Source : Inform'action
« La
République est forte, la meilleure réponse au terrorisme de continuer à
vivre comme avant » : c’est le discours public qui tourne en boucle, et
attention de ne pas en douter sinon vous êtes de mauvais Français… Sauf
que la réalité est bien différente. Dans la discrétion, ce 24 novembre,
le gouvernement français a déclaré au Secrétaire Général du Conseil de
l’Europe que les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence
nécessitaient une dérogation à certains droits garantis par la Convention européenne des droits de l’homme. Voici la formule retenue par le gouvernement (ici, à la fin du § sur la France)
“Some of them, prescribed by the decrees of 14 November 2015 and 18
November 2015 and by the Law of 20 November 2015, may involve a
derogation from the obligations under the Convention for the Protection
of Human Rights and Fundamental Freedoms”.
Le gouvernement fait application de l’article 15 de la Convention :
« 1/ En
cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la
nation, toute Haute Partie contractante peut prendre des mesures
dérogeant aux obligations prévues par la présente Convention, dans la
stricte mesure où la situation l’exige et à la condition que ces mesures
ne soient pas en contradiction avec les autres obligations découlant du
droit international.
« 2/
La disposition précédente n’autorise aucune dérogation à l’article 2,
sauf pour le cas de décès résultant d’actes licites de guerre, et aux
articles 3, 4 (paragraphe 1) et 7.
« 3/
Toute Haute Partie contractante qui exerce ce droit de dérogation tient
le Secrétaire général du Conseil de l’Europe pleinement informé des
mesures prises et des motifs qui les ont 14 15 inspirées. Elle doit
également informer le Secrétaire général du Conseil de l’Europe de la
date à laquelle ces mesures ont cessé d’être en vigueur et les
dispositions de la Convention reçoivent de nouveau pleine application ».
Ainsi,
seuls quatre droits restent intacts : le droit à la vie de l’article 2,
l’interdiction de la torture et traitements inhumains ou dégradants de
l’article 3, l’interdiction de l’esclavage de l’article 4, et le
principe de légalité des infractions et des peines de l’article 7.
La
France se libère du cadre de la Convention européenne pour tous les
autres droits fondamentaux : liberté d’expression, liberté de réunion,
liberté de manifestation, liberté d’association, liberté de religion,
liberté d’aller et venir, règles du procès équitable, intimité de la vie
privée, vie familiale…
Certes, il faudra justifier… mais ce sera très facile avec le contenu de la loi sur l’état d’urgence, en invoquant des renseignements dignes de foi, mais devant rester confidentiels pour raison de sécurité.
Alors, juste trois remarques :
-
Montrer cette fragilité de la démocratie est une nouvelle victoire
donnée aux groupes terroristes, et je ne peux que le déplorer, car le
respect des droits est le meilleur ciment social ;
- Chères amies, chers amis, soyez prudents dans votre comportement, aujourd’hui n’est pas comme hier ;
- Pour défendre encore et toujours nos libertés, nous pouvons encore invoquer le Pacte des droits civils et politiques de 1966 qui est directement applicable… Il nous reste la protection de l’ONU. Pour combien de temps encore ?
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