mercredi 29 juillet 2015

OPÉRATION CORREA - Partie 1 "Les ânes ont soif"


Grèce : Alexis Tsipras prêt à de nouvelles élections

Dans une très longue interview de plus de deux heures, mercredi 29 juillet, à la radio Kokkino, très proche du parti de la gauche radicale Syriza, le premier ministre Alexis Tsipras est longuement revenu sur les divisions qui déchirent aujourd’hui son parti. « Je suis le dernier à vouloir des élections, a-t-il notamment déclaré, mais si je n’ai plus de majorité parlementaire alors je n’aurai pas d’autre choix que de convoquer ces élections. »
Le premier ministre grec fait en effet face à une fronde grandissante au sein de son propre parti, dont une frange lui reproche d’avoir signé le 13 juillet dernier un accord amenant en Grèce de nouvelles mesures d’austérité, alors que l’ensemble de la campagne de Syriza s’était concentrée sur la lutte contre l’austérité. Lors des votes de premiers trains de mesures les 15 et 22 juillet, près d’une quarantaine de députés s’étaient désolidarisés du gouvernement, faisant tomber la majorité parlementaire en dessous des 151 voix requises pour faire adopter un texte. Ces mesures n’étaient finalement passées qu’avec les voix de l’opposition.

Deux camps, un congrès exceptionnel

Depuis, la fronde s’organise et Syriza est véritablement divisé aujourd’hui en deux camps. Le grand test sera l’adoption dans les prochaines semaines du nouveau plan de plus de 80 milliards d’euros de prêt sur trois ans, actuellement en cours de négociation, et qui devrait être présenté au parlement d’ici au 20 août.
Si moins de 120 députés du groupe parlementaire Syriza soutiennent ce texte, alors Alexis Tsipras n’aura en effet pas d’autre choix que de recourir à des élections, car il deviendra intenable de ne faire adopter des lois qu’avec le soutien de l’opposition. Une clarification sera nécessaire.
Il a confirmé lors de son interview de mercredi matin qu’il souhaiterait que se réunisse avant cela, peut-être début septembre, « un congrès exceptionnel pour demander aux 30 000 membres de Syriza de se prononcer sur la ligne que devra suivre le parti ». Pour décider aussi des candidats qui seront inscrits sur les listes électorales.
Selon ce scénario, le calendrier idéal de M. Tsipras serait donc : conclusion de l’accord, adoption au parlement puis congrès Syriza avant des élections fin septembre ou début octobre.

Bousculer les équilibres internes

Mais les dissidents de Syriza exigent, eux, que les choses aillent plus vite, faisant pression sur le gouvernement et le parti pour que les organes internes se réunissent avant la conclusion de l’accord avec les créanciers. Ils espèrent ainsi bousculer les équilibres internes et renverser la « ligne présidentielle », menée par Alexis Tsipras, qui reste à ce jour la ligne majoritaire au sein de Syriza.
Derrière cette bataille, deux conceptions s’opposent : d’un coté, celle de M. Tsipras, qui vise à continuer à négocier avec les créanciers, pour avant tout rester dans la zone euro, et de l’autre, la vision défendue notamment, et de plus en plus fort, par Panayiotis Lafazanis, le chef du courant dissident de la plateforme de gauche, appelant, lui, à la rupture et à la sortie de la zone euro. « Le peuple grec ne nous a jamais demandé de sortir le pays de la zone euro, a précisé M. Tsipras, sur Kokkino. L’heure est arrivée pour la gauche de se montrer responsable. Quand un parti prend la décision de gouverner, il doit gouverner et pouvoir compter sur sa majorité parlementaire. »
La première bataille de cette guerre des tranchées aura lieu jeudi 30 juillet. Le comité central doit se réunir et répondre à une question : les consultations internes au parti auront-elles lieu avant ou après la conclusion de l’accord ?
Sans surprise, l’opposition comme les créanciers aimeraient que cela se produise après. Une fois le nouveau plan adopté au parlement.
En cas d’élection, selon tous les sondages de ces dernières semaines, Syriza arriverait toujours en tête, avec même la possibilité de dégager une majorité absolue de 151 députés (sur les 300 sièges que compte le parlement). Ce qu’il n’avait pas réussi à faire le 25 janvier dernier.

L'impact de la crise en Grèce expliqué en patates par lemondefr

Plus d’un million d’emplois « écolos » sont possibles d’ici 2030

Source : Reporterre

Les chiffres du chômage vont être publiés lundi 27 juillet : pas brillant. Et cela continuera tant que les décideurs négligeront l’écologie. Car c’est dans la politique économique écologique que l’on peut créer entre un million et un million et demi d’emplois, comme le montrent des études de plus en plus nombreuses et solides.

On commence à disposer d’un large éventail de bons scénarios sur les perspectives de créations d’emplois dans les activités et métiers directement ou indirectement liés à la transition écologique. L’exercice reste difficile car le périmètre de ces activités est forcément flou, certaines étant clairement « vertes » pendant que d’autres ne le sont qu’en partie ou indirectement. Il faut donc des conventions, qui ont commencé à se mettre en place internationalement et nationalement, en commençant par les « emplois verts ».
Pour ces derniers, une bonne référence mondiale est l’OIT (Organisation internationale du travail) dont le premier rapport Emplois verts : pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone, rédigé avec le PNUE, date de 2008. En 2012, l’OIT publiait un rapport Vers le développement durable : travail décent et intégration sociale dans une économie verte estimant que « la transition vers l’économie verte pourrait générer jusqu’à 60 millions d’emplois » dans le monde. Les travaux de l’OIT ont le grand avantage de mettre l’accent à la fois sur la finalité écologique des emplois et sur l’exigence de travail décent.
On distingue d’abord 1) les emplois de « l’économie verte » dans les secteurs et branches spécifiquement dédiés à l’environnement, encore appelés « éco-activités » (exemples principaux : gestion des eaux usées, déchets, énergies renouvelables), et 2) des emplois ou métiers qui ne font pas partie de ces « secteurs verts » mais correspondent en totalité ou en partie à des fonctions à finalités environnementales exercées dans des secteurs non verts. C’est la dualité des approches par secteurs et par métiers.

Métiers "verts" et "potentiellement verdissants"

On distingue ensuite, dans l’approche par métiers, les métiers typiquement verts et les métiers « potentiellement verdissants », qui sont beaucoup plus nombreux. On en trouve par exemple dans l’agriculture, l’entretien des espaces verts, le tourisme, l’industrie, le bâtiment et en fait presque tous les secteurs. Cette dénomination curieuse reflète l’embarras des producteurs de chiffres mais correspond à une difficulté réelle. Une référence en France est ici l’étude de 2014 de l’Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte (ONEMEV) Le marché de l’emploi de l’économie verte, dont voici une citation :
« Un métier verdissant est un métier dont la finalité n’est pas environnementale mais qui intègre de nouvelles “briques de compétences” pour prendre en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier. » Par exemple les architectes ou les métiers de l’isolation thermique dans le secteur du bâtiment.

Quoi qu’il en soit, pour se faire une idée du potentiel de création nette d’emplois dans la transition écologique, il vaut mieux raisonner dans un premier temps par branches, en distinguant celles qui seront à l’origine de créations et celles dont l’emploi aura tendance à régresser à terme si l’on veut prendre soin du climat et des écosystèmes et réduire fortement des pollutions de toute sorte. Le premier bon exemple de cette démarche est issu du scénario NégaWatt (voir mes quatre billets) complété par une étude sur l’emploi que l’on doit à l’économiste Philippe Quirion.

