dimanche 27 décembre 2015

Un rapport américain sur le TTIP est "sans appel": "Les Européens n’ont pas grand-chose à gagner"

Source : RTL info
L’eurodéputé PS Marc Tarabella a pu consulter le rapport d’évaluation des gains des projets de TTIP sur la table, émis par le ministère de l’agriculture américain. Selon lui, ses "conclusions sont sans appel : d’une part, le secteur agricole Européen serait le grand perdant de cet échange, d’autre part les européens pourraient même subir des effets négatifs en cas d’accord. De l’aveu même des américains, les Européens n’ont pas grand-chose à y gagner. Au vu de ces résultats, je demande l’arrêt pur et simple des négociations avec les États-Unis. Je ne veux pas voir mener à l’abattoir l’agriculture européenne et dans son sillage la subsistance alimentaire européenne", tempête le député européen, en charge de l’agriculture et de la Protection des consommateurs au Parlement européen, dans un communiqué émis ce mardi.

Il ajoute que "le volet agricole ne peut être la variable d’ajustement des autres chapitres de la négociation TTIP. Ce serait se moquer des agriculteurs et des consommateurs européens."


Les gains financiers pour les USA seraient incroyablement plus grands que pour les Européens

Dans ce communiqué, on apprend que plusieurs scénarii sont envisagés par les Américains. Deux leur sont extrêmement favorables. Il s’agit premièrement de l’abolition des droits de douane, qui rapporterait 5,5 milliards de dollars aux Etats-Unis là où l’Union européenne ne gagnerait que 800 millions. Le second serait cette même abolition à laquelle on ajouterait la suppression des mesures non tarifaires. Là, les USA gagneraient 10 milliards de dollars tandis que l’Union européenne seulement 2 milliards.

Cette disproportion entre les gains potentiels au niveau agriculture de la signature d’un tel accord transatlantique –qualifiée de "déséquilibre astronomique" par Marc Tarabella- aurait de lourdes conséquences pour notre agriculture. En effet, cette nouvelle concurrence ferait plonger les prix pour les producteurs européens, selon le député.

Les Américains qui ont réalisé l’enquête l’avouent eux-mêmes: "les Européens n’ont pas grand-chose à gagner" en signant un tel accord.


Si les citoyens européens préfèrent la qualité, les USA n'auraient rien à y gagner

Ils ont également évalué leurs gains dans d’autres scénarii. Celui qui leur serait le moins profitable ?"Dans le texte, on peut également lire que le scénario qui leur serait néfaste serait celui de citoyens faisant de la qualité et des questions sanitaires une priorité", détaille encore M. Tarabella. Les autorités US expliquent qu’alors les consommateurs se tourneraient vers la production locale. Dans un tel cas, les Américains conviennent que le TTIP n’aurait aucun intérêt. "On imagine volontiers toute la détermination outre Atlantique d’éviter un tel scénario catastrophe pour les entreprises US", estime l’eurodéputé.

"Ce rapport vient conforter une position déjà défendue au Parlement européen : il faut cesser les négociations TTIP avec les États-Unis afin que ne soient sacrifiés ni l’agriculture européenne ni le citoyen européen !", conclut M. Tarabella.

Éolienne en kit, douche infinie, four solaire, les solutions open-source de la POC21

Source Mr Mondialisation

Alors que la 21e conférence des Nations autour des enjeux climatiques débutera à Paris dès le 30 novembre prochain dans des conditions particulières, de nombreuses initiatives écologiques s’organisent en parallèle depuis des mois. Ainsi, le projet POC21 investissait le château de Millemont l’été dernier, transformant le bâtiment historique en laboratoire d’idées altermondialistes… Plusieurs d’entre elles vont retenir notre attention.
« Oui au partage »
POC 21 pour Proof Of Concept. Si ces trois lettres évoquent également la réunion internationale, elles se veulent avant tout gage d’innovation. La devise du rassemblement était de présenter des produits « sexy comme Apple » mais « ouverts comme Wikipédia », c’est à dire, dont les plans et les connaissances liées à leur conception sont en consultation libre. Cet objectif témoigne de l’ancrage dans l’actualité des organisateurs. Ces derniers proviennent de deux organismes distincts «  OuiShare » littéralement  « oui au partage » et « Open State » qui encouragent les actes de transition par le design.
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OuiShare est un laboratoire d’idées parisien fondé en 2012, il est aujourd’hui l’un des acteurs principaux de l’économie collaborative en France. Adepte de l’open source, OuiShare s’appuie sur la libre distribution des données. De son côté, Open State regroupe des designers allemands, forts de plus de dix ans d’expérience.
Du 15 août au 20 septembre, près d’une centaine de designers, d’ingénieurs, et d’autodidactes se sont donc attelés à concevoir les maquettes d’objets hors du commun destinés à modérer nos émissions de déchets en tout genre, et plus largement notre consommation d’énergie. Sur les 200 propositions, 12 nouveautés ont été retenues au terme de 5 semaines de concertation et de fabrication. Leur faible coût, leur accessibilité et leur efficacité en terme de réduction de pollution ont joué dans la balance pour séduire le jury.
De l’éolienne à la douche, il n’y a qu’un pas
Parmi ces utopies réalistes, une éolienne capable de délivrer 1000 Watt sous 60km/heure de vent a notamment été sélectionnée. Tandis que le prix d’un tel outil se chiffre en plusieurs centaines d’euro chez les fournisseurs, une équipe de créateurs britanniques a élaboré un tutoriel enseignant la manière de monter, pour seulement 30euro, cet appareil producteur d’énergie. Le didacticiel est très complet, il compte près de 52 étapes pour que « monsieur tout le monde » soit en mesure de réaliser seul, en toute simplicité, sa propre éolienne. Six heures de travaux, et deux personnes sont nécessaires à la mise en place de l’éolienne. Un investissement léger immédiatement amorti.
serre_poc21
Parmi les autres projets, un hybride mi-bicyclette mi-tracteur s’est également distingué. Parfaitement adapté aux exploitations maraîchères, les outils fixés à l’arrière sont modulables à souhait. De fait, il est adapté à la coupe des herbes, au labourage et la position assise de l’utilisateur épargne son dos. Face aux importants coûts que représentent les machines électriques agricoles, le « bicitractor » apparaît comme une alternative répondant aux attentes des petits exploitants biologiques et de ceux qui expérimentent leur autonomie.
Enfin, on n’oubliera pas de citer la douche « éternelle » de Jason Selvarajan, un ingénieur finlandais de 29 ans. Le jeune homme a présenté son prototype de douche infinie capable de filtrer l’eau en temps réel pour la réinjecter propre dans le système. Son système dont les plans sont en partage libre ne coute que quelques euros et peut être monté soi-même en quelques heures.
Les jeunes français à l’honneur
Quant aux makers français, ils étaient à l’honneur, puisqu’ils sont à l’origine de 3 inventions retenues par le jurys. La première est une cuisine polyvalente. Elle regroupe notamment un vivier à poissons et une culture de végétaux s’associant en symbiose pour former une installation aquaponique d’intérieur (les déjections des poissons constituent l’engrais des légumes et des fruits). La seconde est une serre s’appuyant sur la permaculture et l’aquaponie. Et la dernière est un concentrateur solaire, fournissant, grâce à un système de miroirs, de l’énergie thermique à son utilisateur.
Ce rassemblement sous la bannière de la POC 21 illustre l’intérêt croissant que le monde attache à l’économie collaborative. Un monde du partage dont le succès semble aller de pair avec la lutte contre le dérèglement climatique et de manière générale contre les atteintes à notre environnement. Loin d’être une forme de régression comme ses détracteurs se plaisent à penser, elle est un mode de conception et de consommation novateur complètement adapté à nos besoins de citoyens modernes autant qu’à la mentalité de la jeune génération Y engagée



Un lieu participatif, à la fois épicerie bio et atelier de recyclage, pour « restaurer » le monde de demain

