jeudi 31 janvier 2019

Gilets jaunes : 4570 personnes placées en garde à vue en un mois, un triste record

Source : Bastamag

par


Le mouvement des gilets jaunes bat tous les records en nombre d’interpellations, de personnes déférées en justice et de peines de prison ferme. Si l’arrestation et le placement en garde à vue le 2 janvier d’Eric Drouet, l’un des leaders du mouvement, ont été très médiatisés, loin des caméras, détentions et sanctions pleuvent. En un mois, du 17 novembre au 17 décembre 2018, 4570 personnes ont été placées en garde à vue (1567 à Paris et 3003 en région), selon les chiffres du ministère de la Justice révélés le 3 décembre par RTL. 697 comparutions immédiates ont déjà eu lieu, pendant que 825 dossiers ont été classés sans suite [1].
A Paris, sur 214 comparutions immédiates, vingt-six peines de prison ferme ont été prononcées avec mandat de dépôt, ce qui signifie que les personnes condamnées ont été directement incarcérées. Dans les autres régions, 483 comparutions immédiates avec 190 mandats de dépôt ont été recensées [2]. Des centaines d’audiences sont encore prévues dans les prochaines semaines.
A Valence, des peines de prison ferme « pour l’exemple » ?
Parmi les personnes condamnés à de la prison ferme, figure le vidéaste Stéphane Trouille. Il a été interpellé, avec trois autres personnes lors de la mobilisation des gilets jaunes à Valence le 8 décembre, accusés de « violences en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Tous les quatre assurent ne pas se connaître et ont un casier judiciaire vierge. Avant le procès, Basta ! avait relayé le témoignage de leurs familles. Le 26 décembre, le verdict est tombé : Stéphane Trouille est condamné à dix-huit mois de prison dont six avec sursis. Les trois autres sont respectivement condamnés à douze mois dont six avec sursis pour Tom, dix mois dont six avec sursis pour Dylan, et neuf mois dont six avec sursis pour Maria. Tous les quatre sont frappés d’une interdiction de manifester pendant trois ans.
Que reproche t-on aux prévenus ? Comme le rapporte le Canard Enchainé dans son édition du 2 janvier, « alors qu’un homme ceinture un manifestant au sol, des gilets jaunes s’attroupent. Un individu s’interpose. Ils interviennent, échangent quelques coups avec les deux sans gilet. Pas de chance, c’étaient deux policiers en civil ! Celui qui est à terre est le directeur départemental et l’autre est son chauffeur. Leurs brassards "police" étaient-ils visibles ? Sur la vidéo projetée à l’audience, ça ne saute guère aux yeux. »
Dans une lettre rendue publique au lendemain du jugement, Stéphane Trouille écrit : « Durant toute cette scène, qui dure environ 22 secondes, je n’ai à aucun moment entendu les policiers s’identifier et je n’ai à aucun moment vu leur brassard, pour le moins discret et difficilement décelable. Alors OUI, j’ai bien exercé une violence sur un individu, pour protéger des Gilets jaunes, pour faire fuir des personnes que j’avais identifiées comme des agresseurs. Non, je n’ai pas, nous n’avons pas "cassé du flic", "bouffé du flic", "foutu en l’air du flic", comme les mass-médias le martèlent depuis le rendu du jugement, reprenant largement les termes dramatiques du procureur. »
Stéphane Trouille, l’un des condamnés, fait appel de sa décision
Quant à Maria, militante communiste de la Drôme, il lui est reproché de s’être emparée du bonnet du commissaire. Selon l’Humanité, elle l’a fait, s’est-elle défendue, dans le but de « détourner son attention pour qu’il ne sorte pas son arme ». « Je n’ai jamais donné de coup à qui que ce soit. » Selon son avocat, le « contexte national » a « joué » dans ces lourdes condamnations. Comme le note le Canard enchainé, le procureur a d’ailleurs commis des rapprochements avec des scènes de violences vues à Paris.
Pour rappel, la ministre de la Justice a fait parvenir aux procureurs une circulaire, en date du 22 novembre, « relative au traitement judiciaire des infractions commises en lien avec le mouvement de contestation "dit des Gilets jaunes" ». Il est notamment proposé d’alourdir les peines prononcées en y ajoutant l’« interdiction de participer à des manifestations sur la voie publique […] pour une durée ne pouvant excéder 3 ans ». Des consignes de grande fermeté qui semblent avoir été suivies à la lettre par le Tribunal de Grande Instance de la Drôme.

Stéphane Trouille a pour sa part décidé de faire appel de la décision qui lui paraît « complètement démesurée par rapport aux faits réels, ne prenant aucunement en compte la plaidoirie de la défense malgré quatre heures d’audience. Il est difficile de ne pas la considérer comme une sanction pour l’exemple, pour étouffer l’ardeur et les contestations actuelles contre l’État et les politiques menées par le gouvernement », déplore t-il [3]. Dans l’attente de ce procès, un festival en soutien aux quatre inculpés de Valence est prévu du 11 au 13 janvier à Saillans (plus d’informations ici). Quant à Eric Drouet, il sera jugé le 15 février pour « organisation d’une manifestation sans déclaration ». Il risque une peine pouvant aller jusqu’à six mois d’emprisonnement et 7500 euros d’amende.

Notes

[1A Paris, 449 personnes ont vu leur procédure classée sans suite (sur 1567), contre 374 sur 3003 en régions.
[2Voir cet article de France Info
[3Le communiqué de Stéphane Trouille est à lire en intégralité sur le site de CQFD



- A lire également : 3300 arrestations, 1052 blessés, un coma, un décès : l’engrenage d’une répression toujours plus brutale

Photo : Lors de « l’Acte V » des gilets jaunes, à Paris, le samedi 15 décembre 2018 / © Serge d’Ignazio