Scénario Négawatt/Quirion : + 600 000 à 870 000 emplois dans l’énergie

La dernière version date de 2013 et, point essentiel, elle ne porte que sur la transition énergétique (et climatique), qui est certes le plus gros morceau de la transition écologique mais pas le seul. Autre point essentiel, les prévisions de créations et de suppressions d’emplois sont effectuées non pas dans l’absolu (par rapport à la situation actuelle par exemple) mais par rapport à un « scénario tendanciel » (en gros : sans renforcement des politiques de transition). Et bien entendu ce scénario tient compte aussi bien des secteurs créateurs d’emploi que des autres.
Voici le tableau de synthèse obtenu en 2013 dans une hypothèse assez basse. En effet, l’étude précise que « selon les hypothèses, les créations d’emplois nettes vont de 220 000 à 330 000 en 2020 et de 570 000 à 820 000 en 2030 par rapport au scénario tendanciel », chiffres en ETP (équivalents temps plein). En nombre réel d’emplois, cela ferait entre 605 000 et 870 000. Un chiffre intermédiaire pour 2030 serait donc proche de 700 000 en ETP, ou 750 000 en nombre réel. C’est selon moi un chiffre très prudent (voir ce billet où j’explique pourquoi le gain en emplois semble sous-estimé).

Economie circulaire : 200 000 à 400 000 emplois ajoutés

L’Institut de l’économie circulaire vient de publier une étude sérieuse : Quel potentiel d’emploi dans une économie circulaire ? En voici deux extraits :
« Notre étude estime que l’économie circulaire, telle que définie par les sept piliers développés par l’ADEME, emploie déjà près de 600 000 personnes en France. L’extrapolation à la France d’une étude commandée par la Commission Européenne en 2012 indique qu’une réduction substantielle de notre consommation en ressources naturelles permettrait d’en créer entre 200 000 et 400 000 supplémentaires. Nous tentons de préciser ce potentiel en répertoriant l’ensemble des travaux qui ont été menés sur la relation entre créations d’emplois et économie circulaire. Les études les plus poussées proviennent du Royaume-Uni, où il est estimé que plus de 500 000 emplois pourraient être créés à l’échelle nationale. »
« L’ADEME a identifié les sept composantes opérationnelles sur lesquelles il est possible d’agir afin de favoriser la transition :
- l’approvisionnement durable ;
- l’écoconception ;
- l’écologie industrielle et territoriale ;
- l’économie de fonctionnalité ;
- la consommation responsable ;
- l’allongement de la durée de vie (réparation, réemploi et réutilisation) ;
- le recyclage et la valorisation des déchets. »

Question : n’y a-t-il pas de double emploi entre cette étude sur l’économie circulaire et le scénario NégaWatt ? Réponse, oui en principe (car l’économie circulaire, incluant ici l’économie de fonctionnalité, si elle vise d’abord à économiser de la matière, concerne aussi pour une part des économies d’énergie), mais en fait pratiquement pas sur le plan des emplois concernés.
Les gros bataillons de l’emploi de l’économie circulaire sont en effet dans cette étude le recyclage, l’allongement de la durée de vie des produits et la réparation, la réutilisation et le gros poste de l’approvisionnement durable, autant d’activités qui ne sont pas comptabilisées dans le scénario NégaWatt. On ne commet donc pas d’erreur significative en ajoutant les perspectives de création d’emplois de ces deux scénarios, ce qui nous mène déjà à une fourchette comprise entre 800 000 et 1,27 million d’emplois d’ici 2030.

Agriculture, sylviculture et pêche : + 200 000 à 250 000

Reste à tenir compte de la réorientation écologique de l’agriculture (son verdissement) et de son potentiel de création d’emplois, en y ajoutant les activités de la pêche et des forêts (le secteur primaire). En étant très restrictif, on ne comptera comme emplois vraiment verts dans l’agriculture que ceux de l’agriculture bio ou agro-écologie. Je me contenterai d’un chiffre issu de rares sources (concordantes mais malgré tout pas très fiables), chiffre selon lequel il faudrait 30 à 40 % d’emplois en plus, à production identique en quantités, lorsqu’on passe de l’agriculture traditionnelle actuelle à une agriculture bio (moderne, mais ni chimique ni industrielle).

Sur cette base, j’estime - en attendant de disposer d’études sérieuses qui pour l’instant font défaut mais qui sont annoncées pour cette année - que le potentiel de création d’emplois d’ici 2030 en cas de vraie politique de transition/relocalisation est de + 100 000 à 150 000, nettement plus si l’on raisonne (comme le fait NégaWatt) par rapport au scénario tendanciel, lequel continuerait à détruire des emplois agricoles. Le secteur primaire a perdu environ 100 000 emplois entre 2004 et 2014. On peut penser qu’il en perdrait autant dans les quinze ans qui viennent, de sorte qu’en comparaison le scénario le plus écolo serait à + 200 000 à 250 000.
Au total, les emplois verts tels que définis ici pourraient ajouter entre 1 et 1,5 million d’emplois en quinze ans. En moyenne 1,25 million, soit 4,6 % des 27,3 millions d’emplois de l’économie française en 2014.

Confirmation : les scénarios basques

L’ordre de grandeur de 4,5 % à 5 % d’emplois verts ajoutés correspond très exactement à ce qui a été obtenu sous l’égide de l’association basque Bizi ! (voir ce billet) si on ne retient parmi les 10 000 emplois anticipés d’ici 2030 pour le « pays basque nord » (en France) que les emplois verts au sens précédent, soit 6 800 emplois sur un territoire qui en compte environ 140 000 : cela fait 4,85 %. Un scénario semblable existe pour le pays basque sud (en Espagne) et je sais qu’un livre doit prochainement en rendre compte, mais il y a fort à parier qu’on aura un ordre de grandeur semblable.

Précisions

Il ne s’agit dans ce qui précède que d’emplois « écolos » dans les principaux secteurs et branches considérés comme directement affectés. J’avais dans une série de billets antérieurs (« On peut créer des millions d’emplois utiles dans une perspective durable ») nettement élargi la perspective de la création d’emplois futurs dans d’autres domaines, dont celui des besoins criants de services destinés aux personnes âgées, à la petite enfance, dans certains services publics, etc.
J’avais aussi envisagé des mesures d’urgence ciblées : chômeurs de longue durée, droit de préemption et reprise des entreprises en coopératives, emplois aidés… J’avais également intégré alors le potentiel de la RTT. Il faut donc voir le présent billet comme une actualisation d’un seul des volets d’une stratégie collective favorable à l’emploi utile au service de besoins soutenables.

Lire aussi : Fête des travailleurs : une politique écologique peut créer un million d’emplois !
Source : Alternatives économiques
Photos :
. Dessin : © Red ! pour Reporterre
. Panneaux solaires : Flickr (CC BY-ND 2.0/N A I T)
. Pommes de terre : Pixabay (CC)
. Job : Institut économie circulaire

mercredi 22 juillet 2015

« Populisme », itinéraire d’un mot voyageur

Source : Le Monde Diplomatique

Une même étiquette pour tous les opposants aux politiques de Bruxelles

Les élections européennes de mai dernier ont vu la montée en puissance de partis hostiles aux politiques menées au sein de l’Union. Au-delà de cette opposition, rien ne rapproche ces formations : les unes actualisent l’idéologie nationaliste et conservatrice de l’extrême droite, tandis que les autres se revendiquent de la gauche radicale. Une distinction que les commentateurs négligent. Comment une telle confusion a-t-elle pu s’imposer ?
A l’avant-veille du scrutin européen du 25 mai dernier, lors de son dernier meeting de campagne, à Villeurbanne, le premier ministre Manuel Valls lançait solennellement un appel à l’« insurrection démocratique contre les populismes ». « Populisme » : qui n’a pas entendu cent fois dans la bouche des sondeurs, des journalistes ou des sociologues ce mot où l’on enferme pêle-mêle les opposants — de droite ou de gauche, votants ou abstentionnistes — aux politiques mises en œuvre par les institutions européennes ?
L’inconsistance du substantif tient pour partie à la diversité de ses usages. Dans le monde politique, l’histoire du label révèle l’étendue du spectre qu’il recouvre : de la vision enchantée des paysans que charrie le populisme russe (narodniki) à la révolte des fermiers du People’s Party aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle, des populismes latino-américains (Getúlio Vargas au Brésil, Juan Perón en Argentine) au maccarthysme, du poujadisme au lepénisme au XXe siècle, de M. Vladimir Poutine à Hugo Chávez à l’ère de la mondialisation, du United Kingdom Independence Party (UKIP) à Aube dorée dans l’Europe du XXIe siècle, ou de Mme Marine Le Pen à M. Jean-Luc Mélenchon dans l’Hexagone d’aujourd’hui. Cette dernière confusion, banalisée, a été illustrée (au sens propre) par le dessinateur Plantu dans l’hebdomadaire L’Express (19 janvier 2011), lorsqu’il représenta la dirigeante du Front national (FN) et le candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle de 2012, le bras levé, arborant l’une et l’autre un brassard rouge et lisant le même discours : « Tous pourris ! »
Dans le champ littéraire, le mot « populisme » fait son apparition en français en 1929 : « parti pris d’écriture » insurgé contre le roman bourgeois mais apolitique, opposé aux écrivains communistes et à leurs images d’Epinal prolétariennes, ce mouvement littéraire se propose de « décrire simplement la vie des “petites gens” (1) ».
Dans l’univers des sciences sociales, porté par une intention politique de réhabilitation du populaire, il applique le relativisme culturel à l’étude des cultures dominées (Volkskunde ou Proletkult). Ignorant ou minorant les rapports objectifs de domination, il crédite les cultures populaires d’une forme d’autonomie et célèbre leur résistance, jusqu’à inverser la hiérarchie des valeurs et à proclamer l’« excellence du vulgaire ». Mais il prend aussi le contre-pied d’une forme courante de mépris qui renvoie les classes dominées à l’inculture, à la nature, sinon à la barbarie. Caractéristique de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie cultivée, ce racisme social se fonde sur la « certitude propre à une classe de monopoliser la définition culturelle de l’être humain, et donc des hommes qui méritent pleinement d’être reconnus comme tels (2) ».

Deux visions du peuple

En circulant ainsi d’un champ à l’autre, d’un siècle à l’autre, d’un continent à l’autre, le label semble avoir perdu toute consistance. De sorte que ceux qui s’emploient à en expliquer le sens commettent, selon le mot du philosophe Ludwig Wittgenstein, une erreur classique : « essayer, derrière le substantif, de trouver la substance (3) ». Car prétendre définir le populisme, comme le propose le politiste Pierre-André Taguieff (4), par l’appel direct au peuple n’exclut évidemment personne au sein des sociétés occidentales : une telle démarche est inhérente à la démocratie, « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Et, même si l’on réserve le label populiste à un style d’appel privilégiant la proximité et cultivant le charisme du chef à grand renfort de propagande télévisée, on voit mal quel dirigeant actuel pourrait y échapper (5). De même, définir le populisme comme un encouragement à la révolte contre les « élites » (économiques, politiques, médiatiques) conduirait à inclure au nombre des suspects M.François Hollande, lorsque, à la tribune du Bourget, le 22 janvier 2012, il dénonçait son « véritable adversaire : le monde de la finance, qui n’a pas de nom, pas de visage », ou M.Nicolas Sarkozy annonçant à Toulon « la fin d’un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir » (25 septembre 2008).
La politologue Nonna Mayer estime que la caractéristique la mieux partagée des mouvements européens qualifiés de populistes dans les analystes postélectorales serait la xénophobie (6) : dans la « mosaïque europhobe » composée par Le Monde (28 mai 2014), quatorze des seize partis mentionnés sont anti-immigrés. Mais des éditorialistes, assimilant la contestation des institutions européennes à une forme d’hostilité aux étrangers, accolent également l’étiquette populiste à la gauche radicale grecque, espagnole ou française (Syriza, Podemos, Front de gauche), pourtant peu suspecte de racisme. Il faut alors s’interroger sur leurs représentations du peuple et questionner la substitution d’un label par l’autre.
Schématiquement, on peut distinguer trois figures du « peuple » (7). « Populisme » dérive du latin populus, et « démocratie » se forme sur la racine grecque dêmos, les deux mots signifiant « peuple ». Le peuple auquel fait référence la démocratie est le corps civique dans son ensemble, le peuple-nation. D’où une dérive toujours possible vers le nationalisme — dont une forme contemporaine, moins fustigée que l’autre, exalte la « compétitivité de la France dans un monde globalisé ». Quant au peuple auquel s’adressent les populistes, il correspond à deux définitions distinctes.
Dans la version de droite, il est ethnos plutôt que dêmos : peuple envahi ou menacé d’envahissement, il s’oppose à l’étranger et à l’immigré. Plus ou moins ouvertement xénophobe et, dans la France contemporaine, antiarabe ou islamophobe, il défend l’identité du peuple-ethnos, supposé culturellement intact et homogène, contre des populations issues de l’immigration et supposées inassimilables. Il se présente comme national. A cet égard, bien qu’opposées sur l’Europe et la mondialisation, les stratégies électorales de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et du FN sont identiques. Pour nouer une alliance a priori improbable, mais électoralement nécessaire, avec les classes populaires, il s’agit, dans cette version de droite, de substituer à leur vision du monde, « eux (ceux d’en haut) »/« nous (ceux d’en bas) », une approche opposant un « nous » (ceux d’en bas) à « ceux qui ne travaillent pas et ne veulent pas travailler » (chômeurs, immigrés, bénéficiaires de l’aide sociale) ; bref de mobiliser contre un « eux » au-dessous du « nous » (8). On réactive ainsi le conflit latent entre établis et marginaux (9) en jouant sur la peur du déclassement.
L’affiliation revendiquée des milieux populaires aux classes moyennes, l’ostentation de l’honnêteté et la stigmatisation morale des délinquants et des « tire-au-flanc » permettent de se démarquer de la représentation dominante qui assimile classes laborieuses et classes dangereuses. C’est pourquoi la droite propose des mesures comme la limitation de l’immigration dite « de travail », ou affiche sa volonté de plafonner les revenus des bénéficiaires de minima sociaux et de les astreindre à des travaux d’intérêt général. Elle préserve ainsi la spécificité de celui qui « travaille dur » et favorise l’alliance entre une fraction déclinante des classes dominantes (le petit patronat) et la fraction établie des classes populaires.
Dans la version de gauche, au contraire, le peuple désigne le peuple ouvrier, le petit peuple célébré par Jules Michelet, le peuple-plèbe, « ceux d’en bas » ; et, sur un plan politique, le peuple mobilisé, opposé à « ceux d’en haut », à la bourgeoisie, aux classes dominantes, à l’establishment, aux privilégiés, aux détenteurs des pouvoirs économique, politique, médiatique, etc.
Quant aux contours de ce « peuple populaire », si la classe ouvrière en a longtemps été le centre, l’avant-garde (le populisme devenant alors ouvriérisme), ils incluent également les employés — des femmes, dans leur écrasante majorité — et, au-delà, une fraction plus ou moins étendue de la paysannerie et de la petite bourgeoisie (enseignants, personnels de santé, techniciens, ingénieurs, etc.). Soit, dans le cas français, plus des trois quarts des actifs, dont les seuls ouvriers et employés représentent la moitié. « Nous sommes le parti du peuple », disait le dirigeant communiste Maurice Thorez le 15 mai 1936 (avant que ce parti ne devienne, plusieurs décennies plus tard, celui des « gens », selon M. Robert Hue). D’inspiration plus ou moins marxiste, ce genre de « populisme », défenseur des classes populaires en tant qu’exploitées, opprimées, en lutte contre les classes dominantes, se présente souvent comme socialiste.
Les représentations qui sous-tendent les appels au peuple-ethnos (populisme national) et celles qui invoquent au contraire le peuple-plèbe (populisme socialiste) s’opposent comme la droite s’oppose à la gauche. Mais les avocats d’un populisme populaire cultivent volontiers — tant par conviction que par nécessité — une vision enchantée, parfois esthétisante, d’un peuple idéalisé. Ils prêtent à l’« homme ordinaire », travailleur exploité et dominé, une revendication spontanée d’égalité. Ils postulent un ensemble de vertus indissociables de l’ethos populaire traditionnel : solidarité, authenticité, naturel, simplicité, honnêteté, bon sens, lucidité, sinon sagesse. Ces qualités sont cristallisées dans la notion de « décence commune » (common decency) chère à l’écrivain britannique George Orwell : « Les travailleurs manuels, dans une civilisation industrielle, possèdent un certain nombre de traits qui leur sont imposés par leurs conditions d’existence : la loyauté, l’absence de calcul, la générosité, la haine des privilèges. C’est à partir de ces dispositions qu’ils développent leur vision de la société future, ce qui explique que l’idée d’égalité soit au cœur du socialisme des prolétaires (10). »
On ne saurait pourtant prétendre que les discours sécuritaires et xénophobes du FN sont sans écho auprès des classes populaires. Lors des dernières élections européennes, si 65 % des ouvriers se sont abstenus (comme 68 % des employés et 69 % des chômeurs), plus de 40 % de ceux qui ont voté auraient choisi ce parti, soit environ 15 % de ce groupe dans son entier (selon l’institut Ipsos). C’est à la fois peu et beaucoup : s’il est vrai que le premier parti des couches populaires reste celui de l’abstention (11), une partie d’entre elles votent à l’extrême droite, convaincues « que l’on ne fait rien pour elles et que les “eux” d’en haut et les “eux” d’en bas prospèrent à leurs dépens (12) ». Dans ce cas, le succès de l’offre du FN illustre la capacité de ce parti à entretenir la confusion entre peuple-ethnos et peuple-dêmos. Et à former entre des fractions de classes moyennes et de classes populaires une alliance dirigée à la fois contre les très pauvres et les très riches — une stratégie également déployée en Russie par M.Poutine.

