Source : le Huffington Post
POLICE - "J'ai tout de suite remarqué ce détail. Et je l'ai reconnu, car je suis un grand fan de comics". De quoi parle ce photographe professionnel? D'un autocollant sur une matraque de policier qui l'a fait sursauter et qu'il a saisi sur le vif lors des manifestations du 14 avril dernier contre la loi travail. Yann Levy est un photographe de presse habitué des manifestations étudiantes, qui suivait le défilé entre les stations de métro Jaurès et Stalingrad.
Comme Yann Levy - le reporter qui a envoyé ce cliché au HuffPost - d'autres photographes suivant le cortège ont repéré ce détail d'apparence anodine: une tête de mort sur une matraque des forces de l'ordre. Et par n'importe quelle tête de mort. Il s'agit de l'emblème du Punisher, un personnage controversé de l'univers Marvel.
Le personnage du Punisher est un ancien soldat du corps des Marines, vétéran du Vietnam dans les comics (ou d'Afghanistan et d'Irak dans la saison 2 de "Daredevil" sur Netflix). Son credo: la vengeance et la justice personnelle. Le Punisher prône des solutions radicales et préfère exécuter les malfrats qui auraient échappé à la police ou à la justice faute de preuves suffisantes ou grâce à des vices de procédure. Une philosophie aux antipodes, bien sûr, du code de déontologie de la police nationale.
Un logo clairement identifiable
Si au fil du temps - le personnage a été créé en 1974 - l'emblème du Punisher a évolué au gré des dessinateurs et réalisateurs successifs, celui utilisé sur la matraque est clairement reconnaissable:
Le logo du Punisher de Marvel
Il s'agit du logo créé pour le film de 2004, avec John Travolta et Thomas Jane:
"Dans le contexte de violences policières, la photo prend un autre sens"
Pourquoi cette photo a-t-elle surgi seulement ce mardi 19 avril? La polémique sur les violences policières, la CGT qui s'est attirée la colère du ministre de l'Intérieur et des syndicats de policiers avec son affiche n'y sont pas étrangères: "Dans ce contexte, la photo de la matraque d'un policier ornée d'une tête de mort un peu particulière prend une autre dimension" analyse Yann Levy qui a fait ce mardi le choix de sortir cette photo de ses cartons.
Sur Twitter ce mardi, les clichés de Geoffrey Froment, un photographe indépendant, qui couvrait lui aussi la manifestation du 14 avril ont été partagées, montrant la même matraque. Des photos qui ont immédiatement fait réagir certains internautes:
"Je trouve ça vraiment flippant et malsain qu'il ait décoré sa matraque, surtout avec ça", peut-on lire dans les messages de cette internaute.
Déjà, dans la manifestation, cet autocollant a créé le malaise:
Selon Yann Levy qui a l'habitude de suivre les manifestations, il ne fait aucun doute que le policier en question était un CRS. Néanmoins, aucun plan large parmi les images du photographe ne permet de l'affirmer avec certitude. Le photographe indépendant qui a également remarqué ce policier à la matraque et le décrit comme "nerveux" a également assuré au HuffPost qu'il s'agit d'un CRS.
De source policière, il peut aussi s'agir d'un membre des compagnies d'intervention de la préfecture de police. Ces policiers sont équipés de casques à liseré bleu, les CRS ont eux des casques à liseré jaune.
Contactée par Le HuffPost, la police nationale n'a pas encore été en mesure d'identifier clairement à quel corps appartient le policier à la matraque Punisher. Mais la préfecture de police de Paris affirme de son côté qu'il s'agit bien d'un CRS. Ces mêmes sources n'ont pas été en mesure de nous dire les risques encourus par le policier en question.
Dans tous les cas, toutes les sources policières contactées ont été plus qu'étonnées par la présence d'un tel symbole sur une matraque. Pour nos interlocuteurs, "les effets policiers doivent rester neutres et cela irait à l'encontre du code de déontologie de la police nationale".
Le triste précédent du soldat au Mali
Si le cliché fait autant réagir, c'est qu'elle rappelle une autre photographie qui avait fait la une de l'actualité en janvier 2013. Celle d'un soldat français déployé au Mali, le visage recouvert d'un foulard représentant une tête de mort.
L'image avait marqué l'opinion publique et la polémique qui a suivi a poussé le légionnaire à déserter l'armée.
Pour ne pas causer de tort à l'homme à la matraque Punisher, Yann Levy a choisi délibérément de ne pas montrer son visage sur sa photo. "Mon métier est de documenter une situation, pas de faire ni de la délation, ni une généralisation", justifie le photographe.
Lire aussi :
• Cette affiche de la CGT est très mal passée auprès de la police
• Le coup de pied d'un CRS à une manifestante indigne
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POLICE - "J'ai tout de suite remarqué ce détail. Et je l'ai reconnu, car je suis un grand fan de comics". De quoi parle ce photographe professionnel? D'un autocollant sur une matraque de policier qui l'a fait sursauter et qu'il a saisi sur le vif lors des manifestations du 14 avril dernier contre la loi travail. Yann Levy est un photographe de presse habitué des manifestations étudiantes, qui suivait le défilé entre les stations de métro Jaurès et Stalingrad.
