Source : le Blog de Mediapart
Une interview du procureur de Cologne vient de révéler que les agressions de femmes lors du réveillon avaient été relatées un peu hâtivement par la presse internationale. Ces nouvelles révélations prouvent que les agressions sexuelles et les viols qui ont été commis ne sont que la partie visible de l'iceberg de la culture du viol, largement partagée entre toutes les communautés.
Malgré des demandes insistantes, j'avais refusé de relayer toute information à la suite des agressions de femmes lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne. La recherche des faits précis buttait toujours sur les mêmes sources floues, des témoignages anonymes, des chiffres très différents d'un jour à l'autre. Il semblait nécessaire de prendre un peu de recul avant de commenter. D'autant que cet événement tombait trop bien pour une extrême droite qui y voyait la preuve que l'accueil des réfugiés syriens et irakiens était une erreur, voire le début d'une invasion. Comme l'a montré récemment Marine Le Pen, les droits des femmes peuvent servir de paravent hypocrite aux plus inavouables pensées racistes.
La première question qui se posait était celle de la comparaison avec d'autres événements afin de voir s'il s'agissait d'un fait exceptionnel ou bien si cette nuit figurait dans la longue liste des événements de foule où ces agressions sont nombreuses. Traiter le 31 décembre à Cologne comme un cas à part permettait de montrer du doigt (c'est une stratégie masculine inconsciente très banale) les "vrais machos", les "vrais dominants", ceux qui ne respectent pas les femmes. A savoir comme à chaque reprise: issus des catégories défavorisées et/ou les migrants. Cela permet d'affirmer par prétérition que les autres hommes sont "les bons", ceux qui respectent les femmes.
Or, voilà que les premières descriptions données par "des sources anonymes de la police allemande" (dont on connaît la proximité d'une bonne partie de ses membres avec l'extrême droite) se révèlent être fausses.
Après avoir interrogé près de 300 personnes et visionné 590 heures de vidéos, le procureur de Cologne, Ulrich Bremer, révèle dans une interview à Die Welt que plus de 60% des agressions n’étaient pas à caractère sexuel mais bien des vols. Surtout, sur 58 agresseurs, 55 n’étaient pas des réfugiés. Ils sont pour la plupart Algériens et Marocains installés en Allemagne de longue date, ainsi que trois Allemands. On ne dénombre que deux réfugiés Syriens et un Irakien.
Dans un second temps, sans doute suite aux réactions qu'aura provoqué son interview, le procureur Bremer ajoutera à la confusion en annonçant que les auteurs de violences "tombent le plus souvent dans la catégorie des réfugiés". Sauf qu'il y range 57 Marocains et Algériens qui ne sont pas des "réfugiés" contrairement aux quatre Irakiens et trois Syriens.
Or, les agressions de la Saint-Sylvestre avaient provoqué une vague de contestation pour dénoncer la politique du gouvernement allemand face à l'arrivée des réfugiés syriens et irakiens. "Si des demandeurs d'asile ou des réfugiés se livrent à de telles agressions, il s'agit d'une éclatante trahison des valeurs de l'hospitalité et cela doit conduire à la fin immédiate de leur séjour en Allemagne", avait lancé Andreas Scheuer, secrétaire général de la CSU (parti conservateur bavarois). Dans les jours qui ont suivi, des Pakistanais et des Syriens avaient été sauvagement agressés dans les rues, en représailles. On avait aussi crié au complot de migrants s'organisant pour perpétrer leurs agressions coordonnées dans différentes villes du pays à la même heure... En France, le journal Le Monde titrait: "Les violences de Cologne révèlent la face cachée de l'immigration allemande".
En conclusion, les événements de Cologne démontrent que, loin d'un fait divers lié à la présence de réfugiés particulièrement misogynes, les agressions sexuelles et les viols font partie d'une culture largement partagée et où l'alcool sert parfois de catalyseur. C'est donc à la domination masculine dans son ensemble qu'il faut s'en prendre. Pas seulement à la culture des autres.
Vaste tâche...
Une interview du procureur de Cologne vient de révéler que les agressions de femmes lors du réveillon avaient été relatées un peu hâtivement par la presse internationale. Ces nouvelles révélations prouvent que les agressions sexuelles et les viols qui ont été commis ne sont que la partie visible de l'iceberg de la culture du viol, largement partagée entre toutes les communautés.
Malgré des demandes insistantes, j'avais refusé de relayer toute information à la suite des agressions de femmes lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne. La recherche des faits précis buttait toujours sur les mêmes sources floues, des témoignages anonymes, des chiffres très différents d'un jour à l'autre. Il semblait nécessaire de prendre un peu de recul avant de commenter. D'autant que cet événement tombait trop bien pour une extrême droite qui y voyait la preuve que l'accueil des réfugiés syriens et irakiens était une erreur, voire le début d'une invasion. Comme l'a montré récemment Marine Le Pen, les droits des femmes peuvent servir de paravent hypocrite aux plus inavouables pensées racistes.