Une plèbe mal votante livrée à ses pulsions

Ce genre de projet politique profite du « racisme de classe » que manifestent sans même s’en apercevoir ceux qui font profession de le commenter. Sous leurs plumes, ce peuple mal votant, implicitement réduit à l’état de populace, pâtirait d’une propension innée à la fermeture, au repli sur soi, d’un ressentiment acquis de mauvais élève vis-à-vis des élites (qu’attesterait son bas niveau de diplôme) et d’une inculture politique : ses pulsions, sa crédulité, son irrationalité supposées le porteraient vers les propositions simplistes et en feraient une proie facile pour les démagogues. A contrario, ce discours réserve auxdites élites les vertus d’ouverture, d’intelligence, de subtilité et de supériorité morale. La dénonciation du peuple populaire incarné par la figure du « beauf » (13), machiste, homophobe, raciste, islamophobe, etc., renoue ainsi avec la philosophie conservatrice de la fin du XIXe siècle et sa méfiance envers les foules et la démocratie — celle d’Hippolyte Taine et de Gustave Le Bon. Elle déduit ces turpitudes par simple inversion des vertus dont elle crédite les « élites », lesquelles, par construction, sont supposées rigoureusement imperméables à ce type de dévoiements.
De sorte que, aujourd’hui comme hier, deux représentations diamétralement opposées du populaire s’affrontent : le racisme de classe des uns sert à dénoncer le populisme des autres.

Gérard Mauger
Sociologue.

COMMUNIQUE DE LA JEUNESSE SYRIZA SUR L’ACCORD-MEMORANDUM ET L’AVENIR DE SYRIZA

Source : Syriza Paris

L’accord auquel ont abouti le 13 juillet les négociations, longues de  plusieurs mois, menées par le gouvernement SYRIZA-ANEL, constitue sans aucun doute une défaite énorme des forces de la Gauche radicale en Grèce. Le coup d’état inédit mis en œuvre par les créanciers, n’était que le dernier épisode d’une série de chantages extrêmes ayant conduit le gouvernement à une impasse politique suffocante.
Il serait cependant bien elliptique d’interpréter le résultat des négociations comme uniquement déterminé par les choix des créanciers. Nous sommes obligés évaluer de manière négative la sous-estimation des rapports de force au sein de la zone euro, l’inébranlable conviction que des arguments rationnels pourraient persuader les « institutions » en la faveur d’un accord « mutuellement profitable », mais aussi que la menace d’un GREXIT pourrait jouer un rôle catalysant pour que notre proposition l’emporte. Tous ces points ont contribué de manière décisive à l’absence d’un plan alternatif de rupture qui aurait pu fonctionner  aussi bien dans le cadre de la négociation, qu’en tant que choix pour le gouvernement ; tout cela a était facteur décisif pour notre séquestration politique.
Tout en parallèle, la longue complaisance dans l’aspect technique des  négociations, dans l’attente d’un « compromis honorable » donné pour sûr, n’a laissé aucun espace à l’enthousiasme et la dynamisation, que la participation de la société aurait créés, contre la domination des technocrates et la poursuite d’un exercice politique imperturbable  par le changement. De surcroît, nous nous sommes abstenus d’actions « unilatérales » qui auraient pu déplacer le champ du conflit vers l’intérieur, consolider nos relations avec les gens que nous représentons, donner le signal de départ pour des luttes nouvelles, assurer des moyens pour la mise en œuvre de notre programme.
Face à l’ensemble de cette situation l’insuffisance du mécanisme du parti (et de l’organisation de jeunesse) a été déterminante. La non convocation du Comité Central avant le vote parlementaire des préalables de l’accord, a déplacé le poids de décider vers des organes incompétents, tel le groupe parlementaire, et vers la conscience individuelle de chacun des députés élus. La sous-alimentation politique des organes de direction du parti et les prises de décision hors procédures collectives sont deux aspects complémentaires du même rapport.
L’accord signé porte la marque du rapport de forces écrasant au sein de la zone euro et des chantages perpétrés à l’égard du  gouvernement et le peuple grec. Cette séquestration politique et cette impasse dont nous avons fait les frais nous oblige d’envisager à nouveau les axes et les orientations de ce plan. Nous avons le devoir de considérer que, en fin de compte, l’UE et la zone euro fonctionnent comme système néolibéral moulé en institution, limitant à l’extrême les marges de leur transformation. Notre stratégie internationaliste se doit passer par le désengagement de ces formations, demande de démocratie et de souveraineté populaire, mais aussi condition préalable pour la contestation du néolibéralisme.
L’adoption par le vote parlementaire du troisième mémorandum se place à l’encontre de nos référents idéologiques, de nos décisions collectives et renverse la longue marche de SYRIZA, et risque que soit écrasé l’espoir dans l’unique pays de l’UE où la Gauche a réussi une victoire historique. Pour ces raisons nous nous plaçons à l’encontre de cet accord.
Il est besoin impératif, à l’étape actuelle, que soit immédiatement convoqué le Comité Central de SYRIZA et que soit immédiatement réuni un Congrès exceptionnel, suprême instance décisionnaire du parti, qui aurait la responsabilité globale pour le bilan de la précédente étape et pour la planification de stratégie pour l’étape à venir. Aussi SYRIZA a une responsabilité ; il doit protéger tous ses membres contre des attaques personnelles, étrangères dans leur méthodologie aux principes et valeurs de la Gauche.
Il n’est en aucun cas pensable, dans ce cadre, de mettre de côté l’importance majeure du résultat du référendum. Dans ce cas de figure, le gouvernement a réussi pour un bref laps de temps de rendre le peuple protagoniste, par le choix de lui donner la parole, contre les chantages extrêmes, l’asphyxie financière, les banques fermées, la frénésie des médias. Le référendum, en tant que processus social et en tant que verdict populaire, démontre que la lutte pour la constitution d’une alliance sociale capable d’élargir la démocratie, les synergies et la solidarité dans tous les lieux de la vie sociétale, est plus que jamais d’actualité mais aussi porteuse d’une dynamique victorieuse.
En ce qui nous concerne, la lutte pour un monde plus juste n’est pas une justification morale, mais une manière de modifier notre quotidien, nos vies, la société. Nous continuerons de cheminer sur cette voie en gardant en permanence dans l’esprit que l’histoire est un champ du possible dans lequel nous luttons pour rendre réalisable tout ce qu’aujourd’hui paraît impensable.
Jeunesse SYRIZA