Comme Yann Levy - le reporter qui a envoyé ce cliché au HuffPost - d'autres photographes suivant le cortège ont repéré ce détail d'apparence anodine: une tête de mort sur une matraque des forces de l'ordre. Et par n'importe quelle tête de mort. Il s'agit de l'emblème du Punisher, un personnage controversé de l'univers Marvel.
Le personnage du Punisher est un ancien soldat du corps des Marines, vétéran du Vietnam dans les comics (ou d'Afghanistan et d'Irak dans la saison 2 de "Daredevil" sur Netflix). Son credo: la vengeance et la justice personnelle. Le Punisher prône des solutions radicales et préfère exécuter les malfrats qui auraient échappé à la police ou à la justice faute de preuves suffisantes ou grâce à des vices de procédure. Une philosophie aux antipodes, bien sûr, du code de déontologie de la police nationale.
"Il y a quelque chose d'important dans cette image, a ajouté le photographe au HuffPost. L'uniforme est normalement là pour gommer les différences. Là il y a une volonté de se différencier et de faire passer un message."Aux Etats-Unis où le personnage du Punisher est plus connu qu'en France, son logo en forme de crane est très populaire au sein de l'armée. En 2015, Time consacrait d'ailleurs un article au phénomène Punisher au sein de troupes américaines en Irak. Pour rappel, en France, un policier n'a pas le droit de modifier ou de décorer son uniforme.
Un logo clairement identifiable
Si au fil du temps - le personnage a été créé en 1974 - l'emblème du Punisher a évolué au gré des dessinateurs et réalisateurs successifs, celui utilisé sur la matraque est clairement reconnaissable:
Il s'agit du logo créé pour le film de 2004, avec John Travolta et Thomas Jane:
"Dans le contexte de violences policières, la photo prend un autre sens"
Pourquoi cette photo a-t-elle surgi seulement ce mardi 19 avril? La polémique sur les violences policières, la CGT qui s'est attirée la colère du ministre de l'Intérieur et des syndicats de policiers avec son affiche n'y sont pas étrangères: "Dans ce contexte, la photo de la matraque d'un policier ornée d'une tête de mort un peu particulière prend une autre dimension" analyse Yann Levy qui a fait ce mardi le choix de sortir cette photo de ses cartons.
Sur Twitter ce mardi, les clichés de Geoffrey Froment, un photographe indépendant, qui couvrait lui aussi la manifestation du 14 avril ont été partagées, montrant la même matraque. Des photos qui ont immédiatement fait réagir certains internautes:
"Je trouve ça vraiment flippant et malsain qu'il ait décoré sa matraque, surtout avec ça", peut-on lire dans les messages de cette internaute.
Déjà, dans la manifestation, cet autocollant a créé le malaise:
"Le policier s'est vite rendu compte qu'il attirait les photographes après que j'en ai parlé à mes collègues sur le terrain et il m'a semblé mal à l'aise, je l'ai vu cacher l'autocollant", se souvient Yann Levy.S'agit-il d'un CRS?
Selon Yann Levy qui a l'habitude de suivre les manifestations, il ne fait aucun doute que le policier en question était un CRS. Néanmoins, aucun plan large parmi les images du photographe ne permet de l'affirmer avec certitude. Le photographe indépendant qui a également remarqué ce policier à la matraque et le décrit comme "nerveux" a également assuré au HuffPost qu'il s'agit d'un CRS.
De source policière, il peut aussi s'agir d'un membre des compagnies d'intervention de la préfecture de police. Ces policiers sont équipés de casques à liseré bleu, les CRS ont eux des casques à liseré jaune.
Contactée par Le HuffPost, la police nationale n'a pas encore été en mesure d'identifier clairement à quel corps appartient le policier à la matraque Punisher. Mais la préfecture de police de Paris affirme de son côté qu'il s'agit bien d'un CRS. Ces mêmes sources n'ont pas été en mesure de nous dire les risques encourus par le policier en question.
Dans tous les cas, toutes les sources policières contactées ont été plus qu'étonnées par la présence d'un tel symbole sur une matraque. Pour nos interlocuteurs, "les effets policiers doivent rester neutres et cela irait à l'encontre du code de déontologie de la police nationale".
Le triste précédent du soldat au Mali
Si le cliché fait autant réagir, c'est qu'elle rappelle une autre photographie qui avait fait la une de l'actualité en janvier 2013. Celle d'un soldat français déployé au Mali, le visage recouvert d'un foulard représentant une tête de mort.
L'image avait marqué l'opinion publique et la polémique qui a suivi a poussé le légionnaire à déserter l'armée.
Pour ne pas causer de tort à l'homme à la matraque Punisher, Yann Levy a choisi délibérément de ne pas montrer son visage sur sa photo. "Mon métier est de documenter une situation, pas de faire ni de la délation, ni une généralisation", justifie le photographe.
Lire aussi :
• Cette affiche de la CGT est très mal passée auprès de la police
• Le coup de pied d'un CRS à une manifestante indigne
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