jeudi 22 octobre 2015

Élections régionales : l’obsolescence citoyenne programmée !

Source ; Pas de roses sans épines

Pour les élections régionales de décembre prochain, les candidats se sont parés de leurs plus beaux atours pour emmener dans leur parade amoureuse « les citoyens ». Mieux, ils revendiquent même des listes avec des « citoyens » 100% pur jus à l’intérieur ! Mais, à traîner au buffet des appareils politiques sur le déclin, le breuvage reste amer. La liste de Gérard Onesta d’Europe Écologie-Les Verts est un cas d’école. Pas de roses sans épines ! a mis la main sur le document interne expliquant l’ensemble de la stratégie et de la répartition des places. Et à cette lecture, on apprend que les apparatchiks se sont juste fardés de citoyenneté.
Tandis que les partis politique sont en disgrâce auprès de la population, les stratèges ont pensé que se revêtir de citoyenneté permettrait de faire passer des vessies pour des lanternes. Heureusement personne n’est dupe et nous prévoyions déjà que lesdits partis n’étaient pour le coup que des fabriques de citoyens. Le document sorti tout droit de l’état-major d’Europe Écologie-Les Verts et qui a fuité sur les réseaux sociaux vient confirmer l’analyse. Gérard Onesta présente bien aux électeurs un gloubi-boulga bien indigeste. Décryptage.
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Sensation citoyenne
Le document intitulé « Élections régionales Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées – Assemblée générale inter-régionale – 19 septembre 2015 » pose en préambule : « DOCUMENT INTERNE – NE PAS DIFFUSER L’accord présenté dans le présent document n’ayant pas encore été validé par nos instances, il est important de ne pas le diffuser à l’extérieur pour éviter toute confusion. » Depuis il a été validé par les instances et a été diffusé publiquement. Et sa lecture sème la confusion la plus totale au regard de la communication officielle qui annonce une liste citoyenne. Le document rappelle la « détermination à battre la droite et l’extrême droite » et « à affirmer notre autonomie vis-à-vis de la gauche gouvernementale ».  En ce qui concerne le premier point, ce sont les agissements de cette gauche qui fait l’inverse de ce qu’elle prône qui fait le jeu d’une extrême-droite qui n’a qu’à ramasser les fruits du renoncement. Ensuite, pour ce qui est de l’ « autonomie vis-à-vis de la gauche gouvernementale », la tête de liste Onesta a bel et bien géré la région Midi-Pyrénées avec le Parti socialiste (PS) en tant que vice-président de l’exécutif. Il en assume donc le bilan. D’ailleurs, EELV explique publiquement que la liste fera alliance avec le PS au second tour : « les négociations doivent déboucher sur des accords de second tour avec le PS aux régionales », déclarait à Midi-Libre le député EELV Jean-Louis Roumégas comme le rappelle justement Montpellier journal (revue de presse – 08/09/15).
En attendant, les militants ont été appelés à participer à l’élaboration de textes de consensus et il est temps de les compléter « par une liste de candidat-es devant incarner le projet ». À savoir, que « l’ensemble de la démarche » est pilotée « sous le contrôle continu de nos Bureaux Exécutifs Régionaux », nous apprend le document. Le Politburo veille et assume pleinement sa stratégie de travestissement d’apparatchiks en citoyens :  « l’appartenance politique de chaque candidat-e devra disparaître afin de gommer toute sensation erronée de « cartel » au profit d’une image de citoyen-nes de diverses origines rassemblé-es autour d’un projet et d’une éthique », est-il écrit noir sur blanc. Et qu’aucune tête ne dépasse derrière Gérard Onesta, homme d’appareil bien peu charismatique.
Quota citoyen

Et les aveux s’enchaînent à une vitesse hallucinante. Ainsi, quelques paragraphes plus loin concernant la « structure de la liste » : les citoyens qui ont postulé ont-ils été au cœur du processus ? Eh bien non ! Onesta leur a préféré les sondages pour choisir ses co-listiers : « nous nous sommes appuyé-es bien évidemment sur les sondages récents, sur les Onestadiverses élections passées, sur la visibilité politique et sur la capacité militante de chaque composante, en pondérant au mieux chaque élément. » D’ailleurs, l’homme qui démontre que la communication n’est pas son fort a confié à Midi Libre (12/09/15) que l’alliance EELV-Front de gauche (FDG) ne s’est pas faite sur une convergence de fond politique. Il raconte, à propos du sondage payé par EELV, que : « on voulait tester ça (l’alliance avec le FDG, ndlr) avant le 19 septembre (…) » « Le sondage, s’il avait été mauvais, n’aurait sans doute pas été rendu public », écrit Midi Libre avant de laisser la parole à Onesta qui explique d’ailleurs : « Mais on aurait rompu l’accord avec le Front de gauche et on aurait expliqué pourquoi. » No comment.
La méthode retenue pour établir la liste est elle aussi à l’opposé d’une démarche citoyenne. Ainsi, les militants EELV ont reçu « un tableau extrêmement précis » avec pas moins de « 120 scénarios électoraux » ! Ceci  « afin d’étayer, en toute transparence, l’ensemble des hypothèses qui ont sous-tendu la structure de la liste. » Vous avez dit citoyen ? Ainsi, dans la grande région, 6 têtes de liste sont réservées aux écologistes, 6 autres au Front de gauche et « une tête de liste pour une personne issue de la Société civile ». Et encore, cette dernière sera « choisie en suivant les priorités thématiques du Front de Gauche », explique pudiquement le document. Autrement dit, elle sera de près ou de loin une tête de liste Front de gauche. Pour la liste, Onesta a établi des quotas : un « quota légèrement supérieur à 10% pour les places réservées à la Société civile dans les places éligibles » et un « quota de personnes issues de la Société civile (qui) devrait être de l’ordre de 25% sur l’ensemble de la liste. » Une liste citoyenne avec 25% de citoyens ? C’est un peu comme la célèbre pâte à tartiner chocolatée qui ne comporte que 7% de cacao et 70% de sucre et d’huile de palme. Il y a en quelque sorte tromperie sur la marchandise.
Tripatouillage de liste