Mediapart: « Espace de travail » : le « réalisme » managérial contre la réalité du travail

Tarification à l’acte, intranet RH, self scanning, management par objectifs, benchmarking, lean management, évaluation informatique… Bienvenue dans le monde terrifiant, et largement inefficace, du « management désincarné », étudié par la sociologue Marie-Anne Dujarier. Ou comment, en voulant élaborer des dispositifs standardisés pour encadrer le travail à distance, on finit par en perdre la substance même.
Marie-Anne Dujarier, professeur à l’université Paris 3, est sociologue et publie aux éditions La Découverte Le Management désincarné. Enquête sur les nouveaux cadres du travail, une passionnante enquête sur la réalité de ce que font les « planneurs », c’est-à-dire celles et ceux qui prétendent organiser le travail des autres, et souvent le désorganisent.
La suite de l’article sur Mediapart : http://www.mediapart.fr/journal/economie/050715/espace-de-travail-le-realisme-managerial-contre-la-realite-du-travail

Dans le site des éditions de la Découverte:


Des salariés ont pris une importance inédite dans l’encadrement du travail aujourd’hui. Consultants ou cadres de grandes organisations, Marie-Anne Dujarier les appelle les « planneurs », car ils sont mandatés pour améliorer la performance des entreprises et des services publics au moyen de plans abstraits, élaborés bien loin de ceux et de ce qu’ils encadrent. Spécialisés en méthodes, ressources humaines, contrôle de gestion, stratégie, systèmes d’information, marketing, finances, conduite du changement, ils diffusent et adaptent des dispositifs standardisés qui ordonnent aux autres travailleurs ce qu’ils doivent faire, comment et pourquoi.
Management par objectifs, benchmarking, évaluation, lean management, systèmes informatiques, etc. cadrent ainsi l’activité quotidienne des travailleurs. Ces dispositifs instaurent un management désincarné que les salariés opérationnels jugent maladroit, voire « inhumain ». D’après leur expérience, il nuit autant à leur santé qu’à la qualité des produits et à la performance économique. Étonnamment, les planneurs et les dirigeants constatent eux aussi que cet encadrement joint trop souvent l’inutile au désagréable. Comment comprendre alors son succès ?
Dans ce livre issu d’une longue recherche empirique, la sociologue Marie-Anne Dujarier analyse en détail le travail des faiseurs et diffuseurs de ces dispositifs, régulièrement accusés par les autres salariés de « planer » loin du travail réel. Elle montre qu’ils doivent accomplir une mission qui peut sembler impossible et dépourvue de sens, et explique comment ils y parviennent malgré tout, et avec zèle.

Dans le site du Monde :

L’encadrement à distance, source de nuisance

LE MONDE | 03.06.2015 à 17h45 • Par Margherita Nasi
Avoir à faire à des psychotiques, « c’est du lourd », affirme un infirmier en hôpital psychiatrique. Et pourtant, le plus difficile à vivre dans le métier, d’après lui, ce n’est pas la maladie mentale. « C’est le management. Le fait qu’on nous demande de faire sortir les gens coûte que coûte, même quand ils vont mal. C’est pour les statistiques. Le fait de devoir faire les clowns devant le comité de visite de la qualité (…) C’est complètement fou leur truc. Complètement fou. Je ne saurais pas dire de quelle folie il s’agit. Mais c’est fou. Là aussi, c’est du lourd ».
C’est sur cette folie que se penche Marie-Anne Dujarier dans Le management désincarné. Enquête sur les nouveaux cadres du travail. Management par objectifs, évaluation, benchmarking, « lean management », systèmes informatiques… La sociologue du travail et des organisations se penche sur ces dispositifs standardisés qui sont devenus aujourd’hui les pièces maîtresses du management.
L’ouvrage est le fruit d’une enquête empirique menée pendant dix ans dans des grandes organisations et dans des secteurs variés, publics et privés, industriels et de service : chimie, pharmacie, transports, banque et assurance, finance, électronique, grande distribution, conseil, informatique, droit, SSII, médias, publicité, industrie automobile, collectivités locales et hôpitaux… « Le management par dispositifs est un trait commun à toutes les grandes organisations productives, qui doivent répondre à une contradiction structurelle : faire du particulier à grande échelle, du sur-mesure en masse ».

Les « planneurs »

Mais alors que la sociologie s’est surtout intéressée à la réception sociale de ces dispositifs, la maître de conférences à l’Université Sorbonne-Nouvelle et chercheuse au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique s’intéresse à leur production, au « travail des faiseurs et diffuseurs de dispositifs ».
Au cœur de son ouvrage on trouve donc les « planneurs » : ingénieurs des méthodes, qualiticiens, responsables des ressources humaines, contrôleurs de gestion, financiers… ces cadres mandatés pour « prescrire, outiller et contrôler les tâches productives, en mettant en place les dispositifs ».
La sociologue distingue les planneurs – que les autres travailleurs accusent de « planer loin des situations concrètes » – des autres cadres, en particulier des managers de proximité opérationnels. Les planneurs agissent en effet à distance, de manière abstraite, ils sont « du côté de la carte et non du territoire ».

Inutile et désagréable

Et c’est là tout le problème : « les prescripteurs encadrent à distance l’activité humaine. Ils exercent un management désincarné ». Pourtant, en raison d’une dynamique sociale au cœur du travail de direction, ces dispositifs prolifèrent : ils sont « commandités par des dirigeants nommés par leur conseil d’administration pour réaliser une performance quantifiée, puis vendus et mis en œuvre par des planneurs ».
Après avoir exposé l’importance sociale prise par les dispositifs dans les grandes organisations, Mme Dujarier montre que la direction par les dispositifs fait l’objet d’une critique sociale partagée à tous les niveaux de l’organisation : « la majorité des travailleurs juge qu’elle joint l’inutile au désagréable ».
Car cette forme d’encadrement ne supprime pas l’activité, mais la déplace, « pour la centrer sur la machine managériale elle-même. Son entretien, sa sophistication et son bon fonctionnement absorbent alors les travailleurs, bien plus qu’ils ne sont tournés vers ce qu’elle produit, au risque d’un renversement du moyen et des fins ».

mardi 21 juillet 2015

Finance folle, Europe embourbée, climat détraqué : que faire ?

