Depuis
l’épisode de la baisse des APL, on savait que le gouvernement n’avait
aucun scrupule à piocher dans la poche des plus vulnérables pour leur
faire payer l’addition de ses choix politiques. Il vient de récidiver,
cette fois en s’attaquant aux ressources, souvent bien maigres, des
personnes sous tutelle ou curatelle.
Un
décret du 31 août 2018,
en vigueur depuis le 1er septembre, revisite, en effet, les modalités
de financement des mandataires chargés de la protection juridique. Avec,
pour principale mesure, de demander aux personnes accompagnées, dont la
moitié vit en dessous du seuil de pauvreté, de participer davantage au
coût de leur protection ! Les derniers de cordée ont intérêt à se
cramponner…
Les adultes placés sous protection juridique paient une
partie des montants versés aux associations ou à leurs proches chargés
de leur suivi. Un reste à charge déterminé par un barème précis. C’est
ce barème que le gouvernement a décidé de tripatouiller afin de
compenser de funestes coupes budgétaires. Dans la loi de finances 2018,
le Parlement, sur proposition de l’exécutif, a voté une baisse des
dotations destinées aux associations et services tutélaires. « Il a
décidé, par un calcul purement arithmétique, d’augmenter la
participation des adultes protégés afin de permettre aux associations
tutélaires de fonctionner avec un budget égal à celui des années
précédentes », déplore la direction de l’Unapei, fédération qui défend
les personnes handicapées mentales et leur famille.
Avec Macron, la franchise disparaît
Concrètement, l’ensemble des taux de prélèvement appliqués
aux personnes sous tutelle ou curatelle ont été relevés. Et, surtout,
la « franchise » qui s’appliquait en dessous d’un seuil minimal a été
supprimée. L’affaire est technique mais vaut explication. Pour les
personnes sous protection dont les revenus sont inférieurs ou égaux à
l’allocation adulte handicapé (AAH), soit 819 euros par mois, pas de
changement. Elles continuent d’être exemptées de participation. Pour les
autres, l’addition va se corser. Jusqu’ici, leur participation était
calculée sur leur revenu annuel déduit d’une « franchise » égale au
montant de l’AAH sur un an (9 828 euros). Par exemple, si vous gagnez
10 000 euros, on enlève 9 828 et on calcule la participation sur les 172
euros restants. Avec Macron, c’est fini. La franchise disparaît.
À partir de 820 euros par mois, vous êtes ponctionné sur l’intégralité
de vos revenus. Selon certains calculs, une personne percevant 850 euros
par mois va voir sa contribution passer d’environ 2,20 euros à 7,50
euros. Soit 340 % d’augmentation. Merci qui ?
Cela « aura des conséquences dramatiques sur les personnes
ayant de très faibles ressources », a mis en garde l’Union nationale
des associations familiales (Unaf), vendredi dernier. Qui rappelle que
la moitié des personnes protégées vit en dessous du seuil de pauvreté,
soit 1 015 euros par mois en 2015, selon l’Insee. L’Unaf redoute des
« effets néfastes sur le niveau de vie de ces personnes, qui vivent déjà
dans une très grande précarité ». De leur côté, l’Unapei et les Petits
Frères des pauvres ont dénoncé, dans un communiqué commun, une « réforme
injuste ». « C’est une aberration humaine et économique, déplore Luc
Gateau, président de l’Unapei. Le gouvernement fragilise les personnes
vulnérables et leur bon accompagnement en ne donnant pas les moyens
nécessaires aux professionnels d’accomplir leur mission. » D’autant que
cette mesure s’ajoute à « celles de ces derniers mois qui participent
d’une précarisation renforcée des personnes âgées », ajoute Alain
Villez, président des Petits Frères des pauvres. À quand Macron sous
tutelle ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire