Source : Libération
L'ancien ministre des Finances grec a révélé avoir démissionné après avoir été mis en minorité sur sa ligne dure prévue face à la BCE.
Son départ du gouvernement, au lendemain du
référendum, avait surpris tout le monde. L’ancien ministre des Finances
grec, Yánis Varoufákis, a révélé, dans un entretien au magazine britannique New Statesman publié lundi,
avoir démissionné après avoir été mis en minorité, le soir du
référendum, sur sa ligne dure prévue face à la BCE après la fermeture
des banques grecques.
L’économiste qui assurait avant le référendum qu’il démissionnerait en cas de victoire du oui, avait assez inexplicablement démissionné au lendemain de la victoire à 61,1% du non, le 5 juillet dernier. Officiellement, il avait jeté l’éponge parce que les créanciers ne l’aimaient pas et que le Premier ministre Alexis Tsipras jugeait son départ «utile» pour un accord.
Mais il a révélé lundi avoir en fait perdu à quatre contre deux lors d’une réunion de cabinet après la victoire du non, au cours de laquelle il prônait une ligne dure.
Yánis Varoufákis a également affirmé au magazine britannique qu'il avait prévu «un triptyque» d’actions pour répondre à la situation que connait la Grèce aujourd'hui, et notamment à la fermeture des banques, pour éviter une hémorragie de l’épargne : «émettre des IOUs» (phonétiquement «I owe you», «je vous dois», des reconnaissances de dettes en euros) ; «appliquer une décote sur les obligations grecques» détenues par la BCE depuis 2012, pour réduire d’autant la dette, et «prendre le contrôle de la Banque de Grèce des mains de la BCE».
Cela laissait, selon lui, entrevoir une possible sortie de la Grèce de l’euro mais avec la certitude, explique-t-il, qu’il n’y avait de toute façon aucun moyen légal de la pousser dehors. Le tout pour faire peur et obtenir un meilleur accord des créanciers, selon lui. «Mais ce soir-là, regrette-t-il, le gouvernement a décidé que la volonté du peuple, ce "non" retentissant, ne devait pas être le déclencheur de cette approche énergique (...) au contraire cela allait mener à des concessions majeures à l’autre camp».
Selon lui, «il n’y a que le ministre des Finances français [Michel Sapin] qui émettait une tonalité différente de la ligne allemande, et c’était très subtil. (...) Dans l’analyse finale, quand Doc Schäuble répondait et déterminait la ligne officielle, le ministre français finissait toujours par plier et accepter», assure-t-il.
Enfin Yánis Varoufákis, universitaire de formation, s’en prend à l’absence de débat de fond au sein des instances européennes: «Il y avait un refus pur et simple d’engager des débats économiques.» Et d’assurer que lorsqu’il exposait un argument économique, il était confronté à «des regards vides». Avant de lancer une pique à ses anciens homologues européens : «J’aurais pu tout aussi bien chanter l’hymne national suédois, j’aurais obtenu la même réponse».
L’économiste qui assurait avant le référendum qu’il démissionnerait en cas de victoire du oui, avait assez inexplicablement démissionné au lendemain de la victoire à 61,1% du non, le 5 juillet dernier. Officiellement, il avait jeté l’éponge parce que les créanciers ne l’aimaient pas et que le Premier ministre Alexis Tsipras jugeait son départ «utile» pour un accord.
Mais il a révélé lundi avoir en fait perdu à quatre contre deux lors d’une réunion de cabinet après la victoire du non, au cours de laquelle il prônait une ligne dure.
Yánis Varoufákis a également affirmé au magazine britannique qu'il avait prévu «un triptyque» d’actions pour répondre à la situation que connait la Grèce aujourd'hui, et notamment à la fermeture des banques, pour éviter une hémorragie de l’épargne : «émettre des IOUs» (phonétiquement «I owe you», «je vous dois», des reconnaissances de dettes en euros) ; «appliquer une décote sur les obligations grecques» détenues par la BCE depuis 2012, pour réduire d’autant la dette, et «prendre le contrôle de la Banque de Grèce des mains de la BCE».
Cela laissait, selon lui, entrevoir une possible sortie de la Grèce de l’euro mais avec la certitude, explique-t-il, qu’il n’y avait de toute façon aucun moyen légal de la pousser dehors. Le tout pour faire peur et obtenir un meilleur accord des créanciers, selon lui. «Mais ce soir-là, regrette-t-il, le gouvernement a décidé que la volonté du peuple, ce "non" retentissant, ne devait pas être le déclencheur de cette approche énergique (...) au contraire cela allait mener à des concessions majeures à l’autre camp».
La «très subtile» voix de Michel Sapin face à l’Allemagne
L'ancien ministre éreinte également le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Selon lui, le groupe des ministres des Finances de la zone euro est «complètement, totalement» dominé par lui. «C’est comme un orchestre extrêmement bien dirigé, dont il serait le chef», raconte Yánis Varoufákis, qui s'est dit «soulagé» de ne plus avoir à négocier une position «difficile à défendre».Selon lui, «il n’y a que le ministre des Finances français [Michel Sapin] qui émettait une tonalité différente de la ligne allemande, et c’était très subtil. (...) Dans l’analyse finale, quand Doc Schäuble répondait et déterminait la ligne officielle, le ministre français finissait toujours par plier et accepter», assure-t-il.
Enfin Yánis Varoufákis, universitaire de formation, s’en prend à l’absence de débat de fond au sein des instances européennes: «Il y avait un refus pur et simple d’engager des débats économiques.» Et d’assurer que lorsqu’il exposait un argument économique, il était confronté à «des regards vides». Avant de lancer une pique à ses anciens homologues européens : «J’aurais pu tout aussi bien chanter l’hymne national suédois, j’aurais obtenu la même réponse».
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