Semences anciennes : Kokopelli continuera à œuvrer dans l'illégalité

Source POSITIVR

Reproductibles et libres de droit, ces semences restent finalement interdites. Heureusement, ces hors-la-loi poursuivront leur combat.
Kokopelli agissait en toute illégalité… et elle va devoir continuer ! Malgré la décision du Conseil constitutionnel, cette association qui distribue des semences anciennes a en effet décidé de poursuivre son action. Pourquoi ? Parce qu’elle la juge légitime et nécessaire. Explications.
Source : Shutterstock
Le 2 octobre dernier, l’Assemblée nationale légalisait enfin la vente de semences anciennes. Seulement voilà, quelques jours plus tard, le Conseil constitutionnel censurait l’essentiel de cette loi. Résultat : la vente de ces semences libres de droits et reproductibles (qui échappent donc au contrôle des industriels) reste parfaitement illégale. Une décision regrettable et difficilement compréhensible qui n’a cependant pas refroidi les militants de Kokopelli. Être hors la loi, ils y étaient déjà habitués…
Le 29 novembre dernier, Ananda Guillet, président de l’association, se confiait face à une caméra de La Dépêche. Regardez :
« Pourquoi cet article de loi a-t-il été censuré ? Bah la réponse est assez simple : il y a la pression des lobbies, comme d’habitude, il y a les agro-industriels derrière, comme d’habitude, et on est sans cesse dans le même schéma de la mainmise de l’agro-industrie sur la politique. »
Dans les colonnes de La Dépêche, Ananda Guillet, réaffirme la raison d’être et la légitimité de son association :
« L’agriculture est née il y a 45 000 ans alors que l’agro-industrie, telle que nous la connaissons, date de la Seconde Guerre Mondiale. Ce qui est illégal aujourd’hui existe en fait depuis des dizaines de milliers d’années. Les agriculteurs ont toujours échangé et reproduit leurs semences. C’est une industrie récente qui a décidé de changer ces règles fondées sur la gratuité et la libre distribution (…) « Cela fait vingt ans que nous faisons notre travail dans l’illégalité et nous allons continuer. Pour nous, cela ne change rien »
En 2017, Kokopelli a distribué (illégalement, donc) 700 000 sachets de semences anciennes à ses 130 000 clients français et étrangers. Grâce à elle, c’est un peu de la biodiversité qui est ainsi préservée. Et tant pis si cela doit être fait en dehors de la loi. Il existe des intérêts plus essentiels que ceux de l’agro-industrie.
Bravo Kokopelli !

Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales.

SIGNEZ LA PETITION ICI

Chers collègues,

Je m’appelle Laurent Thines. Je suis neurochirurgien et chef de service au CHRU de Besançon. Soignant comme vous, j’ai été particulièrement choqué par les photos prises et les lésions observées chez les personnes blessées lors des mouvements de manifestation. Beaucoup, très jeunes (potentiellement nos enfants), ont été mutilés alors qu’ils ne représentaient aucune menace pour les forces de l’ordre. Le cas de la jeune Fiorina, étudiante picarde de 20 ans touchée à l’oeil par un projectile de LBD4O le 8 décembre 2018 en est un des plus tristes exemples (photo). Vitesse du projectile 90m/sec (324 km/h) et force d’impact 200 joules (parpaing de 25 lâché sur un visage d’une hauteur de 1m).

Je crois qu’il est de notre devoir, en tant que soignants d’alerter sur la dangerosité extrême de ces armes, dites sub-létales et c’est pourquoi je viens de lancer cette pétition "Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales ». Je souhaiterais savoir si vous voudriez participer en signant ce communiqué pour porter notre voix et en diffusant cette pétition auprès de vos contacts médicaux et paramédicaux:

"Les différents mouvements de revendication qui ont eu lieu ces dernières années dans notre pays (manifestations de lycéens, écologistes, travailleurs, gilets jaunes) ont montré que de nombreux concitoyens ont été gravement blessés par l’utilisation de lanceurs de balle de défense (flash-ball, LBD40) ou de grenades (de type lacrymogène ou désencerclement).

Les récents événements ont permis de rapporter à ce jour plus de 90 blessés graves parmi les manifestants en relation avec le mésusage de ces armes (personnels non formés, non respect du règlement ou des conditions d’utilisation, ciblage volontaire de l’extrémité cervico-céphalique). Les lésions constatées et prises en charge par Nous, personnels soignants, dues à ces armes utilisées sur des personnes parfois très jeunes ou âgées, exerçant leur droit à manifester, sont choquantes et inacceptables : énucléation, amputation d’extrémité de membre, fracas maxillo-facial et dentaire, traumatisme cranio-cérébral engageant le pronostic vital… Tant de vies ont été ainsi sacrifiées…

Une étude récente, publiée en 2017 dans le British Medical Journal Open, rapporte une collection internationale de 1984 cas de traumatismes liés à ces armes dites « sub-létales » : le risque cumulé de décès (3%) ou de handicap séquellaire grave (15,5%) est d’1 chance sur 5. Cette étude confirme donc l’extrême dangerosité constatée dans notre pays de ces armes, au même titre que les armes à feu.

(Haar RJ, Iacopino V, Ranadive N, et al. Death, injury and disability from kinetic impact projectiles in crowd-control settings: a systematic review. BMJ Open 2017;7:e018154. doi:10.1136/ bmjopen-2017-018154)

Pour toutes ces raisons, Nous, soignants (médecins, chirurgiens, urgentistes, réanimateurs, infirmier(e)s, aides soignant(e)s…) apolitiques et attachés à l’idéal de notre pays, la France, au travers de la déclaration des Droits de l’Homme, de la Femme et du Citoyen, demandons qu'un Moratoire soit appliqué sur l’usage des armes sub-létales de maintien de l’ordre en vue de bannir leur utilisation lors des manifestations."

SIGNEZ LA PETITION ICI

Pétition de soignants contre les LBD : "J'ai vu des scanners de patients aux crânes fracassés"

