mardi 30 juin 2015

"Attention danger travail" - Documentaire de Pierre Carles.


En Grèce, des jeunes inventent leur mode de vie

Source : Reporterre

Vivre de terre et de légèreté. C’est ce qu’ont voulu Nikos Kontonikas et Yiannis Papatheodorou. Tous deux nés dans des villes, ils ont choisi de tout quitter pour s’installer sur un terrain inhabité et cultiver la terre. Un projet qui s’est construit bien avant la crise et qui s’écarte fondamentalement de la société qui a amené celle-ci.

- Vlachia (Grèce), reportage
Nikos Kontonikas et Yiannis Papatheodorou ont chacun grandi et vécu dans des villes, mais n’ont jamais vraiment aimé cela ni pensé qu’ils y resteraient.
En août 2012, pour 20 000 euros, les deux amis achètent ensemble un hectare de terre qui n’a jamais connu d’occupation humaine. Il se situe en Grèce centrale dans le département d’Eubée, immense île séparée du continent par le détroit de l’Euripe, que l’on traverse grâce au pont routier de Chalcis. Le massif forestier dans lequel est nichée leur nouvelle vie plonge dans la mer Egée.

Pour y accéder, nous avons roulé trois heures depuis Athènes. Nous avons laissé Pili derrière nous, village de mille âmes aux nombreuses petites tavernes, puis Vlachia, qui compte une centaine d’habitants, pour grimper jusqu’à l’entrée du terrain de leur ami Andréas, où nous laissons la voiture.
Andréas vit ici depuis plusieurs années, désormais bien installé : deux maisonnettes en paille, une cuisine extérieure en argile, un potager qui les nourrit, lui et sa famille. À partir de là, nous avons marché pendant une vingtaine de minutes sur d’étroits chemins de terre, alternant entre l’ombre des arbres et la puissante lumière estivale de l’après-midi, entourés par une nature aux verts époustouflants. Nous sommes au mois de juillet. À chaque pas l’odeur de sève et des herbes sauvages nous emplit davantage, et fait oublier la ville d’où nous sommes venus.
Nikos a 28 ans. Il me raconte comment il a arrêté d’étudier l’économie pour se consacrer à la recherche d’un mode de vie qui ferait sens pour lui. « Les perspectives que laissaient deviner ces années d’études m’inquiétaient vraiment. » Yiannis a 38 ans et travaillait comme ingénieur dans le bâtiment industriel, cultivant depuis longtemps le désir de s’installer à la campagne et d’y vivre en accord avec son éthique et son environnement. Natalia sa compagne, 28 ans, les a rejoints après avoir fini ses études d’architecture en Angleterre.
Pendant un an, les garçons ont vécu chez Andréas pour préparer leur terrain, qui est composé de parcelles de terre cultivable et de forêt, sur 10 000 mètres carrés de terrasses naturelles suivant le dénivelé de la montagne. Depuis le mois de mai, ils campent chez eux, protégés par les pins, et travaillent toute la journée pour faire émerger de la terre leur projet de vie commun.
Elle est creusée en plusieurs endroits, prête à recevoir les fondations de deux « chambres » de paille qui feront chacune vingt mètres carrés, à demi sur pilotis afin de créer des espaces de rangement. Ces constructions temporaires jetteront les bases du futur. Entre elles, il y aura une cuisine commune de trente mètres carrés, extérieure mais couverte. Un peu plus loin au détour d’un chemin, l’emplacement des toilettes sèches est déjà déterminé, abrité d’un côté, de l’autre s’ouvrant sur un panorama exceptionnel. Une douche de pierres, dont l’eau est réchauffée par le soleil, est joliment enclavée entre quelques arbres. Perchée à plusieurs mètres de hauteur dans un arbre légèrement isolé, une plateforme de méditation.

Natalia travaille essentiellement au plan des maisons. Les plantes, elle n’y connaît rien. Ce sont Nikos et Yiannis qui s’occupent de ce qu’ils ont planté : un petit verger de citronniers, d’orangers et de mandariniers, et un potager pour les légumes de saison. « Comment nous avons appris ? Grâce aux travaux que nous avons déjà faits, aux personnes que nous avons connues, et par des livres. Mais avant tout par la pratique. »
Ils vont bientôt prendre le statut d’agriculteurs pour des raisons administratives. Pour le moment, l’objectif est d’atteindre une production suffisante pour leur consommation personnelle, puis ils espèrent pouvoir en vendre une partie dans quelques années. Pour gagner un peu d’argent, ils envisagent aussi de faire de l’écotourisme à bas coût, ainsi que de construire des maisons en matériaux naturels, paille ou argile, chez d’autres particuliers. Nikos aimerait développer au maximum le troc avec leur voisinage proche.
Ils démarrent une expérience de culture sans eau, suivant une technique qui est utilisée tout autour de la Méditerranée. L’eau, ils auraient pu l’obtenir par le réseau du village, mais en très petite quantité. Alors ils ont choisi de se raccorder à une source naturelle, à deux kilomètres de là. Officiellement, ils auraient dû demander un permis légal. « On a préféré demander leur accord aux gens du coin, et ils nous l’ont donné. » Le flux qu’il tire est constant mais très faible, et ne déséquilibre pas le rythme naturel de la source. Un panneau solaire leur fournit de l’électricité. Ils envisagent d’en installer davantage, notamment pour pouvoir brancher un petit réfrigérateur à la saison chaude. « Mais rien de gros. Rien qui devrait excéder les véritables besoins. »
On ne cherche pas ici à éteindre et à faire redémarrer la société, mais à choisir consciemment dans ce qu’elle offre. Filtrer le règne de la quantité. Il leur serait notamment utile d’avoir une connexion à Internet, qui aujourd’hui ne vient pas jusqu’à eux. Le fait de « tout créer à partir de zéro » n’était pas forcément attendu dans le projet initial. Ils auraient aussi bien pu restaurer une vieille bâtisse abandonnée. Mais c’est le terrain ici qui les a choisis. Par contre, l’éloignement de la route pour automobiles est un véritable choix.
« Si tu en as une, il est facile de désirer des choses que tu peux apporter. Si tu n’en as pas, tu n’apportes que le nécessaire. »
Cela concerne les choses, mais pas les personnes. Les visiteurs sont toujours les bienvenus, et ils sont nombreux. Au fond de lui, Yiannis aimerait que ce lieu puisse devenir un exemple, un espace pédagogique pour tous ceux qui veulent changer leur mode de vie, mais ne savent pas comment faire. En ce sens leur projet, plutôt que politique, peut avoir un impact sociétal. Bien sûr il aimerait que davantage de monde fasse un choix similaire, mais ça reste rare.
« Et la crise, ou quoi que ce soit, comme Yiannis appelle le phénomène qu’il considère avec distance et une bonne dose d’ironie, ne change pas grand chose à cela. » Selon lui les villages de Grèce ne sont pas reconquis, ainsi que le laisse entendre une jolie rumeur qui court jusqu’à nos contrées occidentales, mais réhabités provisoirement par des jeunes en souffrance économique. « La plupart d’entre eux reviendront quand les choses seront redevenues normales, d’après ce que le système dominant prône comme étant normal. C’est la même histoire qui se répète. Il ne faut pas attendre que le mouvement se généralise. »
Elle est étrange, cette solution. Remettre les pieds sur la terre
Le projet de Nikos et de Yiannis dépend assez peu de la crise d’un système auquel ils ne croyaient déjà pas. Ils ne l’ont pas construit en réaction à elle, mais bien en amont. L’avantage qu’ils retirent de la situation politique du pays est qu’elle aide leurs proches à accepter leur choix. « Nos familles ne nous considèrent plus comme des fous, mais peut-être comme ceux qui ont trouvé une solution. » Elle est étrange, cette solution. Remettre les pieds sur la terre.
Ce soir nous savourons sa fraîcheur et son calme, à la terre, après l’intense chaleur qu’elle nous a offerte aujourd’hui. Nous partageons l’une de ces immenses pastèques qui se vendent 29 centimes d’euro le kilo sur le bord de toutes les routes du pays en cette période de l’année. Au chœur infatigable des dzidziki - les petits insectes qui chantent dzidzi dans les forêts grecques -, Yiannis répond par quelques délicieuses mélodies de bouzouka, le luth traditionnel.
- Yiannis Papatheodorou -
« Qu’est-ce qu’il vous manque, d’ ’en bas ’ ?
- Pas grand-chose. Les douches chaudes, et les chauffeurs de taxi !
- Est-ce que vous êtes plus libres depuis que vous êtes ici ? »

Ils rient.
« Je ne sais pas, mais plus fatigués, malaka ! »
Il use avec joie de ce terme - malaka - inséparable des Grecs, qui ponctue leurs états d’âme de toutes les sortes.
« Plus libres… ? On était déjà légers de toute façon », sourit Yiannis en jetant un coup d’œil au sac à dos de son ami, gentiment vide et pendu à un arbre, 90 Litres Lafuma.
De retour à Athènes, la rencontre de différentes jeunes personnes laisse penser que les choix et l’aventure de Yiannis, Nikos et Natalia ont plus d’écho qu’ils ne semblent le croire. Giulia, notamment, m’explique que pour le moment la « crise » ne l’a pas atteinte dans sa vie professionnelle et personnelle. « Mais je crois que j’attends que cela arrive, pour devoir enfin prendre une décision qui me taraude depuis un moment, quitter la ville, la surconsommation et embrasser un mode de vie plus sensé… »

Lire aussi : A Athènes, des jeunes redécouvrent les maisons d’argile

Source et photos et dessin : Juliette Kempf pour Reporterre.

Heureusement, se font entendre d’autres voix....