Enfin, le document livre la répartition de l’ensemble des places éligibles par département. Et là aussi, rien n’est laissé au hasard. Ainsi, les places estampillées « Société civile » sont souvent assorties d’un « ATTENTION » précisant ceci : « Cette personne sera choisie sur la base des priorités thématiques et politiques de EELV ». Un doux euphémisme pour dire que le parti puisera dans son vivier ? D’ailleurs, la 4e place de la liste Haute-Garonne est réservée à une femme « société civile » qui n’aura d’autre choix que de siéger « dans le groupe EELV » si elle est élue. Même pas encore élue que la citoyenneté est déjà bâillonnée.
Ce document livre en détail le tripatouillage de liste que s’apprête à faire Onesta. Un exemple flagrant pour la 2e place de la liste du Lot attribuée à un homme EELV : « ATTENTION », prévient-on avant d’expliquer : « Si le score du 1er tour ne nous permettait pas de faire élire directement sur le quota lotois cet homme EELV (…) cet homme ECapture d’écran 2015-09-24 à 21.26.22ELV serait automatiquement transféré de « façon administrative » dans l’entre deux tours à une place éligible écologiste dans un département du sud. Mais pour autant, il serait bien évidemment, par la suite et dès le soir du second tour, un élu du Lot plein et entier. » Les électeurs appréciront ces petits jeux de passe-passe administratif. Enfin, ce qui démontre que les profils « société civile » sont déjà trouvés dans les appareils sont ces petites remarques comme pour la 4e place du Lot : « L’homme occupant cette place pourrait être un agriculteur membre de la Confédération Paysanne qui sera proposé par le Parti de Gauche. » Ce genre de profil aussi précis ne doit pas courir les rues. Ou encore la 3e place des Pyrénées-Orientales attribuées par EELV a « un profil « spécialiste du monde agricole » (un profil complémentaire « catalaniste » serait apprécié). »
Second tour déjà voté
Une donnée peut expliquer pour la liste de ce « Projet en commun » tarde à faire connaître son programme et à occuper le terrain. Onesta et sa bande pense déjà au second tour. Il part défaitiste ne se voyant pas en première place à la suite du premier tour. Alors, retour aux vieilles amours avec une fusion avec le PS. D’après nos informations, la liste table sur un résultat de 16% au premier tour. Un score qui permet de négocier es places avec le PS. Et ces joyeux drilles concrétisons-ensembleespèrent déjà 18 élus pour EELV, 11 élus pour le PCF et 4 élus pour le Parti de gauche. Ce dernier qui fait du marketing sur la révolution citoyenne et la VIe République garde ces précieuses places pour de purs apparatchiks. Ainsi, les 4 sont déjà dédiées à Muriel Ressiguier (Hérault), Guilhem Serieys (Aveyron), Manuel Bompard (Haute-Garonne) – qui était par ailleurs directeur de campagne de Mélenchon aux élections européennes – et une proche de Bompard dans l’Aude. Ce scénario est très optimiste. Et si la liste fait la moitié du résultat escompté ? EELV s’en sortira toujours. Ainsi, le document interne rappelle la loi électorale qui dit que c’est la tête de liste, soit « Gérard Onesta qui, seul, décide légalement de l’emplacement de chaque candidat-e au second tour. » Dont acte.

Ce « Projet en commun » est donc typiquement un cas d’école sur comment les partis politique galvaudent la notion de citoyen. C’est dommage. Onesta avait un boulevard pour défendre une réelle politique de gauche et écologiste pour une grande région aux enjeux importants comme la pauvreté des habitants. Il ne vaut finalement pas mieux qu’un Philippe Saurel à la tête d’une fumeuse liste « Citoyens du Midi » qui réunit les exclus des autres partis, des personnalité de gauche et de droite. Les institutions de la Ve République sont à bout de souffle. Elles confortent les hommes et femmes d’appareil qui veulent vivre de la politique et non pas faire vivre la politique. Ces belles personnes auront alors beau jeu, au soir du premier tour, de pointer une abstention massive et une extrême-droite en hausse. Ils en seront les premiers responsables.

Le document à consulter dans son intégralité ici.

1 commentaire:

  1. http://www.lejournaltoulousain.fr/politique/interview-xxl-gerard-onesta-nous-ne-serons-pas-le-radeau-de-secours-de-la-gauche-sociale-liberale-43094

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