Source : Révolution permanente
Mercredi 8 juillet, le Parlement européen a
approuvé, en session ordinaire, le projet d’accord de libre-échange
entre l’Union Européenne et les Etats-Unis, plus connu sous le nom de
TAFTA. Une majorité de députés européens a ainsi donné son feu vert à la
poursuite des négociations avec Washington en vue d’établir un
méga-traité d’exploitation entre les deux rives de l’Atlantique.
On se souviendra, peut-être, qu’en 2001,
les grandes puissances impérialistes s’étaient donné rendez-vous, avec
les pays dits émergents à Doha, au Qatar. L’enjeu était de discuter d’un
grand traité multilatéral, sous la houlette de l’Organisation Mondiale
du Commerce, pour « développer les échanges entre les zones les plus
dynamiques de la planète ». Ceux que l’on appellera, par la suite, les
BRICS, avaient alors notamment réclamé une plus grande flexibilité
douanière de façon à pouvoir se trouver sur un pied d’égalité avec des
puissances centrales, pratiquant la concurrence « non-libre et très
faussée ». C’est sur cet écueil que le projet a finalement achoppé et
que le « round de Doha » a fait long feu.
Aujourd’hui, les Etats-Unis et l’Union Européenne représentent à eux seuls 60% du PIB mondial pour un marché de 800 millions de personnes. Washington et les gouvernements européens ont donc laissé de côté leurs velléités manifestées et Doha et se sont repliés, depuis 2013, sur un cadre plus restreint de façon à négocier un accord commercial bilatéral.
Aujourd’hui, les Etats-Unis et l’Union Européenne représentent à eux seuls 60% du PIB mondial pour un marché de 800 millions de personnes. Washington et les gouvernements européens ont donc laissé de côté leurs velléités manifestées et Doha et se sont repliés, depuis 2013, sur un cadre plus restreint de façon à négocier un accord commercial bilatéral.
Les sociaux-démocrates comme la droite et les libéraux
Mercredi,
à Strasbourg, le vote n’avait qu’une simple valeur indicative mais il
n’en était pas moins important. Il a souligné, par un « oui » ferme et
résolu, l’appui du Parlement européen au projet de façon à ce que les
négociations se poursuivent. Le « oui » a reçu le soutien du Parti
Populaire Européen (droite), des libéraux ainsi que d’une bonne partie
du groupe social-démocrate. La gauche, en revanche, ainsi que les Verts,
ont voté contre. Au final, 436 voix pour et 241 contre.
Les réticences d’une minorité de sociaux-démocrates s’expliquent par l’institution, dans le cadre du TAFTA, d’un Tribunal d’arbitrage Etats-Investisseurs (ISDS, selon l’acronyme anglais). Le projet de création de l’ISDS a été pour partie transformé, sans rien changer sur le fond. Il s’agirait d’un tribunal arbitral privé, « sujet à des principes et à un contrôle démocratique », si l’on suit la lettre du texte ambigu qui l’institue. Néanmoins, le texte stipule aussi clairement, histoire de préciser ce que « démocratique » veut dire, que l’ISDS a pour objectif de préserver l’investissement face aux obstacles que pourraient poser les législations nationales.
Les réticences d’une minorité de sociaux-démocrates s’expliquent par l’institution, dans le cadre du TAFTA, d’un Tribunal d’arbitrage Etats-Investisseurs (ISDS, selon l’acronyme anglais). Le projet de création de l’ISDS a été pour partie transformé, sans rien changer sur le fond. Il s’agirait d’un tribunal arbitral privé, « sujet à des principes et à un contrôle démocratique », si l’on suit la lettre du texte ambigu qui l’institue. Néanmoins, le texte stipule aussi clairement, histoire de préciser ce que « démocratique » veut dire, que l’ISDS a pour objectif de préserver l’investissement face aux obstacles que pourraient poser les législations nationales.
TAFTA. Traité de Libre Exploitation
Pour
mener à bien ce méga-traité ayant pour but de répondre aux secteurs les
plus concentrées du capital des deux côtés de l’Atlantique, on
comprendra que la législation du travail doit s’adapter dans tous les
pays. Le Parlement européen, bien entendu, a exigé que des « lignes
rouges » soient fixées. Ainsi, aucune dérogation ne pourra être faite
aux standards fixés par l’Organisation Internationale du Travail…Belle
« ligne rouge ».
Au cours des huit dernières années, dans le cadre de
la crise capitaliste, les gouvernements européens ont avancé de façon
impitoyable dans la destruction des acquis et des conquêtes, revenant
sur les conditions de travail et de vie. Ainsi, on a vu se multiplier
les « mini jobs », les « contrats zéro euro », les contrats
ultra-précaires ou les conventions de gré-à-gré qui ont accompagné, dans
certains pays, comme la Grèce, des baisses de salaire massives, y
compris chez les fonctionnaires. On imagine aisément, là encore, le
genre de protection que pourrait nous offrir l’UE face au TAFTA.
Aux quatre coins de l’Europe, les manifestations et
les contre-sommets se sont multipliés, contre le TAFTA, notamment à
l’occasion des neuf rencontres qui ont réuni les négociateurs des deux
continents. Rien n’y fait, cependant, et les bureaucraties syndicales
nationales continuent à maintenir l’isolement des luttes et la
fragmentation des mobilisations, là où il devrait y avoir convergence
pour faire face à cette menace que représente le TAFTA. Face à un
Parlement déterminé à instituer ce Traité de Libre Exploitation, il nous
faudra des luttes et des mobilisations du monde du travail et de la
jeunesse au moins aussi résolues pour nous protéger.
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