vendredi 30 janvier 2015

Juncker dit « non » à la Grèce et menace la France

Source : Politis
« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens », affirme notamment le président de la Commission européenne.
Intraitable. Dans un entretien au Figaro (29 janvier, édition abonnés), le président de la Commission européenne adresse une fin de non-recevoir au gouvernement grec conduit par Alexis Tsipras. Sur l’annulation de la dette, Jean-Claude Juncker oppose à la Grèce un « non » catégorique :
« Athènes a accepté deux plans d’ajustement (de redressement, NDLR), elle doit s’y sentir tenue. Il n’est pas question de supprimer la dette grecque. Les autres pays européens ne l’accepteront pas. »
On a connu le président de la Commission plus conciliant quand, Premier ministre du Luxembourg, il autorisait des dizaines de multinationales à s’affranchir des législations fiscales des pays membres de l’UE.
Les élections ne changent rien, affirme en substance le président de la Commission européenne. Sans prendre beaucoup de gants :
« Dire qu’un monde nouveau a vu le jour après le scrutin de dimanche n’est pas vrai. Nous respectons le suffrage universel en Grèce, mais la Grèce doit aussi respecter les autres, les opinions publiques et les parlementaires du reste de l’Europe. Des arrangements sont possibles, mais ils n’altèreront pas fondamentalement ce qui est en place. »
Vous n’êtes pas certain d’avoir compris ? « Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités », ajoute encore Jean-Claude Juncker, qui lâche une phrase terrible, qui résume toutes les limites de la démocratie dans l’Union européenne :
« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Interrogé sur la France, et notamment sur la question de savoir si la Commission va accepter d’accorder à notre pays un délai supplémentaire pour réduire le déficit à 3 % du PIB, Jean-Claude Juncker se montre également rigide et menaçant.
Rigide quand il radote le credo de toutes les Commissions : « Nous voudrions voir la France renforcer ses réformes, en nombre comme en intensité. » Selon lui, « la France soufre d’un manque de réformes dites structurelles, de réformes qui portent sur l’essentiel (…). Elle doit soigneusement examiner les faiblesses de son droit du travail. » Menaçant lorsqu’il réaffirme qu’« il n’y a pas d’autre remèdes que de la consolidation budgétaire » (sic) et n’exclut pas de sanctionner la France si son déficit n’est pas réduit : « Un pays ne peut pas échapper aux sanctions s’il ne respecte pas les règles. »
Il n’y a pas de « diktat » allemand, affirme le président de la Commission européenne. « Cette impression d’un diktat, d’une machine allemande qui laminerait toute contradiction est parfaitement erronée », soutient-il. Avant de lever un coin du voile de secret qui entoure les sommets européens : « D’autres gouvernement, parfois même socialistes, étaient beaucoup plus sévères à l’égard de la Grèce, par exemple. » Une confidence dont la véracité ne nous paraît pas contestable. Allez savoir pourquoi…

"Levitation", le programme secret canadien qui vous (nous) espionne

Source : Le Nouvel Obs

Ce sont pas moins de 102 sites de partage de fichiers et des millions de vidéos, sons et documents que le Renseignement passe dans ses filets selon les dernières révélations d'Edward Snowden.
C'est un sondage qui tombe à pic. Selon une étude rendue publique mercredi, 9 Canadiens sur 10 se disent préoccupés par la protection de leur vie privée. Et les derniers documents secrets révélés par Edward Snowden leurs donnent amplement raison.
Après la NSA américaine, c'est en effet le Renseignement canadien, le CSE, qui est pointé du doigt. Il aurait mis en place un vaste système de surveillance mondial, destiné à filtrer plusieurs millions de téléchargements quotidiens de fichiers sur quelque 102 sites de partage, tels que Rapidshare, Sendspace ou Megaupload (fermé depuis), ont révélé CBC News et "The Intercept". Le tout, dans le but d'identifier les activités liées au terrorisme.
Le document qui fait foi, un powerpoint d'une présentation officielle du programme nommé "Levitation", date de la mi-2012. Il promeut la façon dont le CSE surveille les téléchargements, non seulement sur le continent américain, mais également en Europe, au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord, indiquent les documents secrets consultés par les journalistes des deux médias.
Ces documents viennent heurter la communication officielle canadienne, au moment où le gouvernement tente d'obtenir justement plus de moyens en terme de développement des outils sécuritaires après les attaques de l'année dernière à Ottawa et Québec.
Surveillance à grande échelle
Ce système fonctionne comme une sorte de filet dérivant en mer. Il collecte, archive et analyse tous les fichiers – vidéo, son, document… - uploadés ou téléchargés, ainsi que les données concernant les personnes qui manient ces fichiers.
Interrogé par "The Intercept", David Christopher, porte-parole d'OpenMedia.ca, a dénoncé là "une surveillance sans mandat judiciaire, à grande échelle, des activités privées en ligne".
Raison avancée : la lutte contre le terrorisme. Ce système de surveillance traque en effet tout contenu faisant référence à ce genre d'activité, comme les guides de fabrication de bombes ou les vidéos de promotion du terrorisme comme celles d'otages.
Mais "Levitation" permet également de remonter aux personnes ayant téléchargé ces contenus, de les localiser, de tracer leur activité sur internet en général et sur les réseaux sociaux en particulier, grâce aux adresses IP qui sont alors croisées avec d'autres fichiers.
Or cette activité, aujourd'hui mise en place dans le cadre de l'antiterrorisme, peut être élargie à tout domaine, le système stockant tous azimuts les données passées dans ses filets, fichant l'activité de centaines de milliers de personnes.
Selon "The Intercept", depuis 2012, date à laquelle la présentation a été rédigée, certains sites ont renforcé leur sécurité en chiffrant les connexions des utilisateurs, ce qui pourrait avoir en partie contrecarré la surveillance de "Levitation". Mais beaucoup d'autres sites de partage n'ont pas mis en place ces mesures de précaution, les rendant vulnérables à l'espionnage.
Le CSE a refusé de confirmer ou infirmer si le programme était toujours actif ou non. Tout comme de révéler combien de temps les données étaient conservées.
Céline Lussato

Printemps de la colère !


Report de l’accessibilité, Inclusion Scolaire Inexistante, Baisse des moyens, Non Application de nos droits, Généralisation des Conflits d'intérêts, Discrimination, Non-Reconnaissance de certains Handicaps …. La liste est longue !!!!

Jamais la situation du Handicap en France n'a été aussi dramatique …..

Le 21 Mars 2015, Tous ensemble à Paris, Mettons nos politiques devant leurs responsabilités, nous n'accepterons plus d'être traités comme des sous-Citoyens !!!!!

- Rassemblement à partir de 13h devant le Ministère
de l'éducation nationale
- Départ vers 14h en cortège vers le Ministère de la
santé

Seul le retrait de l’amendement « Secret des affaires » est acceptable, affirme la profession des journalistes

Source : Reporterre

La loi Macron veut restreindre la liberté d’information. Journalistes et citoyens s’insurgent.

Seul le retrait de l’amendement “secret des affaires” est acceptable
Une délégation du collectif de journalistes « Informer n’est pas un délit » a été reçue à Bercy, ce jeudi, par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Même si l’échange a été positif et nos arguments écoutés, le problème demeure à la racine du texte, dans la définition même du « secret des affaires » qui figure dans un amendement au projet de loi sur la croissance et l’activité.
Les “amendements à l’amendement” évoqués par le ministre lors de ses vœux à la presse ne résoudront rien. Le gouvernement est en train d’élaborer un fourre-tout législatif dont la liberté d’informer sortira inévitablement perdante tout comme les sources, les lanceurs d’alertes et les représentants des salariés.

Nous, représentants des sociétés de journalistes de nombreux médias de la presse écrite, web et audiovisuelle, prenons acte de la volonté d’Emmanuel Macron de « garantir la liberté de la presse, la liberté d’information et la liberté d’investigation ».
Seulement voilà, la liberté d’informer sans accès à l’information n’a pas de sens.
D’ailleurs, lors de l’entretien qu’il nous a accordé ce matin, le ministre de l’Economie a reconnu « deux problèmes » :
1. L’absence totale de concertation avant l’introduction en catimini dans la loi Macron de l’amendement sur le « secret des affaires ». « Ce n’est pas ma méthode », a fait savoir le ministre.
2. Le texte soumis à discussion à l’Assemblée nationale est susceptible d’entrer en contradiction avec l’actuelle loi sur la protection des sources des journalistes. Ce qui rend indispensable la nécessité d’une approche harmonisée de la question. « C’est aussi un problème qu’il faut prendre en compte », a convenu M. Macron.
Si nous comprenons qu’il faille légiférer sur la protection des entreprises contre l’espionnage industriel, rien n’oblige à le faire dans la précipitation au risque d’ouvrir la voie à des dérives liberticides pour l’information du public.
C’est un enjeu trop important pour l’appréhender sans solliciter une concertation citoyenne, pluraliste et contradictoire comme c’est l’usage pour n’importe quel texte de loi.
Nous réitérons donc notre demande ferme de retrait de l’amendement sur le « secret des affaires ». C’est l’étape indispensable pour pouvoir engager une réflexion apaisée à la hauteur des enjeux, tant du côté des entreprises que de l’information.
Nous avons sollicité une audience auprès du chef de l’Etat, qui s’est publiquement engagé à plusieurs reprises en faveur de la liberté d’informer et d’une meilleure protection des sources des journalistes, afin de lui faire part de notre détermination à ne pas accepter ce texte et de l’urgence d’une concertation digne de ce nom.
- Le Collectif des signataires contre l’amendement “Secret des affaires”

