samedi 16 février 2019

Une épicerie auto-gérée, démocratique et solidaire casse les codes à Grenoble



Source La relève et la peste

« Ce qui me plait, c’est de savoir d’où viennent les produits, avoir accès à leur traçabilité et savoir ce que je mange. J’ai arrêté de regarder les étiquettes des produits que j’achète, ici je suis en totale confiance, je sais d’où ça vient et ce qu’il y a dedans. » Alexia, référente de la commission finance
15 février 2019 - Laurie Debove
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Depuis septembre 2017, L’éléfàn, prononcez (é-lé-fane), a ouvert ses portes à Grenoble. Cette épicerie est un projet associatif pour s’approvisionner autrement. Ensemble, ses adhérents créent leur supermarché idéal : auto-géré, éthique, qualitatif et joyeux.

Un supermarché auto-géré et coopératif

En plein défi « Février sans supermarché », chaque groupe local se partage ses adresses préférées et bons plans. Parmi les alternatives au supermarché traditionnel, l’association grenobloise L’éléfàn a décidé de bousculer les lignes en créant un magasin entièrement auto-géré par ses adhérents. Environ 400, ils sont issus de tous les milieux et tous les âges, avec une assez bonne parité.
Lancé par un petit groupe de quatre fondateurs, l’idée d’un « supermarché coopératif » leur est venue après avoir appris l’existence du Park Slop Food Coop de Brooklyn. Comme leur modèle, les membres de L’éléfàn paient une adhésion annuelle d’une quinzaine d’euros (prix conscient) et s’engagent à donner trois heures de leur temps chaque mois pour faire tourner le magasin. Petite particularité : une seule adhésion peut être portée en binôme (couple, relation familiale, amis) et dans ce cas-là le temps de bénévolat est de 1h30 par personne.
« Il y a plein de choses à apprendre et à faire, et c’est ça que je trouve top : approvisionnement, gestion, vente et flux des stocks. Urbaniste de formation, je n’y connaissais rien en comptabilité et j’ai tout appris à L’éléfàn. C’est formidable de voir que tout le monde est capable de tout faire. Dans les processus de travail, toutes les tâches sont détaillées pour que chacun puisse occuper son créneau bénévole de façon autonome. » nous explique Alexia, référente de la commission finance
Crédit Photo : Laurie Debove – La Relève et La Peste
Construit sur un fonctionnement démocratique et participatif, six commissions ayant chacune deux référents (l’un tiré au sort, et l’autre élu pour un an) s’occupent des détails techniques : approvisionnement, finance, gouvernance, boutique, animation et communication, gestion du site internet et des créneaux des adhérents. Le conseil d’administration et constitué de quatre collèges : deux ayant le pouvoir de voter les décisions (adhérents et référents des commissions) et deux consultatifs (sages et salariés).
« C’est l’idée de la gouvernance en auto-gestion qui m’a attirée dans le projet. Ici, chaque membre est responsable de L’éléfàn, nous décidons tout ensemble. C’est une vraie expérience de travail collaboratif sans hiérarchie, ni bureau. Tout le monde est à égalité, peut s’exprimer et faire vivre le projet, faire part de ses envies. Cela suppose aussi beaucoup de transparence donc on a mis en place un wiki interne permettant d’accéder à toutes les infos. » Colette, adhérente

Reprendre en main son alimentation avec un prix juste pour tou-te-s

La commission en charge de l’approvisionnement choisit les producteurs et les distributeurs en fonction d’une charte éthique validée par les adhérents : éviter le suremballage, privilégier les producteurs directs, minimiser les km parcourus par le produit, favoriser les labels et les filières équitables.

« Ce qui me plait, c’est de savoir d’où viennent les produits, avoir accès à leur traçabilité et savoir ce que je mange. J’ai arrêté de regarder les étiquettes des produits que j’achète, ici je suis en totale confiance, je sais d’où ça vient et ce qu’il y a dedans. » Alexia, référente de la commission finance
S’ils essaient de privilégier le plus possible un approvisionnement local, certains produits viennent de plus loin comme les bananes, ou le thé et café. Une marge de 20 % est ajoutée à tous les produits, leur prix est parfois plus économique que dans les systèmes de distribution traditionnels, et parfois plus élevé comme pour les pâtes. Soucieux de rémunérer les producteurs de façon juste, L’éléfàn adapte ses prix en fonction de celui proposé par le fournisseur.
« L’avantage par rapport à un supermarché traditionnel, ce que L’éléfàn nous appartient et que nous maîtrisons toute la chaîne de distribution. Nous sommes en confiance car nous savons que l’argent qui circule va dans les « bonnes poches ». Colette
L’éléfàn est une association commerciale à but non lucratif, l’argent est donc directement réinvesti dans l’achat de matériel (frigos), sert de budget pour les commissions, et permet d’embauche une salariée à plein temps. Charlotte partage son temps entre la gestion des commandes, la relation avec les producteurs pour qu’il n’y ait pas un interlocuteur différent à chaque fois, et le grand projet de développement de L’éléfàn : ouvrir une plus grande boutique en 2020.
Pour ce futur supermarché coopératif, l’association doit atteindre 1500 adhérents et trouver un local situé à 30 minutes maximum en vélo ou en tram de la boutique actuelle. Etre plus nombreux leur permettra de commander en plus grandes quantités et donc réduire les prix, afin de réaliser 15 % à 40 % d’économies à ses membres.
15 février 2019 - Laurie Debove

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