Source : Bastamag

Du 25 au 28 août à Marseille, l’Université d’été d’Attac, dont Basta ! est partenaire, servira de tremplin pour la rentrée des mouvements sociaux. Une rentrée qui promet d’être agitée, entre la crise grecque, le krach chinois et les mobilisations en vue de la conférence sur le climat de décembre prochain. Les crises économique, financière, écologique et démocratique sont plus que jamais interconnectées : à Marseille, les acteurs en pointe des luttes vont travailler ensemble à les surmonter. « Soit les citoyens s’insurgeront et reprendront le contrôle de la machine économique. Ou bien les options autoritaires et répressives s’imposeront pour faire accepter l’inacceptable », explique Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac.
«  Vous avez aimé la crise financière de 2008 ? Vous allez adorer la prochaine. » Comme le dit Jean Gadrey, du conseil scientifique d’Attac, il n’y a guère de doute que le monde ne se dirige à grands pas vers un nouvel effondrement financier. Quand se produira-t-il ? Quel en sera le déclencheur ? La Grèce ? La Chine ? La Russie ? Wall Street ? Les gaz de schiste américains ? Ou encore une cause moins prévisible ?
Personne n’en sait rien, bien évidemment, ni quand précisément.
Mais c’est peut-être en Chine que la situation est la plus explosive. Depuis 2007, la dette totale (incluant celle des institutions financières) a quadruplé, pour atteindre 282 % du PIB. Cette explosion de la dette a alimenté une gigantesque bulle immobilière, puis une bulle à la bourse de Shanghai. Ces deux bulles sont en train d’exploser, avec des conséquences imprévisibles sur l’économie du pays qui tire la croissance mondiale depuis 20 ans.
Les États-Unis sont aussi sur un volcan : Wall Street bat tous ses records historiques, dépassant de 30% le niveau atteint en 2007, au sommet de la bulle précédente. La dette privée américaine a repris elle aussi son envol. Et au plan global, le marché des produits financiers dérivés, le plus spéculatif, s’élève désormais à près de 700 000 milliards de dollars, soit dix fois le PIB mondial. Le “shadow banking”, cette finance de l’ombre qui échappe à la régulation, continue à se développer à grande vitesse.
Après le prochain krach, les actionnaires privés réussiront-ils de nouveau à faire payer le sauvetage de leurs banques par les contribuables ? On sait que l’explosion des dettes publiques en Europe et aux USA provient de la récession de 2009-2010 et du coût du sauvetage des banques. On sait aussi que « l’aide à la Grèce » est allée pour 90% aux banques grecques et surtout européennes qui avaient prêté de façon irresponsable durant les années 2000.

60 milliards d’euros par mois pour les banques privées !

Et tandis que les pays de la zone euro sabrent dans les dépenses publiques, que la Grèce agonise et que les pays riches sont incapables de trouver 100 milliards d’euros pour financer le Fonds vert pour le climat, la Banque centrale européenne, elle, arrose les banques privées d’un jet continu de liquidités (60 milliards d’euros par mois !). Quant à l’austérité imposée à la Grèce, loin de « sauver l’euro », elle rend son éclatement encore plus inéluctable à moyen terme.
La prochaine crise financière posera donc une question simple. Soit les citoyens s’insurgeront et reprendront le contrôle de la machine économique. Ou bien les options autoritaires et répressives s’imposeront pour faire accepter l’inacceptable. En venant à Marseille, vous rencontrerez et discuterez avec nombre des acteurs-clés de la situation : des responsables de Syriza et Podemos, des animateurs de la coalition Climat 21 et des mouvements contre les grands projets inutiles, des syndicalistes et des créateurs d’alternatives concrètes, des militant-e-s pour la désobéissance civile, des chercheur-e-s qui pensent la cohérence des alternatives systémiques...
Afin de préparer une rentrée qui s’annonce bouillante cette année, vous pourrez aussi bénéficier de formations pratiques à des modes d’actions innovants, théâtre citoyen, désobéissance civile... Dès septembre les banques qui trafiquent dans les paradis fiscaux pourront le vérifier !
Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac
Basta ! vous propose de gagner des entrées pour l’Université d’été, en écrivant à cette adresse(erwan@attac.org).

Tour Alternatiba pour le climat : Incident surréaliste à Fessenheim

Scandaleux : la France demande à la police allemande de bloquer le Tour Alternatiba, en représailles à une prise de parole anti-nucléaire devant la centrale de Fessenheim ! Ironie de l’histoire, la ministre de l’écologie venait d’attribuer le label COP21 à cette “initiative ambitieuse et innovante”.
Le Tour Alternatiba est arrivé à Fessenheim ce lundi 20 juillet, après être parti le matin de Mulhouse où 600 personnes avaient accueilli son arrivée la veille dans une ambiance de fête populaire et dans le cadre d’un Alternatiba qui a rassemblé plus de 3000 personnes tout au long d’un beau dimanche ensoleillé.
Nucléaire ou climat, il faut choisir !
Le Tour Alternatiba a marqué une pause devant la centrale nucléaire de Fessenheim pour rappeler l’opposition d’Alternatiba à la filière nucléaire. Devant plusieurs médias et caméras, un porte-parole du Tour a ainsi déploré que les milliards engloutis dans la filière nucléaire ne soient pas plutôt investis dans les politiques de sobriété énergétique (isolation des logements, développement des transports collectifs de proximité etc.) et dans le développement des énergies renouvelables. Le Tour Alternatiba a rappelé que lors de son étape d’Aix-en-Provence, les ouvriers de Nexcis fabriquant des vitres à la fois isolantes et productrices d’énergie solaire protestaient contre la fermeture de cette filiale d’EDF.
Cet exemple montre bien que les investissements actuels tournent le dos aux économies d’énergies et aux énergies renouvelables, grâce auxquelles beaucoup plus d’emplois pourraient être créés, répartis sur tout le territoire français, qu’avec les énergies fossiles ou nucléaire. Le Tour Alternatiba terminait en dénonçant le jeu trouble et anti-démocratique du lobby nucléaire en France qui tente de saboter le développement de l’éolien, et qui va jusqu’à bloquer un engagement présidentiel comme celui de la fermeture de la centrale de Fesseinhem.
Opération de gendarmerie contre le Tour Alternatiba :
Alors que tout s’était jusque là déroulé sans incident et sans aucune remarque de la part des autorités, et que le Tour Alternatiba avait repris son chemin pour rejoindre l’Allemagne toute proche, la gendarmerie l’a bloqué environ un kilomètre plus loin, sur un bord de route. Les gendarmes ont alors entrepris de contrôler l’identité des cyclistes. Quelques uns d’entre eux se sont étonnés de ce contrôle, le premier depuis que le Tour Alternatiba est parti de Bayonne le 5 juin dernier, et alors même que le Tour a pris la parole devant d’innombrables sites, édifices et places et qu’il a croisé à de multiples reprises la gendarmerie sans que jamais elle ne veuille contrôler l’identité de ses participants. Il s’agissait donc clairement d’une opération de fichage des 24 cyclistes ayant participé à la prise de parole devant la centrale de Fessenheim. Bref, la liberté d’expression connaitrait elle des limites particulières en France dés lors qu’on évoque la question du nucléaire ?
La France fait intervenir la police allemande !
Le commandant de gendarmerie et ses hommes ont néanmoins fini par laisser repartir le Tour Alternatiba, qui a repris sa route normale et a fait une pause repas dans une ferme coopérative et alternative à Tunsel, en Allemagne. C’est là que les cyclistes ont vécu un moment à la fois surréaliste et particulièrement choquant. 7 véhicules de police sont arrivés sur les lieux et la police allemande est entrée dans la ferme, pourtant propriété privée. Ils ont annoncé aux cyclistes que la France avait demandé au procureur de Freibourg de contrôler l’identité de tous les cyclistes présents, et qu’en cas de refus de leur part, il convenait de bloquer le Tour. Après un long moment de protestation contre cet abus de pouvoir manifeste, les policiers allemands bloquant physiquement le départ du Tour, et celui ci commençant à être sérieusement en retard (un rendez-vous avec une centaine d’autres cyclistes était fixé à 18H00 à Freiburg), ces derniers ont tous décliné leur identité.
Une histoire surréaliste en pleine année de la COP21 :
Cette histoire est tout simplement surréaliste. En plein année de la COP21, la France demande à un pays étranger de bloquer le passage d’une mobilisation climatique à la fois 100 % citoyenne, entièrement pacifique et particulièrement constructive (un tour cycliste de 5 600 km et la traversée de 187 territoires différents pour y promouvoir les différentes alternatives au dérèglement climatique). Ironie de l’histoire, dans une lettre officielle du 10 juillet, la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie Mme Ségolène Royal venait de lui attribuer le label COP21 (reconnaissance gouvernementale des projets de mobilisation climatique d’intérêt général), et ce dans des termes particulièrement élogieux pour le Tour Alternatiba (voir extrait ci-dessous) :
COP21-AlternatibaLes cyclistes du Tour Alternatiba ont rendez-vous ce mardi 21 juillet avec une avocate allemande pour étudier les possibilités de déposer une plainte contre l’intervention de la police allemande. Il s’agira également pour eux de savoir précisément qui a fait cette demande surréaliste auprès du procureur de Freibourg, et avec quelle motivation. Tout cela n’empêchera pas le programme prévu sur Freiburg à l’occasion du passage du Tour Alternatiba de continuer à se dérouler normalement aujourd’hui, avec le maintien des formations, conférences et concerts prévus à partir de 16H00 au parc central de la ville Stadtgarten.
Le Tour Alternatiba
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Prise de parole devant la centrale nucléaire de Fesseinhem
Prise de parole devant la centrale nucléaire de Fesseinhem
La gendarmerie française bloque le Tour Alternatiba
La gendarmerie française bloque le Tour Alternatiba
La police allemande entre dans la ferme où les cyclistes prennent le déjeuner
La police allemande entre dans la ferme où les cyclistes prennent le déjeuner
7 v+®hicules de police pour bloquer des citoyens mobilis+®s sur le climat
7 véhicules de police pour bloquer des citoyens mobilisés sur le climat