"Secret des affaires" : informer n’est pas un délit
Il y a un loup dans la loi Macron. Le projet de loi actuellement discuté à l’Assemblée nationale contient un amendement, glissé en catimini dans le texte, qui menace d’entraver le travail d’enquête des journalistes et, par conséquent, l’information éclairée du citoyen. Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur instaure comme nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme un « secret des affaires » dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en France.
Selon le texte, le « secret des affaires » recouvre « une information non publique, qui fait l’objet de mesures de protection raisonnables » et qui a « une valeur économique ». Notre métier consistant a révéler des informations d’intérêt public, il sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique du pays.
Le texte, qui a été préparé sans la moindre concertation, laisse la libre interprétation aux seules entreprises de ce qui relèverait désormais du « secret des affaires ». Autrement dit, avec la loi Macron, vous n’auriez jamais entendu parler du scandale du Médiator ou de celui de l’amiante, de l’affaire Luxleaks, UBS, HSBC sur l’évasion fiscale, des stratégies cachées des géants du tabac, mais aussi des dossiers Elf, Karachi, Tapie-Crédit Lyonnais, ou de l’affaire Amésys, du nom de cette société française qui a aidé une dictature à espionner sa population. Et on en passe… La simple révélation d’un projet de plan social pourrait, en l’état, elle aussi, tomber sous le coup de la loi Macron.
Avec ce texte, un juge saisi par l’entreprise sera appelé à devenir le rédacteur en chef de la nation qui décide de l’intérêt ou non d’une information. Une disposition spéciale prévoit même que la justice puisse empêcher la publication ou la diffusion d’une enquête. Dans le cas où le journaliste viole ce « secret des affaires », il encourt 3 ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende. La mise est doublée en cas d’atteinte à « la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France ». Une triple notion suffisamment vague pour autoriser toutes les dérives liberticides.
Même tarif pour les lanceurs d’alerte, les fameuses sources sans lesquelles certaines affaires ne sortiraient pas. Ce texte inacceptable est mis au vote alors même qu’une loi prévoyant le renforcement de la protection des sources des journalistes a été discrètement enterrée l’été passé.
Nous, journalistes, refusons de nous contenter de recopier des communiqués de presse pour que vous, citoyens, restiez informés. Et comme disait George Orwell : « Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publié : tout le reste n’est que relations publiques ». C’est pourquoi nous demandons le retrait pur et simple de ce texte.

Protégeons la presse et les lanceurs d’alerte !
La mobilisation marche ! Le ministre des finances Michel Sapin vient d’annoncer sur RTL que la loi sur le secret des affaires serait amendée pour protéger les lanceurs d’alerte ! Mais restons vigilants et continuons à nous mobiliser et mobiliser autour de nous car il en va de notre démocratie ! L’ensemble des journalistes viennent de condamner unanimement cette loi dangereuse.
Alors que la France en deuil finit seulement d’enterrer ses victimes des attaques terroristes, alors que toute la population a manifesté en masse pour défendre la liberté de la presse, nos députés préparent en catimini un amendement qui met en danger cette même liberté d’informer !
Au prétexte de protéger les entreprises françaises contre l’espionnage industriel, ils risquent de museler les lanceurs d’alerte et les journalistes en créant la notion de "secret des affaires".
Bien sûr il est légitime de lutter contre l’espionnage industriel, bien sûr il y a des failles juridiques à combler. Mais en l’état, le texte présenté aux députés constitue une incroyable atteinte à la liberté d’informer et risque d’amener nombre de journaux ou de lanceurs d’alerte à s’auto-censurer.
Le scandale du Médiator n’aurait sans doute jamais vu le jour sous une telle loi. Irène Frachon qui l’a percé à jour aurait risqué trois ans en prison et 375 000 euros d’amendes pour violation du secret professionel. Les salariés de Continental qui dénonçaient leur licenciement alors que l’entreprise était rentable auraient risqué la même peine.
Plus récemment, les journalistes du Point ou de Marianne n’auraient pu révélé ce qui ressemble à la plus grande fraude électorale dans l’affaire Bygmalion. Quant aux enquêtes de Greenpeace sur le coût et les dangers du nucléaire, ou celles de l’UFC Que Choisir sur la toxicité des objets de notre quotidien, il vaut mieux tout simplement les oublier.
Ce projet s’il était adopté par les députés condamnerait définitivement au silence les lanceurs d’alerte qui en exposant des scandales se mettent en danger pour nous informer et lutter contre la corruption, sauvegarder l’environnement ou défendre notre santé.
Il y a seulement quelques jours, aux cris de "Nous sommes Charlie", nous étions des millions à manifester pour rendre hommage à ceux qui sont morts parce qu’ils étaient journalistes ou dessinateurs. Comme nous le disait le dessinateur Luz, lors de l’hommage rendu à Charb : "Je suis Charlie, nous sommes Charlie. Vous êtes Charlie… Prouvez-le !". Aujourd’hui, prouvons notre attachement à liberté d’expression, et défendons le droit d’informer en signant cette pétition.


France : près de quatorze ans après la catastrophe d’AZF, des questions en suspens...

 Source : France 24

Le 21 septembre 2001, à 10h17, le hangar 221 de l'usine AZF de Toulouse est pulvérisé. Cinq cents tonnes d'engrais explosent. L'onde de choc balaie tout sur son passage et atteint même le centre de la ville. Trente-et-une personnes perdent la vie, des milliers d’autres sont blessées. France 24 revient sur les lieux de la pire catastrophe qu’a connue la France depuis la Seconde Guerre mondiale, et dont de nombreux habitants ne se sont toujours pas remis.

Dans les rues de Toulouse, tout le monde se souvient avec une précision déconcertante de ce qu’il ou elle faisait le 21 septembre 2001 à 10h17.
Pauline faisait ses courses aux alentours de la résidence de la tour de Seysses. Nous y sommes retournés avec elle. Ce jour-là, elle a cru perdre son mari. Elle est restée plusieurs heures en état de choc et garde encore des séquelles de la catastrophe.
Jacques, lui, était en charge de la sécurité sur le site de l’usine AZF. Quelques minutes avant le drame, il reçoit un appel pour une intervention à l’autre bout de l’usine. Il sera sauvé. Depuis, il se bat pour la mémoire de ses vingt-et-un collègues morts dans la catastrophe et l’honneur de son usine.
Son association s’est notamment portée partie civile lors des deux procès fleuve qui ont regroupé 3 000 plaignants et plus de 50 avocats. En 2012, onze ans après la catastrophe, la Cour d’appel de Toulouse tranche : l'ancien directeur du complexe chimique et sa maison mère, Grande Paroisse, filiale du groupe pétrolier Total, sont reconnus coupables d'homicides involontaires "par négligence ou imprudence".
Soulagement chez les familles de victimes. Drame chez les salariés, qui voient leur usine et leur travail pointés du doigt…
Mais le 13 janvier dernier, la Cour de cassation annule l’arrêt de la cour d’appel. Un nouveau procès se tiendra… à Paris. Les familles endeuillées et sinistrées dénoncent une double peine. Les salariés y voient, eux, espèrent enfin connaître la vérité.
Près de quatorze ans après la tragédie qui a frappé Toulouse, les rescapés d’AZF sont toujours en quête de réponses. Mais plus le temps passe, plus l’espoir d’obtenir un jour la vérité sur ce qui s’est passé le 21 septembre 2001 à 10h17 s’éloigne.


Voir le reportage vidéo sur France 24

"Les Fourmis Rouges" - samedi dans le Lot

Samedi 31 janvier à Lalbenque (46)

Salle des fêtes 21 h - 3€

La leçon de responsabilité des Grecs à l'Europe

Romaric Godin
La Tribune 

 Sans doute, dès lundi, aurons-nous déjà les lamentations et les colères habituelles des commentateurs. Cette victoire de Syriza en Grèce sera pour les uns le nouveau signe de « l'irresponsabilité » d'un pays qui l'a déjà prouvé sur le passé sur le plan budgétaire. D'autres se lamenteront sur les difficultés qui attendent à nouveau l'Europe en raison des caprices de « ce petit pays. » En d'autres termes, on blâmera l'outrecuidance de ce « petit peuple » à contester la sagesse des directions qui lui ont été données depuis Bruxelles. Pourtant, le peuple grec a, ce 25 janvier, donné plus d'une leçon de responsabilité  à l'Europe. Des leçons qu'il serait irresponsable de négliger.

Echec des partis « pro-européens »

Peu importe si Syriza aura ou non la majorité absolue. Ce dimanche, le désaveu des Grecs pour des dirigeants Européens qui n'avaient guère caché leur soutien au gouvernement sortant (on se souvient de Jean-Claude Juncker voulant revoir des « têtes connues ») est sans ambiguïté. L'échec des deux partis qui ont défendu et mené la politique dictée par l'Europe est cuisant. Le Pasok et Nouvelle Démocratie, qui, en 2009, représentaient 77 % de l'électorat et qui, en 2012, avaient encore mobilisé 42 % des exprimés, ne recueillent cette fois qu'un tiers des voix. Mais il s'est exprimé dans les urnes. Par la démocratie. C'est la première leçon, peut-être la plus sublime, du peuple grec à leurs partenaires européens : celle de croire dans un changement possible par le processus démocratique. Cet espoir est d'autant plus remarquable que l'Europe avait tout fait pour neutraliser la démocratie.

Echec de la stratégie de contournement de la démocratie de l'UE

Ce qui a été vaincu ce soir, ce sont toutes les manœuvres des institutions européennes pour se rire du choix des électeurs depuis près de 5 ans. Et elles ont été innombrables : les politiques économiques imposées par la troïka à des gouvernements élus ;  les chantages de la BCE à des parlements et à des gouvernements comme à Chypre et en Irlande ; les « consensus » entre les grands partis exigées comme en Grèce en 2012 ou, avant même, au Portugal et en Espagne ; les pressions et les intimidations enfin lors des campagnes électorales comme les Grecs viennent encore d'en connaître.

