Trente heures en 5 jours, sans perte de salaire, c'est possible !
Trente
heures: C'est désormais le nombre d'heures hebdomadaires qu'auront à
travailler les fonctionnaires de Göteborg, à l'est de la Suède.
Déjà championne – tout comme le Danemark
– de l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la Suède
n'est pas frileuse en matière de décision radicale pour améliorer le
quotidien de ses travailleurs.
Alors
qu'en France, les gouvernements et les hommes politiques — ceux qui
sont au service des actionnaires et des plus riches —, s'écharpent sur
la viabilité des 35 heures, la ville de Göteborg ne s'est pas posée la
question :
- pour augmenter la productivité de ses fonctionnaires et garantir leur bien-être,
- mais aussi pour limiter les coûts !
Moins de stress, plus de temps libre
L'expérience s'avère plutôt concluante.
Interrogées par le Guardian , des infirmières passées à la semaine de 30 heures en février dernier sont très enthousiastes. "J'avais
l'habitude d'être épuisée tout le temps, quand je rentrais du travail
je m'écroulais sur le canapé, raconte Lise-Lotte Pettersson, qui
travaille à la maison de soins de Svartedalens, à Göteborg. Mais plus
maintenant. Je suis beaucoup plus alerte : j'ai gagné en énergie dans mon travail, mais aussi pour ma vie de famille."
Même
constat à l'hôpital universitaire de Sahlgrenska, où chirurgiens
orthopédiques font désormais des journées de six heures pour leur
bien-être... et celui de leurs patients, la qualité des soins étant bien meilleure depuis que les travailleurs travaillent trente heures par semaine.
"Depuis les années 1990, nous avons davantage de travail et moins de personnel - nous ne pouvons pas faire plus", explique Ann-Charlotte Dahlbom Larsson, chef de soins aux personnes âgées à la maison de soins de Svartedalens. "Il y a beaucoup de maladies et la dépression au sein du personnel dans le secteur des soins sont causés par l'épuisement. Le manque d'équilibre entre le travail et la vie personnelle n'est bon pour personne."
Non seulement bénéfique pour la santé, la journée de six heures a aussi permis de créer des emplois : à Svartedalens, 14 personnes supplémentaires ont été embauchées pour pallier aux journées de travail plus courtes.
Les effets positifs sont tels que le secteur privé s'est aussi mis à la journée de six heures.
Dans l'usine Toyota de Göteborg, cela fait treize ans que les salariés –
mécaniciens et employés de bureau – l'expérimentent. Et ce, pour leur
plus grande satisfaction. "C'est merveilleux de terminer sa journée à midi,
commente Sandra Andersson, 25 ans, qui a rejoint Toyota en 2008. Avant
d'avoir une famille, je pouvais aller à la plage après le travail.
Maintenant, je peux passer l'après-midi avec mon bébé."
Un modèle difficilement exportable ?
Les
habitants de Göteborg ont-ils, en réduisant leur temps de travail
hebdomadaire, trouvé la solution pour rester en meilleure santé et être
plus productif au travail ?
C'est ce qu'avance Roland Paulsen, chercheur en administration des affaires à l'Université de Lund.
Interrogé par le Guardian, il explique que réduire les heures de travail va de pair avec une augmentation progressive de la productivité des travailleurs ces quarante dernières années.
"Pendant
longtemps, les politiciens ont été en compétition pour nous dire que
nous devions créer davantage d'emplois avec de plus longues heures. Le
travail était devenu une fin en soi. Mais la productivité des salariés a
doublé depuis les années 1970 donc, techniquement, nous avons le même
potentiel que si nous que pour une journée où nous travaillerions quatre
heures. Reste désormais à savoir comment ces gains de productivité vont
être distribués."
À l'heure où le "modèle scandinave"
est érigé en exemple par de nombreux personnages politiques, le modèle
de Göteborg devrait faire réfléchir. D'autant que, selon les chiffres d'Eurostat et de l'OCDE, la France est championne de la productivité devant l'Allemagne et le Royaume-Uni, avec un taux de 125,5.
Lorsque Phlippe Martinez affirme qu'une réduction du temps de travail est incontournable en France pour créer des emplois estimant que parler d'un passage aux 32 heures ne serait "pas une absurdité", il est réaliste.
Alors, le 8 octobre, soyons dans l'action pour l'augmentation des salaires et la réduction du temps de travail !
Lu
dans "Ensemble", le mensuel des adhérents de la CGT, reçu gratuitement
par eux. L'idée peut paraitre incongrue au moment où les 35 heures sont
remis en cause, à l'Hôpital par exemple. Pour...
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