Source : The Guardian
Des milliers de personnes sont attendues pour participer à des blocages « lignes rouges » au cours de la conférence de Paris sur le climat, après deux semaines de manifestations baptisées « Jeux Climatiques »
Des ONG allant de 350.org à Attac France pèsent de tout leur poids pour donner de l’importance aux « Jeux Climatiques » face à la conférence intergouvernementale qui se déroulera en décembre. Les manifestations consisteront en dix blocages, chacun lié à un thème et une « ligne rouge » dont ils ont peur que les négociateurs venus de presque 200 pays ne la franchissent.
Les gouvernements se réunissent à Paris dans l’espoir de parvenir à un accord sur les actions à mener sur le changement climatique pour l’après-2020. Les militants ont finalement abandonné l’idée d’empêcher les délégués de quitter la table de négociations avant de se mettre d’accord sur un objectif de réduction des émissions à la hauteur de leurs attentes.
« Les lignes rouges représentent un juste milieu entre ‘fermez tout’ et ‘faites votre job’, », dit l’écrivaine et activiste Naomi Klein au Guardian. « Je pense que ce serait déjà bien qu’on arrive à influencer le discours, ce qui aura une importance capitale si les gouvernements essaient de présenter un mauvais compromis comme un succès. »
Le dernier jour du sommet – le 11 ou le 12 décembre – des milliers de personnes sont attendues autour du Bourget avec des lignes rouges gonflables, explique l’artiste John Jordan, un des leaders du laboratoire de l’imagination insurrectionnelle.
« L’idée, ce n’est pas d’enfermer les délégués mais d’avoir des actes de désobéissance civile qui bloquent les rues et les infrastructures, s’ils franchissent les lignes rouges qui représentent le minimum nécessaire pour une planète viable. »
Les protestataires peuvent choisir la ligne rouge qui leur tient à cœur, de la finance climatique équitable pour les pays les plus pauvres à la réduction significative des émissions. A ces barrages, des débats auront lieu sur de nouvelles actions à entreprendre en 2016 dans le but d’assurer que les combustibles fossiles resteront enfouis dans le sol.
« Ce sera la plus grande action de désobéissance civile sur la justice climatique de l’histoire européenne », s’enthousiasme Prayal Parekh, militante du 350.org. « On est tout excités et on veut en recoudre. Ce sera animé ».
Juliette Rousseau, porte-parole de Coalition Climat 21 ajoute : « C’est la première fois qu’on a en France une alliance aussi large – plus de 130 membres – qui soutient des actions et des tactiques aussi diversifiées, des manifestations aux actes de désobéissance. »Une marche, dont les ONG voudraient faire un grand évènement, va donner le coup d’envoi aux démonstrations au moment de l’arrivée des dirigeants au sommet, le 29 novembre. Les organisateurs de la manifestation veulent renouer avec le succès de la People’s Climate March, à New York, qui avait attiré 300 000 personnes l’année dernière. Ce sont les principales organisations pour l’environnement comme Greenpeace et le WWF avec les militants Internet d’Avaaz, des syndicats et des groupes religieux qui sont à l’origine de l’initiative.
Ensuite, les « Jeux Climatiques » vont débuter. Les partisans de la lutte contre le changement climatique peuvent s’inscrire dans des équipes de manière anonyme, sur les deux semaines, télécharger des objectifs pour des actions directes non-violentes ou mettre en ligne des cartes pour permettre aux autres de participer.
Au cours du sommet, les Jeux devraient progressivement s’intensifier avec un mélange de protestations, de street art, d’actions ayant pour but d’attirer l’attention et de hacking.
« Nous sommes bien évidemment en contact avec les Anonymous », précise un militant. « Je sais que [des militants des ‘Jeux Climatiques’] se sont entretenus avec eux mais je ne sais pas si des initiatives concrètes sont déjà prévues. »
Pour donner un avant-goût, Attac France a commencé à « faucher » 196 chaises dans les agences des banques les plus implantées dans les paradis fiscaux (une par pays participant aux négociations sur le climat) pour attirer l’attention sur les fonds climatiques que l’on pourrait potentiellement mettre en place si l’évasion fiscale était sanctionnée.
Une conférence du monde des affaires — Solutions COP21, dont les partenaires incluent Engie (autrefois GDF Suez), Renault Nissan, Suez Environnement et L’Oréal – devrait également être en ligne de mire.
Dans un document interne de “consensus sur les actions à mener” échafaudé par les partisans de la lutte contre le réchauffement de la planète et par les syndicats, que le Guardian a pu se procurer, les parties s’engagent à s’opposer à tout débordement « réactionnaire, nationaliste ou violent ».
