Source : Ensemble
Marie-Christine Vergiat est députée européenne pour le Front de Gauche depuis 2009, Miguel Urbán, quant à lui, est eurodéputé depuis mars 2015. Co-fondateur de Podemos, il est aussi membre d’Anticapitalistas. Dans cet entretien croisé, les deux eurodéputés échangent leurs points de vue sur leurs rôles au sein du Parlement européen, le lien entre le travail institutionnel et les mobilisations sociales, l’appréciation qu’ils portent sur la situation politique du pays de l’autre et enfin les opportunités qu’ouvrent les bouleversements récents en Europe du Sud.
Les politiques décidées au niveau européen sont dans leur grande majorité d’inspiration néolibérale. L’Union européenne se caractérise par la mise en place, à marche forcée, de l’austérité. L’UE apparait comme un organe politique à sens unique, incapable de défendre les intérêts des citoyens. De plus, pour rajouter à ce tableau déjà grandement obscurci, le Parlement est au sein du triangle institutionnel européen (Commission européenne, Conseils de l’Union européenne et Parlement européen), l’institution qui a le moins de pouvoir. Dès lors, comment voyez-vous votre rôle au sein du Parlement ? Comment y défendez-vous les intérêts du plus grand nombre ?
Marie-Christine Vergiat : Avec le recul, je dirais que l’UE est dans un fonctionnement de plus en plus intergouvernemental. Et si le Parlement européen a peu de rôle, c’est avant tout parce qu’il ne joue pas celui qui est le sien. Je suppose que Miguel était comme moi opposé au Traité constitutionnel européen mais ce traité augmentait les pouvoirs du Parlement. Encore faut-il que les parlementaires veuillent se servir de leurs pouvoirs ! Un exemple significatif : sous la législature précédente (2009-2014), nous avons eu le traditionnel débat sur le cadre budgétaire quinquennal. Pour la première fois dans l’histoire de la construction européenne, les Etats membres ont fait diminuer le budget de l’UE. Dans un premier temps, tous les leaders du Parlement ont très fortement critiqué cette décision. Il y a eu un an de négociation entre les différentes institutions et au final le Parlement a accepté la diminution du budget. C’est une erreur historique du point de vue institutionnel.
Le rôle que l’on peut avoir dépend beaucoup des sujets traités. Les majorités peuvent être très différentes. Ces majorités sont plus mouvantes aujourd’hui que sous la législature précédente. Sur les sujets économiques, c’est « circuler il n’y a rien à voir ». La grande coalition entre S&D (Socialistes et Démocrates, groupe socialiste au sein duquel siège le PS français) et le Parti populaire européen (groupe au sein duquel siège Les Républicains), ALDE (les libéraux européens au sein duquel siègent le MODEM et l'UDI), et souvent les Verts - qui sur les sujets économiques sont parfois plus libéraux que les socialistes – verrouille le débat et ne nous donne aucune marge de manœuvre.
Sur les sujets sociaux, la GUE/NGL (Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, groupe dans lequel siègent le Front de Gauche, Podemos, Syriza, etc.) plus les Verts et les Socialistes - qui parfois votent comme nous - n’ont pas une majorité suffisante pour faire approuver des textes.
Personnellement, je travaille beaucoup sur les questions de droits et de libertés. Sur ces questions, on peut réussir à avoir une majorité parce que les libéraux et le Mouvement des 5 étoiles en Italie peuvent voter comme nous.
Quand on vote des résolutions (qui n’ont pas de valeur contraignante), on peut avoir des positions correctes mais quand on vote des textes législatifs, la pression des gouvernements est très forte sur leurs députés. Ce qui amène souvent le Parlement à s’incliner devant le Conseil. C’est ce que je disais à propos du retour de l’intergouvernemental. Le Parlement a du pouvoir mais il ne l’utilise pas.