Source : Bastamag
C’est un lieu plein d’utopies concrètes mais difficilement définissable. On y vend très peu cher des produits bio et locaux. On y partage un café ou un repas. On s’active dans des ateliers pour cuisiner d’abondantes quantités de fruits et légumes recyclés, ou réparer un vélo. On y échange des vêtements, on y prête du matériel de bricolage. Autant de services regroupés dans un même lieu, à Nantes, animé par l’association Aujourd’hui, restaurons demain (Adda). Elle fonctionne avec des principes d’autogestion, sans salarié, et en indépendance financière. Un reportage multimédia de Side-Ways.
L’association Aujourd’hui, restaurons demain (Adda), c’est une épicerie où l’on trouve des produits bio et locaux à des tarifs raisonnables, et aussi de la nourriture gratuite récupérée au MIN, le Rungis nantais. C’est un lieu où l’on peut boire un café, donner ou prendre des objets, partager un repas, participer à des ateliers de cuisine ou de réparation de vélo.
L’Adda, c’est un local de quartier où l’on peut emprunter du matériel de bricolage, des machines à coudre, où l’on peut s’échanger, donner et prendre des vêtements, proposer des activités, se renseigner sur des thématiques environnementales. L’Adda, c’est un local de quartier où chacun peut prendre ses marques et, en fonction de ses envies, agencer, changer, adapter, proposer, créer sur tous les sujets.
L’Adda, ce sont des gens qui vous font confiance. Qui ne vérifient pas que vous avez payé exactement ce que vous avez acheté. Qui vous laissent gérer tout ce que vous souhaitez. Qui vous encouragent dans vos projets et vous aident à les réaliser. L’Adda, c’est un lieu créé par les habitants, pour les habitants, qui fonctionne sans salarié et sans participation obligatoire, et qui est indépendant financièrement.

Au début des années 2000, Xavier prend conscience des problèmes de ressources puis se renseigne sur tout ce qui y est lié : pic de pétrole, contrainte carbone, changement climatique, etc. Il en parle autour de lui, à sa famille, ses amis. Avec Claire, sa compagne, ils ressentent le besoin d’agir concrètement pour aider à la prise de conscience environnementale et aux changements de pratiques. Ils réunissent leurs amis et créent l’Adda : Association pour le développement durable par l’alimentation [1]
« Ce n’était pas l’idée de faire du prosélytisme, c’était de mutualiser nos énergies, nos savoir-faire, nos connaissances pour aller dans une autre direction avec ceux qui le souhaitent »
Depuis, l’Adda a beaucoup évolué : elle est devenue une association de quartier bien implantée avec près de 300 membres. De nombreux projets y sont nés, certains ont avorté, d’autres ont grandi, mûri. Aujourd’hui, l’Adda existe, elle a fait ses preuves. Elle a prouvé qu’il était possible d’avoir un lieu qui fait toutes ces choses, si simples quand on y pense, mais si rares dans la réalité. Cela ne s’est pas fait sans heurts, sans conflits, sans doutes, c’est une aventure humaine avec tout l’humain que cela comporte.
Pour voir la suite du reportage (photos, interviews, vidéos).

Reportage réalisé par le site SideWays, web-série documentaire présentant des initiatives solidaires, positives et originales, qui sont « des idées pionnières ou bien des remèdes au système actuel, dans lequel de moins en moins de personnes se retrouvent », expliquent les initiateurs du projet, Hélène Legay et Benoit Cassegrain de l’association Contre-courant. Chaque épisode se décline sous un même format : une vidéo de 5 min, un article multimédia et un espace de discussion avec les protagonistes et les auteurs.
Pour en savoir plus : le site de SideWays.

Giorgio Agamben : « De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité »

Source : Le Monde


Pour le philosophe italien Giorgio Agamben, l’état d’urgence n’est pas un bouclier qui protège la démocratie. Il a, au contraire, selon lui, toujours accompagné les dictatures.