Source : l'Humanité

L'éditorial de Patrick Apel-Muller : "Heureusement, se font entendre d’autres voix en faveur du courage et de la dignité grecs. Celles de notre journal, seul quotidien dans ce cas, mais aussi d’économistes, de citoyens, de démocrates. Elles doivent résonner plus fort encore, tinter si fort aux oreilles des gouvernants qu’ils devront les entendre et accepter un compromis humain avec la Grèce, une rupture – le choix du non à Athènes – avec l’austérité meurtrière."
Un déferlement ! À peine s’étaient exprimés les Juncker, Merkel, Moscovici, Schäuble et autres Lagarde que la presse française commençait le pilonnage. « Tsipras, maître chanteur ! » entamait le Journal du dimanche. « Irresponsable » et acoquiné avec l’extrême droite, tempête Libération, qui répète le Monde. « Les Grecs d’abord responsables » de la crise dénonçait le Parisien, tandis qu’avec affliction, le Figaro déplorait « le train de vie extravagant de la Grèce ». Jean Quatremer, correspondant du quotidien de Patrick Drahi auprès de la Commission de Bruxelles, gazouille des énormités : « Le référendum est un “coup d’État » commis par des “bolcheviks”. » Je ne crois pas que, même lors du référendum de 2005 en France, sur la Constitution européenne, une telle violence se soit emparée des journaux détenus par les oligarques français. Décidément, ce petit monde souffre d’une phobie démocratique comme d’autres de phobie administrative. Certains s’affairent à de petits complots politiciens pour renverser Syriza et son premier ministre.
Dans cette procession, le ministre des Finances, Michel Sapin, a tenu sa place hier, mentant en accusant notre journal de mensonges, sur France Inter, pour nier les mesures que le FMI, en tête des usuriers, veut imposer à Athènes. Dédions-lui cette phrase de La Fontaine : « L’homme est de glace aux vérités ; il est de feu pour les mensonges. » Heureusement, se font entendre d’autres voix en faveur du courage et de la dignité grecs. Celles de notre journal, seul quotidien dans ce cas, mais aussi d’économistes, de citoyens, de démocrates. Elles doivent résonner plus fort encore, tinter si fort aux oreilles des gouvernants qu’ils devront les entendre et accepter un compromis humain avec la Grèce, une rupture – le choix du non à Athènes – avec l’austérité meurtrière.


RASSEMBLEMENTS  EN SOUTIEN AU PEUPLE GREC !  

CE JEUDI 2 JUILLET

A TOULOUSE : RV 18 H 30 AU METRO JEAN JAURES

A BORDEAUX 18 H...... 

Volem Rien Foutre Al Pais Pierre Carles | Documentaire


Chômeurs et paysans, à Couëron, ils mettent la terre en commun

Source : Reporterre

A la périphérie de Nantes, dans le jardin autogéré de la Coutelière, une quarantaine de personnes précaires ont déserté le marché du travail pour se tourner vers l’agriculture vivrière. Avec l’aide d’anciens « paysans travailleurs », ils ont créé un lieu où l’on se réapproprie la vie.

- Couëron (Loire-Atlantique), reportage
Il faut d’abord dépasser la zone commerciale qui borde la route, quitter les pavillons proprets au gazon fraîchement tondu pour se risquer dans l’épaisseur de la forêt. La Loire n’est pas loin. Elle ouvre ses bras à la mer et se perd dans le bleu horizon.
Une joyeuse bande hétéroclite, où se côtoient trois générations, cultive ici, entre les haies et les arbres, trois hectares de terre. Les herbes folles dépassent et des cabanes de bric et de broc parsèment le terrain, une caravane trône en contrebas d’un champ. « Tout est construit en matériaux de récup’ », déclare fièrement un des jardiniers, « on vise une relative autonomie alimentaire, l’objectif est de subvenir aux besoins d’une cinquantaine de familles. » Des patates aux poireaux, des arbres fruitiers aux rangées de fraisiers, la parcelle est bien occupée. Cette terre où l’on façonne ses rêves est un interstice à la lisière de la métropole, une poche de résistance face à l’urbanisation galopante.
« La ville nous encercle », reconnaît une femme, la quarantaine passée. A une centaine de mètres, un entrepôt d’IKEA a posé son ossature rectangulaire faite de tôles grises et de métal. « La route des maraîchers », à proximité du jardin, n’en possède plus que le nom : des concessionnaires automobiles et des marchands de pièces détachées s’étalent sur les bords de la chaussée comme une nouvelle marée noire. Car depuis dix ans, la ville de Couëron a rendu constructible une centaine d’hectares et goudronne à tout va afin de devenir, selon les propres mots de la mairie, « le trait d’union entre Nantes et Saint-Nazaire ».

« En 1950, nous étions 160 agriculteurs, aujourd’hui il n’y a plus que deux légumiers qui se partagent avidement les miettes des aménageurs », nous raconte un paysan à la retraite. A une dizaine de kilomètres, un écomusée sur la ruralité s’est ouvert. Il folklorise les gestes paysans comme pour les fossiliser dans le passé.
Mais ce contexte n’a pas découragé la quarantaine de personnes qui travaillent la terre au jardin de la Coutelière. « Plus il y aura des initiatives comme la nôtre qui mailleront le territoire, plus on progressera comme une bâche qui étouffe les mauvaises herbes », disent-ils.

« A chacun selon ses besoins »

80 % des personnes qui viennent ici sont au chômage ou au RSA, la plupart vivent en appartement et n’ont pas accès à la terre. Certains se déplacent tous les jours, pour désherber, bêcher ou tout simplement se ressourcer, prendre un café dans l’une des baraques en bois qui jouxtent les champs. D’autres passent de manière plus irrégulière, une fois par semaine.
« Il n’y a pas de règle, ni de bulletin d’adhésion, on s’organise à l’arrache, ensemble, chaque mois pour voir quelles cultures on va semer et de quels outils on a besoin », témoigne Christophe* qui contribue activement au jardin. « Après, chacun apporte sa touche à l’œuvre collective. Sans hiérarchie. »
Le terrain est cultivé en agriculture biologique, enrichi par du fumier de poule, de vache et de cheval. Pour la distribution, la confiance règne, on ne monnaye rien, tout le monde est libre de prendre ce qu’il veut en fonction des quantités produites. On se sert directement dans la parcelle, on cueille aux arbres, on récolte à même le sol. Un des jardiniers s’enthousiasme : « Nous remettons au goût du jour la formule des socialistes utopiques du XIXe siècle : “de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins“ ! »
Arrivée il y a quatre ans, une jeune femme témoigne : « En créant ce lieu, on souhaitait produire notre propre nourriture et se détacher au maximum des logiques marchandes, ne plus dépendre des grandes surfaces en cultivant soi-même. » Selon elle, s’initier au maraîchage est une « arme pour reconquérir ces choses simples », ces vraies richesses qu’on « nous a trop souvent confisquées en tant que citadin : travailler avec le vivant, voir ses plantes croître et donner généreusement ».
« Libéré des contraintes économiques ou de la nécessité d’obtenir un revenu », l’apprentissage se fait progressivement, au gré des rencontres et des échanges, des échecs parfois. Dans cette enclave de verdure, les apprentis jardiniers tâtonnent et expérimentent sans pression. Les doryphores envahissent une fois le champ de pommes de terre ? Ils décident l’année suivante de faire pousser du lin entre les rangs sans trop savoir si cela va éloigner les insectes ravageurs. Un autre jour, on se lasse de désherber ? Ils essayent alors la culture sur butte et le paillage…

« Aux yeux de l’administration, nous sommes des chômeurs et des fainéants, ils veulent nous faire subir le stigmate, mais ils n’y arriveront pas », affirment-ils en choeur. Un des jardiniers poursuit : « Ici, je ne travaille pas mais je crée, je cherche et construis en dehors de tout registre et de tout code, sans ordre ni patron. Cela me rend heureux. »
Les parcelles qu’ils cultivent limitent la précarité dont certains peuvent souffrir, le potager est pour eux « un outil anti crise, voire un moyen de survie ». Loin d’être inactifs, ces déserteurs produisent et s’activent en élaborant une stratégie collective pour vivre autrement.
Le réalisateur Pierre Carles est venu les filmer en 2006, s’inspirant de leur expérience pour tourner son documentaire Volem rien foutre al pais. Les racines rebelles sont fécondes. Elles ont réussi à résister au temps tout en évitant la normalisation. « N’allez surtout pas dire que nous sommes des jardins familiaux ou d’insertion, avertissent-ils, on assume notre côté borderline et anarchique. Ici on se prend en main nous-mêmes. »

Construire des ponts

L’histoire de ce jardin a commencé il y a une quinzaine d’années. En 1997, le mouvement des chômeurs est à son apogée, il occupe le CCAS (Caisse centrale d’activités sociales) de Nantes et les manufactures de tabac. A quelques kilomètres de là, des paysans luttent contre un projet de centrale nucléaire au Carnet. Des connexions se font. « On ravitaillait les chômeurs », se souvient Paul Blineau, un paysan historique. « Les différentes luttes s’enrichissaient mutuellement. »
Sa ferme sert de repère. On s’y rassemble, on y organise la résistance. Mais en juin 1997, elle brûle sous les flammes d’un incendie criminel. « Heureusement, les gens de la ville sont venus nous soutenir, retaper les hangars avec nous. A la fin, on s’est dit qu’il nous fallait un lieu commun pour continuer à tisser des liens, à construire des ponts. C’est comme ça qu’est venue l’idée du jardin collectif. »
Le groupe d’une cinquantaine de personnes cherche pendant deux ans un terrain. Ils ne se contenteront pas d’attendre sagement qu’on leur délivre un bail, ils occuperont la mairie et feront « un maximum de barouf », jusqu’à trouver la parcelle boisée de trois hectares qu’ils louent aux propriétaires cent euros l’année.
Aujourd’hui, le lieu est ancré, il vit au rythme des chantiers collectifs et des fêtes, des ateliers crêpes et du pain qui chauffe dans le four. « On a appris à faire des choses pratiques ensemble, même si ça n’a pas toujours été évident », reconnaît Paul. « Tant que tu es dans l’intensité de la lutte ça va, mais dès qu’il s’agit de s’inscrire dans la durée, le bât blesse. »
Sur le jardin, cohabitent adeptes de la permaculture, « anti moteurs » et « productivistes ». Des visions opposées s’affrontent entre ceux qui préfèrent la friche, sacralisent la nature et d’autres qui voient dans la terre un simple support, un outil de travail.