Source : France Inter


Le docteur Laurent Thines, professeur de neurochirurgie au CHU de Besançon, a lancé une pétition pour un moratoire sur l'utilisation des armes sublétales afin d'alerter "sur leur dangerosité extrême". Il nous explique ce qui l'a poussé à agir.
Un homme à terre, blessé par un tir de flashball le 19 janvier dernier à Lyon au cours d'une manifestation des "gilets jaunes".
Un homme à terre, blessé par un tir de flashball le 19 janvier dernier à Lyon au cours d'une manifestation des "gilets jaunes". © AFP / ROMAIN LAFABREGUE
Au terme d'une opération chirurgicale qui a duré six heures, le neurologue prend le temps d'expliquer sa démarche au micro de France Inter : "Je ne suis pas un politique mais avant tout un médecin et un citoyen". Il a beaucoup réfléchi avant de lancer cette pétition pour la suspension des armes sublétales LBD40, mais aussi les grenades de désencerclement. "J'ai été très choqué, en tant que neurochirurgien, de la gravité des lésions qui étaient infligées à des personnes qui, dans beaucoup de cas, manifestaient de façon pacifique."
Sur la ville de Besançon, il n'y a pas eu de blessés graves liées aux LBD (lanceurs de balles de défense). Mais le médecin a eu accès et a pu consulter avec attention des rapports sur des blessures infligées à des manifestants, transmis par des confrères d'autres régions. "J'ai pu aussi consulter les images des scanners anonymisés de certains patients. On retrouve à la fois des lésions externes, des plaies du cuir chevelu, des contusions ou, chez certains patients, la perte d'un œil et des lésions internes, du même type que celles que l'on trouve sur des scènes de guerre ou sur des accidents graves de la route."
J'ai vu des scanners de personnes qui avaient le crâne fracassé, avec des hématomes intracrâniens et des séquelles neurologiques. C'est tout simplement inacceptable.
Le médecin évoque la centaine de blessés graves et les 17 personnes ayant perdu un œil, un constat qui lui semble tout aussi intolérable. Dans sa pétition, il évoque le cas d'une jeune femme qui, lors de sa première manifestation, a perdu un œil. Et la nécessité pour lui d'agir en tant que médecin. "Je veux porter la paroles des soignants, car je suis assez surpris qu'ils ne s'élèvent pas contre les violences alors qu'ils sont en première ligne pour gérer ces blessés graves."

65 000 signataires pour la pétition demandant un moratoire sur les armes sublétales

Parmi eux, des médecins et d’autres membres du personnel paramédical. Tous remercient le neurochirurgien d'avoir osé prendre la parole sur ce sujet. "J'ai pesé le pour et le contre car ce n'est pas une démarche anodine. Mais on ne peut pas rester dans l'inaction. C'est intolérable médicalement et humainement."
Le neurologue parle d'une dérive autoritaire lors des manifestations des gilets jaunes. Il n'hésite pas à évoquer une volonté politique de faire peur aux manifestants : pour lui, le ministère de l'Intérieur veut dissuader les gens d'aller manifester.
"On demande l’arrêt immédiat de l'utilisation de ces armes, pour que l'on statue sur leur dangerosité. Il faut interdire ces armes lors d'opérations de maintien de l'ordre, ou que l'on encadre de façon beaucoup plus stricte leur utilisation. Cela peut passer par le respect des consignes. Ce que l'on voit dans les statistiques actuelles, c'est que la moitié des personnes sont blessées à la tête alors qu'il est interdit de la viser !"

Quel moyen de substitution ?

Le docteur Larbi Benali, maître de conférence à l'université de Bordeaux, spécialisé en médecine légale et expert auprès de la cour d'appel de Bordeaux, n'a pas signé la pétition mais il estime qu'il s'agit d'une très bonne initiative : "Cela va peut-être permettre d'ouvrir un vrai débat au sujet de ces armes. Par exemple, on peut s'interroger sur les moyens qui sont en notre possession pour se substituer à ces armes".
Le médecin évoque le cas de deux personnes grièvement blessées à l’œil, dont il a pu constater directement l'étendue des lésions. "C'est l’utilisation de ces armes et l’encadrement des forces de l’ordre qui doivent être remises en question. Il faut former les forces de l'ordre, les sensibiliser aux dangers de ce genre d'armes. Encore trop souvent, les policiers et les gendarmes qui utilisent ces LBD n'ont pas réellement la connaissance des conséquences d'un tir qui ne serait pas fait à une distance réglementaire."

En 2016, Larbi Bénali avait participé à une étude sur la dangerosité des flashball (remplacés depuis par les LBD40). Cet article scientifique, paru dans la revue de médecine légale, n'avait pas provoqué de débat au sein des pouvoirs publics. Depuis d'autres études, notamment internationales, ont pointé la dangerosité de ces armes sans qu'elles soient interdites pour autant.
Les médecins n'avaient quand à eux jamais posé le problème publiquement. "Il faut faire remonter les cas de blessures provoquées par les LBD que nous rencontrons. C'est notre devoir sur le plan scientifique et aussi en tant que citoyen. Ces armes dites sublétales peuvent générer la mort : il faut avoir conscience de ce risque", insite Larbi Bénali.



Un syndicaliste policier dénonce la gestion du maintien de l'ordre....

Alexandre Langlois est policier. Menacé par sa hiérarchie pour "déloyauté", il dénonce la gestion du maintien de l'ordre par le gouvernement dans le cadre du mouvement des gilets jaunes, l'instrumentalisation des forces de l'ordre par le pouvoir, et les conditions de travail difficiles dans un contexte de hausse des cas de suicides chez les policiers.

Contre la «machine à radier», des chômeurs occupent Pôle emploi

Précarité

Mercredi matin, une soixantaine de précaires de la CGT se sont invités dans une plateforme de contrôle de l'agence d'indemnisation des demandeurs d'emploi, dans la Loire.

«Guerre au chômage ! Pas aux chômeurs.» Dans la Loire, à Andrézieux-Bouthéon, une soixantaine de chômeurs de Lyon et de Saint-Etienne ont déployé une banderole sur la façade du centre régional du contrôle de la recherche d’emploi, a-t-on appris jeudi auprès de la CGT. Depuis le début de matinée, ils occupent ces bureaux administratifs où des agents de Pôle emploi sont chargés de surveiller les démarches des demandeurs d’emploi et de jauger de leur niveau d’implication pour retrouver un emploi. Avec à la clé une sanction pour ceux qui sont identifiés comme ne jouant pas le jeu : la radiation temporaire. Des bureaux où, en temps normal, on ne trouve pas de demandeurs d’emploi, les procédures de contrôle se faisant principalement à distance, notamment par courrier et appel téléphonique.

