lundi 20 juillet 2015

Grèce : l’oligarchie avoue qu’elle craint une «contagion politique et idéologique»


Connaissez-vous Donald Tusk ? Non ? C’est normal. Il est un fantôme qu’on a décidé de mettre quelque part pour « incarner l’Europe » et faire croire qu’elle est autre chose qu’une machine à broyer les peuples pour leur faire cracher de l’argent à destination des banques. En l’occurrence, Donald Tusk est président du « Conseil européen ». Ça ne vous dit rien non plus ? C’est normal aussi : l’Europe est une machine technocratique compliquée. C’est fait exprès pour qu’on n’y comprenne rien (et je trouve que ça marche assez bien). Le Conseil européen, c’est la réunion des chefs d’États et de gouvernements qui sert à définir les grands axes de la politique européenne.
Bref, voici Donald Tusk, qui ne sert à rien. Donald Tusk a en théorie pour rôle d’arbitrer les matches de boxe entre les États membres. Dans le cas présent, cela veut dire arbitrer entre Merkel et les autres. Sauf que personne n’ose affronter la chancelière allemande, à part Tsipras. Pour Le Monde, qui tient absolument à nous faire croire que Donald Tusk sert à quelque chose (pour justifier son salaire exorbitant de 300 000 euros par an), il « a joué un rôle décisif lors du dernier sommet de la zone euro ». S’il en a joué un, ce n’est pas celui d’arbitre : c’est de boxeur aux côtés de Madame Merkel. François Hollande, lui, qui se croyait arbitre du match, était en fait spectateur d’une mise à mort à laquelle il a participé en n’intervenant pas.
Donc, Le Monde a décidé d’accorder une interview palpitante à Donald Tusk. Voilà qui intéresse le peuple et déchaîne les passions. Non ? Et bien figurez-vous que oui. Mais pas parce que Donald Tusk est intéressant : parce que ce qu’il a dit est intéressant. Tellement que Le Monde a même fini par censurer ses propos ! Il avoue que l’oligarchie dont il fait partie craint une contagion politique et idéologique du cas grec. Voici ce qu’il a dit dans l’interview (avant que celle-ci ne soit censurée), en répondant à la question : « l’aspect géopolitique est-il entré en ligne de compte dans les discussions dimanche ? » :
« Je suis surtout inquiet des risques de contagion politique et idéologique. Avec ce qui se passe en Grèce est apparue l’illusion idéologique qu’il est désormais possible de changer le cours de l’Europe, qu’on peut construire une alternative à la vision traditionnelle de l’Europe de l’austérité. Je trouve l’atmosphère très similaire à celle de l’après 1968. Je sens un état d’esprit, peut-être pas révolutionnaire, mais un sentiment d’impatience en Europe. »
Les mots parlent d’eux-mêmes : ce que craint par-dessus tout l’oligarque Donald Tusk, c’est une « contagion politique et idéologique » du cas grec. Il se rattrape évidemment après, en reprenant le discours classique de l’oligarchie et en parlant « des » extrêmes ou en disant que l’extrême droite et l’extrême gauche c’est pareil, etc. Mais il n’empêche qu’il l’a dit : ce qu’il craint, c’est que l’épisode grec s’étende au reste de l’Europe. Or, dans le cas présent, cela veut dire deux grandes échéances : les élections générales en Espagne où Podemos peut l’emporter et l’élection présidentielle en France où nous pouvons renverser la table par une insurrection civique.
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Je m’amuse assez, aussi, de ce que dit Donald Tusk sur l’état d’esprit quasi-révolutionnaire. Craindre une révolution, c’est avouer qu’on a quelque chose à y perdre. C’est avouer qu’on n’est plus du côté du peuple. Beaucoup de gens en France espèrent une révolution. J’en suis. Il suffit de parler une dizaine de minutes avec à peu près n’importe qui : même les plus modérés disent aujourd’hui qu’il « faudrait tout envoyer péter ». Pour l’instant, c’est du conditionnel. Mais ça bouillonne dans le peuple. Et le conditionnel finira par se transformer en indicatif. Puis en impératif. Alors, trembleront les Tusk, les Merkel, les Hollande, les banquiers, et tous ceux qui nous affament pour s’en mettre plein les poches.
Pour l’heure, Donald Tusk confirme la marche à suivre pour renverser l’oligarchie : emprunter le chemin qu’ont ouvert Tsipras en Grèce, Iglésias en Espagne et Mélenchon en France. Car on sent bien aujourd’hui que si ces trois-là étaient au pouvoir en même temps, Merkel n’aurait pas pu imposer ses conditions à la Grèce. Tusk l’avoue en disant qu’il craint moins les risques géopolitiques que les risques politiques et idéologiques, et que c’est cela qui a présidé dans la prise de décision sur l’accord grec.
L’Europe arrive à un moment historique. Soit elle change et sert les peuples, soit elle continue à servir l’oligarchie et elle disparaîtra. Ce que l’épisode grec a montré, c’est que ce sont les nations qui ont la clé du changement. C’est par les élections nationales qu’on peut réorienter l’Europe. Ou en sortir, si le changement apparaît définitivement impossible. C’est la ligne que tracent aujourd’hui Iglésias en Espagne et Mélenchon en France, c’est à dire dans la quatrième et la deuxième économie de la zone euro. Donald Tusk peut trembler, en effet. Et ses amis avec. Car l’heure des révolutions approche, et nous l’attendons, nous, avec impatience.

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