Après trois mois à monter la garde devant les écoles, les musées, les gares, les médias, à protéger certaines personnalités (dont les journalistes de Charlie Hebdo) et à assurer la sécurité dans les lieux publics et les manifestations, les CRS sont, selon des sources syndicales policières, "épuisés".
C'est ce qui a poussé trois compagnies (80 policiers chacune) à se mettre collectivement en arrêt maladie depuis la fin de la semaine dernière. Ce n'est pas une première chez ces forces de l'ordre : par le passé, ce moyen a déjà été utilisé pour manifester leur mécontentement, les fonctionnaires n'ayant pas le droit de faire grève. Le mouvement a d'abord débuté par les CRS de Toulouse vendredi (sur 65 policiers, 25 sont arrêtés), puis ceux de Lyon (23 arrêtés sur 80) et de Nancy (39 sur 80), tous trois renforts de la région parisienne, ont rejoint la fronde. Outre les arrêts maladie, plusieurs cas de dépression sévère ont également été enregistrées dans les rangs.
Négociations en cours
Le responsable d'Unité police SGP-FO (second syndicat de gardiens de la paix et de CRS) Nicolas Comte, évoque un "ras-le-bol" chez les Compagnies républicaines de sécurité. Selon lui, "l'emploi très tendu des effectifs" en raison de Vigipirate a rendu les CRS "épuisés" et "inquiets sur les possibilités de tenir à long et moyen terme à ce rythme". Le syndicaliste dénonce le manque de temps de repos, les cadences infernales (ils travaillent parfois 12 jours de suite), le poids du matériel (le gilet pare-balles pèse dix kilos et le fusil entre cinq et six kilos) mais aussi le niveau de formation des CRS. Il souhaite l'ouverture de négociations, en partie sur le renfort des effectifs et la revalorisation des primes de déplacement.
L'Unsa (Union nationale des syndicats autonomes) demande la revalorisation de l'indemnité journalière d'absence temporaire (Ijat) que les CRS touchent en bonus lorsqu'ils sont en déplacement à l'extérieur, qui est actuellement de 30 euros. Pour ce faire, le ministère et les partenaires sociaux doivent se concerter mi-avril. Le syndicat de police propose d'abandonner la surveillance des sites à risque qui restent vides la nuit, mais aussi que les groupes privés de presse sécurisent eux-même leurs locaux par des systèmes de vidéosurveillance.
Un millier de CRS mobilisés chaque jour
Depuis les attentats de janvier, 10.500 militaires protègent 830 "sites sensibles" en France dont 310, principalement juifs, en Ile-de-France. Un millier de CRS en moyenne sont mobilisés chaque jour, selon les sources syndicales. C'est une mobilisation sans précédent, qui entraîne d'importants surcoûts budgétaires.
Les niveaux actuels du plan Vigipirate ("alerte attentats" pour l'Ile-de-France et les Alpes-Maritimes et "vigilance renforcée" pour le reste de la France) ont déjà été prolongés jusqu'au 10 avril et le seront encore pour plusieurs mois, au moins jusqu'à l'été.
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