Miguel Urbán : Mon opinion est beaucoup moins fondée que la tienne parce que je suis élu depuis 4 mois seulement. Premièrement une opinion personnelle : la première fois que je suis rentré au Parlement, ça m’a paru être un genre de centre commercial de bureaucrates. L’organisation spatiale et architecturale des bâtiments ne m’a jamais paru être une question triviale. C’est une question éminemment politique. La différenciation spatiale attire l’attention. Par exemple au Parlement de Strasbourg (le Parlement européen tient ses sessions plénières à Strasbourg alors que le travail en commissions s’effectue à Bruxelles) on ne rentre pas par le même endroit selon que l’on soit députés ou salariés.
À Podemos, nous sommes un groupe nouveau et jeune. Aucuns d’entre nous n’a eu précédemment d’expériences institutionnelles. C’est donc pour nous un double choc. Certains d’entre nous avaient beaucoup d’expériences mais principalement comme activistes, voire même des expériences de confrontations directes avec les institutions.
Par rapport à ce que tu disais concernant les capacités du Parlement, il est évident que nous ne les utilisons pas. Nous ne les utilisons pas parce qu’il y a une corrélation de forces, qui peut changer parfois, mais qui sur les éléments centraux, se maintient. Sur les questions de défense des droits, on peut obtenir comme tu le disais, des positons défendables, mais sur les aspects économiques, la grande coalition est d’une solidité terrifiante.
MCV : Ça dépend aussi de la mobilisation extérieure.
MU : Tout à fait, le Parlement a un rôle important quand il sert de lien entre nous qui sommes dedans et l’extérieur, la société civile. La Parlement détient beaucoup d’informations qui peuvent favoriser la mobilisation de la société civile. De plus, pour nous les organisations du Sud de l’Europe, être ici nous permet de trouver des alliés. Quand nous avons fait campagne pour les élections européennes (en mai 2014), on nous demandait souvent « pourquoi voulez-vous aller au Parlement européen ? ». Nous répondions que nous voulions y aller pour trouver des amis. Parce que quand tu ne peux pas faire quelque chose tout seul, avec des amis, si tu peux. C’est intéressant d’utiliser le Parlement pour construire une Europe différente et surtout pour coordonner les différentes forces politiques du continent. Je trouve dommage que la GUE/NGL ne joue pas ce rôle. La GUE/NGL réalise essentiellement un travail parlementaire et ne cherche pas assez à construire la mobilisation sociale à l’extérieure du Parlement.
Cette coordination et cette mobilisation est d’autant plus nécessaire que nous allons vivre des moments historiques. Pour la première fois nous pouvons impulser un changement en Europe depuis le Sud, alors que précédemment les changements venaient du Nord, de France, d’Allemagne… Nous pouvons enclencher un changement vers une Europe plus sociale et plus solidaire. Plus concrètement par exemple, si les pays du Sud arrivent à mettre en place une politique migratoire différente de celle de l’Europe forteresse, comme la Grèce a commencé à le faire, l’impact symbolique sera fort.
Tu as dit quelque chose de très important : nous pouvons rompre la majorité détenu par les conservateurs. Mais nous ne pouvons pas rompre cette majorité seul. Nous avons besoin d’amis et ces amis sont à l’intérieur et à l’extérieur. La GUE/NGL devrait en partie servir à cela.
MCV : Sur les questions migratoires, je pense que l’on a l’opportunité d’instituer un vrai rapport de force, à condition de travailler en lien permanent avec la société civile. Parce que sur ces questions, tous les groupes, à l’exception de l’extrême droite, sont traversés par des contradictions, notamment sur la question des réfugiés. Il faut améliorer le lien avec la mobilisation extérieure et la GUE/NGL doit pouvoir servir de relai. Je partage totalement ton point de vue.
MU : Le défi c’est donc de changer l’Europe depuis la base !
Pour croiser vos appréciations, également sur les situations nationales, pouvez-vous donnez vos points de vue sur le pays de l’autre ? Marie-Christine, quelle est votre appréciation de la situation politique en Espagne ?
MCV : Je ferais volontiers le lien avec ce que tu as dit Miguel, sur les possibilités qui s’ouvre en Europe du Sud. Ce qui se passe en Grèce et en Espagne peut permettre de faire bouger les lignes dans les pays du Nord – sous réserve que la France soit un pays du Nord. Nous avons des enseignements à tirer de ces expériences. Nous avons souvent une vision simplificatrice de ce qui se passe en Espagne. Il y a beaucoup de similitudes entre ce qui se passe aujourd’hui en Espagne et en Grèce. Le point de départ, c’est le travail avec la base.
