jeudi 28 février 2019

« Les modèles agro-écologiques ont fait leurs preuves »

Source : Le Monde

Trente-cinq organisations de défense des paysans et de protection de l’environnement présentent, dans une tribune au « Monde », douze priorités pour une autre politique agricole commune.

Publié le 22 février 2019  Temps de Lecture 4 min.

« Nous devons redonner à tous les paysans et paysannes une place centrale dans la société qu’ils ou elles nourrissent et valoriser les multiples facettes de leur métier » (photo : paysage de bocage dans la Manche).
« Nous devons redonner à tous les paysans et paysannes une place centrale dans la société qu’ils ou elles nourrissent et valoriser les multiples facettes de leur métier » (photo : paysage de bocage dans la Manche). Gérard Labriet / Photononstop
Tribune. II est urgent de faire évoluer notre système agricole et alimentaire. Les représentants politiques doivent saisir cette urgence et opérer un changement de cap pour valoriser la richesse de l’agro-écologie paysanne, la renforcer et la généraliser par des politiques adéquates. Notamment au travers de la politique agricole commune (PAC). C’est ce que présente au Salon de l’agriculture la plate-forme Pour une autre PAC.
Rendez-vous incontournable pour les représentants politiques, le Salon de l’agriculture est un lieu privilégié pour rencontrer l’ensemble du monde agricole et rural. Il permet de s’adresser à celles et ceux qui décideront de la future PAC. S’il représente un moment-phare de médiatisation du monde agricole, il est temps de braquer les projecteurs sur une autre approche, celle de l’agro-écologie paysanne, de l’agriculture biologique ou de l’agro-foresterie.
Les trente-cinq organisations de la plate-forme Pour une autre PAC présenteront au Salon de l’agriculture leur campagne Tablons sur nos paysans et paysannes. L’agriculture que nous défendons, plus autonome, plus résiliente et privilégiant les processus naturels, produit une alimentation saine, respectueuse de l’environnement et des animaux, mais ce n’est pas tout. Elle contribue au dynamisme de l’économie de nos territoires, en créant de l’emploi et de la valeur ajoutée ; elle se pratique dans le respect de la biodiversité et s’attache à prendre en compte le bien-être des animaux d’élevage, la santé des consommateurs et les impacts sur l’environnement et le climat.

Ni dénigrement ni complaisance

La plate-forme met en lumière la diversité des fonctions assurées par les paysans engagés en agro-écologie, au-delà de leur rôle nourricier. Nous donnons à voir la pertinence et la cohérence de ces alternatives, tant d’un point de vue socio-économique qu’environnemental ou alimentaire, par rapport au modèle agro-industriel actuel insoutenable qui concentre foncier et moyens de production, élimine les fermes et leurs paysans et cause de nombreuses pollutions, la perte de biodiversité et divers déséquilibres alimentaires.
Notre mot d’ordre : ni dénigrement ni complaisance avec l’agro-industrie. Nous devons redonner à tous les paysans et paysannes une place centrale dans la société qu’ils ou elles nourrissent et valoriser les multiples facettes de leur métier. Les modèles agro-écologiques que nous soutenons ont fait leurs preuves, tant en termes de potentiel de production que de capacité à faire vivre dignement ses acteurs. En plus de préserver l’environnement et la santé, ces agricultures ne causent la disparition des paysans ni en France ni dans les pays du Sud.
Face au dérèglement climatique, à l’effondrement de la biodiversité et aux défis à relever pour mettre en œuvre un système alimentaire de qualité, juste, accessible et durable, il est urgent de soutenir ces paysans garants de la pérennité de notre agriculture.

Une transition agricole désirable

A douze semaines des élections européennes, notre modèle agricole et alimentaire est un sujet à la croisée de toutes les problématiques actuelles : climat et environnement, bien-être animal, répartition de la valeur et des richesses, démocratie, santé, dumping social et économique…
Il doit donc être au cœur du débat de la campagne électorale : il en va du dynamisme de nos zones rurales, de l’équilibre de notre environnement et de notre santé. Interpellons les candidats aux élections européennes et demandons leur des engagements ambitieux pour réformer la politique agricole commune.
La plate-forme Pour une autre PAC a formulé douze priorités pour la prochaine PAC en faveur de l’intégration de l’enjeu de l’alimentation dans cette politique, notamment l’élevage à l’herbe et la transition vers un abandon progressif des produits chimiques de synthèse, la prise en compte du nombre d’emplois par ferme ou encore le soutien aux projets alimentaires territoriaux. Elles dessinent une transition agricole désirable par tous les agriculteurs et les citoyens.
Cette tribune est signée par trente-cinq organisations paysannes et de protection de l’environnement de la plate-forme Pour une autre PAC.
Liste des signataires et membres de la plate-forme.

Organisations paysannes :
Afac – Agro-foresteries, Confédération paysanne, Fédérations des associations pour le développement de l’emploi agricole et rural, Fédération nationale pour l’agriculture biologique (FNAB), Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), Réseau CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et milieu rural), Terre de liens, Terre et humanisme, Union nationale de l’apiculture française (UNAF).

Organisations de protection de l’environnement et du bien-être animal :
Agir pour l’environnement, Compassion in World Farming France (CIWF), Fédération des conservatoires d’espaces naturels, Fédération des parcs naturels régionaux, Fondation pour la nature et l’homme, France Nature Environnement, Générations futures, Greenpeace, Les Amis de la Terre, LPO, Réseau Action Climat, Welfarm, WWF.

Organisations de solidarité internationale :
Action Aid France, Agter, ATTAC, Comité français pour la solidarité internationale (CFSI), Ingénieurs sans frontières-Agrista, SOL, Alternatives agro-écologiques et solidaires.

Organisations citoyennes et de consommateurs :
Bio Consom’acteurs, Chrétiens dans le monde rural, Commerce équitable France, Générations cobayes, Miramap, Resolis, Slow Food.

Au Salon international de l’agriculture (Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris, du 23 février au 3 mars), le stand de la campagne Tablons sur nos paysans et paysannes est situé hall 4, numéro D 017.

Du champ à l’assiette, une révolution nécessaire
« La construction d’une filière alternative, du champ à l’assiette, est en train de s’ébaucher », par Sophie Michel, enseignante-chercheuse au laboratoire Humanis de l’EM Strasbourg Business School
« Comprendre pourquoi l’usage de produits chimiques ne baisse pas », par Cécile Aubert, professeure à l’Ecole d’économie de Toulouse, et Eric Giraud-Héraud, directeur de recherche INRA
« La PAC doit accompagner à la fois la transition économique et la transition environnementale », par Luc Vernet, expert du groupe de réflexion Farm Europe (Bruxelles).
« Nous devons sortir de la guerre entre défenseurs de l’environnement et promoteurs de l’agriculture productiviste », par Pascal Canfin, directeur général du Fonds mondial (WWF France)
« La permaculture tire le meilleur parti possible des interactions naturelles entre les êtres vivants », par Ricardo Azambuja (Rennes School of Business et Fundação Dom Cabral, Brésil), Anahid Roux-Rosier (Institut de Recherches Philosophiques de Lyon, université Jean-Moulin-Lyon-III) et Gazi Islam (Grenoble Ecole de management)
« Les modèles agro-écologiques ont fait leurs preuves », par un collectif regroupant 35 organisations de défense des paysans et de protection de l’environnement
Collectif

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