vendredi 10 juillet 2015

Nouvelle évacuation de migrants à Paris

Source : msn.com

L'absence de forces de l'ordre a évité les échauffourées des actions précédentes sur le site de la Halle Pajol, dans le XVIIIème arrondissement. Mais des problèmes d'organisation ont engendré une certaine confusion.
 
Sans gaz lacrymogènes et sans CRS cette fois, mais dans une certaine confusion. Une centaine de migrants ont été emmenées, jeudi, depuis la halle Pajol, à Paris, vers des centres d'hébergement de la région parisienne. Une nouvelle opération d'évacuation après l'intervention très musclée sur le même site de la halle Pajol début juin, ainsi que celles du métro La Chapelle, le 2 juin, de l'église Saint-Bernard et des jardins d'Eole. Récit.
Il est 8 heures lorsque des représentants de la ville de Paris, de la mairie du 18e arrondissement, où se situe le campement, ainsi que le directeur de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) se rendent rue Pajol. Des journalistes et des personnes venues soutenir les migrants s'y trouvent déjà. Rapidement, le directeur de l'Ofpra, Pascal Brice, s'adresse aux personnes présentes pour les inviter à monter dans l'un des neuf bus affrétés pour les emmener vers des hébergements «durables», comme l'ont rapporté les journalistes sur place.
Mais après plusieurs opérations similaires ces dernières semaines, les migrants restent méfiants. De nombreuses questions sont adressées au directeur de l'Ofpra sur le type d'hébergement proposé et, surtout, sa durée. Certains ont demandé des garanties écrites pour avoir l'assurance d'être hébergés au-delà de la première nuit. Pascal Brice réitère plusieurs fois sa proposition mais refuse d'entrer dans une discussion sur le sujet de façon collective.
Huit centres d'hébergements ont été spécialement ouverts à Paris, Créteil, Roissy-en-Brie, Vitry, Malakoff et Colombes, selon l'Ofpra. Gérald Briant, adjoint PCF au maire du XVIIIe arrondissement, évoque «environ 100 à 150 places d'hébergement disponibles». L'élu insiste sur le fait que ces hébergements sont disponibles «24h/24» et «s'adressent à tous». Un autre interlocuteur de la ville de Paris indique que cet hébergement est garanti un mois, le temps pour les migrants de faire les démarches administratives nécessaires.

Bus bondé

Plusieurs migrants acceptent finalement la proposition et se dirigent vers les bus. Chaque montée se fait de façon chaotique, entre les officiels qui pressent le mouvement, les militants qui tentent d'obtenir la destination des bus et les numéros des migrants, et ceux qui tentent de freiner les départs. Les soutiens obtiennent toutefois qu'une ou deux personnes puissent accompagner les personnes montées dans le bus afin de vérifier les conditions de l'hébergement proposé.
Au bout d'une heure environ, l'ensemble des bus a quitté les lieux. La place est loin d'être vide: une cinquantaine de migrants reste sur place. Certains ont refusé l'offre, d'autres auraient souhaité monter dans le dernier bus, parti plein. Une situation pas vraiment prévue par les officiels présents: plusieurs autres véhicules avant lui étaient loin d'être remplis. «Beaucoup n'ont pas voulu monter dans l'un des bus qui devaient les emmener à Roissy-en-Brie», explique par la suite Alice, aide régulière sur le campement et venue soutenir les migrants pendant l'opération. «Ils vont se retrouver là-bas, sans moyen de transport, sans ticket de métro. Et après, ils font comment pour les démarches administratives?», s'énerve la jeune femme, qui rappelle que les trois principaux dons sollicités sont la nourriture, les médicaments et les tickets de transport.
Une réunion se met en place. La discussion est traduite par certains. Premier objectif: demander aux migrants s'ils sont restés par choix. Vient ensuite la question de la suite des événements. Plusieurs militants ont eu la confirmation qu'un nettoyage du campement doit avoir lieu. Vaut-il mieux quitter les lieux avec ses affaires ou rester pour protester? Une manifestation était justement prévue le jour même en direction de République.

Des migrants revenus à pied

«C'est toujours pareil», déplore Étienne, qui vient régulièrement sur place offrir son aide aux migrants pour les démarches administratives. «Quand on commence à trouver un semblant d'organisation et que les migrants commencent à exprimer des revendications claires, on fait tout évacuer», résume-t-il, en montrant l'espace aménagé pour gérer les aliments et préparer des repas sur place. Pour lui, la décision d'organiser une manifestation le jour-même vers République et la publication d'une lettre de soutien signée de personnalités de la culture ne sont pas des éléments étrangers à cette intervention. Une version largement partagée par la plupart des soutiens présents sur place.
L'idée d'une réaction à la manifestation prévue est encore renforcée par un nouveau accroc dans l'opération d'évacuation. En fin de matinée, alors que certains migrants s'apprêtent à monter dans un bus revenu sur place, d'autres reviennent en groupe, à pied, depuis le centre d'hébergement La Boulangerie, faute de place durable. «Ils nous ont dit: “C'est pour la nuit seulement!”», fulmine la militante montée dans le bus pour accompagner les migrants. Des membres des services du préfet et du cabinet du maire tentent de gérer cet aller-retour. «Ils ont mal compris, peut-être induits en erreur par ceux qui prétendent les aider», s'agace une officielle.
Pour certains soutiens de migrants, ce problème confirme que l'opération a été prévue dans l'urgence, après l'annonce de la manifestation. «Ils font des repérages dans la nuit et demandent aux gens de choisir dans l'urgence s'ils partent ou pas. Une fois la majorité partie, ils annoncent qu'ils vont tout nettoyer. Et l'hébergement durable, la plupart n'y croit plus. Est-ce qu'on peut encore parler de choix et de mise à l'abri dans ces cas-là?», fustige, amère, Alice. Pendant ce temps, un autre bus est encore arrivé. D'autres migrants sont partis vers un centre en région parisienne. La manifestation, quant à elle, a été maintenue.

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