Miguel, quelle est votre opinion sur la situation politique française ?
MU : J’ai toujours eu une relation importante avec les mouvements de gauche en France.
MCV : Lesquels ?
MU : Avec les mouvements des sans-papiers notamment mais aussi un travail plus d’élaboration théorique avec Daniel Bensaïd. Je suis membre de la revue Viento Sur, nous avons de bonnes relations avec la revue française Contretemps.
Ce qui attire mon attention, c’est qu’un pays comme la France, avec autant de culture politique, un débat très fructueux sur le Traité constitutionnel européen, une organisation syndicale forte comme la CGT, y compris avec une social-démocratie avec une histoire aussi longue regarde autant vers la droite. Pour moi, l’ascension de Marine Le Pen, n’est pas l’unique révélateur du virage de la France vers la droite. Manuel Valls est encore plus préoccupant. Dans un article que j’ai écrit après les élections municipales françaises et le changement de premier ministre, j’ai imaginé que si l’on demandait à Marine Le Pen quel était son principal succès, elle aurait pu répondre la nomination de Manuel Valls à Matignon. Maintenant tout le monde parle comme elle. Y compris la politique européenne a normalisé son discours.
Ce virage à droite est très préoccupant, d’autant plus dans un contexte de diminution des capacités des forces sociales et politiques de gauche à faire face à cette évolution politique. La défaite du mouvement contre la réforme des retraites a beaucoup démobilisé. Il est fondamental que la France s’unisse au Sud. Sans cela, il ne peut y avoir de changement en Europe. Pour cela, nous avons besoin que la gauche sociale et politique française se réinvente et qu’elle s’unisse à ce même processus.
MCV : Tout à fait, c’est pour ces raisons que je trouve autant d'intérêt à travailler autant sur ces questions !
Propos recueillis et traduits par Pierre Marion, le 1 juillet 2015.
Marie-Christine Vergiat est députée européenne pour le Front de Gauche depuis 2009, Miguel Urbán, quant à lui, est eurodéputé depuis mars 2015. Co-fondateur de Podemos, il est aussi membre d’Anticapitalistas. Dans cet entretien croisé, les deux eurodéputés échangent leurs points de vue sur leurs rôles au sein du Parlement européen, le lien entre le travail institutionnel et les mobilisations sociales, l’appréciation qu’ils portent sur la situation politique du pays de l’autre et enfin les opportunités qu’ouvrent les bouleversements récents en Europe du Sud.
Les politiques décidées au niveau européen sont dans leur grande majorité d’inspiration néolibérale. L’Union européenne se caractérise par la mise en place, à marche forcée, de l’austérité. L’UE apparait comme un organe politique à sens unique, incapable de défendre les intérêts des citoyens. De plus, pour rajouter à ce tableau déjà grandement obscurci, le Parlement est au sein du triangle institutionnel européen (Commission européenne, Conseils de l’Union européenne et Parlement européen), l’institution qui a le moins de pouvoir. Dès lors, comment voyez-vous votre rôle au sein du Parlement ? Comment y défendez-vous les intérêts du plus grand nombre ?
Marie-Christine Vergiat : Avec le recul, je dirais que l’UE est dans un fonctionnement de plus en plus intergouvernemental. Et si le Parlement européen a peu de rôle, c’est avant tout parce qu’il ne joue pas celui qui est le sien. Je suppose que Miguel était comme moi opposé au Traité constitutionnel européen mais ce traité augmentait les pouvoirs du Parlement. Encore faut-il que les parlementaires veuillent se servir de leurs pouvoirs ! Un exemple significatif : sous la législature précédente (2009-2014), nous avons eu le traditionnel débat sur le cadre budgétaire quinquennal. Pour la première fois dans l’histoire de la construction européenne, les Etats membres ont fait diminuer le budget de l’UE. Dans un premier temps, tous les leaders du Parlement ont très fortement critiqué cette décision. Il y a eu un an de négociation entre les différentes institutions et au final le Parlement a accepté la diminution du budget. C’est une erreur historique du point de vue institutionnel.
