Source : l'Humanité
Vice-présidente
de Die Linke et députée au Bundestag, Sahra Wagenknecht dénonce la
politique d’humiliation menée par le gouvernement allemand dans le cadre
des négociations avec la Grèce.
Dimitrios
Papadimoulis, vice-président du Parlement européen, membre de la Gauche
unitaire européenne, a déclaré récemment que « ce qui se passe, c’est
que l’on veut humilier la Grèce et les Grecs ou renverser le
gouvernement Tsipras ». Que pensez-vous de ce point de vue ?
Sahra Wagenknecht Je
pense que Dimitrios Papadimoulis a absolument raison. Chaque personne
sensée doit avoir compris depuis longtemps que la poursuite des
politiques d’austérité de ces dernières années n’a pas aidé à remettre
la Grèce sur ses pieds mais, au contraire, a entraîné le pays toujours
plus profondément dans la crise et ceci avec un accroissement incessant
du poids de la dette. Le tout, en dépit des exigences de nouvelles
réductions des pensions de retraite, de nouvelles augmentations de la
TVA et de la poursuite des privatisations. Et, maintenant, alors que le
gouvernement grec vient de faire des concessions dans ce sens, sous la
pression des créanciers qui l’exigent de lui, ce n’est toujours pas
assez. Ce à quoi poussent Wolfgang Schäuble et consorts est
irresponsable.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang
Schäuble, a proposé samedi une suspension « temporaire » de la Grèce de
la zone euro. Quel est le but du gouvernement allemand dans ces
négociations ?
Sahra Wagenknecht Cela, personne ne le
sait très bien au juste. Avec Schäuble, on a le sentiment qu’il est là
tout exprès pour jeter la Grèce hors de la zone de l’euro. Bien que cela
voudrait dire que les prêts consentis par l’Allemagne à la Grèce
devraient être considérés comme définitivement perdus.
Ces événements ne remettent-ils pas en question
l’idée qu’une autre Europe, dégagée du carcan capitaliste dit
« néo-libéral » soit possible ? À supposer qu’elle le reste compte tenu
des événements grecs, à quelles conditions ?
Sahra Wagenknecht L’euro est devenu de
plus en plus un instrument de l’hégémonie allemande en Europe. Grâce à
la politique de dumping salarial, les sociétés d’exportation allemandes
refoulent des marchés leurs concurrents dans toute l’Europe. Ce que je
souhaiterais voir, non seulement en Grèce mais aussi dans d’autres pays
européens, c’est qu’arrivent au pouvoir des partis qui remettraient
enfin en question cette Europe allemande dans laquelle les riches
deviennent plus riches et les pauvres deviennent plus pauvres.
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