Le choix de la démocratie

Malgré tout, les Grecs, qui avaient beaucoup descendu dans la rue entre 2010 et 2012, mais qui, en 2012, avait donné une dernière chance à l'Europe, ont montré ce soir qu'ils croyaient qu'en Europe, il est possible de changer de politique européenne par les urnes. Malgré les humiliations et les pressions, ils ont montré qu'ils croyaient encore en une Europe démocratique. Les grands de l'UE ne doivent pas prendre cette leçon à la légère. Ils doivent accepter ce choix sans chercher à exclure la Grèce pour cette seule faute : celle d'avoir fait confiance à la démocratie. S'il advenait que la Grèce finisse par sortir de la zone euro, ceci signifierait que la démocratie en Europe n'est qu'une façade limité aux camps qui acceptent une seule politique économique. Autrement dit, qu'elle n'est qu'un leurre. L'Europe fait donc face ce soir à un défi considérable qui décidera de son avenir.

Un pays humilié et ravagé

La deuxième leçon des Grecs s'adressent tant aux dirigeants qu'aux peuples européens. Aucun pays n'a plus souffert dans l'UE que celui-ci au cours des cinq dernières années. Son économie a subi un choc digne d'une guerre, la politique d'austérité a accéléré la paupérisation et fait grossir la dette. Aucun autre pays n'a également été autant méprisé. Qu'on se souvienne des titres des journaux allemands en 2010-2012 et même de plusieurs journaux français, de ces articles d'alors décrivant une population paresseuse, indolente et corrompue, malgré les statistiques qui disaient le contraire. Et malgré cela, les Grecs ne sont pas tombés dans la facilité de la xénophobie et de la haine de l'immigré.

Le refus de l'exclusion et de la xénophobie

Certes, le parti néo-nazi Aube Dorée a surgi au parlement en 2012 et il y restera cette année, prenant même la troisième place. Mais sa progression marque le pas. Il semble avoir atteint son point haut dans une société pourtant saignée à blanc par les politiques de coupes budgétaires. Au contraire, le parti qui, ce soir, l'emporte, est un parti qui n'a pas cherché à faire peser sur l'étranger la culpabilité des malheurs du pays. On peut apprécier modérément les thèses de Syriza, on peut les trouver fantaisistes, mais on ne peut accuser le parti d'Alexis Tsipras de jouer - comme l'a fait durant toute la campagne le premier ministre sortant  et soutenu par l'Europe Antonis Samaras - sur la peur de l'autre et le rejet de l'immigré. C'est une leçon donnée à ceux qui, au nord de l'Europe, en France, au Royaume-Uni, en Italie et même en Allemagne, confondent la critique des politiques européennes avec la stigmatisation des immigrés. Mais là encore, les dirigeants européens devraient, ce soir, se féliciter de ne pas devoir faire face dans quelques semaines à un dirigeant de l'extrême-droite en Grèce. Car, compte tenu de ce que l'Europe a infligé à ce pays, c'eût été logique. Mais là aussi le peuple grec a fait preuve d'une responsabilité exemplaire.

La leçon économique

Enfin, la dernière leçon est économique. Les Grecs disent ce soir à l'Europe qu'il n'existe pas qu'une seule politique économique possible. Ils ont témoigné de l'absurdité de la politique menée depuis 2010 : contracter de la dette pour rembourser de la dette ;  abaisser le niveau de vie pour améliorer une compétitivité fictive dans un pays qui n'a pas les structures pour exporter ; couper aveuglément dans les dépenses publiques pour atteindre des objectifs budgétaires inféconds pour l'économie. Dans le cas grec,  les instances de l'UE ont défendu les vieux pouvoirs qui avaient été à l'origine des problèmes du pays, elles se sont appuyés sur eux pour mener un « assainissement » qui ne s'est jamais attaqué à la structure oligarchique de la société hellénique, mais l'a même renforcé.  Les Grecs demandent donc, par le vote de ce dimanche, une politique qui assume cet échec et réparent en partie ses effets : un plan de lutte contre la pauvreté, un démantèlement de l'oligarchie, des investissements européens et une restructuration de la dette. Il ne s'agit pas d'un nouveau caprice de « mauvais élève » comme la presse allemande aura tôt fait dès lundi de le fustiger. Non, car les Grecs ont été fort bons élèves et ils ont montré aux générations futures l'absurdité de cette politique. Ce que les Grecs exigent ce soir, c'est que l'Europe répare ce qu'elle a brisé. Et prenne sa part du coup de la réparation.

Assumer et changer.

Beaucoup, en France comme en Allemagne s'alarment du coût d'une restructuration de la dette hellénique pour les finances publiques de nos pays. Mais ce coût est logique : il est le fruit de la décision prise en 2010 de ne pas, alors, restructurer la dette grecque et de préférer faire un montage de cavalerie financière en comptant sur des calculs faux (la sous-estimation des multiplicateurs budgétaires) et des théories erronées (le retour de la confiance par l'austérité). En « prêtant » à la Grèce pour qu'elle rembourse ses créanciers, les Etats de la zone euro faisaient preuve d'une confiance démesurée dans leurs modèles économique, d'une hubris, aurait-on dit dans l'ancienne tragédie grecque. Or, l'hubris se paie toujours. La restructuration de la dette grecque sera le prix de cette hubris. Là encore, les Grecs appellent à la responsabilité. Mais aussi au réveil. Cinq ans plus tard, c'est en effet encore les mêmes logiques qui dominent à Bruxelles et à Berlin. Le peuple grec demande à l'Europe de changer de paradigme pour le bien de ses peuples. De se montrer plus souple, plus flexible dans ses politiques économiques. De réfléchir moins idéologiquement.

Ne pas faire la sourde oreille

Nul ne sait ce qui va désormais se produire. Mais quoi qu'il arrive, l'Europe doit prendre au sérieux le message hellénique : celui de la responsabilité. Si elle le néglige, elle perdra toute crédibilité démocratique et économique. Les Eurosceptiques, et cette fois les moins recommandables et les moins prompts à la discussion et au compromis, en seront les seuls vainqueurs. La Grèce donne ce soir une chance à l'Europe. Qu'elle ne la piétine pas.

jeudi 29 janvier 2015

Police municipale : le grand chambardement

,

Sécurité

Les brigades d'intervention rapides à moto sont entrées en service début janvier./Photo DDM, Thierry Bordas
Les brigades d'intervention rapides à moto sont entrées en service début janvier./Photo DDM, Thierry Bordas
Le maire de Toulouse a annoncé la mise en action des brigades anti-marginalité. Les premiers résultats des brigades d'intervention rapide motorisées sont positifs. Les recrutements s'accélèrent.
La police municipale de Toulouse vit des heures fastes depuis le retour de Jean-Luc Moudenc au Capitole. Armement de jour comme de nuit, recrutement de 150 agents en 30 mois, brigade d'intervention rapide à moto, brigade anti-marginalité. Le point sur les évolutions de ce service à part.
Brigade d'intervention rapide à moto : premiers résultats positifs. Après trois semaines d'existence, les premiers chiffres des policiers motards font apparaître un taux de réponse aux demandes des Toulousains de 75 %. «Ce chiffre était de 50 % auparavant», note Olivier Arsac, adjoint en charge de la Sécurité. Les 13 agents à moto — qui seront 20 d'ici juin 2015 — peuvent intervenir en 6 minutes après un appel à Allô Toulouse (31 01). Bruit, violences conjugales, non-respect du code de la route font partie des interventions les plus fréquentes.
Les brigades AMI arrivent. AMI pour Action, Marginalité, Insertion. Les policiers municipaux seront associés à des travailleurs sociaux, à des spécialistes médico-psychologiques pour la prise en charge des marginaux qui occupent de manière excessive l'espace public. Après signalement au 3101, trois niveaux d'intervention seront mis en œuvre : brigade à pied avec des travailleurs sociaux, puis brigade canine et enfin fourrière animale en cas de persistance du trouble à l'ordre public.
Caméras de vidéoprotection : déploiement partout. La première caméra de l'ère Moudenc est entrée en fonction fin décembre 2014, place Arnaud-Bernard. Neuf autres caméras doivent entrer en service dans le même quartier. Des problèmes de connexion en sous-sol reportent cette entrée en service. Mais «tout va rentrer dans l'ordre, assure Olivier Arsac, et dès le mois de mars, le déploiement va s'accélérer, partout en ville». Les quartiers Bayard, Belfort, Saint-Aubin, Saint-Pierre, Daurade, la place Occitane, le faubourg Bonnefoy, Amouroux, les Izards et les Pradettes font partie des quartiers prioritaires.
Opérations dans les quartiers avec la police nationale. La nouvelle convention, signée en décembre 2014, prévoit qu'Allô Toulouse livre des données à la police nationale, à des fins d'enquête ou de statistiques. L'État mettra également à disposition des renseignements à la police municipale. Des opérations conjointes seront menées dans les zones de sécurité prioritaires.

Les gyropodes sont toujours là

Pour se déplacer, la police municipale mise sur les cylindrées plutôt que sur l'électrique. Dix motos 900 cm3 à 10 000 € pièce équipent la nouvelle Brigade d'intervention rapide. En juin 2015, vingt motos seront en service. Par contre, les gyropodes ne sont plus vraiment en vogue. Les deux machines électriques à deux roues acquises — 7 190 € pièce — par l'ancienne municipalité font toujours partie de l'équipement de la police municipale, mais le parc de ces machines qui roulent à 20 km/h ne sera pas étendu. «Ces gyropodes, c'était une erreur», glisse même Olivier Arsac, le nouvel élu à la Sécurité. En revanche, la ville prévoit d'acquérir 3 véhicules motorisés au cours de l'année 2015. Actuellement, la police municipale dispose de 37 véhicules à 4 roues (voitures, camionnettes), 35 scooters et 40 VTT. La brigade équestre, composée de 5 agents et 5 chevaux, est affectée notamment aux zones vertes, à la sécurisation d'événements sportifs, festifs et culturels, et aux opérations tranquillité vacances.

