu veux dire par là ?
Je veux dire, c’est difficile de se penser comme une communauté unie et soudée quand tu as autant de portes d’entrée, de session de formation et de contenus différents. Et moi, je reste persuadé que c’est un choix ! C’est un choix, car c’est aussi une manière de casser une identité, de casser des équipes… D’ailleurs, je vois bien, l’une des premières choses que l’on fait quand on se rencontre entre éducateur, assez rapidement dans la discussion, c’est de savoir par quelle formation on est passé, tu vois, c’est-à-dire de quelle école on est. Est-ce qu’on est une catégorie C qui est passé catégorie B, est-ce qu’on est de la formation en 3 mois, ou de celle en un an ou en 2 ans. Avec presque l’idée que le concours classique ce sont les puristes, les autres ce sont des cas sociaux qui sont reclassés, et les éducs spés des loosers qui ont pas trouvé de boulot dans l’associatif !
Donc pour le coup, ils ont réussi à créer une sorte… d’animosité entre nous. Et puis, pour moi, il y a aussi que le contenu de la formation a changé… Il est de plus en plus basé sur la psychologie, sur de la psychiatrie… Or ce type de savoir n’est pas neutre. Histoire ou sociologie par exemple nous poussent à aller voir ce qui dans la société peut expliquer le comportement des jeunes dont on s’occupe, ça oblige à penser en termes d’inégalité sociales, de responsabilité collective. Alors que la psychologie, la psychiatrie, la psychanalyse tendent à individualiser la responsabilité ! Pour un psycho, tel jeune est instable, parce qu’il est névrosé, parce qu’il est dépressif, parce qu’il a « mal à sa maman », qu’il présente une « faille narcissique », qu’il fait un transfert… les psychos sont intarissables sur le sujet ! Pour eux, il y a toujours une raison qui permet de dire que ce qui lui arrive c’est de sa faute à lui et pas de celle de son environnement social, familial ou scolaire.
Et puis la psychologie, elle est aussi validée par la place des psychologues chez nous. Ce sont des « Catégories A », donc déjà ils sont affiliés aux directions, enfin, ils sont très très proches des cadres au sein des structures, dans les foyers, dans les milieux ouverts. Mais leur place dans les réunions aussi pose question, parce que… Je te donne un exemple. L’autre jour, j’assistais à une synthèse dans un Centre Educatif Fermé (CEF). Donc il y avait un chef de service, un éducateur référent du CEF, le psychologue et moi (éduc PJJ). L’éducateur du Centre, qui pourtant vit au quotidien avec le gamin, lui fait faire des activités, en fait, il n’avait qu’un rôle de rapporteur factuel. Je ne sais pas ce qu’il avait fait comme études ou comme formation, mais à aucun moment il n’était en mesure d’analyser, de mettre en abîme la situation du jeune placé… et puis j’ai compris… j’ai compris quand le psychologue a pris la parole. Il a envahi tout l’espace, avec ses mots, avec ses repères… sans avoir participer aux scènes et aux activités et sur la base de quelques entretiens dans son bureau, il était capable de tout interpréter, de tout mettre en correspondance, de reconstituer un puzzle et de produire un story telling dont le chef de service et l’éduc du centre se sont contentés. Je t’avoue avoir alors baissé les bras face à tant d’unanimité… ça m’a décontenancé… Et puis… Comment répondre quand visiblement on ne parle pas la même langue.
Nous en tant qu’éducateurs, aujourd’hui, finalement… On est de bons gestionnaires, on sait remplir des formulaires, on sait envoyer des courriers, écrire des rapports… mais on n’est plus dans cette bataille des mots ! Et pour le coup, cette bataille des mots, on l’a perdu !
TdL : Et cet essoufflement du militantisme, quel effet a-t-il au quotidien ?
Je crois que le mécanisme le plus intéressant, c’est le fait que l’on se démotive ! Je pense que toutes les personnes qui rentrent dans ces métiers-là, ils arrivent avec une forme d’énergie en début de carrière qui est vraiment louable et qui est… Ben voilà, on imagine qu’on va faire plein de choses avec les gamins mais… La machine est tellement plombante, tellement administrative, que, tu deviens avec le temps, et parce que tu t’épuises, une sorte de personne un peu aigrie. Tu vois, en tant qu’éducateur PJJ, on manipule un public qui est quand même très très fragile… Et bien, moi mon sentiment, c’est qu’au bout d’un moment on se fragilise comme eux. On n’a même plus l’énergie de se battre pour défendre ses convictions au sein d’un service ou de se réinventer en quittant l’administration. C’est-à-dire que, finalement, on ne se voit même plus bosser ailleurs, on se contente de notre petit métier médiocre avec nos conditions de travail détestables… On passe nos journées à dire à nos gamins : « Réinventez-vous, lancez- vous dans la vie, ayez un peu de courage… », alors que nous on est incapable de défendre nos convictions, de les défendre eux, ou même de nous réinventer nous-même… Alors la faute à quoi ? Sûrement à un lent glissement qui a dénaturé notre métier, et qui a fait de nous des bureaucrates, des gestionnaires… qui se replient sur le statut de fonctionnaire, et que ouais… c’est comme une prison dorée… On préfère souffrir avec ce statut-là que de s’imaginer ailleurs ! Moi, j’aimerais beaucoup partir, mais on a un manque de confiance en nous… Les éducs des années 70-80, c’était des gens militants, qui ont réinventé leur métier, qui ont créé des structures, parce qu’ils étaient beaucoup plus politisés, mais aussi parce que pour s’accomplir professionnellement, ils n’hésitaient pas à dire « Je me casse, et je vais monter un foyer, je vais faire un lieu de vie, je vais faire ceci ou cela… », tandis qu’aujourd’hui, plus personne n’imagine ni ne soutient de projets éducatifs innovants. Tout est très sclérosé administrativement… Et économiquement je nen parle même pas. On n’est pas dupe du fait que le métier de travailleur social a muté… muté parce qu’on en a rationalisé ses principes et ses actions, qu’il n’est plus lisible qu’en terme de statistiques, et que ce faisant on l’a sciemment déshumanisé.
Chronique à suivre….