« Vu que l’espace est ouvert et que l’on ne refuse personne, on est obligé de composer », admet une jardinière qui ne cache pas les tensions. Récemment, un homme s’est opposé au passage d’un tracteur pour biner les patates, il a bloqué l’accès au champ et refuse toute mécanisation. « C’est ça aussi les aléas de l’autogestion et de l’horizontalité, il faut gérer les conflits. »
D’autant plus que la population évolue avec le temps : « On compte désormais de nombreux retraités et certaines personnes sont moins investies », souligne Gabrielle*. « Attention à ne pas perdre notre élan ! », avertit-elle.
Quelques pionniers sont aussi partis en prenant goût à la terre : Bruno* est devenu animateur nature passionné par l’art du compostage ; George* s’est installé sur l’île d’Yeu où il vend des légumes en Amap ; Cécile* fait désormais du maraîchage en Auvergne. Le jardin de la Coutelière est un lieu qui essaime.

JAD comme « jardin à défendre »

Si la muraille verte, peuplée d’oiseaux qui s’égosillent, semble protéger le jardin du dehors, elle ne le sépare pas pour autant du reste du monde. Un jour, des familles rom ont pu y trouver refuge, un autre ce sont des collectifs de sans papiers qui ont bénéficié des légumes du potager.
On retrouve ici l’atmosphère des bocages humides de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes situés à tout juste trente kilomètres au nord. Un même vent de liberté et de création souffle entre les feuillages. Comme à la ZAD, un joyeux bordel habite ce bout de territoire arraché aux promoteurs.
Normal, nous diront les jardiniers : « Nous sommes très proches, on est quasiment tous impliqués contre le projet d’aéroport. » Les deux premiers chevriers installés à Notre-Dame-des-Landes sont d’ailleurs originaires du jardin, ils s’y sont formés. Au quotidien, des échanges se font entre les deux zones. « On a livré pendant deux mois des poireaux aux zadistes, on en avait trop, eux nous ont filé des oignons, c’est du troc, du soutien entre camarades », s’amuse Paul.
Cette amitié est gravée sur la porte d’une cabane. Trois lettres y sont inscrites et résonnent comme un slogan : JAD « jardin à défendre » ; trois lettres qui brillent comme une pierre précieuse, signe de la propagation d’un combat, de la défense de tout ce qui vit face aux logiques mortifères de l’aménagement.
Les occupants l’assument pleinement : « Un pied dans le mouvement social, un autre dans l’agriculture, nous sommes bel et bien un jardin politique. »

* Les prénoms des jardiniers ont été modifiés à leur demande.

Complément d’information

- Vidéo sur le jardin de Couëron, dans le cadre du projet "100 jours, 100 films", à retrouver sur le site de Politis.
- Reportage sonore sur Paul Blineau, de la revue Jef Klak.
Paul Blineau a été de tous les combats. De la lutte anti nucléaire aux expulsions de fermiers, des fermetures d’usine au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l’alliance entre agriculteurs, ouvriers et étudiants reste inscrite dans ses veines, elles irriguent soixante-dix ans de militantisme.

Lire aussi : Ni capitalisme, ni Etat - la Coopérative intégrale s’épanouit à Barcelone

Source et photos : Gaspard d’Allens pour Reporterre

Podemos communique sur la situation en Grèce

« Au regard de la situation en Grèce, et à la suite de la rupture des négociations par l’Eurogroupe, Podemos souhaite communiquer ce qui suit:

1. Lundi dernier, le gouvernement grec a présenté à l’Eurogroupe une proposition d’accord qui comprenait un grand nombre de concessions et a été saluée par l’ensemble des prêteurs comme une proposition raisonnable et viable. Dans les jours qui ont suivi, cependant, les créanciers internationaux, emmenés par le FMI, ont finalement rejeté la proposition du gouvernement grec de taxer les secteurs les plus riches de la société, de restructurer la dette et de mettre en œuvre un programme d’investissement pour relancer l’économie. Au lieu de cela, ils lui ont demandé d’augmenter la TVA sur les services de base et la nourriture et ont exigé des coupes supplémentaires sur les retraites et les salaires. Dans leur effort visant à démontrer qu’il n’existe pas d’alternative aux politiques d’austérité, les créanciers ne semblent accepter que l’argent des pauvres et s’évertuent à imposer la même logique et les mêmes mesures que celles qui ont conduit le pays à une catastrophe humanitaire. L’économie grecque est asphyxiée. Continuer de l’asphyxier est l’exact opposé de ce qui doit être fait.

2. Face à une telle extorsion et un tel chantage, le gouvernement grec a réagi à l’ultimatum de manière exemplaire: en appelant le peuple à se prononcer démocratiquement et souverainement sur son avenir. Contrairement aux gouvernements espagnols de 2011 et de 2012, le gouvernement hellénique a refusé de violer le mandat populaire issu des élections de janvier. Les tentatives visant à contraindre, intimider et influencer ce vote de la part de pouvoirs non élus et en particulier de la Banque Centrale Européenne ― qui s’emploie à étouffer le système financier grec afin d’influencer le résultat de la consultation ― constituent une violation flagrante et inacceptable du principe démocratique. Ce que nous disons, c’est que l’Europe sans démocratie n’est pas l’Europe: tous les démocrates doivent aujourd’hui unir leurs voix pour dénoncer cette ingérence et ces pressions insupportables. La démocratie ne peut aller de pair avec le fait de laisser des pouvoirs non élus gouverner et décider pour nous. Il en va de la démocratie même.

3. Par leur intransigeance, les créanciers ont démontré qu’ils ne se préoccupaient nullement de résoudre la crise de la dette grecque ; leur but est bien plutôt de soumettre et de renverser un gouvernement démocratiquement élu afin de démontrer qu’il n’existe pas d’alternative aux politiques d’austérité. Leur aveuglement est tel qu’ils s’apprêtent à mettre en péril l’intégrité et la stabilité du système financier et le projet européen lui-même en exposant celui-ci à des attaques spéculatives dont le prix sera également payé par les citoyens d’autres pays. Nous le disons une fois de plus: c’est eux qui seront à blâmer, eux qui porteront la responsabilité des conséquences de ce désastre.

4. Syriza n’a pas créé l’énorme crise économique qui affecte la Grèce. Ce sont les gouvernements de la Nouvelle Démocratie et du PASOK, les amis de notre Parti Populaire et de notre PSOE, qui ont falsifié les données et les comptes, remis la souveraineté du pays entre les mains de la Troïka et laissé à Syriza un désastre économique et social qu’il est impératif et urgent d’inverser.

5. De nombreuses personnalités internationales ont d’ores et déjà pris leurs distances avec le dogmatisme des créanciers. Des centaines de milliers de personnes à travers le monde ont exprimé leur solidarité avec le peuple grec dans sa défense du principe démocratique. Nous exigeons que le gouvernement espagnol et les institutions européennes respectent la souveraineté et la dignité du peuple grec et garantissent en conséquence que le référendum se déroule dans des conditions de liberté et de pleine régularité. La volonté démocratique et les droits fondamentaux du peuple grec, qui ont été systématiquement bafoués durant les longues années d’austérité, doivent être respectés.

Il y a en Europe deux camps opposés: celui de l’austérité et celui de la démocratie, celui du gouvernement du peuple et celui du gouvernement des marchés et de leurs pouvoirs non élus. Nous nous tenons fermement du côté de la démocratie. Nous nous tenons fermement aux côtés du peuple grec. »

Source :
http://podemos.info/in-view-of-the-situation-in-greece-and-following-the-breakdown-in-the-negotiations-by-the-eurogroup-podemos-wishes-to-communicate-the-following/
Traduit de l’anglais par Dimitris Alexakis

Juncker au centre d’un scandale fiscal impliquant 340 multinationales

Source : Politis.