Le rôle que l’on peut avoir dépend beaucoup des sujets traités. Les majorités peuvent être très différentes. Ces majorités sont plus mouvantes aujourd’hui que sous la législature précédente. Sur les sujets économiques, c’est « circuler il n’y a rien à voir ». La grande coalition entre S&D (Socialistes et Démocrates, groupe socialiste au sein duquel siège le PS français) et le Parti populaire européen (groupe au sein duquel siège Les Républicains), ALDE (les libéraux européens au sein duquel siègent le MODEM et l'UDI), et souvent les Verts - qui sur les sujets économiques sont parfois plus libéraux que les socialistes – verrouille le débat et ne nous donne aucune marge de manœuvre.
Sur les sujets sociaux, la GUE/NGL (Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, groupe dans lequel siègent le Front de Gauche, Podemos, Syriza, etc.) plus les Verts et les Socialistes - qui parfois votent comme nous - n’ont pas une majorité suffisante pour faire approuver des textes.
Personnellement, je travaille beaucoup sur les questions de droits et de libertés. Sur ces questions, on peut réussir à avoir une majorité parce que les libéraux et le Mouvement des 5 étoiles en Italie peuvent voter comme nous.
Quand on vote des résolutions (qui n’ont pas de valeur contraignante), on peut avoir des positions correctes mais quand on vote des textes législatifs, la pression des gouvernements est très forte sur leurs députés. Ce qui amène souvent le Parlement à s’incliner devant le Conseil. C’est ce que je disais à propos du retour de l’intergouvernemental. Le Parlement a du pouvoir mais il ne l’utilise pas.
Miguel Urbán : Mon opinion est beaucoup moins fondée que la tienne parce que je suis élu depuis 4 mois seulement. Premièrement une opinion personnelle : la première fois que je suis rentré au Parlement, ça m’a paru être un genre de centre commercial de bureaucrates. L’organisation spatiale et architecturale des bâtiments ne m’a jamais paru être une question triviale. C’est une question éminemment politique. La différenciation spatiale attire l’attention. Par exemple au Parlement de Strasbourg (le Parlement européen tient ses sessions plénières à Strasbourg alors que le travail en commissions s’effectue à Bruxelles) on ne rentre pas par le même endroit selon que l’on soit députés ou salariés.
À Podemos, nous sommes un groupe nouveau et jeune. Aucuns d’entre nous n’a eu précédemment d’expériences institutionnelles. C’est donc pour nous un double choc. Certains d’entre nous avaient beaucoup d’expériences mais principalement comme activistes, voire même des expériences de confrontations directes avec les institutions.
Par rapport à ce que tu disais concernant les capacités du Parlement, il est évident que nous ne les utilisons pas. Nous ne les utilisons pas parce qu’il y a une corrélation de forces, qui peut changer parfois, mais qui sur les éléments centraux, se maintient. Sur les questions de défense des droits, on peut obtenir comme tu le disais, des positons défendables, mais sur les aspects économiques, la grande coalition est d’une solidité terrifiante.
MCV : Ça dépend aussi de la mobilisation extérieure.
MU : Tout à fait, le Parlement a un rôle important quand il sert de lien entre nous qui sommes dedans et l’extérieur, la société civile. La Parlement détient beaucoup d’informations qui peuvent favoriser la mobilisation de la société civile. De plus, pour nous les organisations du Sud de l’Europe, être ici nous permet de trouver des alliés. Quand nous avons fait campagne pour les élections européennes (en mai 2014), on nous demandait souvent « pourquoi voulez-vous aller au Parlement européen ? ». Nous répondions que nous voulions y aller pour trouver des amis. Parce que quand tu ne peux pas faire quelque chose tout seul, avec des amis, si tu peux. C’est intéressant d’utiliser le Parlement pour construire une Europe différente et surtout pour coordonner les différentes forces politiques du continent. Je trouve dommage que la GUE/NGL ne joue pas ce rôle. La GUE/NGL réalise essentiellement un travail parlementaire et ne cherche pas assez à construire la mobilisation sociale à l’extérieure du Parlement.