La première question qui se posait était celle de la comparaison avec d'autres événements afin de voir s'il s'agissait d'un fait exceptionnel ou bien si cette nuit figurait dans la longue liste des événements de foule où ces agressions sont nombreuses. Traiter le 31 décembre à Cologne comme un cas à part permettait de montrer du doigt (c'est une stratégie masculine inconsciente très banale) les "vrais machos", les "vrais dominants", ceux qui ne respectent pas les femmes. A savoir comme à chaque reprise: issus des catégories défavorisées et/ou les migrants. Cela permet d'affirmer par prétérition que les autres hommes sont "les bons", ceux qui respectent les femmes.
Or, voilà que les premières descriptions données par "des sources anonymes de la police allemande" (dont on connaît la proximité d'une bonne partie de ses membres avec l'extrême droite) se révèlent être fausses.
Après avoir interrogé près de 300 personnes et visionné 590 heures de vidéos, le procureur de Cologne, Ulrich Bremer, révèle dans une interview à Die Welt que plus de 60% des agressions n’étaient pas à caractère sexuel mais bien des vols. Surtout, sur 58 agresseurs, 55 n’étaient pas des réfugiés. Ils sont pour la plupart Algériens et Marocains installés en Allemagne de longue date, ainsi que trois Allemands. On ne dénombre que deux réfugiés Syriens et un Irakien.
Dans un second temps, sans doute suite aux réactions qu'aura provoqué son interview, le procureur Bremer ajoutera à la confusion en annonçant que les auteurs de violences "tombent le plus souvent dans la catégorie des réfugiés". Sauf qu'il y range 57 Marocains et Algériens qui ne sont pas des "réfugiés" contrairement aux quatre Irakiens et trois Syriens.
Or, les agressions de la Saint-Sylvestre avaient provoqué une vague de contestation pour dénoncer la politique du gouvernement allemand face à l'arrivée des réfugiés syriens et irakiens. "Si des demandeurs d'asile ou des réfugiés se livrent à de telles agressions, il s'agit d'une éclatante trahison des valeurs de l'hospitalité et cela doit conduire à la fin immédiate de leur séjour en Allemagne", avait lancé Andreas Scheuer, secrétaire général de la CSU (parti conservateur bavarois). Dans les jours qui ont suivi, des Pakistanais et des Syriens avaient été sauvagement agressés dans les rues, en représailles. On avait aussi crié au complot de migrants s'organisant pour perpétrer leurs agressions coordonnées dans différentes villes du pays à la même heure... En France, le journal Le Monde titrait: "Les violences de Cologne révèlent la face cachée de l'immigration allemande".
Manifestation de l'extrême droite contre les "réfugiés violeurs"
Il ne s'agit pas de minimiser les faits d'agressions sexuelles qui
ont été commis. Au contraire. L'examen des faits montre aujourd'hui
qu'il s'agit d'un problème systémique se posant dès que la foule envahit
les rues et que l'alcool coule à flot. D'après le journal Libération,
un viol aurait été commis à Cologne et nous savons que plus de 400
plaintes ont été déposées pour des agressions à caractère sexuel. Or
l'an dernier, deux viols ont été commis lors des fêtes de Bayonne ainsi
qu'un nombre inconnu d'agressions sexuelles. Au point que la mairie se
sente obligée de rappeler publiquement lors des fêtes que le viol est un
crime... En effet, les attouchements sexuels contre les femmes semblent
faire partie des habitudes dans ce type de rassemblement sans que
personne, sauf quelques associations féministes, ne s'en émeuve. Au
point que le journal Sud Ouest puisse
affirmer "qu'aucun incident majeur n'est venu endeuiller les fêtes"
pour compléter deux lignes plus bas que trois viols ont été commis...
Fêtes de Bayonne
Lors de l’édition 2015 des fêtes de Pampelune, 1656 plaintes ont été
déposées (contre 2 047 en 2014), dont quatre pour agression sexuelle.
Lors des fêtes de la bière à Munich, deux plaintes sont enregistrées en
moyenne chaque année. Mais en 2002, c'est 13 viols qui ont été
comptabilisés. Les associations locales estiment que le chiffre doit
être multiplié par dix, les victimes ne portant généralement pas
plainte.En conclusion, les événements de Cologne démontrent que, loin d'un fait divers lié à la présence de réfugiés particulièrement misogynes, les agressions sexuelles et les viols font partie d'une culture largement partagée et où l'alcool sert parfois de catalyseur. C'est donc à la domination masculine dans son ensemble qu'il faut s'en prendre. Pas seulement à la culture des autres.
Vaste tâche...
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