Les accords fiscaux secrets passés entre des centaines de firmes et le Luxembourg, afin de soustraire des milliards d’euros à l’impôt, ont forcément été couverts par le président de la Commission européenne.
Quarante médias internationaux s’appuyant sur des documents obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) viennent de révéler l’existence d’accords fiscaux secrets entre le Luxembourg et 340 multinationales, dont Apple, Amazon, Ikea, Pepsi ou Axa. Ces accords, qui permettent à ces firmes de minimiser leurs impôts, représentent des milliards d’euros de recettes fiscales perdues pour les États où ces entreprises réalisent des bénéfices, selon l’ICIJ et ses médias partenaires, dont Le Monde en France, The Guardian au Royaume-Uni, le Süddeutsche Zeitung en Allemagne, l’Asahi Shimbun au Japon. Ils ont été passés entre 2002 et 2010, soit à une période où Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne depuis le 1er novembre, était aux commandes du Luxembourg.
Ministre des Finances du Grand Duché du 14 juillet 1989 au 23 juillet 2009, il a également été son Premier ministre durant près de 19 ans, du 20 janvier 1995 au 4 décembre 2013. Non seulement M. Juncker ne pouvait ignorer les pratiques mises à jour par l’ICIJ, mais aux postes qu’il occupait il les organisait.
On savait que le Luxembourg était le Duché de l’évasion fiscale. L’intérêt de l’enquête de l’ICIJ est d’en expliquer le mécanisme, révélant par là-même la complicité du pouvoir politique luxembourgeois. La pratique du « tax ruling », mise au jour dans cette enquête de six mois baptisée « Luxembourg Leaks » ou « LuxLeaks », est légale. Elle permet à une entreprise de demander à l’avance comment sa situation sera traitée par l’administration fiscale d’un pays, et d’obtenir certaines garanties juridiques. Les groupes concernés réalisent ainsi des milliards d’euros d’économies chaque année grâce à la création d’une filiale, d’une holding ou au déplacement d’un siège social sur le territoire du Grand-Duché. Avec pour but de payer le moins d’impôt possible.
Les 28 000 pages d’accords fiscaux secrets auxquels l’ICIJ a eu accès concernent 340 grandes entreprises – notamment Apple, Amazon, Verizon, AIG, Heinz, Pepsi, Ikea – et proviennent toutes du grand cabinet de conseil et d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Ces accords ne concernent donc que les entreprises clientes de PwC. Et le Luxembourg n’entend pas renoncer à la pratique du « tax ruling » : Elle « fait partie de notre patrimoine et nous voulons la perpétuer dans le respect des règles », déclarait son ministre des Finances, Pierre Gramegna, dans Le Monde du 29 octobre. Avant d’ajouter, non sans cynisme : « Le maintien d’une certaine compétitivité, loyale, entre les États dans le domaine fiscal est indispensable. »
Que ces mécanismes d’optimisation fiscale soient légaux n’en diminue pas le scandale à l’heure où l’Union européenne et ses États membres réclament sur tout le continent à leurs citoyens de se serrer la ceinture au motif qu’il n’y aurait plus d’argent dans les caisses. Derrière la technicité de ces mécanismes révélés par l’ICIJ, il y a des législations qui les ont permis, ces législations relèvent de décisions politiques voulues ou approuvées par des responsables politiques. Ces derniers devraient maintenant rendre des comptes. Dans une démocratie, c’est ainsi que les choses devraient se passer. Mais l’Europe en est-elle seulement une ?
Lorsqu’à l’été dernier il s’est agi de désigner le président de la Commission européenne, nul ne pouvait ignorer que Jean-Claude Juncker, qui était le candidat de la droite (sortie en tête des élections européennes), était aussi le candidat des paradis fiscaux.
Cela n’a pas gêné la plupart des sociaux-démocrates, François Hollande inclus, qui ont accepté de l’introniser. On a même vu Daniel Cohn-Bendit appeler ses amis Verts à faire de même, en vain. À ces derniers, Jean-Claude Juncker a été jusqu’à promettre de « lutter contre la fraude et l’évasion fiscales », promesse réitérée en séance plénière. Hier, interrogé sur le « Luxembourg Leaks » lors de son premier point de presse, Jean-Claude Juncker a promis de ne pas intervenir dans l’enquête européenne sur la pratique fiscale de « tax ruling » qui vise le Luxembourg et trois autres pays [1]. Ne pas intervenir n’est pas tout à fait ce qu’on attendrait d’un responsable politique déterminé à lutter contre l’évasion fiscale.
Un moyen simple de lutter contre l’évasion fiscale consisterait à rétablir « la souveraineté fiscale » en taxant les bénéfices là où ils sont réalisés. C’est ce que recommandait l’OCDE dans un document à destination du G20 publié en septembre. Mais c’est sans doute contraire à la religion néolibérale de Jean-Claude Juncker.

 [1] Cette enquête ne porte que sur des accords passés par le Luxembourg avec Fiat Finance and Trade, qui fournit des services de gestion de trésorerie au groupe automobile Fiat. Les trois autres visent : 1.L’Irlande pour des accords passés entre l’administration fiscale et le géant américain d’internet Apple, soupçonné d’avoir bénéficié d’un traitement de faveur contraire aux règles européennes de la concurrence. 2. Des soupçons d’avantages fiscaux accordés par les Pays-Bas à la chaîne de cafés Starbucks. 3. Gibraltar, cette dernière enquête ayant été ouverte en octobre.

Mais où est donc passé Mike Poon ?




À l’occasion du Sommet économique franco-chinois en présence de Manuel VALLS, de MACRON et du Premier ministre Chinois le collectif contre la privatisation de la gestion de l’aéroport Toulouse-Blagnac organise une nouvelle action :

Rendez-vous METRO JAURES à 18 h 30 Mercredi 1er juillet pour une CONFÉRENCE DE PRESSE PARODIQUE sur le thème "Où est passé Mike Poon ?"



Le Kiosk à Toulouse n'est pas (encore) viré

Salut à tous-tes,

A commencé à circuler une info déformée comme quoi le Kiosk aurait reçu
un ordre d'expulsion de la mairie. Ce n'est pas vrai, mais elle nous
embête quand même.
Nous avons eu une réu exceptionnelle ce soir.
La mairie a visité les locaux du kiosk quand nous n'étions pas là. Elle
aurait vu des choses témoignant que le kiosk servait de lieu
d'habitation. Elle a donc fait parvenir à la maison des associations un
courrier demandant de régler la situation au plus vite. Le président de
la maison des assos, qui embête le kiosk depuis longtemps et a peut être
d'autres intérêts dans l'affaire, a écrit lui-même la lettre demandant
au kiosk de partir. Ceci ne vaut rien, et il y a divers vices de procédure.
Il n'empêche qu'il est probable que la mairie se réveille et veuille
récupérer les locaux qui lui appartiennent et il est certain que le
kiosk sera viré un jour !
Malgré tout, on compte bien faire vivre le lieu jusqu'au bout, et le
fait est que nous ne sommes pas très nombreux.ses.
De nouvelles forces vives seront bienvenues, il y a de l'espace !

bises

B.


Le KIOSK est ouvert  à Toulouse :
les LUNDI, MERCREDI et VENDREDI
de 17h à 20h

à la Maison des associations
3, rue Escoussières Arnaud-Bernard
à TOULOUSE
(Métro Compans-Caffarelli)
Vous pouvez y trouver :
Au KIOSK, on trouve aussi une TERRASSE DE PLANTES médicinales et aromatiques avec un GRAINOTROC (système d’échanges de graines).
On organise des PROJECTIONS-DÉBATS le lundi tous les quinze jours.
Pour connaître le programme voir ci-dessous.
Demandez le programme

lundi 29 juin 2015

Pouvoir d'achat : le blues des classes moyennes

Source : Les Echos

 

L’ARGENT DES FRANÇAIS - Fait rare, le revenu disponible médian a baissé depuis 2008 en France. Et les prix de l’immobilier ainsi que ceux de l’eau, des transports ou des communications ont grimpé en flèche.

C’est toute l'ambiguïté des statistiques. Sur le papier, le pouvoir d’achat des Français n’a pas baissé depuis la crise. Depuis 2007, il a augmenté d’un maigre 1 % environ. Cela tient au fait que les salaires ont continué à croître au cours des sept dernières années malgré l’explosion du chômage , que l’inflation est restée faible sur la période et que les prestations sociales ont joué leur rôle d’amortisseur, de « stabilisateurs automatiques », comme disent les économistes. «  C’est une des caractéristiques de l’économie française d’avoir des évolutions de revenus lissées en période de crise par rapport aux Britanniques ou aux Américains », explique Jérôme Accardo, chef du département des conditions de vie des ménages à l’Insee.
Seulement voilà, comme l’explique cet expert, « quand on leur dit que le pouvoir d’achat s’est maintenu, les gens n’y croient pas ». Et ils ont quelques raisons de ne pas y croire.
Dossier spécial L'argent des Français
La crise financière a tout changé, tout bouleversé. Salaires et pouvoir d’achat, modes de consommation, impôts, épargne, nouvelles fortunes, évasion fiscale, rapport à l’argent : « Les Echos » détaillent dans un dossier spécial les conséquences d’une rupture historique.
CLIQUEZ ICI pour lire notre dossier spécial L'argent des Français
D’abord parce que la moyenne ne correspond pas à la réalité vécue par les Français. En effet, quand on s’intéresse au salaire médian – celui qui partage la population en deux groupes égaux en nombre, ceux qui gagnent plus et ceux qui gagnent moins –, celui-ci a baissé de 50 euros entre 2009 et 2012 et se situait cette année-là à 1.730 euros net mensuels.
Facteur aggravant, ce chiffre ne tient pas compte des impôts. Or, si, dans un premier temps, pour répondre à la crise, les gouvernements ont laissé filer les déficits, à partir de 2011, ils ont mis à contribution les ménages. Résultat, selon les calculs de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), entre  2011 et 2013, « la hausse des prélèvements fiscaux et sociaux a amputé le pouvoir d’achat de 930 euros par ménage, soit plus de 300 euros en moyenne par an ». Ainsi, depuis 2008, le niveau de vie médian a baissé de 350 euros et s’élevait en 2012 à 19.740 euros par an pour une personne seule.

Les plus pauvres ont beaucoup plus souffert

Ensuite, si depuis la faillite de Lehman Brothers, véritable point de départ de ce que les Américains appellent désormais la « Grande Récession » (par analogie avec la « Grande Dépression » des années 1930), le pouvoir d’achat résiste, cela n’est pas valable pour tous les Français. Les plus pauvres ont beaucoup plus souffert que les plus aisés. Enfin, il faut rappeler qu’entre 1998 et 2002, années de fortes croissance, le pouvoir d’achat des Français progressait de plus de 2 % par an. La stagnation des dernières années n’en est donc que plus durement ressentie.
Mais il existe une explication plus profonde justifiant la différence entre le ressenti des Français et la statistique économique. « Il existe un lien entre la hausse des prix de l’immobilier, et plus généralement celle des dépenses contraintes – c’est-à-dire le logement, l’eau, l’électricité, les communications… – et les difficultés des Français », estime ainsi Régis Bigot, directeur général du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc). Selon les chiffres de l’Insee, les dépenses préengagées représentent 29,3 % du revenu disponible des ménages, soit 3 points de plus qu’en 2002. «  Depuis 1997, le prix de l’immobilier a été multiplié par 2,5. Tant que les revenus augmentaient, cela ne posait pas de problème, mais comme, depuis 2002, la progression du pouvoir d’achat s’est infléchie, les Français ressentent plus durement la hausse du coût du logement », poursuit Régis Bigot.

