mardi 3 novembre 2015

Plus que jamais, les droits de l’enfant !

Source : Le Monde Diplomatique

Tribune

Vingt-cinq ans après la signature de la Convention internationale des droits de l’enfant, il n’est peut-être pas inutile de rappeler l’importance de ces principes, à travers dix droits essentiels défendus par notre association :
— le droit d’avoir un nom et une nationalité ;
— le droit d’être nourri, logé et de grandir dans de bonnes conditions ;
— le droit d’être soigné et de bénéficier de soins et de traitements adaptés à son âge ;
— le droit à une protection et à une prise en charge adaptée pour les enfants handicapés ;
— le droit à l’éducation ;
— le droit de jouer, de rire, de rêver ;
— le droit à la culture ;
— le droit d’être protégé de la violence et de l’exploitation ;
— le droit d’être secouru et d’avoir accès à une protection, notamment pour les enfants réfugiés ;
— le droit d’accéder à l’information, d’exprimer son avis et d’être entendu.
Certes, les droits sont proclamés, mais qu’en est-il de leur mise en œuvre ? Le chemin est encore long à parcourir. En France, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté ; 30 000 sont sans domicile ; 9 000 habitent des bidonvilles ; et 140 000 quittent l’école chaque année (1). Dans le monde, en Syrie et ailleurs, des millions de jeunes fuient la guerre au péril de leur vie, souffrent de malnutrition ou de manque de soins.
Le Secours populaire français (SPF) le constate dans ses actions quotidiennes en France : 44 % des personnes qu’il aide sont des enfants. Parce que les enfants sont plus vulnérables que les adultes, parce que les protéger est crucial pour l’avenir de toute société, le SPF est particulièrement attentif à leur venir en aide. Il les incite également à devenir des acteurs de la société.
Au sein de Copain du monde, le mouvement d’enfants solidaires du SPF, des milliers de filles et de garçons prennent part à l’élan de solidarité de l’association. Ils découvrent la Convention internationale des droits de l’enfant pour devenir des citoyens responsables et défendre leurs droits. Les jeunes générations sont également sensibilisées au sort des personnes qui vivent dans des conditions difficiles, parfois dramatiques, en France et dans le monde, ce qui les pousse à agir. Les enfants rivalisent d’idées toujours plus créatives pour faire vivre la solidarité : ils collectent de l’argent, recueillent du matériel, témoignent leur sympathie aux personnes isolées ou victimes de catastrophes par le biais de courriers ou de dessins… Ainsi, cet été, en Haute-Garonne, les « copains du monde » de Villeneuve-lès-Bouloc ont organisé pour la deuxième fois un défi « Vélo solidaire ». Ils ont pédalé sur 1 236 kilomètres pour la bonne cause. Au total, 600 euros ont été collectés pour venir en aide aux élèves malgaches de l’école de Masinandraina. Dans la Somme, les enfants ont vendu des cartes de vœux pour contribuer à la construction d’une bibliothèque à Souk Lakhmis Dadès, au Maroc.
Plus d’une centaine de clubs Copain du monde se sont créés dans toute la France depuis 2008. D’autres se sont également formés en Côte d’Ivoire, au Maroc, au Bénin ou encore au Salvador. C’est ainsi que, depuis le mois d’août 2012, quarante-cinq « copains du monde » ivoiriens se réunissent tous les samedis à Daoukro. Ils ont été sensibilisés à leurs droits et poursuivent des projets en faveur des enfants, notamment l’aménagement d’une aire de jeux. Des correspondances ont également été établies avec les petits Français de La Penne-sur-Huveaune (Bouches-du-Rhône).
Car l’idée de Copain du monde est aussi d’apprendre au contact d’enfants d’autres pays, de s’enrichir de cultures différentes, de « s’aimer plutôt que se détester », de « se rencontrer plutôt que se fuir ». Ainsi, chaque été depuis 2008, le SPF accueille dans les villages Copain du monde des enfants de différentes nationalités qui se retrouvent le temps des vacances pour partager des moments forts d’échanges et participer à des projets solidaires (lire « Chailles, un village ouvert sur le monde »).
En 2015, année du 70e anniversaire du Secours populaire français, les bénévoles ont mis les bouchées doubles. Ils ont conçu et installé dix-sept villages Copain du monde, qui ont permis à des enfants venant de près de soixante-dix pays (dont le Népal, Haïti, l’Ukraine, la Syrie, la Palestine, le Vietnam et Israël) de vivre ensemble. Le 19 août, un grand rassemblement sur le Champ-de-Mars, à Paris, a réuni 70 000 petits « oubliés des vacances » de France, mais aussi près de 1 000 enfants venus de l’étranger qui sont, eux, des « oubliés de la vie ».
Mon appel s’adresse donc à toutes les bonnes volontés, à tous les gens de cœur : il faut faire vivre partout les droits de l’enfant à travers le mouvement Copain du monde, en France et par-delà les frontières, afin que les enfants apprennent à vivre ensemble pour construire les solidarités du XXIe siècle.
Julien Laupêtre
Président du Secours populaire français. 
 
 
(1) « Chaque enfant compte. Partout, tout le temps », rapport alternatif de l’Unicef France et de ses partenaires dans le cadre de l’audition de la France par le comité des droits de l’enfant des Nations unies. Unicef France 2015.

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