Repères

Le chiffre : 75

policiers municipaux recrutés >en 2015. Ils viendront s'ajouter aux 30 agents déjà recrutés en 2014. Fin 2015, la police municipale comptera 255 policiers. Les effectifs grimperont à 330 d'ici fin 2016, soit deux fois plus qu'au début du mandat.

Pierre Rabhi : "L'humanité n'est pas intelligente"

Sprint final pour soutenir le tour Alternatiba : le coup de pouce, c’est maintenant !

Source : Bastamag


Le Tour Alternatiba, c’est le “road-movie climatique” de l’été 2015. L’idée, cheminer sur 5000 kilomètres pour rendre visible les alternatives permettant de limiter le changement climatique. Un vélo quatre places partira de Bayonne le 5 juin, journée mondiale de l’environnement, et arrivera à Paris le 26 septembre pour l’ouverture du village des alternatives de Paris. Des milliers de dossards Alternatiba suivront ce vélo insolite dans son périple, ponctué d’étapes, de vélorutions, d’animations, de rencontres, de réunions publiques. Il ne reste que quelques jours pour participer au financement de l’opération. Basta ! relaie l’appel.
Le Tour Alternatiba, qui parcourra cet été 5000 kilomètres pour le climat sur une quadruplette (un vélo 4 places), a entamé le sprint final de sa campagne de financement participatif.
À la suite des dizaines de villages des alternatives au dérèglement climatique qui se sont lancés en quelques mois après celui de Bayonne, le mouvement Alternatiba prépare à travers ce Tour une mobilisation populaire de grande envergure, dans la perspective de la COP21, le sommet historique de l’Onu sur le climat qui se tiendra à Paris à la fin de l’année 2015. Pourquoi une mobilisation populaire ? Parce que le dérèglement climatique nous concerne directement, et que de nombreuses alternatives existent déjà sur nos territoires, dans tous les domaines de notre vie quotidienne.
Le vélo 4 places d’Alternatiba, symbole de la transition écologique et de la justice sociale, sera le fil conducteur de 188 événements-étapes qui consisteront à montrer toutes ces alternatives, et à montrer en quoi elles construisent un monde meilleur. L’objectif est de sortir du cercle des écologistes convaincus et de toucher le plus largement possible les publics les plus divers.
Ce travail de sensibilisation a déjà commencé, au travers d’une campagne de financement participatif et populaire qui vise à rassembler d’ici le 1er février les 61 340 euros nécessaires aux frais logistiques du Tour Alternatiba. Les deux tiers de la somme ont déjà été récoltés, et d’ici quelques jours, bientôt un millier de personnes auront contribué à rendre possible ce Tour insolite, qui vise à rassembler des dizaines de milliers de personnes cet été. Signe de cet esprit d’ouverture et de cette volonté de toucher au-delà des cercles habituels, Moustic, le célèbre présentateur de Groland, a donné un coup de pouce au mouvement climatique en présentant lui-même le projet du Tour Alternatiba !

Grèce : le nouveau gouvernement de Syriza laisse une large place aux activistes et aux chercheurs


Source : Basta mag, par Nikos Smyrnaios, mis en ligne le 29 janvier 2015

image: http://www.lelotenaction.org/medias/images/arton4696-fe21c.jpg?fx=r_550_550
Arton4696 fe21cLe nouveau gouvernement grec vient 
de prendre ses fonctions. Qui sont et d’où viennent les ministres sur qui pèse la lourde 
responsabilité de sortir la Grèce de la crise et de montrer qu’une alternative de gauche 
à l’austérité est possible ? L’alliance de Syriza avec le petit parti souverainiste de droite 
les Grecs indépendants est-elle contre-nature ? Les femmes sont-elles présentes au 
gouvernement et dans quelle proportion ? Quelle sera la place de l’écologie alors que tous 
les regards sont braqués sur la reprise économique ? Voici quelques réponses…
 
Alexis Tsipras a agi très rapidement pour donner les signes du changement.
Premier chef de gouvernement dans l’histoire de la Grèce à refuser de jurer sur la Bible et devant
un pope, il a effectué une visite symbolique dans la foulée de sa prise de fonction.
Il a ainsi déposé une gerbe de fleurs dans le quartier athénien de Kessariani sur le monument
aux 200 héros communistes de la Résistance exécutés par les nazis le 1er mai 1940.
Ce geste se veut symbole de la continuité historique entre les nombreuses générations qui se sont battues
au péril de leur vie à travers les décennies – contre la barbarie, pour la démocratie, la justice sociale et
l’indépendance nationale – et le nouveau gouvernement. C’est aussi un message aux néonazis de
l’Aube dorée qui seront présents de nouveau au Parlement. Enfin, c’est un rappel à l’Allemagne
concernant sa dette historique envers la Grèce.

L’alliance avec les Grecs indépendants

Conscient que le moindre vide de pouvoir pourrait avoir des conséquences imprévisibles,
Tsipras a réussi à composer une majorité parlementaire avec le petit parti des Grecs indépendants
[Syriza, avec 36,3% des voix, compte 149 députés sur 300, le Parti des grecs indépendants,
avec 4,7% des voix, compte 13 députés, ndlr]. Bien sûr il s’agit là d’un choix qui pose problème,
comme l’écrit justement Stathis Kouvelakis, membre de l’aile gauche de Syriza. Mais les Grecs
indépendants ne sont pas un parti xénophobe comme on a pu le lire ici et là. C’est une formation
conservatrice sur le plan sociétal, proche de l’Église orthodoxe et patriote à la limite du nationalisme.
Elle ressemble donc à un parti de droite chrétienne comme il en existe beaucoup en Europe.
Le discours de son chef Panos Kammenos a parfois des relents complotistes.
Mais il n’est en aucune façon un raciste xénophobe avéré, comme l’étaient à coup sûr
de nombreux membres du précédent gouvernement. En effet, Il n’a jamais flirté avec l’Aube dorée,
comme ont pu le faire régulièrement des collaborateurs proches d’Antonis Samaras [Aube dorée,
 d’inspiration néonazie, a obtenu 6,28 % des suffrages et 17 députés, ndlr].
(...)

L’économie en priorité (mais sans banquier)

image: http://www.lelotenaction.org/medias/images/10952409-930821336936149-6898049130438820642
-n-c14d2.jpg?fx=r_550_550
10952409 930821336936149 6898049130438820642 n c14d2Au niveau économique le parti souverainiste
de Kammenos a tenu bon sur sa ligne anti-austeritaire et pro-sociale depuis 2012 malgré les pressions
incessantes incluant des tentatives de corruption de ses députes. Étant donné le fait que la relance de
l’économie et la négociation de la dette sera la priorité du gouvernement il s’agit donc d’un choix pragmatique
et cohérent de la part de Tsipras.
La participation de Kammenos au gouvernement en tant que ministre de la Défense compliquera un certain
nombre de reformes importantes comme la séparation de l’Église et de l’État ou le mariage gay pour lequel
Syriza est favorable. Mais elle permet à Tsipras de montrer qu’il a su composer un gouvernement
d’union qui déborde largement le périmètre de son propre parti et de disposer au sein du gouvernement
d’un interlocuteur crédible aux yeux des militaires. C’est aussi le point de vue de Panayotis Grigoriou,
ethnologue, historien et chroniqueur infatigable du drame grec.
Sous la houlette de Yannis Dragasakis, vieux sage qui sera vice-premier ministre et coordinateur général,
 le gouvernement semble à la fois cohérent et équilibré. Les ministères de l’économie et du développement
 seront entre les mains des professeurs d’économie modérés, respectivement Yannis Varoufakis et
Yorgos Stathakis.
(...)

Des universitaires et des activistes partout

Tsipras a décidé de créer un sous-ministère spécial pour la bataille contre la corruption, signe que c’est
aussi une priorité pour son gouvernement. Il y a nommé Panayotis Nikoloudis, un procureur jusqu’à
récemment à la tête de l’Autorité contre la corruption. La rude tâche de démocratiser les forces de
police a été confiée au professeur de criminologie Yannis Panousis, ancien membre d’une formation qui
n’a pas réussi son entrée au Parlement, la Gauche démocratique (DIMAR).
Son supérieur direct, ministre de l’intérieur, sera Nikos Voutsis cadre de Syriza expérimenté et pugnace
qui a déjà eu maille à partir avec la police lors de nombreuses manifestation comme dans le cliché ci-dessous
retweeté à foison. Le fait que le fils de Voutsis est un anarchiste revendiqué qui vient de sortir de prison
rajoute du piment à la situation.
Lire l'intégralité de l'article : http://www.bastamag.net/Syriza-Tsipras-Grece-Austerite

En savoir plus sur http://www.lelotenaction.org/pages/content/archives/grece-le-nouveau-gouvernement-de-syriza-laisse-une-large-place-aux-activistes-et-aux-chercheurs.html#uejgm2gdb51mpGhH.99

Bientôt interdit de rouler à moto d'avant 2000 ? Appel à manifestation de la fdération française des motards en colère.

 Contre l’interdiction de circuler dans Paris pour les motos d’avant 2000, la Fédération française des motards en colère de la région Paris-Petite-Couronne (FFMC-PPC) organise une manifestation le 8 février prochain, à partir de l’esplanade du château de Vincennes. Venez nombreux !

Les Motards en colère de Paris lancent un appel à la manifestation, le 8 février prochain, sur l’esplanade du château de Vincennes (rendez-vous à 14h). Objectif : manifester contre l’interdiction des deux-roues motorisés d’avant 2000 de circuler dans Paris.

