lundi 4 février 2019

Peut-on gagner plus au chômage qu’en travaillant ?

PODCAST

Source : Alternatives Economiques

Sandrine Foulon
Retrouvez la chronique « Ma vie au boulot » de Sandrine Foulon, rédactrice en chef d’alternatives-economiques.fr, tous les samedis matins dans l’émission d’Alexandra Bensaid, On n’arrête pas l’éco sur France Inter.

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Beaucoup de réactions d’auditeurs Sandrine après les propos de la ministre du Travail dans le magazine Challenges. Peut-on vraiment gagner plus au chômage qu’en travaillant ?
Je rappelle l’exemple donné par Muriel Pénicaud dans Challenges et que le cabinet de la ministre nous a détaillé : pendant un an, une personne travaille à mi-temps pour un salaire mensuel de 740 euros. Si elle alterne des contrats courts de 15 jours dans le mois avec 15 jours de chômage, elle touchera 960 euros d’allocation chômage alors que si elle travaille à mi-temps mais en continu, elle ne percevra que la moitié, 480 euros.
Bon ce que ne précise pas le ministère c’est que dans un cas c’est 480 euros pour 12 mois de droits au chômage et que dans l’autre c’est 960 pour 6 mois de droit. Au final, en euro ça revient au même mais c’est vrai que la règle favorise le fractionnement des contrats courts plutôt que le travail en continu. Parce que l’Unédic calcule les droits au chômage sur une base journalière et non pas sur un salaire mensuel. Depuis 2017, les partenaires sociaux ont neutralisé cette inégalité pour les contrats inférieurs à une semaine mais effectivement celui qui travaille par exemple 8 mois avec des CDD de 15 jours va toucher la même allocation que celui qui travaille 4 mois tous les jours.
Ce sont sans doute des règles à changer mais la dérive concerne des personnes qui enchaîneraient volontairement des CDD par pur calcul. Pour la grande majorité, les allocations chômage varient entre 57 et 75 % du salaire journalier de référence et elles ne sont pas éternelles. Non, on n’est pas mieux au chômage qu’au travail.
Mais les règles de cumul salaire et allocations ou les aides accordées aux demandeurs d’emploi peuvent-elles dans certains cas être un frein à la reprise d’emploi ?
Non plus, le cumul c’est incitatif. Chaque fois qu’un chômeur reprend un petit boulot, il touche un salaire et une partie de ses allocations chômage. Le tout ne doit pas dépasser son ancien salaire. Un demandeur d’emploi qui travaille gagne en moyenne 10% de plus que s’il ne travaillait pas du tout. Ce système de cumul a été conçu pour éviter une perte de revenus mais surtout pour que chacun ait envie de reprendre le chemin du boulot.
Et non, les demandeurs d’emploi n’ont pas plus d’aides que les autres. C’est même le contraire. Ils ne touchent évidemment pas la prime d’activité, ils n’ont pas d’aides en fonction de leur situation familiale… Moins de la moitié des inscrits à Pôle emploi perçoivent une allocation chômage. Elle est globalement plus généreuse que dans les autres pays européens mais nos voisins compensent par des allocations logement ou des réductions d’impôts spécifiques pour les chômeurs, ce qui pas notre cas. Mais de toutes façons, quel que soit le système, c’est une constante en Europe : le travail paie toujours plus que le chômage.

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