Dépression prolongée

Pour les ménages les plus pauvres, les dépenses de logement représentent désormais la moitié de leur budget chaque mois, contre 20 % à 25 % pour les plus aisés et plus d’un tiers pour les classes moyennes. « C’est ce qui explique que les classes moyennes se retrouvent désormais confrontées à des contraintes semblables à celles des pauvres. Elles se retrouvent à devoir arbitrer entre les vacances, les loisirs comme le cinéma ou le restaurant, en raison du poids démesuré qu’a pris le logement dans leurs dépenses. Il s’agit de contraintes qu’elles ne connaissaient pas auparavant », selon Régis Bigot.
Le pic du moral des ménages calculé chaque mois par l’Insee a été enregistré en 2002. Depuis, les Français semblent être entrés en dépression prolongée, contrairement à nos voisins qui, eux, avaient connu leur point haut en 2006-2007. Pourtant, l’Hexagone et les revenus des Français ont plutôt mieux résisté à la crise qu’en Grande-Bretagne, en Italie ou en Espagne.
Décidément, la meilleure façon de faire gagner du pouvoir d’achat sans détériorer la compétitivité est plus que jamais d’agir sur les prix du logement.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/021149689644-pouvoir-dachat-le-grand-blues-des-classes-moyennes-1130948.php?f8m7PkQ6H2WOpCsQ.99#xtor=CS1-26

Rafael Correa : “Les conditions imposées à la Grèce n’ont jamais visé à surmonter la crise, mais à liquider la dette”




Le président équatorien Rafael Correa, dont le pays assure la présidence tournante de la Communauté des Etats d’Amérique latine et Caraïbes, était à Bruxelles pour participer au sommet Union européenne – CELAC.
L’Equateur a l’une des économies les plus dynamiques en Amérique Latine. Dans cette interview exclusive, il nous donne sa recette et son avis sur la crise mondiale et européenne.
Alberto de Filippis, euronews : “En 2014, l‘économie équatorienne a connu une croissance du PIB de presque 4 %, c’est-à-dire plus de trois fois la moyenne de la région. Comment avez-vous réussi à obtenir ce résultat dans une période de crise mondiale et structurelle ?”
Rafael Correa : “L’année dernière a été difficile pour l’Amérique latine, avec une croissance de 2,1 %. Celle de l’Equateur a atteint 3,8 %, et 4,3 % pour la région où il n’y a pas de pétrole. Donc, nous avons des résultats plutôt bons pour la région. Quelle a été la clé de ce succès ? Comprendre l‘économie, savoir que les fondamentaux, la clé, consiste à protéger la production et l’emploi national, et à augmenter la production et créer de l’emploi. Nous n’avons pas cédé aux chants des sirènes du “sauve-qui-peut”, du marché libre et de la loi de la jungle, nous avons adopté des politiques qui privilégient notre production, nos emplois, et aussi un investissement public important qui attire à son tour l’investissement privé, car ce sont surtout des infrastructures en matière d‘énergie, et d‘éducation. Vous savez, nous les latino-américains, nous sommes experts en matière de crise. Parce que nous les avons toutes subies, et nous observons avec inquiétude que l’Europe commet les mêmes erreurs. Le cas de la Grèce. C’est-à-dire toutes les conditions qui lui sont imposées comme le paquet de mesures du Fonds monétaire international, nous sommes experts en la matière, nous les latino-américains… Cela n’a jamais visé à surmonter la crise, mais à liquider la dette. C’est-à-dire que d’un côté, le FMI donne de l’argent, mais il impose une série de conditions (réduction des salaires, suppression des subventions, dégraissement du service public, aucun investissement, etc) pour dégager des revenus qui ne restent pas dans le pays et servent à rembourser la dette privée et au final, les pays s’endettent auprès des institutions internationales et le remboursement de la dette privée a été garanti. Les gens n’ont rien obtenu, il n’y a pas eu de sortie rapide de la crise. Donc nous voyons que la même chose se répète en Europe, la suprématie absolue du capital sur les êtres humains, en fonction d’une science présumée qui n’est en réalité que pure idéologie, purs intérêts”
euronews : “Vous ne pensez pas que c’est un problème de vivre au-dessus de ses moyens ?”
Rafael Correa : “Ecoutez, tout ça nous l’avons déjà vécu avec la crise de la dette dans les années 1980 en Amérique Latine. Avant 1976, ni les banquiers, ni les touristes ne venaient en Amérique latine. Après 1976, les banquiers sont arrivés au ministère de l’Economie avec des pots-de-vin, pour proposer des crédits pour acheter des armes, et ce dans des dictatures, pas dans des démocraties. D’où l‘énorme dette latino-américaine, à laquelle les médias ont contribué en répandant la théorie économique de l’endettement agressif, selon laquelle des projets très rentables permettent de rembourser la dette. Et c’est ce qui s’est passé en réalité, avec le deuxième choc pétrolier, les pays arabes avaient un excédent de liquidités qu’ils ont placé dans les banques des pays développés. Et le business des banques ce n’est pas de garder, mais de placer l’argent. Et il n’y avait plus d’endroits où le placer donc ils ont fini par se tourner vers l’Amérique latine. Ils pensaient que les pays ne pouvaient pas faire faillite, jusqu’en 1982 quand le Mexique a dit “je ne peux plus continuer à payer la dette”, et ils sont arrivés à la brillante conclusion que le problème venait d’un recours excessif à l’emprunt, nous avons sollicité trop de prêts, mais ils n’ont jamais dit que c‘était un problème de prêts excessifs, qu’ils ont octroyé trop de prêts. Et ils savaient que c‘était une dette corrompue par le recours à des pots-de-vin, et que c‘était pour de l’armement, pour des dictatures. Donc vous pouvez me dire que les banques ne connaissaient pas la situation de la Grèce, l‘énorme déficit fiscal parce que les comptes étaient maquillés, et maintenant, on conclut que la Grèce est la seule responsable. La responsabilité est au moins partagée. Et c’est de là que vient aussi la solution. Avec cette expérience, en plus de notre formation d‘économiste, nous faisons très attention au profil de l’endettement. Par exemple, la constitution interdit de s’endetter pour des projets sociaux parce que ce serait un paradoxe. D’un côté, ils faisaient pression sur nous pour que nous remboursions une dette illégitime et comme il y avait des besoins fondamentaux pour les hôpitaux et les écoles, le FMI et la Banque mondiale disaient “tenez ces crédits pour le social”. Ils avaient le beau rôle. Il y a un important retour sur investissement dans le social, mais vous avez besoin de dollars pour rembourser des dollars. Et de nouvelles crises arrivaient, avec étranglement financier. Par exemple, aujourd’hui, on peut seulement s’endetter pour des projets productifs, des projets sociaux qui génèrent un bénéfice en dollars. Nous faisons très attention à notre plan d’investissements, et à où va cet argent. Nous avons besoin de financement, nous sommes capables de rembourser, mais ce sont des financements pour des projets hautement rentables”
euronews : “L’Equateur tente de se développer à tous les niveaux. Le Vénézuéla a beaucoup parié sur les revenus du brut. Une fois que le prix a chuté, le pays est entré en crise”
Rafael Correa : “Bon, le Vénézuéla était beaucoup plus dépendant du pétrole que l’Equateur, et on ne peut résoudre cela en deux, dix ou vingt ans. Ce sont des changements structurels profonds, ce qu’on appelle le développement”
euronews : “Et selon vous Caracas a commis des erreurs ?”
Rafael Correa : “Par exemple, le système bancaire, un système de change aussi contrôlé qu’au Vénézuéla est bon à court terme. Mais on ne peut pas le maintenir à long terme et c’est pour ça qu’apparaissent le marché noir, et des différences entre le taux de change du marché officiel et celui de la rue qui génèrent de grandes distorsions, de la petite corruption et ils en sont conscients. Mais cela implique de faire des réformes légales, y compris constitutionnelles, ce n’est pas facile, en plus de l’opposition non-démocratique et déstabilisatrice qu’ils doivent affronter au quotidien”
euronews : “Et quelle est votre relation avec le Royaume-Uni malgré l’affaire Julian Assange ?”
Rafael Correa : “Assange peut passer toute sa vie dans notre ambassade et il sera toujours le bienvenu, mais le problème pourrait être résolu dès demain si la Grande-Bretagne octroie un laisser-passer. Imaginez-vous un instant si nous étions à leur place : nous aurions un réfugié européen dans une ambassade européenne à Quito. Et nous laisserions passer trois ans sans lui octroyer de laissez-passer. On nous aurait déjà qualifiés de dictateurs, de fascistes, nous serions à la Cour pénale internationale. Que la Grande-Bretagne fournisse un laissez-passer. La loi suédoise permet de recueillir cette déposition à l’ambassade d’Equateur à Londres. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? Maintenant, ils vont le faire pour que le délit sur lequel ils enquêtent ne soit pas prescrit, mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? Donc la solution, la question que vous venez de me poser, c’est à la Suède et à Londres qu’il faudrait la poser. Ils peuvent résoudre ce problème dès demain”
euronews : “Vous ne vous êtes jamais senti instrumentalisé par Julian Assange ?”
Rafael Correa : “Nous n’avons pas accordé l’asile à Julian Assage parce que nous sommes d’accord avec ce qu’il a fait. Je crois que tous les états ont le droit de maintenir certaines informations confidentielles. Même si certaines fuites de Wikileaks sont terribles, elles révèlent des procédures malhonnêtes, des abus… Dans tous les cas, nous n’approuvons pas ces procédés. S’il y a eu pratique illégale, elle doit être condamnée. La fin ne justifie pas les moyens, mais ce n’est pas pour cela que nous avons octroyé l’asile à Assange. C’est parce qu’un procès équitable ne lui était pas garanti. Rappelez-vous que certains fanatiques aux Etats-Unis ont invoqué le Patriot Act je crois, pour condamner à mort Assange…C’est pour cela qu’on lui a accordé l’asile, pas parce que nous sommes d’accord avec les procédés qu’il a utilisés pour accéder aux informations”

Ce que coûterait vraiment aux contribuables l'annulation de la dette grecque

Source : La Tribune
 
L'annulation des deux tiers de la dette grecque coûterait 10,50 euros par an par contribuable français, au grand maximum

Des chiffres ont circulé : si les Grecs annulaient leur dette, il en coûterait 650 euros par contribuable français, ont avancé certains. D'autres medias ont avancé le chiffre de 731 euros. Des montants évidemment considérables, qui ont de quoi alimenter la grogne contre ces "Grecs irresponsables".
Mais ces chiffres sont erronés. Ils reposent sur l'idée que le contribuable français devrait rembourser les 40 milliards que l'État grec doit à la France, qu'il effacerait donc d'un trait de plume -une perspective qui s'éloigne, du reste. En outre, on n'a jamais vu dans l'histoire économique un effacement total d'une dette.
Cette idée que les ménages français devraient rembourser ces 40 milliards à la place de la Grèce repose sur une méconnaissance du circuit de financement de l'État. Pour être clair, l'État -et donc les contribuables- ne rembourse jamais la dette publique. Quand un emprunt arrive à échéance, l'État le rembourse, via l'Agence France Trésor (AFT), en empruntant à nouveau. Le budget de l'État, qui retrace toutes ses recettes et dépenses, ne comprend aucune ligne "remboursement des emprunts". Car, de fait, il s'agit d'une opération dite de trésorerie, gérée par l'AFT : ainsi, elle a emprunté 186 milliards d'euros en 2013, afin de rembourser notamment 106 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance.