«Radier à tour de bras»

«Nous exigeons le retrait du décret anti-chômeurs et la fin de cette chasse aux chômeurs», explique Tennessee Garcia, porte-parole de la CGT privés d’emploi et précaires. Le syndicat qui plaide «pour le droit au travail et à l’indemnisation» s’active depuis plusieurs jours pour faire annuler les nouvelles règles de sanction applicables aux chômeurs jugés insuffisamment zélés. Adoptées fin décembre, ces dernières sont globalement plus strictes. Changement notoire : jusqu’à présent, lorsqu’une radiation était prononcée, elle s’accompagnait d’une mise en parenthèse de l’indemnisation chômage. Désormais, avec le nouveau décret, l’indemnisation est tout simplement perdue dans la majorité des cas. De quoi accroître encore l’angoisse du contrôle chez les demandeurs d’emploi.

La CGT dénonce la «multiplication des radiations», permise notamment par l’accroissement du nombre de contrôleurs, dont l’effectif doit passer à mille à moyen terme. Autre grief : les procédures, dans lesquelles ces agents «ont toujours le dernier mot». Et la CGT d’en déduire : «L’objectif est donc bien de radier à tour de bras, pour donner l’impression que ces chômeurs radiés seraient autant de demandeurs d’emploi en moins.»

Amandine Cailhol

mercredi 30 janvier 2019

Toulouse : pourquoi les manifestations des gilets jaunes dégénèrent-elles toujours à 16h30 ?

Source : actu.fr

Chaque samedi, un peu comme une horloge, la manifestation des gilets jaunes dégénère vers 16h30, à Toulouse. Un rituel orchestré, selon l'Observatoire des pratiques policières.

fd
Chaque samedi, de violents incidents se déclarent pendant la manifestation des Gilets jaunes. (©Nicolas Drusian / Actu Toulouse)
C’est devenu un rituel, le samedi, à Toulouse. Après un défilé dans le calme, la manifestation des gilets jaunes dégénère systématiquement vers 16h30. 
Cette étrange ponctualité suscite des interrogations au sein de l’Observatoire des pratiques policières, constitué de membres de la Ligue des droits de l’Homme, du syndicat des avocats de France et de la fondation Copernic. Ces derniers s’inquiètent d’une escalade de la violence, d’un samedi sur l’autre, dans la Ville rose.

L’heure fatidique de 16h30

À l’occasion d’une conférence de presse, mardi 29 janvier 2019, sur « l’importance des déploiements policiers lors des manifestations, ainsi que l’usage massif et disproportionné de la force », l’Observatoire des pratiques policières dénonce une escalade « systématique » de la violence policière à 16h30. Pascal Gassiot, membre de l’Observatoire toulousain, explique :
Il y a quelquefois des petits incidents avant 16h30, mais ils ne donnent pas lieu à une intervention massive de la police. Ces derniers prennent parfois des projectiles, mais ils ne réagissent pas. Arrive 16h30 et un simple incident entraîne un ‘grenadage’ massif de la part des policiers, associé rapidement à des grenades de désencerclement. On se demande à quoi cela sert, alors que les policiers ne sont pas en danger physique immédiat.

Un « déclenchement des hostilités »

Selon Pascal Gassiot, il y a un « déclenchement des hostilités de manière unilatérale » de la part de la police :
La conséquence immédiate est une dispersion de la manifestation et une montée en rogne des manifestants qui arrivent de plus en plus équipés : casques, masques, lunettes de montagne, sérum physiologique… Il y a une sorte d’habitude par rapport à la violence policière. 
Des « violences » qui n’ont selon eux aucun impact sur les manifestations. « Le mouvement est plutôt en nette augmentation par rapport à décembre », souligne Pascal Gassiot, saluant un mouvement pacifiste. Comme observateur lors des manifestations, il précise n’avoir pas vu de matériel offensif, type cocktail Molotov, utilisé par les manifestants.
Rappelons qu’à l’issue de chaque « acte », la préfecture de la Haute-Garonne déplore de son côté l’utilisation de projectiles en tous genres. Et que le procureur de la République Dominique Alzeari avait évoqué, à l’issue de l’acte 10, de nombreuses exactions à l’encontre des policiers : « Des pavés de près d’un kilo, de la peinture, des écrous, des vis, des piles bâtons, des bouteilles de verre, et même des bouteilles d’acide et des cocktails Molotov ».

Des comportements de « cowboy »

« Les policiers ne sont pas confrontés à des manifestations agressives », assure pour sa part Pascal Gassiot. « On ne comprend pas cette disproportion extrême entre les moyens déployés par la police et les situations objectives de danger ». Il pointe aussi le comportement de certains corps de police qui ne sont pas, selon lui, formés au maintien de l’ordre.
Marie Toustou, de la Ligue des droits de l’homme, dénonce des comportements de « cowboy » de la part des Brigades anti-criminalité et de certains policiers en civil.
« On se demande où est le droit », s’interroge Marie Toustou. « Les manifestations sont cassées à partir de 16h30. Les manifestants n’ont alors plus leur place dans Toulouse. Et ceux qui ne veulent pas partir deviennent des délinquants et sont traités comme tels. Des grenades sont tirées sans sommation. Cela pose une question, celle de la répression ».

« Une volonté de judiciariser le maintien de l’ordre »

Pour Me Julien Brel, également membre de l’Observatoire des pratiques policières, il n’y a d’ailleurs pas de doute :
Le but du maintien de l’ordre n’est plus de rétablir le calme, mais de multiplier les interpellations. Il y a une volonté de judiciariser le maintien de l’ordre. Il y a une dynamique de répression qui vient servir une politique du chiffre. Cela implique d’aller au contact des manifestants. 

Contactée par Actu Toulouse, la préfecture défend la présence de la BAC :
Les casseurs profitent du grand nombre de manifestants pour procéder à des jets nombreux de pierres, projectiles et dégradations de biens publics et privés. Les forces de l’ordre doivent dès lors impérativement intervenir afin de faire cesser ces violences envers les personnes et les biens. La BAC participe naturellement à ces opérations et il n’est en aucune manière question d’enlever une partie du dispositif policier nécessaire au maintien de l’ordre.

AGENDA DES MANIFS DU 5 FEVRIER EN MIDI PYRENEES....

