Source : Reporterre
21 mars 2019 / David Cormand et Marie Toussaint
En cette Journée
mondiale des forêts, les auteurs de cette tribune déplorent le diktat
de la rentabilité qui s’impose au sein de l’Office national des forêts,
alors que celles-ci sont des alliées de premier ordre face au
dérèglement climatique et à la destruction de la biodiversité.
David Cormand est secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) ; Marie Toussaint est candidate EELV à l’élection européenne.
Lors des premières années de nos vies, les forêts françaises ont accueilli nos rêves et nos peurs d’enfants. Ces lieux magiques ont également abrité les résistant-es et les maquisard-es, héros pour nos libertés.
Joyaux de la biodiversité, elles ont toujours constitué un commun essentiel à la vie. Elles hébergent des écosystèmes végétaux et animaux riches, jouent un rôle crucial dans la filtration et la rétention de l’eau, mais aussi dans la purification de l’air. Elles sont un rempart essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique, puisqu’elles permettent de stocker le dioxyde de carbone présent en trop grande quantité dans notre atmosphère. Notre résilience en dépend ; pour maintenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C, comme préconisé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), les forêts sont et seront un allié de poids.
Un tiers de la métropole en est recouvert, un quart sont des forêts publiques appartenant à l’État ou aux collectivités territoriales, et elles sont donc gérées et protégées par l’Office national des forêts, l’ONF. Mais, la folie galopante du capitalisme voit dans ces ressources naturelles un potentiel financier en bois et rogne, chaque année un peu plus, leur existence. Partout, la forêt recule, et avec elle, les écosystèmes qu’elle protège. Année après année, l’ONF alerte, proteste, demande du soutien pour empêcher que ces trésors nationaux ne finissent dévastés.
Mais l’ONF a vu ses fonctions muter au fil des décennies, sous l’effet d’une privatisation rampante qui jamais ne dit son nom. Gels et suppressions de postes, baisse des dotations financières, recours accru aux contractuels, contrats d’objectifs et de performance, fermeture d’agences et de bureaux régionaux… Comme trop souvent, les missions de service public sont sacrifiées sur l’autel de la rigueur budgétaire, au détriment du bien-être collectif.
Il reste cependant une journée dans l’année où une parole peut être portée pour sauver nos forêts : c’est la Journée internationale des forêts. Alors que les scientifiques alertent sur les risques liés au changement climatique, du Giec aux tribunes de presse, que les analystes démontrent qu’il ne nous reste qu’une quinzaine d’années pour inverser la courbe du réchauffement climatique, alors que la jeunesse européenne est dans la rue pour réclamer un droit à un avenir, il est plus que jamais urgent de protéger nos poumons naturels. Contre les logiques de marché stériles et les massacres, social et environnemental, qu’elles produisent, l’État et l’Europe doivent agir.
Il ne s’agit plus seulement de préserver l’ONF à l’intérieur de nos frontières mais d’inverser la tendance : face à la bétonisation, à la pollution, à la déforestation, à l’extractivisme, il est temps de laisser la nature reprendre ses droits. Face à la poursuite de l’accaparement et de la privatisation, à l’industrie extensive de l’agriculture, des déchets ou de l’énergie, à l’artificialisation des sols, réensauvageons l’Europe et créons un vaste patrimoine écologique terrestre et marin, avec des zones protégées interconnectées et des corridors écologiques pour permettre à la faune et à la flore de se déployer de nouveau sur le sol européen.
La nature est notre bien commun le plus précieux, préservons-la.
Ensemble, réensauvageons l’Europe !
Lors des premières années de nos vies, les forêts françaises ont accueilli nos rêves et nos peurs d’enfants. Ces lieux magiques ont également abrité les résistant-es et les maquisard-es, héros pour nos libertés.
Joyaux de la biodiversité, elles ont toujours constitué un commun essentiel à la vie. Elles hébergent des écosystèmes végétaux et animaux riches, jouent un rôle crucial dans la filtration et la rétention de l’eau, mais aussi dans la purification de l’air. Elles sont un rempart essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique, puisqu’elles permettent de stocker le dioxyde de carbone présent en trop grande quantité dans notre atmosphère. Notre résilience en dépend ; pour maintenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C, comme préconisé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), les forêts sont et seront un allié de poids.
Un tiers de la métropole en est recouvert, un quart sont des forêts publiques appartenant à l’État ou aux collectivités territoriales, et elles sont donc gérées et protégées par l’Office national des forêts, l’ONF. Mais, la folie galopante du capitalisme voit dans ces ressources naturelles un potentiel financier en bois et rogne, chaque année un peu plus, leur existence. Partout, la forêt recule, et avec elle, les écosystèmes qu’elle protège. Année après année, l’ONF alerte, proteste, demande du soutien pour empêcher que ces trésors nationaux ne finissent dévastés.
Mais l’ONF a vu ses fonctions muter au fil des décennies, sous l’effet d’une privatisation rampante qui jamais ne dit son nom. Gels et suppressions de postes, baisse des dotations financières, recours accru aux contractuels, contrats d’objectifs et de performance, fermeture d’agences et de bureaux régionaux… Comme trop souvent, les missions de service public sont sacrifiées sur l’autel de la rigueur budgétaire, au détriment du bien-être collectif.
Il ne nous reste qu’une quinzaine d’années pour inverser la courbe du réchauffement climatique
Un nouveau credo s’est installé depuis bien longtemps à l’ONF : celui de la rentabilité. La gestion court-termiste des forêts s’impose, en lieu et place d’une gestion durable et qualitative respectueuse de la nature. La forêt n’est plus qu’un espace à exploiter, à industrialiser, à rentabiliser. Les forêts sont déjà fragilisées par le réchauffement climatique, les pollutions aux plombs des chasseurs et aux pesticides, mais l’État n’en a que faire, il veut des forêts productives. On sélectionne donc les essences à croissance rapide, et tant pis pour la biodiversité : nos forêts meurent littéralement sous nos yeux.Il reste cependant une journée dans l’année où une parole peut être portée pour sauver nos forêts : c’est la Journée internationale des forêts. Alors que les scientifiques alertent sur les risques liés au changement climatique, du Giec aux tribunes de presse, que les analystes démontrent qu’il ne nous reste qu’une quinzaine d’années pour inverser la courbe du réchauffement climatique, alors que la jeunesse européenne est dans la rue pour réclamer un droit à un avenir, il est plus que jamais urgent de protéger nos poumons naturels. Contre les logiques de marché stériles et les massacres, social et environnemental, qu’elles produisent, l’État et l’Europe doivent agir.
Il ne s’agit plus seulement de préserver l’ONF à l’intérieur de nos frontières mais d’inverser la tendance : face à la bétonisation, à la pollution, à la déforestation, à l’extractivisme, il est temps de laisser la nature reprendre ses droits. Face à la poursuite de l’accaparement et de la privatisation, à l’industrie extensive de l’agriculture, des déchets ou de l’énergie, à l’artificialisation des sols, réensauvageons l’Europe et créons un vaste patrimoine écologique terrestre et marin, avec des zones protégées interconnectées et des corridors écologiques pour permettre à la faune et à la flore de se déployer de nouveau sur le sol européen.
La nature est notre bien commun le plus précieux, préservons-la.
Ensemble, réensauvageons l’Europe !
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Source : Courriel à Reporterre
Photo :
. chapô : la forêt d’Hesdin, gérée par l’Office national des forêts (ONF). Flickr (Steve C/CC BY 2.0)
- Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction.
- Titre, chapô et intertitres sont de la rédaction.
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