Festiv’halte aux écrans publicitaires

le 26 avril 2014 à Paris

En réponse à l'appel à mobilisation nationale contre les écrans
publicitaires le 26 avril cosigné par plus de 15 associations, Résistance
à l'agression publicitaire (R.A.P.), les Reposeurs et le collectif des
Déboulonneurs organisent une journée de mobilisations à Paris.

Programme de la journée du Festiv'halte aux écrans publicitaires, samedi
26 avril :


- 11h : Action non violente et rassemblement avec prises de parole avec
l'association R.A.P.
Rdv Place Raoul Dautry (sortie de métro de la gare Montparnasse Porte
Océane ).

- 12h30 : Pique-nique auberge espagnole (chacun amène plat et boisson à
partager)
lieu à définir

- 13h59 : 3 rassemblements avec les Reposeurs
* Gare Montparnasse : place Raoul Dautry proche du kiosque théâtre ;
* Métro Saint Ambroise : sur le parvis de l'église ;
* Gare du Nord : en face de la rue Saint-Quentin.

- 16h30 : Action de désobéissance du collectif des Déboulonneurs,
Rdv gare du Nord, en face de la rue Saint-Quentin

- 18h : Soirée festive sans écrans écrans
Lieu à définir

En France, le Grenelle 2 a officialisé et assoupli la réglementation
encadrant les écrans publicitaires. Leur taille peut aller jusqu'à 50 m².
Le gouvernement Valls ré-ouvrira d'ici peu le dossier catastrophique du
Grenelle du paysage dans le cadre d'une loi sur la biodiversité. Pour
nous, la lutte contre les écrans publicitaires numériques est primordiale.
Ces écrans constituent une triple pollution :

- Pollution visuelle : L'œil humain est attiré par ces écrans animés et la
lumière qu'ils émettent. Ils devraient donc être considérés comme une
source de danger pour la sécurité routière détournant l'attention des
automobilistes.

- Pollution énergétique : À l'heure où les prix de l'énergie augmentent et
où les citoyens doivent se serrer la ceinture en conséquence, les
publicitaires poursuivent eux un gaspillage énergétique sans précédent,
peuvent assécher les dernières gouttes de matières premières, rejeter
toujours plus de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et peser dans la
création de nouveaux déchets radioactifs.

- Pollution mentale : Notre cerveau est désormais gavé avec un entonnoir
publicitaire. Ces dispositifs auxquels il devient quasi-impossible
d'échapper nous imposent des messages aux images et aux normes agressives
et néfastes. Quand s'arrêtera cet asservissement idéologique et mental des
masses ?

Les afficheurs, avec la complicité bienveillante des politiques, cherchent
à nous placer devant le fait accompli. Dans le métro parisien, si la
tentative d'équiper les écrans de capteurs Bluetooth a été officiellement
abandonnée, le projet d'activer les caméras pour analyser les passants est
en revanche toujours d'actualité. Médiatransport, la régie de la SNCF et
de la RATP attend que les citoyennes et citoyens soient habitués aux
écrans pour activer les caméras de surveillance publicitaire déjà
présentes dans les écrans. Ces expérimentations parisiennes ne sont que le
début d'un déploiement national.

