Gardarem la Menuda !
Depuis
plus de 10 ans, des citoyens de l’agglomération toulousaine s’opposent
avec détermination à l’implantation d’un hyper centre commercial,
initialement « Les portes de Gascogne », aujourd’hui Val Tolosa, sur la
commune de Plaisance du Touch. Tout récemment, à deux reprises, le
collectif a su empêcher le démarrage
de travaux, décidés de façon illégale par le maire, sur la zone de la Ménude. Spontanément, plusieurs dizaines de personnes ont fait face aux engins, obligeant ainsi les ouvriers à rentrer chez eux. Ces deux premières
victoires symboliques sont importantes. Elles renforcent notre
détermination à ne rien céder sur le terrain. Et tout récemment, sur le
plateau, une première formation à l’action non-violente a été organisée
afin de se préparer aux prochaines mobilisations.
Ce
projet démentiel de méga-centre commercial symbolise toute la violence
du système économique mondialisé. L’ordre économique dominant, nous le
savons, est profondément inégalitaire, inéquitable, injuste. Cet ordre
dicté par la doctrine néolibérale s’appuie sur la libéralisation des
échanges, la déréglementation et la privatisation du commerce
international. Les entreprises transnationales, comme celle qui veut
implanter ce centre commercial, exigent la libre circulation des
marchandises, des investissements et des capitaux financiers. Le drame,
c’est que le pouvoir politique est aujourd’hui impuissant à contrôler et
réguler le pouvoir économique. C’est la démocratie qui est en danger
car le pouvoir économique efface progressivement le pouvoir politique.
Dans
ce système, nous, les citoyens, sommes enfermés dans un rôle de
consommateur. Dans ce système, nous sommes manipulés à travers la
publicité toujours plus envahissante et agressive. Dans ce système, nous
sommes incités à la surconsommation, au gaspillage et à la pollution.
Ce système veut nous faire croire que le bonheur est à portée de main,
et que celui-ci passe par l’acquisition effrénée de biens, la
réalisation de désirs d’achats, désirs jamais satisfaits, mais toujours
alimentés par la publicité. En réalité, ce système crée de la
frustration permanente notamment auprès des jeunes ; il est source de
surendettement, de délinquance et de violence pour les plus démunis. Un
nouveau centre commercial de cette ampleur aurait inévitablement des
conséquences sur le lien social, sur notre vivre ensemble car il
renforcera les comportements individualistes.
En
vérité, cet ordre économique ne se soucie pas de la justice sociale et
de l’épanouissement des personnes, il ne se soucie que de la
rentabilité. Il convient désormais de dé-légitimer ce système, de le
dé-construire. Il convient de débusquer les mensonges derrière lesquels
il s’abrite pour justifier des projets aussi monstrueux que celui de Val
Tolosa. C’est notre silence qui fait la force de ce pouvoir économique
totalitaire, c’est notre inaction qui lui permet de se développer. Nous
sommes les rouages d’une machine à produire exclusivement du profit et
si nous voulons garder notre dignité d’être humain, nous ne pouvons plus
être les complices passifs d’un système dans lequel la personne humaine
ne compte pas.
CONSTRUIRE UN CONTRE POUVOIR CITOYEN
L’enjeu
aujourd’hui est de construire un contre-pouvoir citoyen puissant face à
ce pouvoir économique qui nous écrase. Ce contre-pouvoir doit faire
pression sur le pouvoir politique pour qu’il prenne toutes ses
responsabilités. La question qui est désormais posée est de savoir si
nous saurons organiser un véritable rapport de forces avec cette
multinationale et les autorités politiques. L’opinion publique est avec nous, nous le savons, l’enjeu désormais est de la mobiliser dans des actions fortes de résistance.
Ma
conviction, c’est que nous n’avons d’autre choix que la résistance
non-violente. Face à la violence du système économique, face à la
violence de ce projet destructeur, il nous faut élaborer une stratégie
de la résistance non-violente, une stratégie qui permette aux citoyens
d’affirmer efficacement leur détermination. Inspirons-nous des luttes
non-violentes qui ont marqué notre histoire, particulièrement la lutte
des paysans du Larzac. Pendant 10 ans, ils ont tenu tête à un autre
pouvoir, le pouvoir militaire, pour sauver leur terre, pour ne pas être
expropriés. Ils ont gagné grâce à la force de la non-violence. Ce combat non-violent nous montre la voie.
Dès aujourd’hui, nous devons imaginer et mettre en œuvre des moyens de lutte qui annoncent le projet d’une société où l’homme n’est plus un loup pour l’homme, mais où la coopération, la solidarité seront au cœur du vivre ensemble. C’est la cohérence entre notre objectif et nos moyens de lutte qui seront déterminants. On veut nous imposer un projet qui méprise l’être humain, nous devons construire une alternative
qui soit porteuse des valeurs de la vie et de la fraternité. J’en suis
convaincu, la non-violence sera le fil conducteur qui nous permettra de
mettre en œuvre cette alternative et cette cohérence.
Durant
tout leur combat, les paysans du Larzac n’ont cessé de dire « Gardarem
lo Larzac » ! Et grâce à leur ténacité, leur détermination, leur
imagination, leur humour, ils ont gagné ! Alors aujourd’hui, c’est avec
beaucoup d’espérance que nous disons ensemble : « Gardarem la Menuda ! »
Sources photos : Site du collectif contre Val Tolosa
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