CNT 31 communique 

 📢 Grève et Manifestations, Mardi 5 février. 🏴

 
Dans le 09 : Rassemblement à Pamiers à 10h30 - Place de la République
Dans le 31 : Manifestation à Toulouse à 14h - Saint Cyprien
Dans le 65 : Rassemblement à Tarbes à 10h - Préfecture ; manifestation vers la Bourse du travail et AG
Dans le 82 : Rassemblement, manifestation et AG citoyenne à Montauban à 11 h - devant le MEDEF

Lire l'appel : Qui sème la misère, récolte la colère

« Lettre ouverte aux médecins hospitaliers pour que cesse la financiarisation de la santé »

"Pour Michel Canis, professeur de gynécologie obstétrique, il faut entrer en résistance face à la quête d'économies devenue inacceptable. Il propose une forme de grève sans impact sur le soin."

Tribune parue dans Le Monde hier matin.

"Parce que la cupidité n'a pas de limites, la financiarisation de la société impacte chaque moment de notre vie. A l'hôpital, parler aux patients est un exploit. Beaucoup de soignants " craquent ", certains vont jusqu'au suicide. Il faut faire plus avec moins. On utilise des secrétariats en ligne ou on limite le temps des consultations, comme si la prise en compte du patient dans sa complexité n'était plus essentielle. Au bloc opératoire, le temps est la référence : remplir les salles pour rentabiliser, mais finir à l'heure et éviter les heures supplémentaires du personnel non médical.
La qualité des soins est compromise quand l'image des caméras qui servent à opérer s'assombrit, ou disparaît si la caméra est en panne. De même quand l'intervention débute avec une durée impérative qu'il " faudrait " ne pas dépasser. Les chirurgiens devraient toujours finir à l'heure sans que cela nuise à la qualité, comme si les patients étaient tous les mêmes, comme des voitures à la sortie d'une chaîne de montage! Chacun a des exemples qui montrent que les économies et les objectifs financiers menacent la sécurité et la qualité des soins.
Cette quête d'économies est devenue inacceptable. Pour ces raisons, j'ai quitté mes fonctions de chef du service de chirurgie gynécologique du CHU de Clermont-Ferrand le 1er juillet 2018. Je ne peux pas être l'exécutant d'une politique que je désapprouve! J'ai démissionné. De nombreux médecins quittent l'institution. Je suis resté pour ma part à l'hôpital parce que la pression n'est pas très différente dans les établissements privés.
Tous les hôpitaux font face à ces difficultés : les suicides, les démissions parfois collectives, les articles dans des quotidiens régionaux ou nationaux, les décès de patients " oubliés " aux urgences en attestent. Malgré tout, la majorité d'entre nous accompagne le système en pensant qu'ils peuvent limiter les dégâts, ou convaincus qu'ils ne peuvent rien changer.
J'ai démissionné seul pour être en accord avec moi-même. Je ne vous demande pas de faire la même chose. Mais faciliter la mise en place des oukases de la finance en " comprenant " les impératifs qui guident nos décideurs est une erreur historique. Nous ne pouvons que retarder l'échéance. Le collet se resserre chaque jour. Ce que nous évitons aujourd'hui sera incontournable demain.
Nos directeurs d'hôpitaux, d'agences de santé et leurs autorités de tutelle ne sont que des courroies de transmission. Ils savent bien ce que la dette, qui gouverne, doit à l'évasion et à l'optimisation fiscales. Nous ne pouvons pas améliorer le logiciel de l'intérieur, c'est le système qui est une erreur.
Comment rester silencieux, quand pour défendre nos institutions les personnels non médicaux font grève, acceptant des pertes de salaire, et font parfois la grève de la faim? Les articles dans les journaux, les coups médiatiques sont des feux de paille sans effet, emportés par le flot de l'information.
Il faut agir! Réunissons-nous pour définir les projets. Je propose un cadre : la fin du chacun pour soi, pas de revendications salariales sauf pour les plus jeunes, davantage de moyens pour les patients, la redéfinition d'une administration qui étouffe de complexité, tout en gardant un regard lucide sur nos travers.
Nous pouvons peser. Grâce à la tarification à l'acte, nous pouvons " faire grève " sans impact sur les soins. Si, pour défendre l'hôpital, nous remplaçons le code de l'acte réalisé par celui de l'acte le moins onéreux. Si nous minimisions le prix, au lieu de maximiser les coûts. En somme, un gynécologue ne déclarerait que des endoscopies diagnostiques, un chirurgien digestif que des appendicectomies...
Cette grève ne changerait rien pour les patients, nos actes seraient facturés. Mais le système serait touché dans ce qu'il a de plus " cher ". Suivie par une majorité, cette règle devient un moyen de pression pour défendre les services publics. En dénonçant la financiarisation de la santé, ce mouvement aiderait les personnels de l'hôpital et les autres services publics qui ne peuvent pas faire grève sans arrêter leur institution. Cela aiderait aussi nos collègues du privé, soumis eux aussi à des impératifs financiers.
Quoi de plus symbolique qu'une grève du zèle en matière d'économies de santé pour dénoncer la financiarisation? Qui d'autre a le pouvoir d'une grève illimitée sans nuire au service rendu? N'est-ce pas notre devoir de nous lever contre ce qui rend la pratique de la médecine et la vie de nos concitoyens chaque jour plus difficile? N'avons-nous pas un devoir de résistance?
L'argent qui gouverne grâce aux règles de la finance et aux tribunaux d'arbitrage est un dictateur. La peur, la peur de la dette et de la pauvreté, l'isolement des individus et la surveillance ou la dénonciation de tous par chacun fondent son pouvoir. Solidaires, nous pouvons prendre l'initiative; isolés par de pseudo-pouvoirs ou la quête d'intérêts particuliers, nous ne pouvons rien. La médecine est impossible sans nous, mais aucun d'entre nous n'est indispensable! Nos collègues du privé nous rejoindrons si leurs compétences et leurs contraintes sont prises en compte. Comme nous, ils travaillent pour le bien des patients. Levons-nous, ensemble!"
https://www.lemonde.fr/…/lettre-ouverte-aux-medecins-hospit…

Sortir des pesticides, nous, nous disons que c’est possible !

