mercredi 22 avril 2015

Plaidoyer pour une résistance non-violente au projet de méga-centre commercial Val Tolosa

Gardarem la Menuda !

Depuis plus de 10 ans, des citoyens de l’agglomération toulousaine s’opposent avec détermination à l’implantation d’un hyper centre commercial, initialement « Les portes de Gascogne », aujourd’hui Val Tolosa, sur la commune de Plaisance du Touch. Tout récemment, à deux reprises, le collectif a su empêcher le démarrage 

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de travaux, décidés de façon illégale par le maire, sur la zone de la Ménude. Spontanément, plusieurs dizaines de personnes ont fait face aux engins, obligeant ainsi les ouvriers à rentrer chez eux. Ces deux premières victoires symboliques sont importantes. Elles renforcent notre détermination à ne rien céder sur le terrain. Et tout récemment, sur le plateau, une première formation à l’action non-violente a été organisée afin de se préparer aux prochaines mobilisations.
Ce projet démentiel de méga-centre commercial symbolise toute la violence du système économique mondialisé. L’ordre économique dominant, nous le savons, est profondément inégalitaire, inéquitable, injuste. Cet ordre dicté par la doctrine néolibérale s’appuie sur la libéralisation des échanges, la déréglementation et la privatisation du commerce international. Les entreprises transnationales, comme celle qui veut implanter ce centre commercial, exigent la libre circulation des marchandises, des investissements et des capitaux financiers. Le drame, c’est que le pouvoir politique est aujourd’hui impuissant à contrôler et réguler le pouvoir économique. C’est la démocratie qui est en danger car le pouvoir économique efface progressivement le pouvoir politique.
Dans ce système, nous, les citoyens, sommes enfermés dans un rôle de consommateur. Dans ce système, nous sommes manipulés à travers la publicité toujours plus envahissante et agressive. Dans ce système, nous sommes incités à la surconsommation, au gaspillage et à la pollution. Ce système veut nous faire croire que le bonheur est à portée de main, et que celui-ci passe par l’acquisition effrénée de biens, la réalisation de désirs d’achats, désirs jamais satisfaits, mais toujours alimentés par la publicité. En réalité, ce système crée de la frustration permanente notamment auprès des jeunes ; il est source de surendettement, de délinquance et de violence pour les plus démunis. Un nouveau centre commercial de cette ampleur aurait inévitablement des conséquences sur le lien social, sur notre vivre ensemble car il renforcera les comportements individualistes.
En vérité, cet ordre économique ne se soucie pas de la justice sociale et de l’épanouissement des personnes, il ne se soucie que de la rentabilité. Il convient désormais de dé-légitimer ce système, de le dé-construire. Il convient de débusquer les mensonges derrière lesquels il s’abrite pour justifier des projets aussi monstrueux que celui de Val Tolosa. C’est notre silence qui fait la force de ce pouvoir économique totalitaire, c’est notre inaction qui lui permet de se développer. Nous sommes les rouages d’une machine à produire exclusivement du profit et si nous voulons garder notre dignité d’être humain, nous ne pouvons plus être les complices passifs d’un système dans lequel la personne humaine ne compte pas.

CONSTRUIRE UN CONTRE POUVOIR CITOYEN
L’enjeu aujourd’hui est de construire un contre-pouvoir citoyen puissant face à ce pouvoir économique qui nous écrase. Ce contre-pouvoir doit faire pression sur le pouvoir politique pour qu’il prenne toutes ses responsabilités. La question qui est désormais posée est de savoir si nous saurons organiser un véritable rapport de forces avec cette multinationale et les autTrvx_RD924_et_intervention_30_mars_2015_005_small_sorités politiques. L’opinion publique est avec nous, nous le savons, l’enjeu désormais est de la mobiliser dans des actions fortes de résistance.
Ma conviction, c’est que nous n’avons d’autre choix que la résistance non-violente. Face à la violence du système économique, face à la violence de ce projet destructeur, il nous faut élaborer une stratégie de la résistance non-violente, une stratégie qui permette aux citoyens d’affirmer efficacement leur détermination. Inspirons-nous des luttes non-violentes qui ont marqué notre histoire, particulièrement la lutte des paysans du Larzac. Pendant 10 ans, ils ont tenu tête à un autre pouvoir, le pouvoir militaire, pour sauver leur terre, pour ne pas être expropriés. Ils ont gagné grâce à la force de la non-violence. Ce combat non-violent nous montre la voie.
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Dès aujourd’hui, nous devons imaginer et mettre en œuvre des moyens de lutte qui annoncent le projet d’une société où l’homme n’est plus un loup pour l’homme, mais où la coopération, la solidarité seront au cœur du vivre ensemble. C’est la cohérence entre notre objectif et nos moyens de lutte qui seront déterminants. On veut nous imposer un projet qui méprise l’être humain, nous devons construire une alternative qui soit porteuse des valeurs de la vie et de la fraternité. J’en suis convaincu, la non-violence sera le fil conducteur qui nous permettra de mettre en œuvre cette alternative et cette cohérence.

Durant tout leur combat, les paysans du Larzac n’ont cessé de dire « Gardarem lo Larzac » ! Et grâce à leur ténacité, leur détermination, leur imagination, leur humour, ils ont gagné ! Alors aujourd’hui, c’est avec beaucoup d’espérance que nous disons ensemble : « Gardarem la Menuda ! »

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