Source : Les Echos
Le Parlement grec a voté un deuxième train de mesures qui ne répond pas à toutes les exigences des créanciers. Les réformes vont cependant dans le bon sens.
Le Parlement grec a voté dans la nuit de jeudi
à vendredi dernier la deuxième vague des mesures prioritaires exigées
par les Européens en échange du déblocage de 2 milliards d’euros
d’aides. Mais il n’est pas sûr du tout que les ministres des Finances de
l’Eurogroupe, qui se réunissent lundi à Bruxelles, se contenteront du
contenu de cette loi omnibus qui laisse de côté la plupart des points
clefs attendus à Bruxelles.
Le texte voté à
une courte majorité par les députés grecs (153 sur 300) supprime tout
de même les avantages fiscaux des agriculteurs en faisant d’eux des
contribuables comme les autres, améliore le calcul des retraites, oblige
la Grèce à respecter les règles européennes en matière d’efficacité
énergétique et lève les obstacles à la privatisation du plus grand port
du pays.
Mais le gouvernement d’Aléxis
Tsípras n’a pas encore apporté de réponses aux questions les plus
urgentes posées par le commissaire européen Pierre Moscovici lors de sa
visite à Athènes, la semaine dernière. Le sujet du durcissement des
conditions de saisie des résidences principales des ménages endettés
– qui doit alléger le poids des créances douteuses des banques – est
toujours en suspens.
Athènes semble prêt à
ravaler ses prétentions en acceptant que les saisies puissent
intervenir sur des biens immobiliers d’une valeur supérieure à
180.000 euros, ce qui protégerait encore 6 petits propriétaires sur 10.
Les créanciers voulaient, eux, permettre l’expropriation dès le seuil de
120.000 euros. Mais les discussions sont toujours en cours.
L’autre chantier non résolu concerne le passage à 23 % de la TVA
sur les frais de scolarité dans les écoles privées. Le gouvernement
Tsípras, qui refuse de taxer l’école privée, aimerait compenser les
300 millions d’euros attendus de cet impôt par une taxe sur le Kino (un
genre de Loto très prisé en Grèce). Le ministre des Finances prétend que
cela pourrait rapporter jusqu’à 500 millions d’euros et se dit prêt à
faire voter la mesure pendant le week-end, mais la décision nécessite,
elle aussi, le feu vert des créanciers.
Climat de confiance
A Bruxelles, on reste donc prudent. : «
L’expérience montre que les mesures votées en Grèce ces dernières années
apparaissent satisfaisantes au premier abord mais ont en réalité
souvent besoin d’être affinées », selon un proche des discussions.
Une réunion du groupe de travail de l’Eurogroupe (l’« euro working
group »), initialement prévue vendredi soir, a été annulée, pour laisser
le temps aux équipes européennes de passer au peigne fin les
dispositions votées à Athènes afin d’en avoir une meilleure
compréhension et de déterminer si elles suffisent.
Pour autant, l’attitude de l’Eurogroupe ne se fondera pas exclusivement sur une lecture technique de ces législations. « Le but est surtout que les Grecs continuent à prendre des mesures », résume le même observateur, qui conclut qu’il ne faut « surtout pas que cette dynamique de réformes s’interrompe ». A
lors
qu’après des débuts chaotiques, un climat de relative confiance a fini
par s’instaurer entre Aléxis Tsípras et ses partenaires, les ministres
des Finances de l’Eurogroupe vont surtout devoir trouver le bon dosage
entre pression pour continuer les réformes et attitude compréhensive
face à un Premier ministre qui doit également gérer une équation
politique interne complexe et une crise des réfugiés très
déstabilisante.
Catherine Chatignoux
Gabriel Grésillon
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