Source : Libération
L'acte XV s'est déroulé sans incident à Paris, où l'affluence était supérieure à la semaine dernière.
Par une journée digne d’un joli mois de mai, des milliers
de gilets jaunes ont parcouru Paris pour l’acte XV de leur
mobilisation. Partie au pas de course de la place de l’Etoile à la
mi-journée, la manifestation, déposée et autorisée, a déambulé à travers
les beaux quartiers de la capitale dans une ambiance détendue et sous
surveillance rapprochée. Les forces de l’ordre encadraient de près le
cortège, devant, derrière, et aussi sur les côtés : jaune au milieu,
bleu tout autour.
Christine n’a raté presque aucun rendez-vous du samedi, depuis le début du mouvement en novembre. Sans connaître l’affluence du jour, elle dégaine des arguments pour expliquer une éventuelle baisse (le ministère de l’Intérieur a compté 5 800 manifestants à Paris) : les vacances, le premier beau week-end de l’année… Pour cette fonctionnaire territoriale de 61 ans, le mot d’ordre n’a pas changé. «Macron démission, c’est la première chose. Il est fou dangereux, il faut qu’il parte. Ensuite, il faut sortir de l’Union européenne», dit-elle, appuyée contre un mur en face de la Seine. Une pause avant de reprendre la longue marche de 12 km, que sa béquille et elle ne suivront pas jusqu’au bout. Elle reprend : «Les manifestations servent à montrer qu’on est là. Mais il ne faut pas se limiter à ça. Si on veut se rencontrer et se parler, il faut une grève générale, et tout bloquer, pour mettre au point des ateliers constituants. On a démarré le mouvement sur une idée des Lumières : un peuple contre son roi. On doit réfléchir à ce qui viendra après.» Son compagnon de manifestation, Marc, ingénieur informatique à la retraite, cite les initiatives de Commercy et Saint-Nazaire. Elle approuve. Tous les deux se décrivent comme «ex-insoumis, rebelles et gilets jaunes». Ils pensent que la question sociale doit passer avant tout et détestent «le jeu de celui qui est le plus opprimé à l’anglo-saxonne».
Quelques classiques sont entonnés par la foule. Le hit de l’été sur Benjamin Pavard est remixé en : «Emmanuel Macron, on vient te chercher chez toi !» Quelques «anti anticapitaliste» se font entendre, et même un «anti antipatriarcat». «Paris, debout, soulève-toi» alterne avec une élégante dédicace au ministre de l’Intérieur, «Castaner, nique ta mère» également proposé en version «Castaner, assassin». «Les grenades, c’est nos impôts», crie un vieil homme dans un mégaphone. «Il n’y a pas d’hélicoptère aujourd’hui», remarque un jeune face au ciel bleu parfaitement dégagé. «Il n’est là qu’en cas de débordement», professe son acolyte.
Brûler ou non la poubelle ? Le débat divise des gilets jaunes et deux k-way noirs. Ils l’auraient bien cramé ce mobilier urbain de l’avenue Bosquet. Les gilets jaunes s’opposent à l’incendie, contrariant l’échaudé. Un jeune, visage au vent, vole à son secours : «Sans eux, on n’aurait jamais parlé de vous.» «On est pacifistes», répliquent ceux qui ne veulent pas de flammes. «C’est qu’une poubelle, on s’en fout», philosophe une femme équipée d’un masque contre les gaz. Aucun black block ne s’est constitué au sein du cortège pendant les cinq heures de manifestation.
Dernière ligne droite. Au bout de l’avenue du président Wilson, le soleil tombe. Vers 17 heures, le défilé termine d’arriver au Trocadéro. Quelques bouteilles volent, des lacrymo aussi, sans empêcher un opposant gabonais de terminer son speech sur le soutien de la France aux dictatures. Les gilets jaunes se dispersent au milieu des touristes.