On ne comprend pas l’enjeu véritable de la prolongation de l’état d’urgence [jusqu’à la fin février] en France, si on ne le situe pas dans le contexte d’une transformation radicale du modèle étatique qui nous est familier. Il faut avant tout démentir le propos des femmes et hommes politiques irresponsables, selon lesquels l’état d’urgence serait un bouclier pour la démocratie.
Les historiens savent parfaitement que c’est le contraire qui est vrai. L’état d’urgence est justement le dispositif par lequel les pouvoirs totalitaires se sont installés en Europe. Ainsi, dans les années qui ont précédé la prise du pouvoir par Hitler, les gouvernements sociaux-démocrates de Weimar avaient eu si souvent recours à l’état d’urgence (état d’exception, comme on le nomme en allemand), qu’on a pu dire que l’Allemagne avait déjà cessé, avant 1933, d’être une démocratie parlementaire.
Or le premier acte d’Hitler, après sa nomination, a été de proclamer un état d’urgence, qui n’a jamais été révoqué. Lorsqu’on s’étonne des crimes qui ont pu être commis impunément en Allemagne par les nazis, on oublie que ces actes étaient parfaitement légaux, car le pays était soumis à l’état d’exception et que les libertés individuelles étaient suspendues.
On ne voit pas pourquoi un pareil scénario ne pourrait pas se répéter en France  : on imagine sans difficulté un gouvernement d’extrême droite se servir à ses fins d’un état d’urgence auquel les gouvernements socialistes ont désormais habitué les citoyens. Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques.

Entretenir la peur

Cela est d’autant plus vrai que l’état d’urgence s’inscrit, aujourd’hui, dans le processus qui est en train de faire évoluer les démocraties occidentales vers quelque chose qu’il faut, d’ores et déjà, appeler Etat de sécurité (« Security State », comme disent les politologues américains). Le mot « sécurité » est tellement entré dans le discours politique que l’on peut dire, sans crainte de se tromper, que les « raisons de sécurité » ont pris la place de ce qu’on appelait, autrefois, la « raison d’Etat ». Une analyse de cette nouvelle forme de gouvernement fait, cependant, défaut. Comme l’Etat de sécurité ne relève ni de l’Etat de droit ni de ce que Michel Foucault appelait les « sociétés de discipline », il convient de poser ici quelques jalons en vue d’une possible définition.
Dans le modèle du Britannique Thomas Hobbes, qui a si profondément influencé notre philosophie politique, le contrat qui transfère les pouvoirs au souverain présuppose la peur réciproque et la guerre de tous contre tous : l’Etat est ce qui vient justement mettre fin à la peur. Dans l’Etat de sécurité, ce schéma se renverse : l’Etat se fonde durablement sur la peur et doit, à tout prix, l’entretenir, car il tire d’elle sa fonction essentielle et sa légitimité.
Foucault avait déjà montré que, lorsque le mot « sécurité » apparaît pour la première fois en France dans le discours politique avec les gouvernements physiocrates avant la Révolution, il ne s’agissait pas de prévenir les catastrophes et les famines, mais de les laisser advenirpour pouvoir ensuite les gouverner et les orienter dans une direction qu’on estimait profitable.

