samedi 9 avril 2016

L’élue PCF Dominique Tripet attaque l’État pour non-assistance à personne en danger

Source : la Rep.fr
 
Orléans
 
Dominique Tripet, militante féministe et conseillère municipale d’opposition (PCF), attaque l’État, et fait des propositions pour la prise en charge des femmes battues.
entretien Vous avez déclaré sur Facebook vouloir porter plainte contre l'État, coupable selon vous de ne pas s'occuper suffisamment des femmes battues. J'ai souvent pris sur moi d'accueillir chez moi des femmes victimes de violences, qui auraient dû être prises en charge par l'État, car c'est une de ses missions. Or, elles doivent parfois attendre plusieurs jours pour un logement d'urgence.
Comment font-elles, avec un enfant, menacées par un compagnon violent qui les cherche ? J'ai donc cherché un avocat qui souhaitait gracieusement m'aider à engager une procédure contre l'État, pour "non-assistance à personne en danger". Jeudi, une avocate parisienne, Isabelle Steyer ( spécialisée dans le droit des femmes et des enfants, ndlr), m'a dit "Banco, je vous suis".
Une plainte va être ainsi déposée vendredi prochain, peut-être à la fois au pénal et devant une juridiction administrative, je dois la signer ce jour-là. Mais elle va la lier à d'autres affaires. Pour ma part, concrètement et précisément, j'attaque l'État en tant que "collaborateur occasionnel des services publics", en tant que simple militante du Planning familial ( elle en fut la présidente départementale, ndlr). Et s'il faut aller jusqu'à la Cour européenne des Droits de l'homme, j'irais.
Comment vous occupez-vous de ces femmes ? Ça fonctionne souvent au bouche à oreille. Je les reçois chez moi, dans un endroit neutre ou à la mairie. Et si elles n'ont pas de logement disponible, qu'elles sont à la rue, je les accueille chez moi. J'ai notamment reçu beaucoup de jeunes femmes de moins de 25 ans, obligées d'aller chercher de la nourriture aux Restos du cœur, d'aller au Secours populaire, etc. Il faut que la Ville et l'AgglO s'engagent ! À un moment, il y en a marre de se défausser ! Oui, c'est à l'État de s'occuper d'elles, mais on ne leur répond pas. C'est criminel de les laisser comme ça. On dit c'est l'État, c'est le Conseil départemental, etc. Merde ! Créons un appartement d'une ou deux chambres, meublé très simplement. On pourrait accueillir trois personnes dans chaque chambre. Si ça coûte 25.000 euros par an à la Ville, c'est quoi dans un budget ? Je suis prête à travailler avec la Ville. Il n'y a pas de question de droite ou de gauche sur ces sujets.
A-t-on des chiffres sur les femmes victimes de violences conjugales à Orléans ? Augmentent-ils ? Malheureusement, je n'en ai pas. Mais ils doivent être conformes à ceux de la France entière. Une femme meurt tous les 3 jours, presque tous les 2 jours et demi, sous les coups de son compagnon. Certains gendarmes, certains policiers sont bien formés aujourd'hui et sont à l'écoute. La justice fait aussi le nécessaire pour protéger les victimes, mais elle manque de personnel. Alors, la mairie, qui veut assumer des missions de l'État, en verbalisant les ivresses publiques manifestes (IPM), n'a qu'à endosser ces responsabilités-là pour les femmes battues !
Elle propose
que la Ville mette
un appartement
à disposition
Vous avez attaqué la Ville devant le tribunal administratif justement parce qu'elle s'occupait de missions de l'État, et là vous recommandez de le faire ! Oui, car personne ne s'en occupe. Formons les policiers municipaux pour qu'ils emmènent les femmes, au commissariat ou dans un centre d'hébergement d'urgence, quand c'est nécessaire.
Propos recueillis par Florent Buisson

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