L'État a une durée de vie infinie

Cette différence avec la situation d'un particulier, qui, lui, rembourse bien sûr les emprunts qu'il a contractés auprès de sa banque, s'explique simplement : l'État est réputé avoir une durée de vie infinie. Il peut donc être endetté éternellement.
L'État grec est dans une situation différente -il rembourse effectivement ses emprunts- car il n'a plus accès aux marchés financiers. Ceux-ci ont décidé, en 2010, qu'il n'était plus solvable, et ont exigé des taux d'intérêt exorbitants, ce qui a précipité l'insolvabilité de la Grèce.
Mais cela n'a rien à voir avec la situation française. Nul ne doute de la pérennité et de la solvabilité de l'État. Si c'était le cas, les taux d'intérêt à long terme, fixés par les marchés, ne seraient pas au plus bas, à 0,50% (pour les emprunts à 10 ans).

Un manque à gagner de 10,50 euros par adulte

Les 40 milliards d'euros prêtés à la Grèce par la France, via différents canaux, ont été déjà empruntés par l'AFT, ils sont déjà intégrés dans la dette publique française. L' annulation de tout remboursement par les Grecs n'aurait donc aucun impact sur le niveau de la dette publique française.
Quel serait donc l'effet de l'effacement des deux tiers de ces 40 milliards, hypothèse la plus élevée jamais envisagée?
L'État ne percevrait plus les intérêts afférents. Pour quel montant ? Soutenue par les pays européens, la Grèce a emprunté auprès des différents État à des taux très faibles. On peut estimer à 1,5% -au grand maximum- les taux d'intérêts servis par l'État grec. La France devrait donc se priver de 400 millions d'euros de recettes annuelles. Cela représente 10.5 euros par an, par adulte résidant en France, si le gouvernement voulait compenser ce manque à gagner par des hausses d'impôt. Un calcul concernant les seuls contribuables soumis à l'impôt sur le revenu ne signifierait rien : tous les ménages paient des impôts, ne serait-ce qu'à travers la TVA.

Des dizaines de milliers de personnes devant le Parlement pour dire : NON !
























OXI !

La Ville de Rouen ferme ses douches municipales, une lettre ouverte et une manifestation

Les douches municipales de Rouen (Seine-Maritime) étaient l’un des derniers établissements publics de ce genre encore en service. Elles fermeront définitivement, mardi 30 juin 2015




La baisse de la fréquentation était la principale raison invoquée par Caroline Dutarte, adjointe chargée des solidarités, de la politique de la ville et de l’insertion, à la Ville de Rouen (Seine-Maritime). « Une moyenne de seize personnes utilisent ce service au quotidien », expliquait-elle à Normandie-actu. La douche coûte 0,50 cts d’euro pour un maximum de 45 minutes, 1 euro avec du savon et le prêt d’une serviette, à l’usager. Certains bénéficient également de bons de douche gratuits, auprès du Centre communal d’action sociale (CCAS). Or, pour la Ville, une douche coûterait 20 euros, en matière d’équipement et de personnel. Trop, en période de crise.

Une manifestation devant la mairie

Deux agents municipaux y travaillaient. Après la fermeture, l’une d’entre elles partira en retraite, l’autre sera reclassée dans un autre service de la Ville. La décision a été prise l’hiver dernier, lors d’un conseil municipal, mi-décembre. Les douches municipales de Rouen fermeront définitivement, mardi 30 juin 2015, à 12h.
  • Un rassemblement devant l’Hôtel de ville de Rouen est prévu le lundi 29 juin, à 17h30, à l’initiative du Collectif 76 des salariés du social et médico-social.
Cette décision avait animé les réseaux sociaux. Ces douches (une vingtaine de cabines) sont situées non loin de l’Hôtel de Ville, rue Orbe, et sont fréquentées en majorité par des personnes précaires. Une page Facebook “Non à la fermeture des douches municipales de Rouen” avait même été lancée.

Une lettre ouverte signée par plusieurs associations

La délégation régionale de Médecins du Monde demande de son côté, dans une lettre ouverte (co-signée par une dizaine d’associations : Médecins du Monde, Emmaüs Rouen, le CAARUD de la Boussole, le Collectif Bidonville dans la Ville, les Restos du Cœur, le DAL, le Collectif 76, le Secours populaire français, la Cimade, Habitat et Humanisme, le CERASIH) « à ce que le droit à l’accès à l’eau et à l’hygiène pour tous soit respecté. Car les douches municipales, les toilettes publiques, les fontaines à eau sont des services essentiels et constituent un déterminant de la santé majeur pour les populations, et notamment les personnes les plus vulnérables ».
Ce que dit la lettre adressée au maire PS de Rouen, Yvon Robert :
« Monsieur le Maire,
Nous sommes des associations de Rouen militantes et engagées auprès des personnes les plus vulnérables. Nous réitérons notre demande à ce que l’accès à l’eau et à l’hygiène demeure une priorité de santé publique pour la Ville de Rouen, tout comme un moyen de lutter contre les discriminations.
Médecins du Monde (MdM) a été reçu à ce sujet par madame Baucher le jeudi 16 avril, et sera reçu par madame Dutartre, le jeudi 4 juin. Outre cette mobilisation de MdM, c’est dorénavant en tant qu’associations rassemblées que nous souhaitons vous interpeller sur la décision en date du 17 décembre 2014 de fermeture des douches municipales, et travailler avec vous, et vos adjointes concernées, à d’autres alternatives possibles. Fort de nos constats terrains, nous alertons sur les besoins grandissants d’accès à l’eau et à l’hygiène des personnes les plus vulnérables. La mauvaise hygiène est un facteur d’exclusion supplémentaire, tant socialement que professionnellement. Avec la crise, les bains-douches ont retrouvé une véritable utilité sociale, auprès d’un public varié, personnes précaires, gens de la rue, personnes âgées isolées, personnes à mobilité réduite, touristes etc.
Cette mixité sociale est importante et permet de lutter contre les discriminations. Nous rappelons que la loi du 7 février 2011 renforce “la solidarité des communes dans le domaine de l’alimentation en eau et de l’assainissement des personnes en situation de précarité résidant en France, sans discrimination entre les usagers, qu’ils soient abonnés directs ou non des services de l’eau et de l’assainissement”. Aussi, à l’instar du guide des élus locaux de bonnes pratiques pour favoriser l’accès à l’eau et à l’assainissement pour les plus démunis publié en 2012 par le gouvernement, nous avons entamé en inter-associatif une réflexion sur ce que pourrait être un nouveau projet de douches municipales sur la Ville de Rouen.
Voici quelques-unes de nos propositions : un multi-accueil adapté aux différents besoins et favorisant la mixité sociale la gratuité pour les personnes les plus précaires une nouvelle gestion des douches municipales redonnant une place à leurs usagers un travail coordonné par l’atelier santé ville permettant la diffusion d’un message de promotion de la santé et de l’hygiène. Aussi, nous souhaiterions partager avec vous et vos équipes ces réflexions afin de construire ensemble un nouveau projet pour un accès à l’eau et à l’hygiène pour tous sur la Ville de Rouen ».
Créées à la fin du XIXe siècle, les douches municipales étaient à l’origine mises à la disposition des usagers qui ne disposaient pas de l’eau courante dans leur logement. Rouen était une des rares villes en France à les avoir conservées.