Education prioritaire: fin du conflit au collège Bellefontaine

Source : Le Monde

« Le collectif du 22 mai prend acte des dossiers administratifs vidés et de l’annulation des procédures disciplinaires et de mutation dans l’intérêt du service pour six enseignants. » C’est par un communiqué daté du 17 juillet dénonçant une « gestion inhumaine, indigne et arbitraire » que s’achèvent huit mois de conflit entre des enseignants grévistes du collège Bellefontaine, dans le quartier du Mirail à Toulouse, et le rectorat. Ce même jour, Laure Betbeder, une enseignante en grève de la faim depuis vingt-six jours, a stoppé son action « la mort dans l’âme, toujours outrée par l’attitude de ma hiérarchie ». Très affaiblie, elle a dû être hospitalisée.
Il faut remonter au 27 novembre 2014 pour comprendre les tensions apparues, les mesures prises et un dénouement inédit dans l’éducation nationale. Le collège, classé comme « préfigurateur » de la future réforme voulue par la ministre de l’éducation Najat Vallaud- Belkacem, est un test grandeur nature du passage en zone d’éducation prioritaire (ZEP) en REP+ (réseau d’éducation prioritaire).

Réforme en trompe l’oeil

Mais une trentaine d’enseignants se met en grève en dénonçant une réforme qu’ils considèrent en trompe-l’œil. Ils réclament un accompagnement spécifique pour les élèves de 6e, un temps de présence en classe abaissé de 10 % – seize heures trente au lieu de dix-huit heures hebdomadaires – pour ce réseau scolaire censé bénéficier de moyens accrus par rapport aux anciennes ZEP.
Selon l’un des enseignants, « des tensions sont apparues avec le principal, qui a tout de suite fermé la porte au dialogue ». Les enseignants prenant part au mouvement sont tous soit anciens dans le collège, soit d’autres établissements de ces zones sensibles, « tous très bien notés et qui adorent leur métier, assure Laure Betbeder. En fait, on est allés au clash de suite avec le chef d’établissement, nommé il y a seulement deux ans. Il était dépassé par le volet pédagogique. Dès le début il a adopté une attitude extrêmement répressive et fermée ».


Le 22 mai, cinq enseignants se voient notifier par huissier, à leur domicile, leur mutation d’office dans l’intérêt du service, un sixième doit répondre à une procédure disciplinaire, des décisions confirmées le 18 juin. Le principal du collège, M. Roques, est lui aussi muté dans un autre établissement. Dans ces courriers, le rectorat leur reproche un « manquement à l’obligation d’exercer leurs missions ». Ils sont surtout accusés de perturber « gravement le bon fonctionnement du service public d’éducation ».
Des conclusions jugées totalement invraisemblables par le collectif qui dénonce une « répression inédite envers des grévistes et des procédures tendant à diviser un mouvement en désignant au hasard six enseignants ». La rectrice déclarait au Monde, le 22 juin, que « la spirale de contestation des grévistes, les rapports entre enseignants, parents d’élèves et avec le chef d’établissement devenaient intenables ». Elle vient donc de faire marche arrière après la grève de la faim de Laure Betbeder, rejointe par sa mère puis par deux autres professeurs solidaires du collège, et suite au rapport d’une médiatrice nationale mandatée par le ministère de l’éducation.

« Panique »

Si trois enseignants avaient déjà demandé leur mutation et que Laure Betbeder devrait réintégrer son collège, deux autres sont encore sous le coup d’un protocole faisant objet de discussions. Vendredi 17, ni le rectorat ni le ministère n’ont souhaité s’exprimer. Mais nul doute que ce silence et ce dénouement devraient laisser des traces dans l’académie. Le collectif déplore la seule réintégration de Laure au collège Bellefontaine et constate que deux enseignants n’ayant pas demandé de mutation se retrouvent pour l’instant évincés. « Le rectorat reconnaît en nettoyant les dossiers ses erreurs d’appréciation mais persiste dans sa répression du mouvement social. »
Pour Annick Vesperini, professeur et documentaliste, « l’attitude de la rectrice et de la ministre révèle une panique face aux mouvements contre la réforme des ZEP. On veut casser toute contestation dans l’œuf ». Selon elle, les demandes de mutations explosent : + 45,4 % pour sortir des dispositifs REP et + 103 % de professeurs qui veulent quitter leur collège quand il est intégré à l’éducation prioritaire.

lundi 20 juillet 2015

Grèce : l’oligarchie avoue qu’elle craint une «contagion politique et idéologique»


