Cette semaine ci, nous nous sommes déplacés sur Toulouse afin d’aller à la rencontre des gilets jaunes toulousains. C’est dans cette approche que nous sommes arrivés dans la ville rose pour ce seizième acte de mobilisation.
Le cortège part à 14H de Jean Jaurès dans une liesse générale. L’ambiance est festive et les manifestants avancent d’un pas déterminé en scandant des slogans avec allégresse. Les manifestants viennent de tous les horizons, de tous les corps de métiers et de toutes les tranches d’âges. Un bel exemple de convergence… Tous sont différents, mais tous se revendiquent gilets jaunes. Certains ne portent pas nécessairement de gilet jaune, mais une phrase revient de façon récurrente au fil des conversations : « Le gilet jaune je le porte toujours dans mon coeur. »
De nombreux drapeaux flottent dans la brise, aux cotés des drapeaux français flotte un autre drapeau en soutien à la Palestine. La tête de cortège elle est munie d’une immense banderole et guide les manifestants dans la ville de façon très organisée et structurée. Nous relevons la présence de bénévoles de l’observatoire des violences policières de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) dans le cortège. Un manifestant nous explique que ces bénévoles participent à toutes les manifestations de gilets jaunes sur Toulouse et relèvent les violences policières subies par les manifestants chaque samedi.
Nous marchons environ une heure et demie toujours dans un climat d’enthousiasme général, avant de faire une courte halte au niveau des allées Forain-François Verdier, le temps de rassembler l’intégralité du cortège. Durant cette courte pause les gilets jaunes scandent des slogans en tapant dans leurs mains et en sautant sur place. L’ambiance est bon enfant et joviale. Le slogan « Toulouse Toulouse soulève-toi » est chanté, de nombreux bordelais étant présents à Toulouse pour l’occasion le slogan « Bordeaux Bordeaux soulève-toi » est lui aussi chanté dans un esprit de franche camaraderie. Nous profitons de ce moment pour nous déplacer dans le cortège et nous discutons avec quelques gilets jaunes qui nous informent du déroulement du reste de la manifestation. D’autres viennent à notre rencontre et discutent avec nous, heureux de voir de nouveaux visages.
Le cortège reprend sa marche et arrive devant le palais de justice où il s’arrête de façon symbolique.
Puis la marche reprend et continue toujours dans la joie. Le cortège traverse les rues commerciales du centre ville avant d’arriver vers Jeanne D’Arc où les premiers affrontements ont lieu. Les manifestants avancent dans la rue face au camion à canons à eau et aux lignes de CRS. Le dispositif policier est conséquent. Cependant cela ne démotive pas les gilets jaunes qui continuent d’avancer en direction du dispositif. La première sommation est annoncée, sur le coup 16H30. Le canon à eau est alors déclenché, suivi de près par les premiers tirs de grenades lacrymogènes. L’air est irrespirable, les manifestants reculent, les forces de l’ordre elles, avancent. La rue est plongée dans un nuage de gaz. Des grenades assourdissantes ainsi que des grenades de désencerclement sont projetées dans la foule. Nous voyons quelques blessés très vite pris en charge par les street medics, l’une de nos photographes est elle aussi touchée au bras par un galet de grenade désencerclante …
Les CRS chargent et tentent une dispersion des gilets jaunes, la BAC ( Brigade Anti Criminalité ) charge elle aussi. Les gilets jaunes reculent dans la rue mais continuent la mobilisation. Les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants durent longtemps. Nous notons la présence de voltigeurs à moto ( en effet l’usage de voltigeurs à moto avait été interdit en 1986 lors à la mort de Malik Oussekine sur une manifestation étudiante, mais ils ont été réintroduits depuis peu, leur première réapparition date de l’acte V à Paris ).
Nous avançons dans la ville en suivant de petits groupes de gilets jaunes, l’ambiance en cette fin d’après midi est plus que tendue entre gilets jaunes et forces de l’ordre. Quelques poubelles brulent. Les escadrons de gendarmes, CSI et CRS patrouillent. Des charges sont lancées, des grenades lacrymogènes de nouveau lancées, je reçois un tir de grenade lacrymogène au niveau des jambes. Les affrontements sont violents, la police charge à de nombreuses reprises, insultant les gilets jaunes dans le même temps. Les forces de l’ordre font tout pour repousser et disperser les gilets jaunes, nous nous retrouvons au milieu d’une charge, un CRS me pousse brutalement à l’aide de son bouclier. C’est la panique dans les rues. Autour de nous le paysage urbain est surréaliste, presque apocalyptique, plongé dans un gaz dense.
Vers 19H30 la BAC traque les derniers groupes de gilets jaunes dans les rues et ruelles.
Nous assistons à plusieurs arrestations musclées. Celle d’une jeune femme ainsi que d’un homme et plus tard dans la soirée ; celle d’une femme. Nous essayons de nous approcher de l’arrestation, suivis de manifestants. Mais nous nous faisons très vite réprimer par les forces de l’ordre qui lancent une fois de plus des grenades lacrymogènes, l’un d’entre eux nous en lance une directement au niveau de nos jambes. L’un de nos photographes reçoit un coup de matraque.
Nous finissons par quitter le lieu de l’arrestation. Vers 20H les gilets jaunes ont été complètement dispersés et les affrontements ont cessé.
Lila.
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