Ces écrans s'ajoutent partout aux dispositifs existants, constituant une
véritable invasion publicitaire. Saturant nos champs de vision, défigurant
nos espaces de vie. Il est important de réagir maintenant, avant qu'ils ne
soient installés en masse, et que le mal ne soit fait.

Eduquer dans la non violence - Journée parentalité à Cazères le 30 avril


Violences néo nazies en Grèce !



Salut à tou-te-s,

Un petit bonjour depuis MARINALEDA, un village en utopie entre Séville et Jerez, au sud de l'Espagne, où le film "Ne vivons plus comme des esclaves" continue son petit bonhomme de chemin et participe à la convergence et à la globalisation des luttes. Le constat est le même d'un bout à l'autre de l'Europe : on ne renversera le cours des choses qu'ensemble et on n'arrivera à étendre la mobilisation qu'en montrant partout les alternatives en marche et en multipliant les Exarcheia et les Marinaleda. La joie de nous retrouver est palpable. Les sourires s'étirent dans la nuit chaude. La résignation n'a pas sa place ici. On trinque à vous tou-te-s qui brûlez de faire de même en France et ailleurs. Viennent le temps des cerises et la fête au berceau d'un autre monde.

Pour commencer avec humour les nouvelles, voici un CANULAR "VIVONS COMME DES ESCLAVES !" qui résume bien la situation :
http://www.youtube.com/watch?v=Lk2QWl9Bq3U

Beaucoup moins drôle : les VIOLENCES NÉO-NAZIES SUR LES TOURISTES À L'AÉROPORT D'ATHÈNES se multiplient, sans que le gouvernement grec n'intervienne pour l'instant. Malgré les nombreuses lettres de protestation depuis plusieurs mois, ni l'ambassade de Grèce en France, ni le ministère français des affaires étrangères n'a daigné répondre. Une victime et sa famille ont accepté de témoigner ci-dessous (vidéo de 3mn) :
https://www.youtube.com/watch?v=n_nqIdJCaPo

Si vous voulez en savoir plus sur la nouvelle stratégie d'Aube dorée qui va bientôt s'appeler « Aube nationale », vous trouverez un article dans le numéro d'avril de SINÉ MENSUEL, ainsi qu'un entretien dans CASSANDRE/HORSCHAMP (excellent numéro sur les nouveaux rapports entre arts et politique). En résumé, le Front national fait des émules en Europe et beaucoup de mouvements néo-fascistes plongent leurs pattes dans la farine pour mieux rouler les naïfs… Ce sera également le sujet principal des débats que j'animerai après les projections spécifiques du film à PARIS (7 mai, avec les proches de Clément Méric, dans leur café à Ménilmontant, suivi d'un concert du rappeur Adam l'ancien, interprète en français du répertoire de Pavlos Fyssas alias Killah P), à ORLY (le 9 mai, avec la Ligue des Droits de l'Homme), à ORANGE (13 mai, où le sinistre Bompard a été réélu dès le premier tour), à LYON (16 mai, à la MJC Léo Ferré dans le vieux quartier St-Jean infesté d'identitaires et de néo-nazis) et à HÉNIN-BAUMONT (mi-juin, où le maire FN essaie déjà d'éliminer tout ce qui le dérange). Bref, nous ne nous laisserons pas intimider, continuerons à aller partout et comptons beaucoup sur votre présence. Détails ici :
http://nevivonspluscommedesesclaves.net/spip.php?article30&lang=fr

Objet d'étude made in Groland, « le nazillon des neiges » :
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid1787-c-groland.html?vid=1021774

A l'instar de l'affaire des violences à l'aéroport d'Athènes, en France aussi, certaines plaintes ou doléances restent lettres mortes. Notamment la pétition MENACE SUR L'AGORA : DES MAIRES CONTINUENT D'INTERDIRE DE DIFFUSER DES TRACTS SUR LES MARCHÉS ! Un an après, toujours aucune réponse ni de projet de loi du gouvernement. Des maires continuent à se croire tout-puissants en privant de liberté d'expression des habitants durant les marchés. Un second dossier sera déposé prochainement sur le bureau du nouveau premier ministre. Des actions juridiques sont envisagées, jusqu'au niveau européen si nécessaire. Pour continuer à signer et faire signer la pétition en ligne :
http://www.netoyens.info/index.php/contrib/24/10/2012/menace-sur-l-agora

A Rodez, la clinique St-Louis reprise en coopérative par les anciens salariés :
http://www.frituremag.info/Home-Page/A-Rodez-la-clinique-Saint-Louis.html