 
La Confédération paysanne réaffirme qu'il y a urgence à sortir des pesticides qui, années après années font mourir les paysannes et paysans et continuent de creuser le fossé entre notre profession et le reste de la société. Le Président Macron a déclaré hier, dans un exercice de communication d'autopromotion, que ce ne sera pas possible, finalement, de sortir à 100% du glyphosate en trois ans, à cause… des importations. Nous, nous lui disons que c'est possible ! Il suffit que le Président se saisisse des propositions de la Confédération paysanne pour permettre la sortie des pesticides et abandonne les outils de communication tel le « contrat de solutions » co-signé par les principales firmes phytopharmaceutiques qui vivent de la vente de ces pesticides.
Depuis des années, des pratiques de l'agriculture paysanne, de l'agroécologie, des techniques de désherbage mécaniques, les rotations de cultures, l'usage des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP*)… bref l'agronomie, sont utilisées, expérimentées, transmises entre paysan-ne-s lors de formations et d'échanges, au quotidien, portés par la Confédération paysanne pour réduire l'utilisation des pesticides de synthèse.
La généralisation de l'usage des pesticides est le symptôme d'un modèle agricole fondé sur le libre-échange, entraînant une compétition acharnée sur les coûts et les prix et donc une grande difficulté pour les paysan-ne-s à obtenir un revenu juste et stable. Sortir des pesticides présuppose donc une transformation de la condition économique faite aux paysan-ne-s, qui fait des pesticides une béquille au revenu.
C'est pourquoi, en parallèle de ces pratiques agronomiques, la Confédération paysanne revendique la fin des accords de libre-échange, la mise en place de clauses de sauvegarde et l'application de prix minimum d'entrée pour les fruits et légumes importés. C'est cet ensemble de propositions qui permettront, via la transition agricole permise par la PAC* et des politiques publiques volontaristes inscrites dans la durée, une réelle sortie des pesticides.
Les paysan-ne-s n'ont pas besoin de coup de com' ou de pseudo contrat de mauvaises solutions mais de véritables engagements politiques, économiques et agronomiques qui les accompagnent financièrement pour envisager et s'engager dans la sortie des pesticides. L'urgence de la réconciliation du monde paysan et des citoyen-ne-s, la reconquête de prix rémunérateurs, la meilleure qualité de vie des paysan-n-es méritent mieux que des écrans de fumée, destinés à masquer l'incapacité des pouvoirs publics et les manœuvres des tenants du système de dépendance des paysan-ne-s à l'agro-industrie. Il est temps d'ouvrir de nouveaux horizons pour notre métier !

En téléchargement :

    Pesticides : nos positions

« Février sans supermarché » : l’initiative gagne la France !

Source : Mr Mondialisation

Alors que les supermarchés et grandes surfaces ont régulièrement été sous le feu des critiques pendant ces derniers mois, en particulier en raison de leur modèle économique qui étouffe les producteurs, une initiative suisse, « Février sans supermarché », portée par En Vert Et Contre Tout, rencontre un franc succès médiatique et populaire, tout aussi bien chez nos voisins helvétiques qu’en France. 


Cela fait plusieurs années que des personnalités et groupes locaux appellent à se passer des grandes surfaces. Le défi « Février sans supermarché », soutenu et médiatisé par En Vert Et Contre Tout en partenariat avec ArboLife, a été lancé pour que l’idée prenne une dimension collective plus globale.

Expérimenté en 2017 et reconduit cette année, il connaît un succès grandissant.
Le mot d’ordre, auquel les citoyens et les citoyennes de suisse romande et de France sont appelés à se rallier de manière volontaire au sein de groupes locaux, est une invitation à réfléchir à nos consommations quotidiennes et à éventuellement les réorienter vers des produits locaux, afin de soutenir un autre modèle économique et social. Et puis tout simplement découvrir qu’il est vraiment possible de se passer de supermarché sans pour autant se ruiner.

Quand consommer devient un acte politique

L’objectif premier du défi et de s’interroger collectivement et individuellement à propos du modèle économique que nous souhaitons soutenir à travers nos achats, car nos dépenses peuvent se transformer en acte politique. Les individus passent ainsi du statut de « consommateurs » à celui de « consom’acteurs », nous explique Leïla Rölli, à l’origine d’En Vert Et Contre Tout. Dans ce contexte, il s’agit, selon l’appel, d’ « encourager les commerces indépendants, redécouvrir les épiceries de quartier, soutenir les petits producteurs, favoriser la vente en vrac et le commerce local, repeupler les marchés ou encore réapprendre à n’acheter que l’essentiel. Mais c’est également l’opportunité de faire savoir aux grandes surfaces que nous ne sommes pas d’accord avec le sur-emballage ou leur politique de prix qui écrasent les producteurs ».
En France, une initiative de ce type avait d’ailleurs vu le jour dès 2016, sous l’impulsion de la journaliste Mathilde Golla. Rapidement, avec les scandales à répétition dans lesquels sont empêtrés les acteurs de la grande distribution et l’intérêt croissant des citoyens pour les questions sociales et environnementales, l’idée a gagné en popularité. Après avoir trouvé un écho en Suisse en 2017, le défi a été étendu à toute la France en 2018. Le défi est une réponse à « la période de surconsommation dont nous sortons après Noël », et fait honneur à tout ceux qui s’investissent pour la cause, comme les coopératives de consommateurs ou les magasins « Zéro déchet » précise Leïla Rölli.
Avant le déchainementPeu importe si vous allez jusqu’au bout, l’essentiel est de participer

Selon cette dernière, l’essentiel est de participer à son échelle, peu importe si les participants n’arrivent pas à tenir le pari pendant tout le mois. En effet, en s’engageant, chacun peut témoigner de sa sensibilité pour la problématique. « L’important est de saisir l’occasion de se questionner sur nos principes et nos réflexes de consommation » précise sur le site Léa Candaux Estevez, une citoyenne engagée à Neuchâtel, ajoutant que « peu importe si vous savez d’avance que vous aurez besoin d’aller une, deux ou même trois fois dans une grande surface car il n’y a pas d’alternative pour l’un ou l’autre des produits que vous consommez ». L’enthousiasme est palpable, avec plus de 20.000 participants en France et en Suisse en 2018, contre moins de 1000 en Suisse l’année passée. C’est que « les mentalités commencent à changer », se réjouit Leïla Rölli, qui pointe également que le sujet est de plus en plus abordé dans le débat public.

Dans son appel, la journaliste préfère anticiper certaines critiques qui avaient été émises l’année passée, notamment l’idée reçue qu’un tel boycott mettrait en danger les emplois dans les grandes surfaces. Pourtant ce type d’action n’a que peu d’impact sur l’économie des supermarchés. Même si ces dernièrs devaient perdre quelques centaines de clients, leurs marges, en millions, sont suffisamment importantes. En revanche, une poignée de clients en plus pour les épiceries de quartier apporterait à ces dernières un souffle d’air suffisant avec, peut être, de nouveaux emplois à la clé et un renforcement de l’économie locale.