Aucun sens juridique

De même, la sécurité dont il est question aujourd’hui ne vise pas à prévenir les actes de terrorisme (ce qui est d’ailleurs extrêmement difficile, sinon impossible, puisque les mesures de sécurité ne sont efficaces qu’après coup, et que le terrorisme est, par définition, une série des premiers coups), mais à établir une nouvelle relation avec les hommes, qui est celle d’un contrôle généralisé et sans limites – d’où l’insistance particulière sur les dispositifs qui permettent le contrôle total des données informatiques et communicationnelles des citoyens, y compris le prélèvement intégral du contenu des ordinateurs.
Le risque, le premier que nous relevons, est la dérive vers la création d’une relation systémique entre terrorisme et Etat de sécurité : si l’Etat a besoin de la peur pour se légitimer, il faut alors, à la limite, produire la terreur ou, au moins, ne pas empêcher qu’elle se produise. On voit ainsi les pays poursuivre une politique étrangère qui alimente le terrorisme qu’on doit combattre à l’intérieur et entretenir des relations cordiales et même vendre des armes à des Etats dont on sait qu’ils financent les organisations terroristes.
Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques
Un deuxième point, qu’il est important de saisir, est le changement du statut politique des citoyens et du peuple, qui était censé être le titulaire de la souveraineté. Dans l’Etat de sécurité, on voit se produire une tendance irrépressible vers ce qu’il faut bien appeler une dépolitisation progressive des citoyens, dont la participation à la vie politique se réduit aux sondages électoraux. Cette tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle avait été théorisée par les juristes nazis, qui définissent le peuple comme un élément essentiellement impolitique, dont l’Etat doit assurer la protection et la croissance.
Or, selon ces juristes, il y a une seule façon de rendre politique cet élément impolitique : par l’égalité de souche et de race, qui va le distinguer de l’étranger et de l’ennemi. Il ne s’agit pas ici de confondre l’Etat nazi et l’Etat de sécurité contemporain : ce qu’il faut comprendre, c’est que, si on dépolitise les citoyens, ils ne peuvent sortir de leur passivité que si on les mobilise par la peur contre un ennemi étranger qui ne leur soit pas seulement extérieur (c’étaient les juifs en Allemagne, ce sont les musulmans en France aujourd’hui).

Incertitude et terreur

C’est dans ce cadre qu’il faut considérer le sinistre projet de déchéance de la nationalité pour les citoyens binationaux, qui rappelle la loi fasciste de 1926 sur la dénationalisation des « citoyens indignes de la citoyenneté italienne » et les lois nazies sur la dénationalisation des juifs.
Un troisième point, dont il ne faut pas sous-évaluer l’importance, est la transformation radicale des critères qui établissent la vérité et la certitude dans la sphère publique. Ce qui frappe avant tout un observateur attentif dans les comptes rendus des crimes terroristes, c’est le renoncement intégral à l’établissement de la certitude judiciaire.
Alors qu’il est entendu dans un Etat de droit qu’un crime ne peut être certifié que par une enquête judiciaire, sous le paradigme sécuritaire, on doit se contenter de ce qu’en disent la police et les médias qui en dépendent – c’est-à-dire deux instances qui ont toujours été considérées comme peu fiables. D’où le vague incroyable et les contradictions patentes dans les reconstructions hâtives des événements, qui éludent sciemment toute possibilité de vérification et de falsification et qui ressemblent davantage à des commérages qu’à des enquêtes. Cela signifie que l’Etat de sécurité a intérêt à ce que les citoyens – dont il doit assurer la protection – restent dans l’incertitude sur ce qui les menace, car l’incertitude et la terreur vont de pair.
C’est la même incertitude que l’on retrouve dans le texte de la loi du 20 novembre sur l’état d’urgence, qui se réfère à « toute personne à l’égard de laquelle il existe de sérieuses raisons de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et la sécurité ». Il est tout à fait évident que la formule « sérieuses raisons de penser » n’a aucun sens juridique et, en tant qu’elle renvoie à l’arbitraire de celui qui « pense », peut s’appliquer à tout moment à n’importe qui. Or, dans l’Etat de sécurité, ces formules indéterminées, qui ont toujours été considérées par les juristes comme contraires au principe de la certitude du droit, deviennent la norme.