Rappel des faits : dans le cadre d’un plan pour améliorer la qualité de l’air dans la capitale, la mairie veut interdire de nombreux véhicules à moteur. Par exemple les voitures de particuliers datées d’avant 1996, ou les camionnettes d’avant 1997. Dans ce plan sont inclus les deux-roues motorisés (2RM) datés d’avant 2000. Si la mesure passe, ces restrictions pourraient être appliquées dès juillet 2016.

Un mesure que la FFMC-PPC refuse d’entendre. La date du 8 février n’a d’ailleurs pas été choisie au hasard puisque le lendemain, le 9 février donc, ce plan pour la qualité de l’air sera présenté au Conseil de Paris.

La FFMC-PPC mènera logiquement le cortège du château de Vincennes vers le centre de Paris pour, pourquoi pas, se retrouver devant l’Hôtel de Ville de la capitale. Venez nombreux au rendez-vous !

La manifestation en pratique

Où et quand ?
Rendez-vous sur l’esplanade du château de Vincennes le 8 février prochain à 14 heures 
Plus d'info ici : Motomag

ET LE 9.........................Ce sont les automobilistes et bikers qui se raassembleront devant l'Hotel de Ville de Paris, Bordeaux, Lille, La Rochelle, Toulouse, Lyon, Marseille.....Plus d'infos sur le site de la fédération des Bikers de France et la presse moto, automobiles, véhicules anciens.....
 

La Grèce veut que l'Allemagne lui rembourse les prêts qu'elle lui a consentis pendant la guerre

L’Allemagne doit la somme de 11 milliards d’euros à la Grèce à raison d’un prêt forcé qu’elle l’avait obligée à lui consentir au cours de la Seconde Guerre mondiale, et qui n’a jamais été remboursé à ce jour. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport publié par un comité d'audit grec, qui a été remis au ministère des Finances grec.


La Grèce a été conquise par les troupes allemandes et italiennes au printemps 1941. Cette occupation aura finalement duré trois ans et demi. Panagiotis Karakousis, président du comité de vérification et ancien directeur général du Trésor grec, indique que les occupants avaient exigé un prêt de 1,5 milliards de drachmes de la Banque nationale grecque.
Karakousis souligne que cette demande n'a aucun lien avec des réparations qui pourraient être réclamées pour les dommages occasionnés par les Allemands au cours de l’occupation de la Grèce, et qui pourraient atteindre un montant de plusieurs dizaines de milliards d'euros.
Un porte-parole du ministère des Finances allemand, Martin Jager, a indiqué que l’Allemagne ne devait rien à la Grèce au titre de la guerre. Il a précisé qu’il n’y avait pas eu de demande de réparations  d’Athènes et que de ce fait, cette question était déjà réglée. « 70 ans après la fin de la guerre, la question des réparations a perdu sa légitimité. Nous ne voyons aucune base à une telle demande », a-t-il dit, tout en faisant référence à la Convention de 1960 pour donner un caractère juridique à sa réponse.
Selon le héros de guerre grec Manolis Glezos, actuel député européen pour le parti de gauche grec SYRIZA, c’est la somme de 162 milliards d'euros, hors intérêts cumulés, que l’Allemagne doit rembourser à la Grèce au titre des prêts forcés extorqués pendant l’occupation. Il argue qu’elle a remboursé les prêts forcés qu’elle avait exigés de la Pologne et de l’ancienne Yougoslavie, mais qu’elle n’a jamais remboursé celui de la Grèce.
Au début des années soixante, l’Allemagne de l'Ouest a payé à la Grèce une indemnité de 115 millions de marks au titre des victimes grecques de l'occupation nazie.
La guerre en Grèce a fait 1,4 million de décès et de blessés, ce qui correspond à environ 19% de la population grecque totale. En outre, la Wehrmacht allemande a envoyé 70 000 Juifs grecs dans des camps de concentration. Pratiquement personne n’en est revenu. De plus, 130 000 citoyens grecs ont été exécutés.

Filoche démolit Macron


La Grèce peut forcer l'Europe à changer - Interview du nouveau ministre des finances Grec : Yanis Varoufakis

Propos recueillis par Romaric Godin, à Athènes le 20 janvier 2015 
Source : La Tribune