Par ailleurs, le principe économique sur lequel reposent les supermarchés est précisément l’effet d’échelle permettant d’employer un minimum de personnes pour une quantité de vente plus importante. Ainsi, plusieurs épiceries locales peuvent employer plus de personnes qu’un grand magasin. Le principe fonctionne également avec la restauration rapide ou les centres-commerciaux.

L’ouverture d’un grand complexe de vente signifie souvent la faillite invisible de nombreux commerces locaux en éloignant les consommateurs des rues commerçantes qui animent les centres.
Bien que le mois de février soit entamé, pour ceux qui sont intéressés par le défi, il n’est pas trop tard pour rejoindre l’un des groupes locaux en France ou en Suisse et s’engager pour un « Février sans supermarché ».


A Mayotte, des tomates contaminées par un insecticide interdit en France


Ce matin au marché couvert de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, les tomates ont disparu des étals. Les agents de la direction du Travail qui circulent dans les allées sont à la recherche de ces fruits potentiellement contaminés par un insecticide interdit en France.
Depuis le 15 janvier, la préfecture a mis sous "surveillance renforcée" la vente de tomates produites localement, après que de récents prélèvements ont montré des "taux de contamination très importants" au dimethoate, un insecticide, de ces fruits.
Le dimethoate serait particulièrement épandu sur les tomates car il rehausserait la couleur rouge, selon la préfecture.
"Puissant toxique du système nerveux" selon l'Agence régionale de santé océan Indien (ARS OI), le dimethoate est interdit depuis 2016 en France mais il est autorisé dans certains pays voisins de Mayotte, notamment les Comores et Madagascar, d'où il pourrait être importé illégalement, estime la préfecture du 101ème département français.
Elle a pris un arrêté, d'une durée de 150 jours, pour intensifier les contrôles : plus de 200 kilos de tomates dont la provenance n'a pu être identifiée ont été saisis et détruits.
Au marché, les agents ont failli repartir bredouilles mais ont fini par dénicher quelques dizaines de kilos de ces fruits, bien dissimulés derrière des cartons. "A qui est ce stand ?" Le propriétaire de l'étal reste introuvable.
"Il ne s'agit pas d'interdire la vente mais de pouvoir savoir d'où viennent ces tomates", argue David Touzel de la Direction du Travail, qui déplore qu'aucun vendeur n'ait pu lui montrer des documents attestant de l'origine de ses fruits, sur l'ensemble des contrôles qu'il a effectués la semaine passée.
Si la préfecture "n'a pas connaissance" du volume de tomates contaminées sur l'île, toutes celles qui ont été analysées, hormis celles du marché couvert de Mamoudzou, des coopératives agricoles et des supermarchés, contenaient du dimethoate, a-t-elle déploré. "C'est une réalité", a-t-elle ajouté.
Dans l'île, les ventes de fruits et légumes se font le plus souvent sur le bord des routes, une question d'habitude pour la population, mais aussi de budget, les produits étant souvent moins chers que dans les commerces officiels.
- Provenance inconnue
Les vendeurs, généralement des femmes assises au sol et abritées du soleil par des parasols colorés, proposent toute la journée des fruits et légumes présentés sur des palettes de bois.
Mais sans aucune garantie sur la provenance des produits. Toutes les vendeuses ne possèdent pas la patente nécessaire, délivrée en mairie, et "la personne qui a la patente n'est pas forcément celle qui exerce", indique à l'AFP Etienne Guillet, le directeur de cabinet du préfet.
De même, il n'est pas certain "que les produits vendus sont bien ceux qui doivent être vendus", précise Etienne Guillet. Et beaucoup de ces vendeurs à la sauvette "sont en situation irrégulière" sur le territoire, ajoute David Touzel, ce qui "complique la donne". Mayotte connaît une forte pression migratoire issue des Comores.
Ce n'est pas la première fois que les autorités alertent sur cette pollution. En 2017, les premiers contrôles réalisés sur des tomates produites localement faisaient état de taux de contamination 27 fois supérieurs à la dose maximale autorisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), selon la préfecture.
Les derniers prélèvements, en 2019, montrent une baisse de ce taux de contamination, qui reste toutefois 17 fois supérieur à la dose maximale autorisée.
Si les analyses ne sont pas "limitées aux tomates", indique la préfecture, elles les ciblent particulièrement. Certains autres fruits et légumes ayant fait l'objet de prélèvements contenaient également du dimethoate, "mais pas au taux d'alerte". "Ce n'est pas normal qu'on en trouve (dans les autres fruits et légumes, ndlr), c'est clair, mais ce n'est pas pour autant qu'il y a un risque", explicite Etienne Guillet.

Nous, paysans bio rejoignons les gilets jaunes

Publié dans Libération

Par un collectif de paysans bio




Nous, paysans bio rejoignons les gilets jaunes 

Parce qu'ils constatent l'injustice sociale avec des fins de mois difficiles et parce qu'ils peuvent apporter des solutions à l'urgence climatique, les paysans bio appellent à s'unir au mouvement social.

