Initialement,
le rassemblement citoyen qui a émergé des manifs contre la loi travail
devait s'appeler «Nuit Rouge», dans la foulée des mouvements spontanés
qui se sont agrégés depuis quelques semaines autour de la diffusion du
film «Merci Patron», de François Rufin, fondateur du journal Fakir, dans
lequel un couple de chômeurs endettés prend sa revanche sur le patron
de LVMH, Bernard Arnault. Ce n'est qu'après une réunion de délégations
montées à Paris que l'initiative de la place de la République s'est
rebaptisée «Nuit Debout». Cécile, une Toulousaine était de ce
rendez-vous remue-méninges où la proposition, trouvée «très bien» dans
la capitale, a été validée avant de passer à l'action sur le terrain.
«Avec cette mobilisation, il ne s'agit pas seulement du rejet de la loi
El Khomri, souligne Gaspar, un chômeur qui travaille au rendez-vous de
ce soir au Capitole. On s'est quitté vendredi matin après notre première
nuit ensemble, autour de la coordination des intermittents et précaires
au théâtre Garonne, en se disant qu'on voulait se retrouver au plus
tôt. L'idée c'est : on ne rentre pas chez nous, on réfléchit, on
discute». Les réseaux sociaux ont fait le reste. Les lycéens, les
étudiants, qui défileront cet après-midi, se reconnaissent dans les mots
d'ordre de leurs aînés. «Il faudra qu'on nous explique pourquoi dans le
même temps où on veut licencier plus facilement, on veut aussi baisser
les allocations-chômage», glisse François, qui n'a pas raté une seule
assemblée générale sur le campus du Mirail. De partout monte l'envie
d'une alliance entre la jeunesse, les salariés, les précaires, comme les
syndicalistes. «Que le gouvernement se rassure, il n'y a pas derrière
ce mouvement l'ombre du trotskisme international, s'amuse Stéphane
Borras, pivot de la ligue communiste révolutionnaire (LCR) à Toulouse,
devenue Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Lui s'est engagé dans la
bataille avec le syndicat Solidaires. «Il faut s'unir sans attendre pour
que le gouvernement retire ce texte de régression sociale,
martèle-t-il. Nous appelons les citoyens à engager les débats, les
actions pour une politique de baisse massive du temps de travail et de
partage des richesses».
Gaspar rêve de retrouver l'esprit des indignés et prédit déjà une grosse mobilisation cette nuit au Capitole après la manif des étudiantes et lycéens. «Même s'il faut tenir compte de la météo», tempère-t-il. Hier après-midi, plus d'un millier de Toulousains avaient déjà répondu à l'appel sur Facebook. Et le ciel ne nous réserve que quelques ondées éparses... Pas de quoi, a priori, refroidir les énergies.
Gilles-R. SouillésGaspar rêve de retrouver l'esprit des indignés et prédit déjà une grosse mobilisation cette nuit au Capitole après la manif des étudiantes et lycéens. «Même s'il faut tenir compte de la météo», tempère-t-il. Hier après-midi, plus d'un millier de Toulousains avaient déjà répondu à l'appel sur Facebook. Et le ciel ne nous réserve que quelques ondées éparses... Pas de quoi, a priori, refroidir les énergies.
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