Dans cette interview accordée à “La Tribune” le 20 janvier dernier (à une semaine des élections), Yanis Varoufakis, qui vient d’être nommé, ce mardi, ministre des Finances du gouvernement Tsipras, explique son engagement et le sens qu’aurait pour l’Europe une victoire du parti dirigé par Alexis Tsipras.
Pourquoi avez-vous décidé de vous engager en politique avec Syriza ?
Pendant très longtemps, je n’étais pas proche de Syriza. J’ai conseillé, avant qu’il ne devienne Premier ministre en 2009, George Papandréou. Mais, lorsqu’en juin 2010, j’ai commencé à écrire que, contrairement à ce qu’affirmaient les politiques grecs, la Grèce était en faillite et qu’il fallait accepter ce fait, plusieurs hommes politiques de tous horizons m’ont contacté, y compris Alexis Tsipras. Progressivement, nos positions se sont rapprochées au fil des années. Je n’avais jamais eu l’intention d’entrer en politique, mais lorsque vous avez établi, en tant qu’économiste, un ensemble de recommandations pour votre pays, et qu’un dirigeant politique vous propose de les mettre en œuvre, il est difficile de refuser.
Si Syriza gagne, pensez-vous mettre réellement en œuvre ces recommandations ?
Non, la seule certitude que l’on a en Grèce, c’est l’incertitude. Mais, si vous avez une chance de pouvoir le faire, vous devez la saisir.
Comment comprenez-vous les pressions de la Troïka sur votre pays en cette période de campagne électorale ?
La Troïka tente de nous asphyxier et de faire pression sur le choix démocratique en nous disant : ou vous suivez nos exigences, ou vous serez jetés en enfer. Ils présentent en réalité leurs propres menaces comme des circonstances exogènes à la situation, alors qu’elles en sont une simple partie. Ils tentent de terroriser les électeurs grecs.
Comment y répondre ?
Pour ma part, j’aime à croire que la meilleure arme que l’on peut opposer à la Troïka est de disposer d’un gouvernement élu avec une bonne majorité. Une fois ce gouvernement élu, il me semble que l’on doit pouvoir s’asseoir à une table pour discuter enfin du règlement définitif de la crise grecque et de mettre en place une nouvelle approche de la part du reste de l’Europe. Car cette crise n’est pas qu’une crise « grecque », c’est aussi une crise européenne. Si la Grèce n’avait pas été dans la zone euro, elle n’en serait pas là. Sans doute serait-elle aussi en difficulté, mais pas à ce point. Si la France se trouve elle-même dans une impasse, en raison de sa dette et de sa situation politique et sociale, elle le doit aussi à l’organisation actuelle de la zone euro.
La crise de 2008 est une crise comparable à celle de 1929 et l’on se souvient que cette dernière crise a libéré des forces qui ont détruit l’Europe. Or, nous n’avons jamais été autorisés à traiter de cette crise comme d’une crise systémique. L’Europe a toujours insisté sur le fait que la crise en Grèce était une crise grecque. Ce n’en est pas une. Nous devons enfin comprendre que si nous voulons une union monétaire, nous devons créer un réseau de solidarités internes. Une victoire de Syriza serait l’occasion de traiter enfin la crise dans sa vraie dimension.
Mais, lors de son élection en 2012, François Hollande voulait aussi changer la zone euro et il disposait aussi de la légitimité démocratique. Cela n’a pas suffi.
En réalité, il n’a jamais essayé. Il s’est contenté de mettre l’accent sur l’aspect « croissance » du pacte de stabilité et de croissance, mais en dehors de ce changement sémantique, il ne s’est rien passé. Mais la situation de la France en 2012 n’est pas celle de la Grèce d’aujourd’hui. La France n’est pas en faillite, nous y sommes et nous n’avons rien à perdre. Si l’Europe et Berlin pensent qu’ils ont le droit moral de nous asphyxier, de nous assassiner, je pense qu’il faut être prêt à les laisser faire.
Comment expliquez-vous la politique européenne de François Hollande ?
Le Parti socialiste français a une lourde responsabilité dans la façon dont la zone euro s’est structurée. Il y a, depuis le début des années 1990, la volonté du PS de capturer la Bundesbank pour permettre à la France d’être riche au-delà de ses propres limites. Cette volonté – qui prend ses racines dans la première proposition d’union monétaire qui date de 1964 – a mené à une « danse de la mort » entre Paris et Francfort et qui a fait du PS le complice de tous les développements de la zone euro. En réalité, la France est en guerre avec l’Allemagne, et cela conduit à une véritable vassalisation de la France, à la création de ce que j’appelle un « Vichy post-moderne. » Et le seul à profiter de cette situation, c’est le Front National… Je crois qu’une victoire de Syriza en Grèce représentera la dernière chance pour François Hollande de changer cette donne.
Quelles seront vos propositions à la troïka ?
Nous demanderons d’abord un délai de 10 à 15 jours pour finaliser notre plan que nous voulons à la fois très détaillé et très complet. Ce plan sera organisé autour de quatre piliers.
Le premier pilier concernera la dette grecque. Nous voulons faire des propositions que même Wolfgang Schäuble [le ministre fédéral allemand des Finances, Ndlr] ne pourra pas refuser. Il n’y aura donc pas de défaut, de coupes franches dans la dette. Nous allons proposer une formule où le remboursement de la dette dépend de l’évolution du PIB nominal. L’idée, ce sera que l’Europe devra être notre partenaire dans la croissance, et ne devra pas plus compter sur notre misère. Le second pilier, ce sera les réformes.
Mais l’Europe et la Troïka prétendent que le gouvernement d’Antonis Samaras est le meilleur garant des « réformes »…
C’est évidemment faux. Antonis Samaras a fait de la chirurgie avec un couteau de boucher. Nous, nous voulons utiliser le laser, pour ne pas tuer le patient. Mais nous voulons évidemment des réformes, nous voulons en finir avec la kleptocratie qui ruine ce pays. Et cela ne signifie pas détruire les emplois et les conditions de travail, ou vendre à vil prix les entreprises nationales.
Et le troisième pilier ?
Il concerne l’investissement. Le problème de l’investissement en Grèce ne peut pas concerner seulement la Grèce. Syriza s’est engagée à maintenir un budget équilibré, nous ne pouvons donc pas attendre de l’Etat grec qu’il résolve ce problème. Il faut donc un plan ambitieux au niveau européen.
Mais Jean-Claude Juncker n’a-t-il pas déjà lancé un tel plan ?
Je ne cesse pas de m’étonner de la stupidité de ce plan. C’est comme donner de l’aspirine à un homme mort. Du reste, l’assouplissement quantitatif (QE) de Mario Draghi n’est pas davantage une bonne idée. Il ne servira sans doute qu’à alimenter des bulles sur les marchés financiers. L’Europe dispose pourtant d’un instrument pour investir, la Banque européenne d’Investissement (BEI) qui est aujourd’hui trop pusillanime dans ses actions, non seulement parce qu’elle craint pour sa notation, mais parce que ses investissements doivent être cofinancés.
Il faut donc libérer la capacité d’action de la BEI pour entamer une vraie « nouvelle donne » pour l’Europe et injecter 6 à 7 % du PIB de la zone euro dans l’économie. Et si Mario Draghi veut racheter de la dette publique, il serait plus utile qu’il rachète sur le marché secondaire des obligations de la BEI. Ce sera bien plus utile que d’acheter de la dette allemande. Les taux de cette dernière seraient ainsi maintenus bas et nous pourrons financer une nouvelle vague d’investissement dont l’Europe – et pas seulement la Grèce – a besoin.
Et le dernier pilier du programme de Syriza ?
Ce sera de gérer enfin la crise humanitaire en Grèce. Mais là encore, je pense qu’il faut réfléchir au niveau européen. Aux Etats-Unis, les bons d’alimentation ont permis de sortir de la pauvreté des centaines de milliers de ménages. Pourquoi ne pas utiliser les bénéfices de l’Eurosystème, le réseau des banques centrales de la zone euro, pour financer de tels bons en Europe ? Cela créerait de la solidité politique en Europe, les gens pourraient constater concrètement les effets positifs de l’appartenance à la zone euro.
On a cependant l’impression que ce type de propositions risquent immanquablement de se heurter à un refus, notamment allemand, puisque, à Berlin, on ne veut pas d’une union des transferts…
Je ne suis pas d’accord. Quoi que fasse ou dise l’Allemagne, elle paie, de toute façon. Et dès 2010, j’ai considéré que nous n’avions pas, nous autres Grecs, le droit moral d’accepter de l’argent des contribuables allemands, pour payer nos créanciers. En réalité, cet argent va dans un trou noir et, ce que nous leur demandons, c’est qu’ils dépensent leur argent plus intelligemment. Pourquoi demander à la Grèce d’emprunter l’argent des contribuables allemands pour rembourser la BCE ? Parce que Jean-Claude Trichet, le plus mauvais banquier central de l’histoire, l’a décidé jadis ? Faisons plutôt en sorte que la BEI fasse le travail pour lequel elle a été créée.
Précisément, la Grèce devra rembourser 6 milliards d’euros à la BCE en juin. Le fera-t-elle ?
Si nous avons l’argent, évidemment. Sinon, il faudra discuter. Je voudrais néanmoins souligner combien cette idée de devoir rembourser la banque centrale est stupide. C’est une première dans l’histoire et cela n’est jamais arrivé. La question que doit se poser l’Europe est : pourquoi, avec de telles décisions continuer à alimenter des mouvements comme Aube Dorée ou le FN ?
Mais la BCE fait pression sur la Grèce en exigeant un accord avec la Troïka. Pensez-vous qu’elle puisse, en cas de victoire de Syriza, bloquer l’accès des banques grecques à la liquidité ou, du moins, menacer de le faire comme dans le cas irlandais ?
On peut voir l’attitude de la BCE sous deux aspects. Le premier : la BCE fait pression sur la Grèce. Le second : elle fait pression sur la troïka. Ce qu’elle veut, c’est un accord. Nous aussi. Alors, faisons en sorte qu’il y en ait un. Quant au cas irlandais, je voudrais souligner que la situation est très différente. Si l’Irlande a accepté la Troïka, c’est parce que le gouvernement irlandais d’alors n’a pas tenté de résister. Il sera jugé négativement pour cela par l’histoire. Mais dans ce cas, Jean-Claude Trichet a complètement outrepassé son mandat en forçant l’Irlande à transformer de la dette privée en dette publique. Il brûlera en enfer pour cela ou, au moins, il devrait être jugé devant un tribunal européen… Un gouvernement Syriza ne se comportera pas comme le gouvernement irlandais d’alors.
Mais si aucun accord n’est possible, ni trouvé ?
Alors, je le dis clairement : « la mort est préférable. » Le vrai déficit de la Grèce, c’est un déficit de dignité. C’est à cause de ce manque de dignité que nous avons accepté des mesures stupides et cela a alimenté un cercle vicieux de l’indignité qui, elle-même, entretient le mécontentement, la peur et le ressentiment. Tout ceci n’est pas bien. Nous devons retrouver notre dignité, l’esprit qui, le 28 octobre 1940 nous a fait dire « non » à l’ultimatum de l’Italie mussolinienne. A ce moment, nous n’avions pas non plus les moyens de dire « non » et pourtant, nous l’avons fait. (ndlr : le 28 octobre 1940, le dictateur grec Metaxas avait refusé par un « non » devenu légendaire de se soumettre à l’ultimatum italien. Dans la guerre qui a suivi, les Grecs ont repoussé l’armée italienne). Il faut retrouver l’esprit du 28 octobre.
Qu’entendez-vous par « la mort » ? La sortie de la zone euro ?
Le terme de « mort » était allégorique. Et comme toute allégorie, moins on l’explique et mieux on le comprend. Quant à la sortie de la zone euro, je veux insister sur le fait que nous avons le droit de rester dans la zone euro. Nul ne peut nous le contester.
Dans votre ouvrage Le Minotaure Planétaire*, vous indiquez que la crise de 2008 signale la fin d’une époque pour l’économie mondiale, celle où le double déficit américain alimentait les excédents germano-chinois et la croissance financière. Quelle nouvelle époque est-elle en train de naître et quel rôle la victoire de Syriza peut jouer dans cette nouvelle ère ?
Je ne sais pas à quoi va ressembler l’économie mondiale dans l’avenir. Mais il est certain que ce que j’ai appelé le « Minotaure » est en train de mourir. La croissance américaine actuelle ne peut cacher deux réalités : les emplois créés sont souvent des emplois précaires et le recyclage des excédents créés par les déficits américains à Wall Street n’est plus possible. Pour moi, l’élément décisif sera la naissance de nouvelles Lumières. La Grèce peut être une petite lueur d’opportunité. Nous ne sommes pas assez grand pour changer le monde, mais nous pouvons forcer l’Europe à changer.
- – -
(*) Le Minotaure planétaire – L’ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial, par Yanis Varoufakis, Editions Enquêtes et Perspectives (2014), 384 pages.
- – -
POUR ALLER PLUS LOIN

Repères

Agé de 54 ans, Yanis Varoufakis a été formé au Royaume-Uni. Professeur à l’université de Sidney (il a la double nationalité grecque et australienne) jusqu’en 2000, il est ensuite revenu en Grèce où, de 2006 à 2008, il a conseillé George Papandréou, alors leader de l’opposition.
Dès 2010, il s’est opposé au discours dominant en Grèce et a défendu l’idée qu’il fallait assumer la faillite du pays. Auteur d’une “modeste proposition pour régler la crise de l’euro”, notamment saluée par Michel Rocard, il s’est rapproché de Syriza. En cas de victoire du parti d’Alexis Tsipras, on évoque son nom pour diriger les négociations avec la troïka.
Le “Minotaure planétaire”, publiée en 2013 en anglais a été traduit en plusieurs langues. Il commente sur un blog l’actualité économique.