Dépolitisation des citoyens

La même imprécision et les mêmes équivoques reviennent dans les déclarations des femmes et hommes politiques, selon lesquelles la France serait en guerre contre le terrorisme. Une guerre contre le terrorisme est une contradiction dans les termes, car l’état de guerre se définit précisément par la possibilité d’identifier de façon certaine l’ennemi qu’on doit combattre. Dans la perspective sécuritaire, l’ennemi doit – au contraire – rester dans le vague, pour que n’importe qui – à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur – puisse être identifié en tant que tel.
Maintien d’un état de peur généralisé, dépolitisation des citoyens, renoncement à toute certitude du droit : voilà trois caractères de l’Etat de sécurité, qui ont de quoi troubler les esprits. Car cela signifie, d’une part, que l’Etat de sécurité dans lequel nous sommes en train deglisser fait le contraire de ce qu’il promet, puisque – si sécurité veut dire absence de souci (sine cura) – il entretient, en revanche, la peur et la terreur. L’Etat de sécurité est, d’autre part, un Etat policier, car, par l’éclipse du pouvoir judiciaire, il généralise la marge discrétionnaire de la police qui, dans un état d’urgence devenu normal, agit de plus en plus en souverain.
Par la dépolitisation progressive du citoyen, devenu en quelque sorte un terroriste en puissance, l’Etat de sécurité sort enfin du domaine connu de la politique, pour se diriger vers une zone incertaine, où le public et le privé se confondent, et dont on a du mal à définir les frontières.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/23/de-l-etat-de-droit-a-l-etat-de-securite_4836816_3232.html#7TJbFtukYbaovAwM.99

« Un métier n’est pas là pour vous emprisonner mais pour vous rendre libre »

Source : Bastamag
Daniel Testard est un boulanger atypique. Il ne travaille que deux jours par semaine pour pouvoir s’occuper de son jardin, pratiquer le chant et la musique, écrire et s’exercer à la méditation. Il ne vend pas lui-même son pain : il fait confiance à ses clients qui paient directement leurs achats, dans une corbeille. Il récupère l’eau de pluie, qu’il filtre et incorpore aux farines de blé anciens, biologiques, qu’il se procure illégalement. « J’ai toujours résisté à l’idée que soit on augmente son chiffre d’affaires, soit on disparaît. » Une pratique construite depuis 30 ans, à Quily, dans le Morbihan, qui vise à bâtir une vie harmonieuse où le travail n’aliène pas mais rend libre.
Un petit livret à la couverture orange, une impression ancienne, un objet que l’on a envie de garder précieusement. Il l’a écrit il y a quelques années, après avoir réinventé son métier. Parce que la formule vaut le coup d’être dupliquée, il voulait la partager... Avec son idée, il est possible de retrouver des commerces dans les villages, de la vie dans les campagnes. Des artisans qui sont heureux et qui ne manquent de rien.
À la base, il y a beaucoup d’envies : être proche de sa famille, produire sa nourriture, avoir du temps pour soi, écrire, avoir deux mois de congé l’été pour partir. La solution, il l’a inventée à partir de ces idées-là. Et au final, cela correspondait bien à son métier passion, à son métier d’origine, la boulange. Deux jours de pain dans la semaine, parce qu’il aime faire naître la vie dans la pâte, il aime son monastère panaire, ermite dans la nuit à converser avec les étoiles. Il participe ainsi à la vie du pays dans lequel il vit, 700 pains pour nourrir 150 familles, peut-être 300 à 500 consommateurs.
Et comme il ne pouvait pas vendre son pain en même temps qu’il le faisait, Daniel a choisi de ne pas le vendre lui-même. Il a ouvert son fournil à ses clients, qui viennent chercher leur pain quand ils le souhaitent et qui payent directement dans la caisse. « L’avantage du système, c’est que personne n’est prisonnier de l’autre. Les gens peuvent venir quand ils veulent, même la nuit, même le lendemain, et moi, je peux être là ou pas là. » Comme il faut autant de temps pour vendre son pain qu’il n’en faut pour le fabriquer, il gagne ainsi deux jours par semaine de liberté.
Et cela dure depuis 30 ans...
Pour voir la suite du reportage (photos, sons, vidéos).

Reportage réalisé par le site SideWays, web-série documentaire présentant des initiatives solidaires, positives et originales, qui sont « des idées pionnières ou bien des remèdes au système actuel, dans lequel de moins en moins de personnes se retrouvent », expliquent les initiateurs du projet, Hélène Legay et Benoit Cassegrain de l’association Contre-courant. Chaque épisode se décline sous un même format : une vidéo de 5 min, un article multimédia et un espace de discussion avec les protagonistes et les auteurs.
Pour en savoir plus : le site de SideWays.

