mardi 10 novembre 2015

La quasi totalité des réserves d’eau françaises contaminées par les pesticides

Source : Wordpress.com

Dans une étude datée du 22 juillet dernier, le Commissariat général au Développement durable, montre que la contamination des cours d’eau français par les pesticides est « quasi généralisée ». 
carte-pesticides-cours-eau
Pire encore, les réserves du sous-sol sont également atteintes. Selon l’étude :
« les contaminations des nappes phréatiques par les pesticides sont essentiellement localisées, pour les plus fortes, en région Centre, dans les Charentes, le Vaucluse, les Alpes de Haute-Provence, en Martinique, ainsi qu’au Sud de la Guyane et de Basse Terre en Guadeloupe, avec des concentrations totales de pesticides dépassant 0,5 µg/l (norme de qualité DCE). Au nord de l’Hexagone, en nord Bretagne, dans le couloir rhodanien et le Sud-Ouest, les concentrations totales en pesticides des nappes sont fréquemment supérieures à 0,1 µg/l. Les nappes sous couverture argileuse (en Aquitaine et à l’est du bassin parisien) et les nappes de montagne, est et sud du Massif Central, Pyrénées, Alpes, sont les plus préservées puisqu’aucun pesticide n’y est détecté. »
Dans les zones de cultures intensives comme le Bassin parisien, le Sud-Ouest et le nord de la France, certains secteurs dépassent les 5 microgrammes par litre, seuil au-delà duquel l’eau est « impropre à la fabrication d’eau potable ». Plus de 20 pesticides différents ont été décelés sur 18% des points de mesure, précise le Commissariat.

Les conséquences sont maintenant factuelles. Ainsi, ma commune, Saint Jean-de-la-Ruelle (~17000 habitants), au Nord Ouest dans l’agglomération d’Orléans, était « branchée » sur un approvisionnement en eau potable arrivant de la fameuse nappe de Beauce. Mais suite à la pollution, en 2008, un accord a du être signé avec la ville d’Orléans et le Maire communiquait ainsi :
Une décision responsable dans l’intérêt des stéoruellans
Depuis le 4 juillet, les habitants de Saint Jean de la Ruelle sont approvisionnés en eau potable par la ville d’Orléans, à partir des ressources de l’usine du Val.
En effet, l’eau fournie par les forages de la ville présentait une teneur croissante en nitrates et dépassait les normes prescrites par la DDASS, de façon permanente sur 2 forages. Par ailleurs, la ville n’avait pas de solution interne, tous les forages étant condamnés car non protégeables. Après des études et de nombreux débats, il était de notre responsabilité d’agir et nous avons pris la seule décision possible à court terme, permettant de fournir aux habitants une eau de qualité.
Il s’agissait pour les élus du conseil municipal, d’une question de responsabilité et de santé publique et je me félicite qu’aujourd’hui les stéoruellans puissent consommer une eau de qualité.
Par ailleurs, ainsi que je m’y étais engagé, la distribution de l’eau potable à Saint Jean de la Ruelle reste et restera un service public municipal géré en régie directe.
Votre maire,
Christophe Chaillou
Conséquences : afin d’équilibrer les dépenses dues au changement de mode d’approvisionnement du réseau d’eau potable, une hausse des tarifs a été nécessaire. Elle fut lissée sur trois ans pour en réduire l’impact sur les budgets des ménages. Le tarif de l’eau et le droit d’abonnement ont augmenté de 6.90% en 2008, mais cette hausse fut compensée cette année-là par la baisse de la redevance pollution (!).
En 2012, année de sécheresse, le Président de la FNSEA, Xavier Beulin, demandait la création de retenues d’eau qu’il présentait comme une réponse pérenne à la sécheresse en se plaignant de « tracasseries administratives » et de « l’écologie punitive ».
A priori, monsieur Beulin, la punition ne vient pas de l’écologie, mais d’une agriculture intensive épuisant nos ressources, dont vous êtes le fier héraut.
Les écologistes lui avaient répondu de manière factuelle et documentée, par la voix de Gilles Deguet (Vice-Président au Conseil de la Région Centre) :
« Notre système agricole est confronté à un double défi : il faut d’une part produire de l’alimentation pour nourrir la population, et d’autre part il faut le faire dans un contexte où les facteurs de production (eau, sol, énergie fossile…) sont et seront de plus en plus rares.
« Depuis les années 60 l’agriculture a augmenté sa productivité, mais le modèle qui a été utilisé repose sur une forte consommation d’eau, de produits phytosanitaires (néfastes pour la santé et le bon état des écosystèmes) et d’engrais de synthèse produits à partir d’énergie fossile. La Politique Agricole Commune a largement contribué à l’adoption de ce modèle de production.
« Aujourd’hui, ce modèle n’est clairement plus adapté : les ressources fossiles s’épuisent, les ressources en eau qui sont déjà largement surexploitées risquent de diminuer du fait du changement climatique. Les consommateurs qui achètent les produits et les citoyens qui paient pour la PAC veulent une agriculture qui préserve leur santé et leur environnement et non l’inverse. C’est malheureusement très loin d’être le cas.
« Ainsi, Le Commissariat Général au Développement Durable évalue le coût complet du traitement annuel des excédents en nitrates et pesticides d’agriculture et d’élevage dissous dans l’eau entre 54 et 91 milliards d’euros par an ! Soit cinq fois plus que le solde positif de notre balance agroalimentaire ! »
Monsieur Beulin a une bête noire : les écologistes, comme le montre ses petites interventions politiciennes, comme un accusateur encart dans la République du Centre en période électorale où il expliquait tout le mal que représentait EELV à ses yeux.
Les écologistes ne s’axent pas en terme de bêtes noires, mais d’objectif : améliorer le quotidien de chacune et chacun dans le respect de toutes et tous. Voilà notre grande différence.
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