Source : Libération

Quatre-vingt économistes, majoritairement marqués à gauche, appellent dans une tribune publiée mercredi sur Mediapart et dans Le Monde à un changement de politique en France, afin de «sortir de l’impasse économique» qui menace le pays, selon eux, depuis la crise de 2008.
«Le chômage, la précarité, la difficulté à boucler ses fins de mois, marquent la vie de millions de nos concitoyens», soulignent les signataires de cet appel, parmi lesquels Michel Aglietta, Philippe Askenazy, Liem Hoang-Ngoc ou bien Xavier Timbeau.
Face à cette situation, «les partisans du libéralisme économique plaident pour réduire plus drastiquement encore la dépense publique» et «démanteler le droit du travail», poursuivent les économistes, qui jugent ces solutions vouées à l’échec.
Pour «répondre à l’urgence économique et sociale», les signataires proposent un plan de sortie de crise construit autour de trois volets: un pacte productif écologique et social, un programme de soutien à l’activité et à l’emploi, et une remise en cause des règles européennes.
Concernant le pacte productif, «les besoins ne manquent pas», soulignent les économistes, qui évoquent les investissements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la construction de logements ou l’aide aux personnes en perte d’autonomie, afin de créer «des centaines de milliers d’emplois».
Pour le soutien à l’activité, les signataires évoquent une enveloppe de «40 milliards d’euros par an», financée par le redéploiement de sommes consacrées au pacte de responsabilité, «dont l’échec en matière d’emploi est patent», et par un recours à l’endettement, «à l’instar de ce que n«ont pas hésité à faire les Etats-Unis».
Critiquant les «règles néolibérales qui font que l’Union est devenue le grand malade de l’économie mondiale», les auteurs de la tribune appellent ainsi à une hausse des dépenses dans les pays excédentaires, pour «réduire par le haut les déséquilibres commerciaux» et «juguler les pressions déflationnistes».
«La sortie du sombre tunnel politique dans lequel (l’Europe) est engagée ne passe pas uniquement par l’économie. Mais elle restera hors de portée si l’on s’acharne à poursuivre des politiques néolibérales qui creusent les inégalités», concluent-ils.
AFP