Fiche de lecture

L’ouvrage de Yanis Varoufakis reprend une de ses intuitions, formulés dès le début des 2000 : l’économie mondiale a tourné jusqu’en 2008 autour du “recyclage” des déficits jumeaux américains.
Après l’effondrement du système de Bretton Woods en 1971, les Etats-Unis ont en effet préféré organiser l’économie mondiale autour de leurs déficits comme ils l’avaient fait auparavant autour de leurs excédents. Ainsi, les économies excédentaires profitaient de ces déficits pour faire des bénéfices qu’elles recyclaient ensuite à Wall Street, assurant ainsi à la croissance américaine. Pour Yanis Varoufakis, la zone euro est devenue une sous-zone de cette logique, centrée sur la capacité de l’Allemagne à faire des excédents.
Cette situation rappelle à l’auteur le mythe du Minotaure, monstre mi-homme, mi-taureau enfermé dans le labyrinthe par son père Minos et qui se nourrissait des otages envoyés chaque année par Athènes, comme le Minotaure américain se repaissait des excédents du reste du monde. Jusqu’à ce que Thésée le mette à mort, métaphore du vieux monde minoéen tombé sous les coups du “nouveau monde” mycénien…
La crise de 2008 est précisément, cette mise à mort du vieux monde. Pour Yanis Varoufakis, c’est l’absence de conscience de ce changement d’ère, la volonté du “vieux monde” de résister qui rend la crise si pénible et si longue, car l’économie mondiale ne peut pas encore mettre à jour le “nouveau monde.”
Yanis Varoufakis, Le Minotaure planétaire – L’ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial, Editions Enquêtes & Perspectives (2014), 384 pages, 23 €.
Source: La tribune

Point de vue de B Cyrulnik sur le terrorisme


mardi 27 janvier 2015

Protection sociale. Le scandale des 9,9 milliards d’euros non distribués

Vendredi, 14 Novembre, 2014
Photo : François Guillot/AFP
"Depuis plus d'un an, sans explication, je ne reçois plus rien, la majorité de mes revenus ont disparu." Richard Petit, allocataire du RSA.
Photo : François Guillot/AFP
Dans l'Humanité Dimanche. Haro sur les tricheurs qui profiteraient du RSA, des allocations chômage ou de la couverture médicale universelle. La chasse aux fraudeurs est devenue un refrain que le gouvernement entonne à son tour. La réalité est bien différente : c’est celle du non-recours aux prestations sociales, du découragement après des mois de démarches et de regards suspicieux. Tandis que l’État économise près de 10 milliards d’euros et que la fraude est marginale, le risque d’exclusion est bien plus prononcé.
Assistés, profiteurs, fraudeurs… Depuis le quinquennat Sarkozy, le vocabulaire qualifiant les candidats à l’aide sociale s’est copieusement fleuri. Le premier ministre, Manuel Valls, lui aussi en chasse contre les abus qui grèvent les budgets sociaux, a rappelé, dans le sillage des déclarations de son collègue de Bercy, Emmanuel Macron, qu’il comptait bien mener la bataille sur le même terrain. Ces priorités politiques, nourries par une logique comptable et répressive, masquent un fléau de taille qui pèse bien plus lourd que la fraude : celui du non-recours aux aides sociales par les personnes qui y ont droit, enfermant ces dernières dans une exclu sion parfois sans retour. Le livre blanc « Discrimination et Pauvreté » du mouvement ATD Quart Monde, paru en octobre 2013, souligne que, chaque année, 5,2 milliards d’euros de RSA (revenu de solidarité active) ne sont pas versés à leurs destinataires. « En comparaison de cette non-dépense publique, la fraude au RSA représente 60 millions d’euros par an. On est proche du rapport de 1 à 100 », mentionne Bert Luyts, délégué national d’ATD Quart Monde France. « Il y a de quoi être surpris. Mais ces données sont confirmées par plusieurs études. On peut donc considérer qu’elles sont fiables et représentatives de la réalité. De manière générale, sur la question du non-recours aux prestations, les chiffres sont beaucoup plus élevés que ce qu’on pourrait imaginer », confie Pierre Mazet, chargé d’études à l’Odenore (Observatoire des nonrecours aux droits et services). Même son de cloche pour la CMU (couverture maladie universelle) qui assure aux plus démunis un accès gratuit aux soins. Un ayant droit sur 4 n’en dispose pas, constate l’Observatoire des inégalités, c’est-à-dire 1,5 million de personnes. Le taux de nonrecours atteint 60 % dans le cas de l’AME (aide médicale d’État), qui permet aux étrangers en situation irrégulière de se soigner. « Et que dire des tarifs préférentiels de l’énergie ? Là encore, on constate que le non-recours par les personnes les plus démunies est très fréquent, souvent par ignorance ou méconnaissance des démarches », regrette Bernard Schricke, directeur de l’Action France et Europe du Secours catholique.

« ON NOUS MONTRE DU DOIGT. J’EN AI ASSEZ D’ÊTRE HUMILIÉE. JE NE VEUX PLUS VOIR TOUTES CES PERSONNES. » JANINE DELMOTTE, DEMANDEUSE D’UNE CMU

RENOUVELER SON DOSSIER : UNE ÉPREUVE

Janine Delmotte a droit à la CMU depuis plus de 6 mois, mais elle refuse de s’inscrire. Après des échanges répétés avec différents guichets d’aide sociale, elle jette l’éponge. « On dit que la crise est de notre faute, on nous montre du doigt. J’en ai assez d’être humiliée, je ne veux plus rencontrer toutes ces personnes. Je ne vais plus non plus chercher les colis alimentaires auxquels j’ai droit », témoignet- elle. « Entendre des accusations disant que nous sommes des profi- teurs dès lors qu’on touche une aide sociale est malheureusement fréquent », s’attriste Richard Petit, sans domicile et ancien bénéficiaire du RSA pendant plusieurs années. Une réalité amère qui n’est pas rare et qui, selon Bert Luyts, est « clairement alimentée par les suspicions croissantes de fraude qui contribuent à se murer dans le silence. Les préjugés font le lit des discriminations ». Pour Rachel Mimouni, le renouvellement de la CMU tourne à l’épreuve de force : « On m’a d’abord expliqué que je n’y ai plus droit en raison de mes ressources, alors que je n’ai pas de travail et plus d’allocations chômage. Je ne saisissais pas.
En retournant à la CPAM, j’ai été reçue avec un total mépris. La personne a violemment jeté tous les documents que j’ai ramenés qui n’étaient pas indispensables en m’expliquant que je ne comprenais vraiment rien. Je suis partie en pleurs. » Avec le soutien du Secours populaire, la jeune femme comprend l’imbroglio administratif qui malmène son dossier : la CPAM prend comme unique document de référence son avis d’imposition concernant les revenus de l’année 2013 où elle a travaillé. « À part l’aide au logement, je vis avec une pension alimentaire de 200?euros par mois. L’hiver approche. Sans la CMU, j’ai peur de ne plus pouvoir faire soigner mon enfant », craint Rachel Mimouni.

DES MOIS ET DES MOIS D’ATTENTE

Richard Petit est lui aussi victime de dysfonctionnements dans le traitement des dossiers. « Voilà plus d’un an que je ne reçois plus le RSA sans raison. À la CAF où je suis inscrit, personne n’a su me donner d’explications. Après plusieurs mois d’attente, on m’a demandé de refaire un nouveau dossier pour percevoir l’aide, ce que j’ai fait. Le problème est qu’il faut désormais patienter 4 mois supplémentaires pour percevoir le RSA. J’espère que la situation va changer. Avec l’arrêt inexpliqué des versements, c’est la grande majorité de mes revenus qui ont disparu », confie-t-il. Même lorsque les procédures auxquelles sont soumises les demandes se déroulent sans heurt, les délais compliquent les situations. « Ils sont de plus en plus longs », s’inquiète Mireille, une bénévole du Secours populaire qui aide les ayants droit à recouvrir leur dû. « Il n’y a pas si longtemps, il fallait attendre 2 mois pour que les étrangers puissent obtenir l’AME. Aujourd’hui, c’est 3 mois dans le meilleur des cas, plutôt 5 mois en cas de difficultés ou pièces manquantes, ce qui est fréquent. Ce n’est pas étonnant. La tendance est à la fermeture des centres. Le personnel qui gère les demandes se réduit. »

UNE MONTAGNE DE PIÈCES À FOURNIR

À ces écueils viennent s’ajouter des problèmes structurels imputables aux politiques publiques. La domiciliation est indispensable pour percevoir des aides sociales. Les plus démunis peuvent en théorie se tourner vers les CCAS (centres communaux d’action sociale) lorsqu’ils n’ont pas d’autre choix. « Dans la pratique, ce service est très peu assuré par ces centres, alors que c’est leur devoir. Parfois, on domicilie une seule personne pour pouvoir dire qu’on fait de la domiciliation. Il n’y a aucun contrôle sur le terrain à ce sujet », s’indigne Bernard Schricke. En plus du manque d’information relatif aux droits, aux conditions d’éligibilité, les enquêtes sur les causes du non-recours pointent du doigt la complexité du système. « De nombreuses personnes sont confrontées au découragement en cours de démarche. Elles ne réussissent pas à fournir les documents nécessaires. Il peut ainsi se passer des mois avant qu’une aide financière soit perçue », constate Bert Luyts. L’Odenore a observé un rapport mécanique entre la nécessité de fournir des pièces nombreuses et variées et le non-recours. Pierre Mazet explique « qu’on développe du non-recours en compliquant les conditions d’accès. C’est un problème d’autant plus important qu’on remarque globalement une complexification croissante qui va à rebours des discours officiels sur la simplification administrative ». Il précise que « des études aux États- Unis ont montré que complexifier est un bon moyen de faire baisser la demande sociale ». De là à faire le lien avec un choix politique de laisser à l’écart ces populations, à l’heure où la réduction des dépenses est le maître mot, il n’y a qu’un pas.

UNE CHASSE AUX FRAUDEURS SÉLECTIVE

Malades, chômeurs, familles, précaires… fraudent peu (moins de 1 % des prestations versées) et renoncent même souvent à faire valoir leurs droits. Lors de l’examen de la loi de financement de la Sécurité sociale, un député UMP a pourtant fait adopter un amendement à l’unanimité des présents (39 seulement, il est vrai) instaurant l’échange automatique des données sur les prestations versées entre l’ensemble des organismes sociaux et le recoupement avec les données du fisc. Un flicage en règle ! Curieusement, la démarche épargne la fraude sociale patronale – le non-paiement des cotisations sociales – qui, selon la Cour des comptes, a doublé en 8 ans pour atteindre 20 à 25 milliards d’euros par an. Soit deux fois le déficit annuel de la Sécurité sociale. Quant à la fraude fiscale de 60 à 80 milliards d’euros de recettes perdues par an pour l’État, du fait essentiellement des ménages fortunés et des entreprises, le gouvernement affiche, certes, sa volonté d’y remédier, mais le bilan reste maigre.