Connaissez-vous Donald Tusk ? Non ? C’est normal. Il est un fantôme qu’on a décidé de mettre quelque part pour « incarner l’Europe » et faire croire qu’elle est autre chose qu’une machine à broyer les peuples pour leur faire cracher de l’argent à destination des banques. En l’occurrence, Donald Tusk est président du « Conseil européen ». Ça ne vous dit rien non plus ? C’est normal aussi : l’Europe est une machine technocratique compliquée. C’est fait exprès pour qu’on n’y comprenne rien (et je trouve que ça marche assez bien). Le Conseil européen, c’est la réunion des chefs d’États et de gouvernements qui sert à définir les grands axes de la politique européenne.
Bref, voici Donald Tusk, qui ne sert à rien. Donald Tusk a en théorie pour rôle d’arbitrer les matches de boxe entre les États membres. Dans le cas présent, cela veut dire arbitrer entre Merkel et les autres. Sauf que personne n’ose affronter la chancelière allemande, à part Tsipras. Pour Le Monde, qui tient absolument à nous faire croire que Donald Tusk sert à quelque chose (pour justifier son salaire exorbitant de 300 000 euros par an), il « a joué un rôle décisif lors du dernier sommet de la zone euro ». S’il en a joué un, ce n’est pas celui d’arbitre : c’est de boxeur aux côtés de Madame Merkel. François Hollande, lui, qui se croyait arbitre du match, était en fait spectateur d’une mise à mort à laquelle il a participé en n’intervenant pas.
Donc, Le Monde a décidé d’accorder une interview palpitante à Donald Tusk. Voilà qui intéresse le peuple et déchaîne les passions. Non ? Et bien figurez-vous que oui. Mais pas parce que Donald Tusk est intéressant : parce que ce qu’il a dit est intéressant. Tellement que Le Monde a même fini par censurer ses propos ! Il avoue que l’oligarchie dont il fait partie craint une contagion politique et idéologique du cas grec. Voici ce qu’il a dit dans l’interview (avant que celle-ci ne soit censurée), en répondant à la question : « l’aspect géopolitique est-il entré en ligne de compte dans les discussions dimanche ? » :
« Je suis surtout inquiet des risques de contagion politique et idéologique. Avec ce qui se passe en Grèce est apparue l’illusion idéologique qu’il est désormais possible de changer le cours de l’Europe, qu’on peut construire une alternative à la vision traditionnelle de l’Europe de l’austérité. Je trouve l’atmosphère très similaire à celle de l’après 1968. Je sens un état d’esprit, peut-être pas révolutionnaire, mais un sentiment d’impatience en Europe. »
Les mots parlent d’eux-mêmes : ce que craint par-dessus tout l’oligarque Donald Tusk, c’est une « contagion politique et idéologique » du cas grec. Il se rattrape évidemment après, en reprenant le discours classique de l’oligarchie et en parlant « des » extrêmes ou en disant que l’extrême droite et l’extrême gauche c’est pareil, etc. Mais il n’empêche qu’il l’a dit : ce qu’il craint, c’est que l’épisode grec s’étende au reste de l’Europe. Or, dans le cas présent, cela veut dire deux grandes échéances : les élections générales en Espagne où Podemos peut l’emporter et l’élection présidentielle en France où nous pouvons renverser la table par une insurrection civique.
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Je m’amuse assez, aussi, de ce que dit Donald Tusk sur l’état d’esprit quasi-révolutionnaire. Craindre une révolution, c’est avouer qu’on a quelque chose à y perdre. C’est avouer qu’on n’est plus du côté du peuple. Beaucoup de gens en France espèrent une révolution. J’en suis. Il suffit de parler une dizaine de minutes avec à peu près n’importe qui : même les plus modérés disent aujourd’hui qu’il « faudrait tout envoyer péter ». Pour l’instant, c’est du conditionnel. Mais ça bouillonne dans le peuple. Et le conditionnel finira par se transformer en indicatif. Puis en impératif. Alors, trembleront les Tusk, les Merkel, les Hollande, les banquiers, et tous ceux qui nous affament pour s’en mettre plein les poches.
Pour l’heure, Donald Tusk confirme la marche à suivre pour renverser l’oligarchie : emprunter le chemin qu’ont ouvert Tsipras en Grèce, Iglésias en Espagne et Mélenchon en France. Car on sent bien aujourd’hui que si ces trois-là étaient au pouvoir en même temps, Merkel n’aurait pas pu imposer ses conditions à la Grèce. Tusk l’avoue en disant qu’il craint moins les risques géopolitiques que les risques politiques et idéologiques, et que c’est cela qui a présidé dans la prise de décision sur l’accord grec.
L’Europe arrive à un moment historique. Soit elle change et sert les peuples, soit elle continue à servir l’oligarchie et elle disparaîtra. Ce que l’épisode grec a montré, c’est que ce sont les nations qui ont la clé du changement. C’est par les élections nationales qu’on peut réorienter l’Europe. Ou en sortir, si le changement apparaît définitivement impossible. C’est la ligne que tracent aujourd’hui Iglésias en Espagne et Mélenchon en France, c’est à dire dans la quatrième et la deuxième économie de la zone euro. Donald Tusk peut trembler, en effet. Et ses amis avec. Car l’heure des révolutions approche, et nous l’attendons, nous, avec impatience.

France : Un nouveau décret autorise la police à tirer à balles réelles sur les manifestants

France : Un ènieme décret apres celui des fichages de toutes sortes on vient d' autoriser la police à tirer à balles réelles sur les manifestants.


Un décret a été voté ce 1er Juillet, Décret n° 2011-794 du 30 juin 2011 relatif à l’emploi de la force pour le maintien de l’ordre public. Il concerne les administrations centrales des ministères de l’intérieur et de la défense, représentants de l’Etat, militaires et fonctionnaires en charge des missions de maintien de l’ordre public. Et il a pour objet la modification du régime juridique relatif à la dispersion des attroupements.

l’article 431-3 du code pénal détermine les raisons pour lesquelles on peut vous tirer dessus : Constitue un attroupement tout rassemblement de personnes sur la voie publique ou dans un lieu public susceptible de troubler l'ordre public.
Un attroupement peut être dissipé par la force publique après deux sommations de se disperser demeurées sans effet, adressées par le préfet, le sous-préfet, le maire ou l'un de ses adjoints, tout officier de police judiciaire responsable de la sécurité publique, ou tout autre officier de police judiciaire, porteurs des insignes de leur fonction.
 
Il est procédé à ces sommations suivant des modalités propres à informer les personnes participant à l'attroupement de l'obligation de se disperser sans délai.
Toutefois, les représentants de la force publique appelés en vue de dissiper un attroupement peuvent faire directement usage de la force si des violences ou voies de fait sont exercées contre eux ou s'ils ne peuvent défendre autrement le terrain qu'ils occupent.

Les modalités d'application des alinéas précédents sont précisées par décret en Conseil d'Etat, qui détermine également les insignes que doivent porter les personnes mentionnées au deuxième alinéa et les conditions d'usage des armes à feu pour le maintien de l'ordre public.


Ainsi se poser la question sur ce que nous prépare l'EU qui sait qu'elle va faire face à de la contestation, les différentes lois en Frrance commence sérieusement à montrer une dérive certaine.

Les fichages sont entrain de généraliser dans toutes l'ue et on utilse n'importe quel pretexte pour mettre en place des decrets, des lois qui nous conduisent directement vers un état totalitaire et policier !!

Dans ce document noté à "diffusion restreinte" : les experts de la police britannique développèrent une doctrine sous le titre "Public Order : Conflict Prevention, rendu public par l’association State Watch et accepté par les ministres de l’intérieur en 1998.

Fauteurs de troubles :

Articles conseillés : Comment ficher les fauteurs de troubles dont voici un extrait
Cette notion n’est pas sans rappeler le fameux « sentiment d’insécurité », très en vogue en France pour servir de baromètre répressif après le moindre fait divers. Pour Tony Bunyan, fondateur et directeur de Statewatch, il est « absurde » de lier les délits ou crimes sérieux à la notion de « perturbation de la paix publique ». « Cela peut englober des manifestants non violents qui font un sit-in ou tout autre rassemblement de protestation. Ils pourraient être interprétés par la police comme ayant ‘un effet considérable’ sur le sentiment de sécurité ».

Criminaliser les manifestants :

The “enemy within” : EU plans the surveillance of protestors and the criminalisation of protests que l'on peut traduire par l'ennemi intéreur : l'ue planifie la surveillance et criminilisation des manifestants.

L'UE prévoit :
* Donner le contrôle des opérations de la "Task Force" nouvellement créé de l'UE et qui n'a aucune base juridique pour ses activités
* Créer des mécanismes pour des coopération opérationnelles pour lesquels il n'existe pas de pouvoirs légaux
* Légitimer la surveillance continue par "la police et des officiers du renseignement » (sécurité intérieure services) des « personnes ou groupes susceptibles de constituer une menace pour l'ordre public et la sécurité"
* Créer des bases de données nationales de « fauteurs de troubles » fondées sur des soupçons et de suppositions sans aucune éthique ni normes ou protection des données et l'échange non réglementée de ces données.
* Permettre aux Etats membres d'adopter des lois pour empêcher les gens d'aller à des manifestations dans d'autrespays si leurs noms ont été enregistrés comme « suspects » ou si elles ont été reconnues coupables d'un trouble mineur infractions à l'ordre public comme (obstruction de l'autoroute)
 
Le rapport Statewatch :

* Les plans de l'UE menacent le droit à la libre circulation et le droit de protester
* Sept gouvernements de l'UE - Allemagne, Suède, Portugal, Italie, Belgique, Luxembourg et Royaume-Uni
le Royaume- Uni a voulu aller encore plus loin et créer une base de données de « fauteurs de troubles" à l’échelle de l’union et introduire des interdictions de voyager sur les présumés « fauteurs de troubles" dans l'UE.
* Les plans mèneront à la surveillance de l'activité politique quotidienne, sans limite ou de données
protection, qui est tout à fait inacceptable dans les démocraties.
* Les plans ont été mis e place par des réunions secrètes à Bruxelles sans aucun contrôle parlementaire et sans permettre à la société civile d’objecter.
* Les plans auront peu d'effet sur le sol et la seule option d’accroitre l’autorité de la police sur les manifestants dans les rues
* L'effet global est de légitimer la surveillance et criminaliser les manifestants