Tribune. Nous sommes paysans bio et nous rejoignons les gilets jaunes. Nous appelons les paysans et le reste de la société à généraliser cette convergence et demandons à nos organisations de prendre leurs responsabilités. Injustice sociale, injustice fiscale et urgence climatique même combat, mêmes victimes et mêmes responsables. Pour les paysans bio, il est également temps de s’organiser, de se mobiliser ensemble, de repenser dans sa totalité ce système économique et politique conçu par et pour les riches et les puissants.
Par nos pratiques vertueuses et notre respect de l’environnement et de la biodiversité, nous apportons des solutions à l’urgence climatique. Par les valeurs que l’agriculture paysanne bio véhicule, nous apportons également des solutions face à l’injustice sociale, et à la réduction en «esclavage» de nos vies. Ne vivons plus comme des esclaves.
Solution écologique et émancipatrice, l’agriculture paysanne bio que nous portons peut amener à plus d’autonomie alimentaire, à la relocalisation des productions et des ventes, à la création du lien partout à l’échelle locale et à la généralisation de l’économie circulaire. Cette démarche est plébiscitée, nous le constatons chaque jour.
Pourtant les paysans bio subissent quotidiennement l’ensemble des maux que mettent en avant les gilets jaunes.
Nous connaissons «injustice fiscale» et retard de paiement. Les aides en faveur de l’agriculture biologique (dont nous sommes sûrement moins dépendants qu’en conventionnel) ont entre deux et trois ans de retard. Situation intenable pour nombre d’entre nous sans que jamais le vent de la révolte soit suffisant pour balayer l’absurdité de ces retards et du système permettant ces aides. Il est temps de tout mettre à plat, dans tous les domaines et aussi en agriculture biologique. Repenser les choses pour être résilients à l’échelle locale, soutenus et autonomes. Les produits de qualité que nous proposons devraient pouvoir être accessibles à toutes et tous et devraient nous permettre, nous paysans bio de vivre dignement. Ce n’est pas le cas, ni pour nous, ni pour l’accessibilité des produits.
Nous connaissons l'«injustice sociale». Nourrir, même bien, vaut moins que spéculer. De la production à la «consommation», des moyens de productions au parasitage des grosses sociétés, de l’aliénation par le travail à l’implication locale, nous devons tout remettre à plat.
Nous sommes en prise avec l'«urgence climatique». Nous sommes certainement la dernière génération à pouvoir faire quelque chose, il nous reste peu de temps et en tant que paysans bio, nous sommes des acteurs du changement. Pourtant nous subissons en premier lieu les conséquences du dérèglement climatique. Nous constatons qu’une transition douce n’est pas suffisante : c’est maintenant que tout se joue radicalement tant pour ce qui nous entoure que pour celles et ceux qui nous entourent. Nous retrouvons les mêmes victimes à savoir les plus faibles, les plus démunies, les plus précaires. Ceux qui, noyés dans le quotidien des obligations et des urgences ne prennent plus le temps ou le droit de prendre la parole. Nous retrouvons également les mêmes responsables : grandes entreprises, milliardaires, puissants, système basé sur la croissance et le profit. Ceux-là mêmes qui imposent des taxes et des normes aux plus défavorisés sans se les imposer à eux-mêmes et sans mettre en place des alternatives viables et souhaitables. Ils ont fait un choix, celui de maintenir leur microcosme et leur pouvoir au détriment de la planète et de ses habitants. Faisons-le nôtre : renversons la table et repensons tout, partout où il nous semblera bon de le faire.
Voilà pourquoi, en tant que paysans bio, nous pensons qu’il ne faut pas passer à côté de l’occasion de contribuer au mouvement des gilets jaunes. Il représente peut-être la seule occasion que nous ayons de reprendre en main nos vies, nos fins de mois et la fin du monde.
un collectif de paysans bio

« Vivre sans supermarché ? On vous explique comment faire. »

Source : PostivR

Pendant un mois, Impact(s) s’est posé la question. Pour répondre aux problématiques posées par la grande distribution et révélées dans leur enquête, ils ont découvert au gré de leurs reportages différentes solutions ou alternatives. Grâce à des initiatives venues du monde entier, ils ont pu apprendre à vivre sans supermarché.

Partenaire Impact(s) sur POSITIVR
Cet article vous est proposé en partenariat avec Impact(s), indépendamment de la Rédaction 
 

Des réponses écologiques

L’avènement du supermarché et l’expansion des grandes surfaces ont entraîné la disparition de kilomètres carrés de terres cultivables aux abords des villes, l’augmentation des émissions de CO2, mais aussi l’explosion des emballages plastiques et du gaspillage alimentaire.
Face à ce constat écologique inquiétant, nous avons pu découvrir des lieux de vente qui promeuvent les produits sans emballage, ou bien des produits alternatifs, comme les cotons tiges en bois ou les éponges recyclées.
Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, les solutions se multiplient : appli qui vous alerte sur les dates de péremption de vos produits, vous permet de sauver les invendus des commerçants avant qu’ils n’atterrissent à la poubelle, boutique d’objets gratuits à réutiliser ou recycler, ou carrément réseau de commerces dédiés au sauvetage des produits alimentaires destinés à la destruction…

La survie des petits producteurs

Loin de l’agriculture industrielle et de ses effets désastreux, nous avons également pu rencontrer des agriculteurs soucieux de leurs méthodes de production et de leur impact sur l’environnement.
Des producteurs souvent conduits à l’agonie par les exigences de la grande distribution et les prix pratiqués. Pour lutter contre cela, les circuits courts se développent, avec la vente directe ou même des drives de produits locaux.
Certains producteurs vont même plus loin, en se rassemblant pour vendre leurs produits ensemble, voire en rachetant un supermarché pour le remplacer par une coopérative de vente directe. Ce qui permet en outre de renverser l’impact économique négatif des grandes surfaces à l’échelle locale. En effet, les chiffres montrent qu’un euro dépensé dans une entreprise locale et indépendante a un impact sur l’emploi deux à quatre fois supérieur à un euro dépensé dans une entreprise multinationale.

Un impact positif pour la santé

De nombreuses études prouvent la responsabilité des grandes surfaces dans l’apparition de nos maladies de société : obésité, diabète, hypertension, cholestérol, allergies, cancers… Le retour à la consommation de produits non transformés, locaux et de saison, a donc pour autre vertu d’être meilleur pour la santé.
Les alternatives à la grande distribution qui naissent partout en France ont en outre des effets positifs collatéraux, comme la création de liens sociaux nouveaux, grâce aux coopératives alimentaires, aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale.

Des alternatives éprouvées

Loin de la grande distribution, des solutions et des alternatives fleurissent et essaiment. Désormais, vivre sans supermarché n’est plus une fantaisie extravagante. Il ne s’agit pas d’un caprice d’enfant ou d’une lubie de bobo. Vivre sans supermarché, c’est choisir une consommation plus juste pour les producteurs, meilleure pour la santé, créatrice d'emplois, soucieuse de réduire le gaspillage alimentaire et de limiter ses effets néfastes sur l’environnement.
Vivre sans supermarché, c’est choisir un autre modèle de société. Et aujourd’hui, chacun à sa manière, chacun à son rythme, nous pouvons collectivement faire un pas dans une nouvelle direction.