Certaines projections-débats du film promettent d'être plus délirantes que d'autres, notamment notre tournée en BELGIQUE du 4 au 6 mai (Namur, Liège, Bruxelles), avec la participation de NOËL GODIN, Pape des entarteurs, et ALESSANDRO DI GIUSEPPE, Grand-prêtre de l'Eglise-de-la-Très-Sainte-Consommation. Avis aux spectateurs belges : chaud devant !
http://www.dailymotion.com/video/x14rp67_les-attentats-patissiers-par-l-entarteur-belge-noel-godin_webcam

Les mass-médias européens ne sont plus à un mensonge près quand il s'agit de la situation en Grèce : contresens, déformations, mensonges par omission… A fortiori en période électorale, surtout européenne ! Ce serait carrément risible si la réalité n'était pas si dramatique. Bien que nous ne soyons pas forcément d'accord sur tout, je ne peux que recommander la réponse cinglante de l'ami économiste Franco-Grec GABRIEL COLLETIS aux ANNONCES MENSONGÈRES CONCERNANT LA PSEUDO EMBELLIE SOCIO-ÉCONOMIQUE GRECQUE :
http://blogs.mediapart.fr/blog/gabriel-colletis/160414/la-grece-ne-veut-pas-mourir-guerie

Le nombre de YAYAS (« GRANDS-MÈRES » EN GREC) JETÉES EN PRISON pour « impayés excessifs » n'a cessé d'augmenter ces dernières semaines, jusqu'à la bronca générale de la population. Même atteintes d'Alzheimer, même après un pontage cardiaque, même avec un conjoint centenaire, elles étaient enfermées une nuit ou plus au cachot, comme n'importe quel mauvais payeur actuellement en Grèce, dès que la somme dépasse 5000 € (règles imposées par le ministère des finances sur les conseils de la troïka).

L'ancien aéroport d'Athènes vient d'être vendu pour une bouchée de pain à un consortium regroupant des hommes d'affaires grecs, chinois et d'Abou Dabi. 915 millions d'euros seulement, pour plus de 60 hectares dans l'une des zones les plus riches au sud d'Athènes avec, en prime, plus de trois kilomètres au bord de la mer, sur les emplacements désaffectés des Jeux Olympiques 2004. Le projet ? Des hypermarchés, des centres d'affaires, des hôtels de luxe… Oui, mais il y a un os ! Le lieu est devenu une zone à défendre, avec un hôpital autogéré, des jardins partagés, des squats et autres occupations ! ENCORE UNE ZAD SOLIDAIRE ET CRÉATIVE QUI DÉFIE LES INTÉRÊTS DES PUISSANTS ! Marre des utopistes, n'est-ce pas messieurs les ministres et les investisseurs ?

Si de plus en plus de Grecs se séparent de leur télé depuis plusieurs mois, parfois de façon très drôle, un symbole fait néanmoins exception. C'est ERT, l'ancien groupe de radio et télévision publique qui, supprimé par le gouvernement, a non seulement migré pour résister sur Internet, en streaming, mais surtout fonctionne désormais de façon indépendante et en autogestion, avec des programmes beaucoup plus subversifs. Ce 14 avril à 16h, à la demande du public grec, Ne vivons plus comme des esclaves a d'ailleurs été diffusé pour la quinzième fois sur ERT ! Mais les circonstances restent difficiles. LE GOUVERNEMENT GREC CONTINUE DE HARCELER LES SOURCES D'INFORMATION INDÉPENDANTE : radios pirates pourchassées, serveurs de sites internet coopératifs saisis, intimidations sur des journalistes insoumis, expulsion des irréductibles d'ERT de leur locaux le 7 décembre dernier et, maintenant, suppression ce 13 avril des lettres géantes sur la façade de l'immeuble qui était le siège d'ERT depuis 1970.
http://www.ertopen.com/eidiseis/item/18769-kyriakh-twn-baiwn-xhlwsan-thn-istorikh-epigrafh-ths-ert#.U1Boa6kTFHK
Coluche disait : « La dictature, c'est ferme ta gueule, la démocratie, c'est cause toujours ». La Grèce n'est-elle pas en train de basculer ?