Christine n’a raté presque aucun rendez-vous du samedi, depuis le début du mouvement en novembre. Sans connaître l’affluence du jour, elle dégaine des arguments pour expliquer une éventuelle baisse (le ministère de l’Intérieur a compté 5 800 manifestants à Paris) : les vacances, le premier beau week-end de l’année… Pour cette fonctionnaire territoriale de 61 ans, le mot d’ordre n’a pas changé. «Macron démission, c’est la première chose. Il est fou dangereux, il faut qu’il parte. Ensuite, il faut sortir de l’Union européenne», dit-elle, appuyée contre un mur en face de la Seine. Une pause avant de reprendre la longue marche de 12 km, que sa béquille et elle ne suivront pas jusqu’au bout. Elle reprend : «Les manifestations servent à montrer qu’on est là. Mais il ne faut pas se limiter à ça. Si on veut se rencontrer et se parler, il faut une grève générale, et tout bloquer, pour mettre au point des ateliers constituants. On a démarré le mouvement sur une idée des Lumières : un peuple contre son roi. On doit réfléchir à ce qui viendra après.» Son compagnon de manifestation, Marc, ingénieur informatique à la retraite, cite les initiatives de Commercy et Saint-Nazaire. Elle approuve. Tous les deux se décrivent comme «ex-insoumis, rebelles et gilets jaunes». Ils pensent que la question sociale doit passer avant tout et détestent «le jeu de celui qui est le plus opprimé à l’anglo-saxonne».
«Les grenades, c’est nos impôts»
En face d’eux, sur le pont qui enjambe la Seine, quelques lacrymos sont tirées. Des coups de matraques tombent sur des têtes - l’une d’elles sera ouverte et soignée par les Street Medics. «Sur le pont, c’est pas très malin», relève un manifestant, un peu inquiet de voir la foule se tasser derrière lui et la fumée des gaz s’épaissir devant. Simple péripétie : le cortège reprend sa marche dans les rues étroites du VIIe arrondissement. Les gendarmes mobiles ont néanmoins baissé leur visière, alors qu’ils ne portaient pas de casque, un peu plus tôt, devant le Café de la Paix sur la place de l’Opéra.Quelques classiques sont entonnés par la foule. Le hit de l’été sur Benjamin Pavard est remixé en : «Emmanuel Macron, on vient te chercher chez toi !» Quelques «anti anticapitaliste» se font entendre, et même un «anti antipatriarcat». «Paris, debout, soulève-toi» alterne avec une élégante dédicace au ministre de l’Intérieur, «Castaner, nique ta mère» également proposé en version «Castaner, assassin». «Les grenades, c’est nos impôts», crie un vieil homme dans un mégaphone. «Il n’y a pas d’hélicoptère aujourd’hui», remarque un jeune face au ciel bleu parfaitement dégagé. «Il n’est là qu’en cas de débordement», professe son acolyte.
Brûler ou non la poubelle ? Le débat divise des gilets jaunes et deux k-way noirs. Ils l’auraient bien cramé ce mobilier urbain de l’avenue Bosquet. Les gilets jaunes s’opposent à l’incendie, contrariant l’échaudé. Un jeune, visage au vent, vole à son secours : «Sans eux, on n’aurait jamais parlé de vous.» «On est pacifistes», répliquent ceux qui ne veulent pas de flammes. «C’est qu’une poubelle, on s’en fout», philosophe une femme équipée d’un masque contre les gaz. Aucun black block ne s’est constitué au sein du cortège pendant les cinq heures de manifestation.
Dernière ligne droite. Au bout de l’avenue du président Wilson, le soleil tombe. Vers 17 heures, le défilé termine d’arriver au Trocadéro. Quelques bouteilles volent, des lacrymo aussi, sans empêcher un opposant gabonais de terminer son speech sur le soutien de la France aux dictatures. Les gilets jaunes se dispersent au milieu des touristes.
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