mardi 26 mars 2019

Comment les gilets jaunes sauvent la croissance

Conjoncture 
Source : Alternatives Economiques 

Guillaume Duval
En redonnant du pouvoir d’achat aux ménages, les mesures décidées en décembre dernier devraient soutenir l’activité économique en 2019.
L’année 2018 s’est mal terminée pour l’économie française. Le produit intérieur brut (PIB) n’a augmenté que de 0,3 % au dernier trimestre, amenant à une croissance de 1,5 % seulement sur un an, contre 2,3 % en 2017, très en dessous des prévisions du gouvernement. Il n’y a eu, du coup, que 150 000 créations d’emplois en 2018 en France, contre 327 000 l’année précédente. La baisse des cotisations sociales salariales, effective en octobre, était pourtant censée booster le pouvoir d’achat et donc la consommation à la fin de l’année, après que les hausses de prélèvements, contribution sociale généralisée (CSG) et taxes sur les carburants, eurent au contraire cassé la reprise début 2018.
Si ce scénario rose ne s’est pas concrétisé, c’est la faute notamment au mouvement des gilets jaunes, qui a perturbé sensiblement l’activité fin 2018. Mais c’est lui aussi qui devrait sauver la mise à l’économie française en 2019, du fait des mesures que le gouvernement a été obligé de prendre pour y répondre. De sorte que l’Hexagone devrait être cette année sensiblement moins touché que ses voisins par le net ralentissement qui affecte toute la zone euro, et particulièrement son vaisseau amiral, l’Allemagne.

Du mieux pour la France

L’année 2019 se présente en effet sous des auspices peu favorables, entre politiques monétaires moins expansives, net ralentissement de l’économie chinoise, menaces commerciales américaines, fortes incertitudes liées au Brexit…
Le 6 mars dernier, l’OCDE, le club des pays riches, a ainsi nettement révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Europe cette année : – 0,2 % pour l’Italie, 0,7 % pour l’Allemagne, 0,8 % au Royaume-Uni, 1 % pour l’ensemble de la zone euro, mais… 1,3 % pour la France. Ce niveau de croissance reste encore inférieur à celui enregistré en 2018 et est deux fois plus faible qu’en 2017, mais l’économie française devrait moins mal tirer son épingle du jeu que les autres.

Desserrement budgétaire

C’est le résultat, tout d’abord, d’une dépendance moindre de notre économie vis-à-vis des exportations hors zone euro, par rapport à l’Allemagne ou à l’Italie. Mais c’est aussi le fruit du desserrement budgétaire significatif provoqué par la crise des gilets jaunes et les mesures annoncées en décembre dernier : hausse de la prime d’activité, du chèque énergie, arrêt de la hausse de la taxe carbone, remise en cause de la hausse de la CSG pour une partie des retraités…
Selon l’OFCE, ces mesures « soutiendraient le pouvoir d’achat des ménages à hauteur de 11,7 milliards d’euros en 2019. 88 % de ce montant, soit 10,3 milliards, proviennent des décisions prises en décembre ». Elles représenteraient une hausse moyenne de revenus de 440 euros par ménage, et trois ménages sur quatre en profiteraient cette année. Avec comme résultat qu’en 2019, « la politique budgétaire nationale aurait un impact élevé sur la croissance du PIB, de 0,5 point, les mesures issues de la crise des gilets jaunes améliorant, à elles seules, le taux de croissance du PIB de 0,3 point ». Alors qu’en 2018, les mesures fiscales du gouvernement avaient au contraire amputé l’activité de 0,2 point de PIB.
Avec cependant, comme contrepartie, une montée du déficit public au-delà de la limite des 3 %. Mais pour l’OFCE, avec une prévision de croissance de 1,8 %, sensiblement plus élevée donc que celle de l’OCDE, cela ne devrait pas se traduire par une hausse de l’endettement public rapporté au PIB. Encore merci, donc, aux gilets jaunes…

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