Le collectif de travailleurs sociaux occupe toujours les douches municipales de Rouen


Le ton se durcit du côté de la rue Orbe, à Rouen où les travailleurs sociaux du Collectif 76 occupent toujours les douches municipales.
La mairie de Rouen devait fermer cet établissement public ce mardi à 12 h 30, considérant les frais d’entretien et de personnel trop élevés (150 000 €/an) au regard de sa fréquentation. Une décision prise en décembre au moment de décider de coupes sévères dans le budget municipal, conséquence, notamment, de la perte de 3 millions d’euros de subventions de l’État.
Lundi en fin de journée, le Collectif 76 associé à des militants de Droit au logement et des bénévoles de Médecins du monde a donc manifesté contre cette fermeture aux portes des douches municipales rouennaises.
Adjointe au maire en charge des affaires sociales, Caroline Dutarte est venue à la rencontre des manifestants, avançant l’argument économique et l’austérité en vigueur à la Ville de Rouen. Elle leur a confirmé qu’une réflexion était en cours pour pallier la fermeture des douches publiques et envisager une solution pour les usagers les plus démunis. La proposition n’a pas satisfait le Collectif 76 qui s’est installé pour la nuit et, ce mardi à 12 h 30, réuni en assemblée générale, a voté la poursuite de ce mouvement. Une rencontre avec les représentants de la Ville est cependant prévue dans l’après-midi.
Source : CADTM

Jubilee Debt Campaign montre que le FMI a déjà fait 2,5 milliards € de profits sur ses prêts à la Grèce depuis 2010, et ceci avant le paiement de 462 millions € du jeudi 9 avril. Si la Grèce rembourse le FMI en totalité ce chiffre s’élèvera à 4,3 milliards € d’ici 2024.
Le FMI applique un taux d’intérêt effectif de 3,6 % sur ses prêts à la Grèce. Ceci est beaucoup plus que le taux de 0,9 % dont l’institution a actuellement besoin pour couvrir ses frais. À ce taux d’intérêt, la Grèce aurait payé 2,5 milliards € de moins au FMI.
Sur l’ensemble de ses prêts à tous les pays en crise de la dette entre 2010 et 2014, le FMI a réalisé un bénéfice total de 8,4 milliards €, dont plus d’un quart vient de la Grèce. Tout cet argent a été ajouté aux réserves du Fonds, qui totalisent maintenant 19 milliards €. Ces réserves sont destinées à couvrir les coûts des défauts de paiements. La dette totale de la Grèce envers le FMI est actuellement de 24 milliards €.
Tim Jones, économiste à Jubilee Debt Campaign, a déclaré :
« Les prêts du FMI à la Grèce n’ont pas seulement renfloué les banques qui ont prêté imprudemment, ils ont en fait ponctionné encore plus d’argent au pays. Cet intérêt usuraire ajoute à la dette injuste imposée à la population grecque ».
Traduction Yvette Krolikowski et Christine Pagnoulle.

Mouvement du 14 juillet : opération je lève la barrière


Télécharger Chrome ? Qu’est ce que Google télécharge en plus sur votre ordinateur ?


"...Ainsi, pour résumer, une boîte noire a été installée 
sur votre ordinateur, raccordée au serveur d'une société privée : 
dès à présent, il existe une potentialité fonctionnelle pour 
pratiquer des écoutes (indiscrètes et irrégulières); et Google 
n'avait aucune intention que quiconque le sache !"
Par Alec Cope – Le 20 juin 2015 – Sourcewearechange.org
«Ne cédez pas au Mal» – Google
Chrome logo with white background
Le 17 juin, Google s’est gardé d’annoncer (mais la nouvelle est tombée) que la DARPA (Agence pour les projets de recherche avancée de Défense) enregistre en douce les émissions audio sur tous les ordinateurs équipés de Chrome, le navigateur de Google.
Dans les faits, cela signifie que Google examine insidieusement votre vie privée, ce qui n’est pas surprenant, quand on considère l’article de We Are Change (WRC) à propos de la censure de Google.

Rick Falkvinge (fondateur du Parti Pirate), à partir du forum privé WRC, a rapporté commuent il en est venu à comprendre la nouvelle politique de Google :
«Ça ressemblait simplement à un rapport d’erreur quelconque.» En démarrant Chrome, celui-ci téléchargeait des données. Suivies d’étranges informations de statuts qui comprenaient notamment des lignes Microphone : Oui et Captures audio autorisées : Oui.
chrome-voicesearch
Le Chrome-Voice Search: L’Analyseur de Recherche Audio Chrome
Sans aucun consentement de la part de l’utilisateur, Google a téléchargé une boîte noire qui – selon eux – raccordée au microphone, est activement à l’écoute de vos faits et gestes.
Sans entrer dans les détails, Falkvinge décrit le fonctionnement du logiciel libre et comment ce fonctionnement repose sur la transparence et l’innovation de nombreux programmeurs de logiciels (dont Debian) avant d’être lancé comme un produit fini. La transparence permet à l’utilisateur de savoir que le logiciel libre d’accès (open source) fait vraiment ce qu’il prétend faire.
Chromium, la version libre accès de Google Chrome, est censé fonctionner de la même façon. Seulement Google a détourné la nature de la transparence du libre accès, et évité le processus qui aurait empêché cette manœuvre de contournement.
Google a ainsi justifié son potentiel à vous espionner via votre ordinateur personnel en argumentant que cela en valait la peine, parce que désormais Ok, Google fonctionne! A présent, quand vous prononcez certains mots clés, Chrome commence à rechercher des antécédents. Ceci doit-il pour autant se faire au prix de la confidentialité de votre vie privée ? De toute évidence, ce sont les serveurs de Google qui répondent à ce qui est dit avec votre ordinateur.
Ainsi, pour résumer, une boîte noire a été installée sur votre ordinateur, raccordée au serveur d’une société privée : dès à présent, il existe une potentialité fonctionnelle pour pratiquer des écoutes (indiscrètes et irrégulières); et Google n’avait aucune intention que quiconque le sache !
En définitive, Google a répondu à l’accusation, paraphrasant Falkvinge:
1) Oui, nous installons un logiciel d’écoutes téléphoniques sur votre ordinateur. Mais nous ne l’avons finalement pas réellement activé. Nous avons également tiré avantage de notre réputation de probité en entrant des lignes de codes dans ce logiciel en libre accès, pour installer cette boîte noire sur des millions d’ordinateurs; mais jamais nous n’abuserions la confiance des utilisateurs en entrant un code actif d’écoutes téléphoniques. Nous l’avons déjà téléchargé sur votre ordinateur sans votre consentement et à votre insu.Vous pouvez vérifier ce code à l’heure actuelle, et vérifier que ce même code est inactif.
2) Oui, Chrome contourne l’ensemble du processus de vérification de code source en téléchargeant une boîte noire pré-installée sur les ordinateurs. Mais ce n’est pas notre objectif, vraiment pas. Nous sommes uniquement motivés par l’élaboration de Google Chrome, le bébé de Google. Dans cette optique, nous fournissons donc ce code dans le lot de logiciels pré-compilés, pour ceux qui veulent. Quiconque utilise notre code pour son compte personnel en prend aussi la responsabilité. Lorsque cela se produit sur un système d’exploitation type Debian, ce n’est pas du ressort de Google Chrome, mais de Debian Chromium. C’est entièrement la responsabilité de Debian.
3) Oui, nous avons délibérément caché ce module d’écoute aux usagers, mais c’est parce que nous considérons que cette démarche est comprise dans les fondements de l’expérience Google Chrome. Nous ne voulons pas montrer toutes les fonctionnalités que nous installons.
L’auteur (Falkvinge) explique que les options de configurations logicielles ne sont plus suffisantes pour se protéger contre ce type d’écoute, car ces options sont des programmes qui allument ou éteignent votre webcam / microphone, etc… Ici, l’auteur a le sentiment que la présence d’un interrupteur physique, qui couperait la connexion électrique à l’appareil, éviterait cela.
«C’est drôle pour moi de constater combien de gens étaient scandalisés quand ils ont su que la NSA allait à la pêche aux informations privées et, comparativement, de considérer le peu qui se dit lorsque Google tente d’installer discrètement encore plus de moyens de collecte de renseignements privés, voire intimes.»
En fait, beaucoup ont déjà goûté à l’aphasie avec sa rengaine répétitive. Par exemple: il n’espionne que quand vous dites: OK, Google (est-il pour autant nécessaire de tout écouter et tout savoir quand vous dites OK, Google?), et ainsi de suite. En fin de compte, il y aura toujours une bonne part des usagers qui se fiche de savoir si ils sont écoutés ou pas par les agences gouvernementales et autres nébuleuses.
Déjà, ce principe suivant lequel Google pratique effectivement les écoutes à l’insu totale de ses utilisateurs, n’ayant eux-mêmes aucune idée que leur vie privée est passée au crible, démontre tout simplement le manque de compassion et l’absence de limites de Google.
Enfin, que vous choisissiez de supprimer Chrome au profit de serveurs plus respectueux de la vie privée, ou de ne rien faire, ou de vous documenter plus sur le sujet, quelle que soit l’option, une chose est claire: nous avons aussi le devoir de veiller à ce que ce type d’usurpation ne soit pas traité avec légèreté. On en apprend un peu plus sur ce qui se passe jour après jour, c’est une question de temps avant le point de rupture. J’espère vous y voir.
Alec Cope
Note du Saker Francophone
Pour rebondir sur l’actualité de la réunion du Bilderberg récente et Google, voici deux liens à faire passer à Alain Juppé qui n’est peut être pas au courant des liens historiques entre Google et le DARPA (agence de l’armée américaine).
Traduit par Eric, relu par Hervé et Diane pour Le Saker francophone

Comment en finir avec l’image du bénéficiaire du RSA fainéant et fraudeur


Une ancienne salariée d’une Caisse d’allocation familiale, Leila, s’élève contre les idées reçues sur les bénéficiaires du RSA et les discours culpabilisant chômeurs et travailleurs pauvres. Et en a fait une conférence gesticulée, « Je vais tout CAF’ter ». Cette culpabilisation, ajoutée à la complexité d’un dispositif mal adapté, décourage des dizaines de milliers de bénéficiaires potentiels à faire valoir leur droit à cette protection sociale minimaliste. Leila rappelle aussi que la fraude au RSA, c’est environ 60 millions d’euros, dont la grande majorité est récupérée, « alors que la fraude aux cotisations patronales représente 20 milliards d’euros par an ».