Cette coordination et cette mobilisation est d’autant plus nécessaire que nous allons vivre des moments historiques. Pour la première fois nous pouvons impulser un changement en Europe depuis le Sud, alors que précédemment les changements venaient du Nord, de France, d’Allemagne… Nous pouvons enclencher un changement vers une Europe plus sociale et plus solidaire. Plus concrètement par exemple, si les pays du Sud arrivent à mettre en place une politique migratoire différente de celle de l’Europe forteresse, comme la Grèce a commencé à le faire, l’impact symbolique sera fort.
Tu as dit quelque chose de très important : nous pouvons rompre la majorité détenu par les conservateurs. Mais nous ne pouvons pas rompre cette majorité seul. Nous avons besoin d’amis et ces amis sont à l’intérieur et à l’extérieur. La GUE/NGL devrait en partie servir à cela.
MCV : Sur les questions migratoires, je pense que l’on a l’opportunité d’instituer un vrai rapport de force, à condition de travailler en lien permanent avec la société civile. Parce que sur ces questions, tous les groupes, à l’exception de l’extrême droite, sont traversés par des contradictions, notamment sur la question des réfugiés. Il faut améliorer le lien avec la mobilisation extérieure et la GUE/NGL doit pouvoir servir de relai. Je partage totalement ton point de vue.
MU : Le défi c’est donc de changer l’Europe depuis la base !
Pour croiser vos appréciations, également sur les situations nationales, pouvez-vous donnez vos points de vue sur le pays de l’autre ? Marie-Christine, quelle est votre appréciation de la situation politique en Espagne ?
MCV : Je ferais volontiers le lien avec ce que tu as dit Miguel, sur les possibilités qui s’ouvre en Europe du Sud. Ce qui se passe en Grèce et en Espagne peut permettre de faire bouger les lignes dans les pays du Nord – sous réserve que la France soit un pays du Nord. Nous avons des enseignements à tirer de ces expériences. Nous avons souvent une vision simplificatrice de ce qui se passe en Espagne. Il y a beaucoup de similitudes entre ce qui se passe aujourd’hui en Espagne et en Grèce. Le point de départ, c’est le travail avec la base.
Miguel, quelle est votre opinion sur la situation politique française ?
MU : J’ai toujours eu une relation importante avec les mouvements de gauche en France.
MCV : Lesquels ?
MU : Avec les mouvements des sans-papiers notamment mais aussi un travail plus d’élaboration théorique avec Daniel Bensaïd. Je suis membre de la revue Viento Sur, nous avons de bonnes relations avec la revue française Contretemps.
Ce qui attire mon attention, c’est qu’un pays comme la France, avec autant de culture politique, un débat très fructueux sur le Traité constitutionnel européen, une organisation syndicale forte comme la CGT, y compris avec une social-démocratie avec une histoire aussi longue regarde autant vers la droite. Pour moi, l’ascension de Marine Le Pen, n’est pas l’unique révélateur du virage de la France vers la droite. Manuel Valls est encore plus préoccupant. Dans un article que j’ai écrit après les élections municipales françaises et le changement de premier ministre, j’ai imaginé que si l’on demandait à Marine Le Pen quel était son principal succès, elle aurait pu répondre la nomination de Manuel Valls à Matignon. Maintenant tout le monde parle comme elle. Y compris la politique européenne a normalisé son discours.
Ce virage à droite est très préoccupant, d’autant plus dans un contexte de diminution des capacités des forces sociales et politiques de gauche à faire face à cette évolution politique. La défaite du mouvement contre la réforme des retraites a beaucoup démobilisé. Il est fondamental que la France s’unisse au Sud. Sans cela, il ne peut y avoir de changement en Europe. Pour cela, nous avons besoin que la gauche sociale et politique française se réinvente et qu’elle s’unisse à ce même processus.
MCV : Tout à fait, c’est pour ces raisons que je trouve autant d'intérêt à travailler autant sur ces questions !
Propos recueillis et traduits par Pierre Marion, le 1 juillet 2015.
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