Parekh explique que l’action non-violente est vitale. « Je suis indienne et c’est à travers la désobéissance civile que mon pays a obtenu son indépendance », dit-elle. « Nous sommes à un tournant qui nous permettra de nous désengager des énergies fossiles et de rendre nos sociétés plus équitables. Je voudrais saisir cette opportunité. Je ne veux plus lire que l’on a battu le nouveau record de l’été le plus chaud jamais enregistré ou qu’une île a encore disparu dans le Pacifique. »
• Traduction: Frédéric Schneider/VoxEurop
Des milliers de personnes sont attendues pour participer à des blocages « lignes rouges » au cours de la conférence de Paris sur le climat, après deux semaines de manifestations baptisées « Jeux Climatiques »
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Des ONG allant de 350.org à Attac France pèsent de tout leur poids pour donner de l’importance aux « Jeux Climatiques » face à la conférence intergouvernementale qui se déroulera en décembre. Les manifestations consisteront en dix blocages, chacun lié à un thème et une « ligne rouge » dont ils ont peur que les négociateurs venus de presque 200 pays ne la franchissent.
Les gouvernements se réunissent à Paris dans l’espoir de parvenir à un accord sur les actions à mener sur le changement climatique pour l’après-2020. Les militants ont finalement abandonné l’idée d’empêcher les délégués de quitter la table de négociations avant de se mettre d’accord sur un objectif de réduction des émissions à la hauteur de leurs attentes.
« Les lignes rouges représentent un juste milieu entre ‘fermez tout’ et ‘faites votre job’, », dit l’écrivaine et activiste Naomi Klein au Guardian. « Je pense que ce serait déjà bien qu’on arrive à influencer le discours, ce qui aura une importance capitale si les gouvernements essaient de présenter un mauvais compromis comme un succès. »
Le dernier jour du sommet – le 11 ou le 12 décembre – des milliers de personnes sont attendues autour du Bourget avec des lignes rouges gonflables, explique l’artiste John Jordan, un des leaders du laboratoire de l’imagination insurrectionnelle.
« L’idée, ce n’est pas d’enfermer les délégués mais d’avoir des actes de désobéissance civile qui bloquent les rues et les infrastructures, s’ils franchissent les lignes rouges qui représentent le minimum nécessaire pour une planète viable. »
Les protestataires peuvent choisir la ligne rouge qui leur tient à cœur, de la finance climatique équitable pour les pays les plus pauvres à la réduction significative des émissions. A ces barrages, des débats auront lieu sur de nouvelles actions à entreprendre en 2016 dans le but d’assurer que les combustibles fossiles resteront enfouis dans le sol.
« Ce sera la plus grande action de désobéissance civile sur la justice climatique de l’histoire européenne », s’enthousiasme Prayal Parekh, militante du 350.org. « On est tout excités et on veut en recoudre. Ce sera animé ».
Juliette Rousseau, porte-parole de Coalition Climat 21 ajoute : « C’est la première fois qu’on a en France une alliance aussi large – plus de 130 membres – qui soutient des actions et des tactiques aussi diversifiées, des manifestations aux actes de désobéissance. »Une marche, dont les ONG voudraient faire un grand évènement, va donner le coup d’envoi aux démonstrations au moment de l’arrivée des dirigeants au sommet, le 29 novembre. Les organisateurs de la manifestation veulent renouer avec le succès de la People’s Climate March, à New York, qui avait attiré 300 000 personnes l’année dernière. Ce sont les principales organisations pour l’environnement comme Greenpeace et le WWF avec les militants Internet d’Avaaz, des syndicats et des groupes religieux qui sont à l’origine de l’initiative.
Ensuite, les « Jeux Climatiques » vont débuter. Les partisans de la lutte contre le changement climatique peuvent s’inscrire dans des équipes de manière anonyme, sur les deux semaines, télécharger des objectifs pour des actions directes non-violentes ou mettre en ligne des cartes pour permettre aux autres de participer.
Au cours du sommet, les Jeux devraient progressivement s’intensifier avec un mélange de protestations, de street art, d’actions ayant pour but d’attirer l’attention et de hacking.
« Nous sommes bien évidemment en contact avec les Anonymous », précise un militant. « Je sais que [des militants des ‘Jeux Climatiques’] se sont entretenus avec eux mais je ne sais pas si des initiatives concrètes sont déjà prévues. »
Pour donner un avant-goût, Attac France a commencé à « faucher » 196 chaises dans les agences des banques les plus implantées dans les paradis fiscaux (une par pays participant aux négociations sur le climat) pour attirer l’attention sur les fonds climatiques que l’on pourrait potentiellement mettre en place si l’évasion fiscale était sanctionnée.
Une conférence du monde des affaires — Solutions COP21, dont les partenaires incluent Engie (autrefois GDF Suez), Renault Nissan, Suez Environnement et L’Oréal – devrait également être en ligne de mire.
Dans un document interne de “consensus sur les actions à mener” échafaudé par les partisans de la lutte contre le réchauffement de la planète et par les syndicats, que le Guardian a pu se procurer, les parties s’engagent à s’opposer à tout débordement « réactionnaire, nationaliste ou violent ».
Parekh explique que l’action non-violente est vitale. « Je suis indienne et c’est à travers la désobéissance civile que mon pays a obtenu son indépendance », dit-elle. « Nous sommes à un tournant qui nous permettra de nous désengager des énergies fossiles et de rendre nos sociétés plus équitables. Je voudrais saisir cette opportunité. Je ne veux plus lire que l’on a battu le nouveau record de l’été le plus chaud jamais enregistré ou qu’une île a encore disparu dans le Pacifique. »
• Traduction: Frédéric Schneider/VoxEurop
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