Dans le monde, les défenseurs de la terre sont persécutés

Source : Reporterre

Le harcèlement et les persécutions à l’encontre des défenseurs des droits à la terre sont de plus en plus plus féroces. C’est ce que met en lumière un rapport alarmant de l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme, rendu public il y a quelques jours,

Il y a quelques jours, en Equateur, dans la province de Zamora, le corps du dirigeant autochtone Shuar José Tendetza, fervent opposant au projet Mirador, la première mine à ciel ouvert du pays, a été retrouvé inanimé. Au Pérou, quatre leaders indigènes péruviens ont été assassinés en septembre dernier pour s’être opposés à la déforestation de l’Amazonie. Et ces cas sont loin d’être isolés.
43 défenseurs de la terre assassinés
En Afrique du Sud, plusieurs membres du mouvement Abahlali base Mjondolo, dont la présidente, Thuli Ndlovu, ont été tués ces deux dernières années pour avoir dénoncé les irrégularités d’un projet immobilier mené par la municipalité de KwaNdengezi, une zone rurale dans l’est du pays.
Au Honduras, dans la région de Bajo Aguan, les organisations paysannes, aux prises depuis plus de quinze ans avec l’agro-industrie n’ont cessé de faire l’objet de menaces, d’agressions et d’exécutions extrajudiciaires.
En Thaïlande, en avril 2014, Billy Rakchongcharoen, leader de la communauté autochtone Karen dans un village près du parc national de Kaeng Krachan a disparu après avoir été détenu par les autorités du parc, alors qu’il devait se réunir avec des villageois luttant contre les expulsions forcées des terres ancestrales au nom de la « conservation ».

- Manifestation en soutien à Juan Carlos Flores et d’autres défenseurs des droits à la terre au Mexique -
Au total, ce sont plus de 43 défenseurs des droits à la terre qui ont été assassinés entre 2011 et 2014, et 123 harcelés juridiquement et parfois détenus arbitrairement, sans compter les personnes qui se sont vues intimidées, injuriées, menacées, attaquées physiquement ou surveillées.
Ces chiffres sont ceux portés à la connaissance de l’Observatoire, et de fait ne reflètent qu’une infime partie de la réalité des exactions subies par ceux qui osent élever la voix contre les avatars d’un néolibéralisme débridé, soutenu de concert par les intérêts étatiques et privés. Si ce phénomène est actuellement répandu sur les cinq continents, l’Asie et l’Amérique latine semblent les plus touchés.
95 % des exactions impunies
Membres de communautés autochtones et rurales, paysans, éleveurs, leaders syndicaux, journalistes, avocats, ONG, tous sont qualifiés de « défenseurs des droits à la terre » au regard du droit international des droits de l’homme - et donc tombent sous sa protection - dès lors qu’ils se mobilisent de manière pacifique pour la défense de la terre et des ressources naturelles, ainsi que pour les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels qui y sont corrélés.
Aux menaces et persécutions, perpétrées le plus souvent par police et forces armées, agents de sécurité privée des entreprises, et hommes de main contractés « pour l’occasion », s’ajoutent des accusations abusives. Il n’est pas rare que, pour avoir organisé la protestation, les défenseurs des droits à la terre soient traités de « terroristes », ou arrêtés et condamnés pour « troubles à l’ordre public », « propagande mensongère » ou « atteinte à la sécurité de l’Etat ».
L’Observatoire a relevé que plus de 95 % des exactions commises à l’encontre des défenseurs restent impunies. En cause, le manque d’indépendance, d’expertise et de moyens des organes judiciaires nationaux, mais aussi la forte collusion entre acteurs publics et privés qui imprègne de nombreuses transactions foncières.
Un contexte de pression foncière accrue
À partir d’une enquête extensive et minutieuse, le rapport montre comment ce phénomène de criminalisation et harcèlement systématique s’inscrit en conséquence directe de l’intensification de la pression foncière à l’échelle globale.
Depuis 2007, la pression relative à l’acquisition des terres en vue de la réalisation d’activités spéculatives ou économiques s’est fortement accrue. Les transactions foncières à grande échelle se sont multipliées, entraînant l’expropriation, l’expulsion et le déplacement forcé de milliers de personnes. À cela s’ajoutent la pollution des sols et des eaux, la restriction de l’accès aux ressources naturelles, et la mise en danger des moyens de subsistance, de la culture, ou de la santé.

