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Un retour au réel. Voilà ce que les « gilets jaunes » sont depuis trois mois : un retour des classes populaires dans le débat public, dont elles avaient été consciencieusement chassées. Cette exclusion des classes populaires du champ politique, les tenants de l’ordre néolibéral l’ont pensée, théorisée. L’ancien ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn l’écrivait noir sur blanc dans son livre La Flamme et la Cendre (Grasset, 2002 ) : « les couches sociales regroupées dans le terme générique d’“exclus” ne votent pas pour (la gauche), pour cette raison simple que, le plus souvent, elles ne votent pas du tout. Au risque de l’impuissance, (la gauche) se voit dans l’obligation de trouver à l’intérieur d’autres catégories sociales le soutien suffisant à sa politique. »
Dix-sept ans plus tard, cette résurgence des classes populaires fait peur, elle fait peur aux élites, sous les fenêtres desquelles les « gilets jaunes » manifestent, comme le montre la carte publiée par Le Monde diplomatique. Une carte des « lieux de pouvoir à Paris » qui a suscité des cris d’orfraie de ceux qui s’offusquent que des informations pourtant publiques soient ainsi rassemblées et données à voir à tous.
Une grande frousse qui entraîne depuis trois mois une violente réaction de certains intellectuels, journalistes et politiques à longueur de plateaux télé et radio. Des propos qui rappellent ceux suscités par les journées de juin 1848 ou par la Commune de Paris. La peur du peuple avait alors fait tomber les masques des Luc Ferry de l’époque, et dévoiler la vraie violence, la violence de la bourgeoisie en lutte contre les aspirations finalement simples des classes populaires : pouvoir vivre [2].
Un entretien de Jonathan Duong avec Serge Halimi et Pierre Rimbert, auteurs de l’article « Lutte de classes en France » dans Le Monde diplomatique de février.
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Programmation musicale :
Julos Beaucarne : Les Bourgeois
Coluche : Misère
journaliste : Jonathan Duong
réalisation : Julien Ar Coz et Sylvain Richard
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Voir le dossier
Serge Halimi et Pierre Rimbert, « Lutte de classes en France », Le Monde diplomatique n°779, février 2019
Notes
[1] « L’info du vrai », Canal+, 13 décembre 2018.
[2] Le
7 janvier 2019, l’ancien ministre Luc Ferry trouvait sur l’antenne de
Radio Classique que le maintien de l’ordre en France était encore trop
timoré : « quand on voit des types qui tabassent à coups de pied un
malheureux policier qui est par terre, mais enfin, voilà : qu’ils se
servent de leurs armes une bonne fois ! Écoutez ça suffit, voilà… Il y a
un moment où ces espèces de nervis, ces espèces de salopards d’extrême
droite, ou d’extrême gauche, ou des quartiers, qui viennent taper du
policier, ça suffit ! »
Dossier : Là-bas si j’y suis et les Gilets jaunes
Voir aussi
Le Monde diplomatique du mois de février, en kiosques et en ligne sur www.monde-diplomatique.frSerge Halimi et Pierre Rimbert, « Lutte de classes en France », Le Monde diplomatique n°779, février 2019
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