50 % DES BÉNÉFICIAIRES POTENTIELS DU RSA N’Y ONT PAS RECOURS

Selon les prestations, le non-recours concerne de 10 à 90 % des populations d’ayants droit. L’OCDE estime que ce pourcentage varie de 20 à 40 % selon les pays. En France, il atteint 50 % pour le RSA, selon l’Odenore (1). Soit 35 % des ayants droit au RSA socle, destiné aux bénéficiaires exclus de tout emploi, et jusqu’à 68 % des ayants droit au RSA activité, qui s’adresse aux travailleurs percevant des revenus inférieurs à un minimum. Globalement, du fait du non-recours des ayants droit, 5,2 milliards d’euros ne sont pas versés au titre du RSA, et 4,7 milliards d’euros par les caisses d’allocations familiales. (1) Observatoire des non-recours aux droits et services.

L’accord top secret qui doit dépecer les services publics

enquête

Bruno Odent

Les États-Unis, les pays de l’UE et une vingtaine d’autres États ont entamé à Genève des négociations sur le commerce des services. Signe particulier : ces tractations devaient rester secrètes pendant cinq ans. WikiLeaks a réussi à lever en partie le voile sur leur contenu.
Tout devait rester entièrement secret. Rien ne devait filtrer des négociations sur l’accord sur le commerce des services (ACS) entamées depuis deux ans à l’ambassade d’Australie à Genève entre les États-Unis, l’Union européenne et une vingtaine de pays. Une vaste entreprise de libéralisation qui touche jusqu’aux services publics fondamentaux. Des mesures assurant une confidentialité totale des discussions ont été prises, dans un langage digne d’un scénario à la James Bond. Les textes établissant l’avancée des pourparlers ont été « classifiés », selon un jargon utilisé généralement pour les dossiers secret-défense. Ils doivent être « protégés de toute diffusion non autorisée » et stockés dans un système d’ordinateurs lui-même classifié et maintenu « dans un building ou un container clos » sous haute surveillance. L’objectif déclaré est que rien ne puisse transpirer du contenu de ces tractations « jusqu’à cinq ans après la conclusion d’un accord » ou la fin des négociations si celles-ci devaient finalement ne pas aboutir.
C’était sans compter sur la dextérité des lanceurs d’alerte de WikiLeaks qui sont parvenus à récupérer une partie des textes surprotégés. Ils ont publié ainsi le 19 juin sur leur site l’annexe du traité en préparation consacré aux services financiers.
Ces révélations soulignent, en fait, l’ampleur de l’offensive engagée par Washington, suivi par les États membres de l’Union européenne, pour permettre aux multinationales de truster, le moment venu, le commerce des produits financiers mais aussi celui de tous les services sur les grands marchés transatlantique et transpacifique, dont les négociations, on le sait, avancent au même moment, dans la plus grande discrétion.

Contourner les résistances populaires et réfractaires de l’OMC

Les pourparlers secrets pour parvenir à un accord sur le commerce des services (ACS) ont démarré en 2012 et leurs initiateurs entendent tout faire pour les conclure avant la fin 2015. Ils sont en fait destinés à contourner l’obstacle que constituaient les résistances de forces progressistes, de mouvements sociaux, de syndicats et de plusieurs pays en développement pour la conclusion d’un accord global sur le commerce des services (AGCS) au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Devant la paralysie du processus multilatéral lancé en 2001 dans le cadre du cycle dit de Doha de l’OMC, un groupe de pays a décidé, sous l’impulsion des États-Unis et des États membres de l’UE, d’entamer, il y a deux ans, une négociation parallèle.
Autrement dit : désavoué démocratiquement et donc sorti par la porte, l’AGCS pouvait ainsi rentrer par la fenêtre sous l’impulsion d’une cinquantaine de gouvernements. Les négociateurs autoproclamés ont l’espoir de définir dans un cadre plurilatéral des normes pour qu’elles s’imposent, à terme, comme unique référence internationale. Ils misent d’évidence sur leur poids économique – ils représentent ensemble près de 70 % du commerce mondial – pour rallier en fin de compte les pays récalcitrants de l’OMC court-circuités. Le lieu géographique des tractations a simplement été transféré de quelques rues à Genève, passant du siège de l’OMC aux locaux de l’ambassade d’Australie, pays opportunément tout acquis à la libéralisation.
Principale source d’inspiration du groupe : les « experts » de la « coalition globale des services » (GSC) au sein de laquelle on retrouve, côté états-unien, les géants du secteur (banque, Internet, énergie) mais aussi, côté européen, le Medef ou le poids lourd français, Veolia (voir ci contre). Le document diffusé par WikiLeaks, qui correspond au relevé de la négociation au 14 avril dernier, révèle le forcing déployé pour banaliser le commerce des produits financiers, comme si rien n’avait été retenu des causes du krach ravageur qui s’est produit seulement sept ans en arrière.

Échanges financiers, 
le retour du délire

Les normes proposées dans l’annexe du texte secret consacré au commerce des produits financiers visent d’abord à restreindre la capacité d’intervention de la puissance publique et se fixent ouvertement comme objectif un modèle « autorégulateur » de la finance. Les États signataires du futur ACS ne seraient quasiment plus autorisés à légiférer pour limiter les transactions financières transfrontalières (article X 3.2.).
Au nom de la libre concurrence les « monopoles d’État en matière de fonds de pension » – traduisez : les systèmes publics de Sécurité sociale – seraient, à terme, démantelés. Même « les assurances pour calamité naturelle » se devraient de ne plus fonctionner sous contrôle public.
L’approbation de l’autorisation de produits financiers innovants est recherchée (article X 2.1.). On sait combien le laxisme organisé à cet égard a nourri la boursouflure financière qui a éclaté, il y a sept ans. « Les CDS (credit defaut swaps), qui furent considérés comme des produits innovants, ont été au cœur de la crise », fait remarquer à juste titre Jane Kelsey, professeure à la faculté d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, sur le site de WikiLeaks.
Les firmes Internet états-uniennes font pression pour transmettre sans véritable garde-fou les données de leurs clients. En particulier celles qui sont présentes dans les systèmes dits « clouds » (nuages) qui permettent de stocker des documents hors du disque dur de l’ordinateur. Cette information-là suscite depuis le jour de sa divulgation par WikiLeaks, le 19 juin, une vive réaction dans la presse allemande où les révélations d’un autre lanceur d’alerte, Edward Snowden, sur l’espionnage de masse pratiqué par la NSA (National Security Agency), avec la complicité des géants états-uniens de l’Internet, avaient déjà suscité beaucoup d’inquiétudes dans l’opinion.

Privatisations interdites

Les orientations du texte secret stipulent que les sociétés étrangères ne sauraient être victimes d’un traitement dit « discriminatoire ». Autrement dit : elles doivent avoir accès au marché des pays signataires exactement dans les mêmes conditions que les prestataires locaux, qu’ils fournissent ou non un service public à la population.
Un géant de la fourniture d’eau ou de gaz, comme les français Veolia ou GDF Suez, aurait ainsi non seulement le droit de s’installer sur un marché tiers. Mais il pourrait aussi faire jouer une clause d’engagement au respect de la concurrence pour exiger de bénéficier de subventions d’un montant égal à celui versé par l’État en question au service public de l’eau ou de l’énergie.
Par ailleurs le retour à une nationalisation d’un service public privatisé, fût-il partiel, serait strictement interdit aux États signataires au nom des garanties accordées aux investisseurs afin de favoriser, explique-t-on, la fluidité des échanges. Ainsi deviendrait impossible une remunicipalisation de l’eau décidée en maints endroits en France comme à Paris, après la gabegie et l’explosion des factures des particuliers provoquées par les requins de la Générale et de la Lyonnaise des eaux, qui se sont longtemps partagé le marché de la capitale française.

Éducation, santé, transports, rien n’échapperait à l’appétit du privé

L’ACS doit s’appliquer à tous les domaines capables de fournir un service à l’échelle internationale. Selon l’Internationale des services publics (PSI), qui regroupe quelque 669 syndicats dans le monde entier, il englobe ainsi un champ immense : la fourniture transfrontière (le mode 1 de l’ex-AGCS) – telle que la télé-médecine, la formation à distance ou les paris sur Internet –, le tourisme (mode 2 de l’ex-AGCS), l’investissement étranger direct avec les principes et les conséquences que l’on vient d’exposer (mode 3 de l’ex-AGCS) et le mouvement temporaire des personnes physiques (mode 4 de l’ex-AGCS). L’objectif d’accords comme celui dont la négociation est secrètement engagée, dénonce Rosa Pavanelli, la secrétaire générale de la PSI, est « d’institutionnaliser les droits des investisseurs et d’interdire toute intervention des États dans un large éventail de secteurs ».
Santé, éducation, transports, rien n’échapperait à cette logique qui accélérerait, dans des dimensions inédites, la libéralisation des services publics. Selon une logique d’écrémage par le capital privé en mal d’acquérir de nouvelles ressources dans la phase actuelle de la crise où les débouchés se rabougrissent. Il cherche à s’accaparer les secteurs financièrement les plus prometteurs. Les cheminots français en lutte ont ainsi parfaitement discerné la menace qui pourrait conduire à une polarisation des investissements privés sur les tronçons voyageurs les plus rentables quand des dizaines de voies dites secondaires et donc de gares seraient condamnées à disparaître. Le 4e paquet ferroviaire de la Commission européenne n’est certes pas dans le traité secret en cours de négociation. Il n’en épouse pas moins la ligne dévastatrice pour l’avenir des services publics et, au passage, pour… un certain mode de construction européenne. Comme on devrait le savoir au moins depuis l’élection du 25 mai l’acharnement libéral, prêt à nier la démocratie au point d’agir caché contre les intérêts des citoyens, met pourtant l’Europe en danger.