- Forêt primaire de Prey Lang détruite par les concessions foncières et l’exploitation illégale, Cambodge -
Cette « ruée sur les terres » s’explique en grande partie par les stratégies étatiques et privées actuelles, visant à acquérir des terres arables dans un contexte de croissance démographique et d’augmentation de la consommation combiné à l’érosion et l’appauvrissement de certains sols. Entre 45 et 65 millions d’hectares seraient concernés par ce phénomène aujourd’hui.
Les projets de l’industrie agro-alimentaire dont la demande accrue est liée à la flambée des prix des denrées alimentaires, elle-même liée en partie à l’intérêt croissant pour les biocarburants, englobent les deux-tiers des grandes transactions foncières.
Le reste de la demande mondiale de terres concerne principalement l’activité des industries extractives minières, pétrolières et forestières, la constitution d’aires protégées à des fins de conservation, la construction d’infrastructures et la mise en œuvre de projets touristiques et urbanistiques. Sans perdre de vue que certaines transactions sont exclusivement menées à des fins spéculatives.
L’urgence d’agir
Lorsque les recours et moyens de protection nationaux sont inopérants, les activistes peuvent se tourner vers différents mécanismes régionaux et internationaux qui leur assurent, de manière toutefois limitée, prévention, protection et réparation pour les violations subies. Malgré cela, la route est encore longue pour parvenir au plein respect de leurs droits, de leur intégrité et de la reconnaissance de la légitimité de leurs combats.
Par un coup de projecteur sur un phénomène d’ampleur mondiale, le rapport cherche à mettre les entreprises nationales et multinationales, les Etats, les organisations intergouvernementales, et les bailleurs devant leurs responsabilités. L’Observatoire souligne en outre l’urgence de codifier un droit à la terre dans le droit international des droits humains qui en est pour l’heure actuelle absent (à l’exception des droits territoriaux des peuples autochtones).
Il appelle également au renforcement et l’application effective des obligations extraterritoriales des pays d’origine des investissements, et réaffirme le besoin d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant relatif aux entreprises et droits humains.

- Máxima Acuña de Chaupe et la Lagune Bleue, Pérou -
« Nous n’avons pas peur ! »
« Nous n’avons pas peur » affirment la plupart des défenseurs interrogés, malgré les menaces de mort et la violence quotidienne qui pèsent sur eux. C’est par ce cri commun, et le poing levé, qu’il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire d’échanger sur les meilleures pratiques et stratégies, à la fois locales, nationales et internationales.
Afin de se dresser et stopper les acquisitions de terre illimitées et néfastes, et plus largement remettre en cause le paradigme développementaliste actuel et destructeur. Afin de faire taire les pelleteuses qui foulent la terre et arrachent aux personnes et communautés concernées vie, âme et droits, sans consultation ni consentement.
Afin de faire cesser les violences et la criminalisation de ceux qui se battent quotidiennement pour la protection de la terre, des ressources naturelles, de l’environnement et des droits attenants au nom de tous.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (OBS) a été créé par laFIDH en 1997, en partenariat avec l’OMCT.

Source et photos : Isabelle Kawka pour Reporterre
Isabelle Kawka a participé à la rédaction du rapport. Intéressée par la notion de « buen vivir », elle a travaillé en Amérique latine sur les conflits entre entreprises et peuples autochtones.
Crédits photos :
. Chapô : Villageois birmans manifestant contre le projet d’exploitation d’une mine de cuivre (CréditREUTERS/Soe Zeya Tun)
. Mexique Manifestation : Crédit Agence EsImagen
. Cambodge : Crédit ADHOC
. Pérou : Crédit Alexander Luna/ Proyecto Guardianes

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