Déjà, durant le tournage du film, nous avions dû protéger nos rushes en raison de plusieurs tentatives d'intimidation, dont une agression. Quelques mots à ce sujet ici :
http://www.youtube.com/watch?v=VQMMY5FeMiY
D'où notre émotion de voir le film continuer à tourner en Algérie au cœur d'une situation très tendue. A ce propos, après Alger, Montréal, Turin et Buenos Aires, l'une des prochaines destinations sera le festival de Bogota en Colombie. Une tournée avec la version catalane est également prévue fin mai à Barcelone et aux environs, puis au Chiapas à l'automne. La version catalane est disponible ici (merci à Núria Mitjans et au collectif x-pressed) :
http://www.x-pressed.org/?xpd_article=lets-not-live-like-slaves&lang=ca
Voici également la version italienne, peaufinée par l'ami Sergio Ghirardi (auteur du remarquable livre Nous n'avons pas peur des ruines, éditions l'Insomniaque, 2003) qui nous a également accompagné en Italie début avril :
http://www.x-pressed.org/?xpd_article=lets-not-live-like-slaves&lang=it

Autre sujet qui nous tient à cœur : sachez que les COMPTES de Ne vivons plus comme des esclaves sont à l'équilibre. Et que NOUS AVONS DÉJÀ VERSÉ PLUS DE 4000 € EN GRÈCE (film à but non lucratif). Merci encore à tou-te-s d'avoir rendu possible cette aventure passionnante et solidaire. Tous les détails ici :
http://nevivonspluscommedesesclaves.net/IMG/pdf/Comptes_film_au_21_mars_2014_pour_site_rubrique_souscription_de_soutien.pdf

Certains d'entre vous envisagent un SÉJOUR À ATHÈNES et nous ont demandé les coordonnées de l'espace social libre Nosotros :
66, rue Themistokleous à Exarcheia (juste à côté de la place, allez-y plutôt en fin de journée et n'hésitez pas à dire que vous venez de notre part).
http://www.nosotros.gr/langswitch_lang/en/
Un hôtel pas trop cher et pas loin du tout :
Juste en face du Nosotros, au 55 de la même rue, il y a l'hôtel Exarchion, qui peut servir de point de départ avant de faire connaissance…
http://www.exarchion.com ou tél. 00 30 21 03 80 07 31 (ils parlent anglais).
Certains d'entre vous souhaitaient également savoir de quels types de MÉDICAMENTS on a surtout besoin à Exarcheia. Voici une liste détaillée qui vient d'être mise à jour :
http://nevivonspluscommedesesclaves.net/IMG/pdf/Besoin_en_me_dicaments_de_la_structure_me_dicale_autoge_re_e_d_Exarcheia.pdf
Quant à l'adresse de Mikropolis à THESSALONIQUE : 18, rue Vas. Irakleiou (au croisement de l'avenue Venizelou).
http://micropolis-socialspace.blogspot.fr/2009/04/blog-post.html
Il existe beaucoup d'autres lieux que vous découvrirez sur place, en commençant par les plus connus… Bonne route !

Un guide utile si vous partez (ou l'un de vos proches) : le livre EXARCHEIA LA NOIRE VIENT D'ÊTRE RÉÉDITÉ AVEC 20 PAGES DE PLUS ET ACTUALISÉ (seul livre en français sur le sujet). Disponible ici, toujours au profit des initiatives solidaires en Grèce :
http://nevivonspluscommedesesclaves.net/IMG/pdf/bon_de_commande_printemps_2014.pdf

Pour parler de vive voix de tout ça et de bien d'autres choses, et pour voir ou revoir le film dans des conditions « cinéma », voici nos projections-débats du mois à venir :
21/04 SEVILLE, 22/04 MARINALEDA (Espagne), 23/04 JEREZ (Espagne), 24/04 GRAMAT (46), 25/04 AMBERT (63), 26/04 LE-PUY-EN-VELAY (43), 27/04 BEAUMONT (63), 02/05 TOULOUSE, 04/05 NAMUR (Belgique), 05/05 LIÈGE (Belgique), 06/05 BRUXELLES, 07/05 PARIS, 09/05 PARIS puis ORLY (94), 10/05 PARIS, 11/05 BERRE-L-ÉTANG (13), 12/05 MARSEILLE, 13/05 ORANGE (84), 14/05 TOULOUSE, 15/05 RODEZ (12), 16/05 LYON, 17/05 ST-ETIENNE, 21/05 PONT-AUDEMER (27), 22/05 CAEN (14), 28/05 au 01/06 BARCELONE (…)
http://nevivonspluscommedesesclaves.net/spip.php?article30&lang=fr
Contact programmation : maud@nevivonspluscommedesesclaves.net
Merci de faire suivre. Le bouche à oreille, c'est mieux que le lavage de cerveau des JT ! Et les médias alternatifs, mieux que les médias de masse !

Bon, je la remets en veilleuse ! À la prochaine, QUE NO VIVAMOS COMO ESCLAVOS et BANZAÏ !

Yannis