Entretien.
Cet article a initialement été publié dans la revue Transrural initiatives.
Transrural initiatives : Comment est née l’idée de cette conférence gesticulée sur le thème des politiques sociales ?
Leila  : J’ai travaillé dans une Caisse d’allocations familiales (Caf) où j’ai vu que les politiques sociales comme le Revenu de solidarité active (RSA) n’étaient pas adaptées à leurs publics. Cela provient en partie d’une volonté politique. D’un système qui décourage les bénéficiaires potentiels. J’ai été exaspérée par les discours culpabilisants sur ceux qui n’auraient pas envie de travailler ou qui profiteraient du RSA. La fraude au RSA, c’est environ 60 millions d’euros par an. 80 % à 90 % de ce montant est récupéré par les services de la Caf suite à des contrôles. Alors que le non recours au RSA, c’est 5,3 milliards d’euros non-redistribués ! Cette conférence gesticulée était pour moi l’occasion de déconstruire cette image du bénéficiaire du RSA fainéant et fraudeur [Pour une personne seule sans revenus, le RSA s’élève à 499 €/mois, ndlr].
Pourquoi avoir choisi cette forme d’expression et comment avez-vous construit cette conférence ?
Le grand public devrait connaître le fonctionnement de la Caf, du RSA et les raisons du non-recours. L’idée, c’est de mettre à disposition de tous, de manière accessible, les connaissances issues de recherches. Mais on n’a pas le temps de développer une critique construite dans un sujet de trente secondes à la télévision et tous les gens n’aiment pas lire. La conférence gesticulée permet de toucher un public plus large. Il y a aussi l’idée de mélanger un savoir froid et un savoir chaud, avec des situations vécues et des expériences, pour impliquer le public, rendre le sujet amusant. J’ai suivi une formation de douze jours avec la coopérative Vent Debout.
On a fait un travail collectif sur la dimension politique, la mise en scène, le processus de création… Chacun est venu avec son projet mais s’est nourri des idées des autres. J’étais venue parler du RSA. Mais on nous a dit de nous poser la question : « Contre quoi avez-vous envie de vous battre ? ». J’ai donc décidé de parler aussi des violences faites aux femmes et de la protection sociale en général. C’est grâce à des dispositifs comme les crèches que l’on a favorisé l’égalité homme-femme. Cela a aussi permis de replacer le rôle joué par les Caf dans l’histoire, plus globale, des politiques sociales et du combat pour les droits des femmes.
Sur quoi se base votre critique du RSA ?
Dans la conférence, j’essaye de donner des éléments de compréhension en partant d’une analyse des politiques publiques. À qui le dispositif est-il destiné, quel problème doit-il résoudre ? Comment cherche-t-il a le résoudre ? Quelle représentation du monde cela véhicule- t-il ? Le RSA est destiné aux personnes qui n’ont pas de revenus et aux travailleurs pauvres. Officiellement, il doit permettre de réduire la pauvreté et inciter ceux qui ne gagnent pas assez d’argent à la reprise d’un emploi. Sauf qu’on sait bien qu’il n’y a pas assez d’emplois pour tout le monde. Avec le RSA, on est dans une politique où le responsable de la situation est le bénéficiaire de l’aide. C’était différent avec le RMI, où l’on considérait l’État responsable, car il n’arrivait pas à proposer un travail à tous.

Comment le système favorise-t-il, concrètement, le non-recours au RSA ?
Il y a environ 50 % de non-recours, de gens qui auraient le droit au RSA mais ne l’utilisent pas. On peut distinguer trois causes principales. La première, c’est le dispositif du RSA en lui-même : il a été conçu pour aider les travailleurs pauvres qui ont donc presque tous des revenus instables, saisonniers ou précaires. À un certain moment ils ont droit au RSA, à d’autres moments non. Or, après quatre mois où l’on n’est plus éligible au RSA, la Caf efface les dossiers et il faut refaire une demande. Il y a aussi la complexité, les conditions d’éligibilité sont obscures et on ne sait jamais vraiment si on a le droit au RSA, pour quel montant, pendant combien de temps et comment faire pour l’avoir. Tout cela est prévu par la loi qui a créé un système très complexe qui au final est excluant.
La seconde cause de non-recours est liée à la mise en œuvre du RSA par la Caf qui ne facilite pas suffisamment l’accès au droit. Le dispositif est peu connu et la campagne destinée à informer spécifiquement les travailleurs pauvres sur le RSA a été annulée à cause de la « crise » et de la surcharge de travail des Caf. Surtout, la Caf est soumise à un système de management avec des indicateurs de gestion, comme le fait de recevoir 90 % des bénéficiaires en moins de 20 minutes. Si on avait communiqué sur le dispositif, les Caf auraient eu plus de monde et n’auraient pas atteint leurs objectifs. Certains n’auraient pas eu de primes. Le pire, c’est qu’on croise les données pour la lutte contre la fraude mais qu’on ne fait rien contre le non-recours.
Une partie du non-recours n’est-elle pas aussi liée à la perception que les gens ont du dispositif ?
Oui. Certains jugent le dispositif trop complexe ; d’autres ont peur de devoir rembourser un trop-perçu ou de perdre du temps pour rien. Dans les milieux ruraux on voit aussi que la distance pour rejoindre une Caf, parfois deux heures aller-retour, ou les horaires d’ouverture dissuadent certaines personnes. Il y a aussi des aspects psychologiques ou politiques. Certains ne se voient pas comme des travailleurs pauvres, d’autres ne veulent pas dépendre de l’État ou alors, estiment que toucher de l’argent sans rien faire rend fainéant. Ce qui me choque, c’est que certains pourraient bénéficier du RSA et ne le demande pas car ils méprisent ceux qui le font. Ils ont intégré ce discours culpabilisant des politiques. Ils n’ont pas de conscience de classe. C’est vraiment dingue d’entendre des travailleurs pauvres expliquer cela alors que la fraude aux cotisations patronales représente 20 milliards d’euros par an. Tout cela provient d’une volonté politique, mais les médias sont aussi responsables.
La conclusion, c’est qu’il faut changer le RSA ?
À la fin de la conférence, je propose plusieurs pistes de réflexion. Une solution serait de mettre en place une automatisation des droits sociaux. La deuxième est l’instauration d’une revenu minimum de base qui suppose de changer toute la politique sociale. J’invite aussi le spectateur à se questionner et à suivre ses propres démarches de construction critique. On étudie très peu le fonctionnement de la protection sociale et on peut se demander à qui profite notre ignorance.
Propos recueillis par Fabrice Bugnot (Transrural initiatives)
Photo : CC William Hamon (manifestation pour un revenu d’existence à Marseille).
- Article initialement publié par le magazine Transrural initiatives. Voir sa présentation sur notre page partenaires.
- Dessin issu du « manuel anti-idées reçues » d’ATD Quart-Monde.

Movimento na França defende tomada do poder pelo povo no 14 de Julho

- Para aqueles que falam Português, aqui está um artigo que fala do nosso movimento
- Pour ceux qui parlent portugais, voici un article de RFI Brésil ;

Source : RFI Brésil

Um forte movimento de contestação se organiza e defende a tomada do poder pelo povo no dia da festa nacional da França. Organizado essencialmente nas redes sociais com o apoio de mídias alternativas e grupos anarquistas, o Movimento do 14 de Julho promete reunir milhares de pessoas para protestar contra o governo. A insatisfação geral com a política, os recordes nos índices do desemprego, a decepção com setores-chave do país, como a educação e a saúde, e a ausência de resultados concretos nos planos econômico e social motivam a revolta.
O idealizador do movimento, o escritor Eric Fiorile, diz que a ideia do protesto nasceu há pouco mais de um ano, ao perceber a crescente insatisfação, mas também a inércia dos franceses. Através das redes sociais, os grupos se mobilizaram e passaram a se encontrar para discutir soluções e alternativas. Depois de um ano de trabalho, resolveram partir para a ação.
"Há uma riqueza extraordinária no país. Mas ela se concentra nas mãos de poucas pessoas, enquanto o povo vive extremamente mal e a situação se agrava a cada vez mais. Há muitas pessoas denunciando essa degradação, na educação, na saúde, na economia e finanças, mas ninguém faz nada", lamenta.
Apesar de improvável, Fiorile defende a invasão do Eliseu, sede do governo francês, logo após o desfile militar que acontece na data. O objetivo, diz ele, é colocar o povo na liderança do país.
"Vamos nos reunir nessa data simbólica para que possamos utilizar o 14 de julho para a tomada do poder pelos franceses e para que possamos organizar um governo de transição. E, depois, em conjunto, vamos refletir sobre a criação de uma nova constituição e uma nova forma de governo", prevê.
Conselho Nacional de Transição
Para gerenciar essas mudanças, o grupo criou o Conselho Nacional de Transição (CNT), que conta com cerca de 200 pessoas, sem nenhum vínculo com vertentes ou partidos políticos. A estratégia é explicada em vídeos que vem sendo publicados no YouTube. Segundo um dos porta-vozes do CNT, Duarte Monteiro, o grupo pretende colocar em prática um poder descentralizado.
"O objetivo é de não impor nada. Se os franceses quiserem um rei, eles terão um rei. O importante é escutar o povo. Pretendemos substituir esse modelo hierárquico da República, que não é democrático", avalia.


Para Monteiro, os maiores partidos de esquerda, o Partido Socialista (PS) e de direita, e os Republicanos, antiga União para um Movimento Popular (UMP), se alternam há vários anos no poder e não representam mais os desejos e as necessidades dos franceses. Uma prova é o alto índice de abstenção a cada eleição na França.
"O restante dos partidos são os extremistas. E, quando eles passam para o segundo turno, os eleitores voltam a escolher partidos que não são considerados como radicais. O que queremos é uma verdadeira democracia", ressalta.
Insatisfação é geral
O brasileiro João Cândido Felisberto mora há 20 anos na França. Embora ele não acredite na tomada do poder pelo Movimento 14 de Julho, ele vai participar da manifestação. Para ele, desde que chegou ao país, os franceses nunca estiveram tão insatisfeitos.
"Em todos os lugares, todos os dias, eu percebo isso, seja na padaria, no metrô, no trabalho. Essa é uma reação natural a esse abandono total do cidadão que trabalha, que paga imposto e que não vê seus direitos e interesses sendo priorizados pelos governos", relata.
O Movimento 14 de Julho vem ganhando adesão em toda a França. Embora nem todos os participantes estejam de acordo com ideia da invasão do Eliseu, há unanimidade sobre o sentimento de decepção com os governos e as instituições públicas e a necessidade de demonstrá-lo com em um protesto que promete reunir milhares.