Mounia Benaili
Conseillère municipale de Juvisy-sur-Orge, secrétaire départementale du Parti de gauche en Essonne.
Pour Mounia
Benaili, élue locale du PG, les nouveaux conseillers départementaux
désignés ce dimanche peuvent améliorer "le pouvoir d'achat" de leurs
administrés et lutter dans le même temps contre "le gaspillage". Comment
? En choisissant de participer au "mouvement de remunicipalisation du
service public de l'eau" que connaît notre pays.
Joby Sessions/Future Pu/REX/SIPA
Le dimanche 22 mars 2015, jour du
premier tour des élections départementales, fut aussi la Journée
mondiale de l'eau. Les conseils départementaux, désormais élus, ont un
rôle majeur à jouer pour favoriser la gestion publique de l'eau.
La Journée mondiale de l'eau nous a
rappelé à tous que la distribution d'eau potable et son assainissement
est un combat de tous les jours pour des millions d'êtres humains dans
le monde. En France, l'enjeu ne se pose plus en terme d'accès à l'eau
potable, même si l'explosion de la précarité remet au goût du jour le
débat sur l'illégalité des coupures d'eau et l'accès à l'eau sur
l'espace public (fontaines et douches publiques). Non, le véritable
enjeu c'est d'avoir une eau de qualité, à prix coûtant et gérée de
manière transparente.
Notre pays voit un mouvement de
remunicipalisation du service public de l'eau, engagé par des élus de
gauche et de droite. En effet, alors que 90% de l'eau est gérée
publiquement dans le monde, trois multinationales – Véolia, Suez et la
Saur – accaparent 70% de sa gestion en France. Depuis trop longtemps,
nos collectivités délèguent la gestion de l'eau au secteur privé. Et
nous en subissons tous les méfaits. L'eau privée est en moyenne 30% plus
chère que l'eau publique. Pour quelles raisons ? Les majors doivent
rétribuer des actionnaires toujours plus gourmands en dividendes. Le
coût optimal de la potabilisation de l'eau n'est pas connu, ce qui rend
possible de réelles surfacturations. Mais celles-ci s'expliquent aussi
par une gestion opaque, où les élus qui ne se lavent pas complètement
les mains de la gestion déléguée, sont entravés dans leur accès aux
documents de gestion.
Par ailleurs, les majors ne réalisent
pas les investissements nécessaires sur le réseau de distribution. Un
milliard de mètres cubes d'eau chaque année est perdu à cause des fuites
dans les canalisations. Pourtant, nous payons quand même toute cette
eau perdue et gaspillée. Non sens économique et non sens écologique se
mêlent pour nourrir les marges des entreprises de l'eau.
La gestion publique de l'eau garantit
une gestion transparente et une facture moins élevéeAu contraire, la
gestion publique de l'eau garantit une gestion transparente : les élus
et les associations d'usagers et de protection de l'environnement
cogèrent le service au sein du conseil d'administration (régie publique
personnalisée) ou d'exploitation (régie publique à seule autonomie
financière). Aucune surfacturation n'est possible. La gestion au prix
coûtant c'est le gage d'une facture d'eau moins élevée.
En instaurant la gratuité des premiers
mètres cubes d'eau indispensables à la vie humaine, en créant une
tarification différenciée en fonction des usagers (professionnels,
ménages, administrations et associations) et des usages (vital, courant,
de confort), mais aussi une tarification progressive (plus on consomme,
plus on paie) pondérée en fonction du nombre d'habitants par ménage
(pour ne pas pénaliser les familles nombreuses), l'eau coûte moins chère
aux usagers, tout en permettant une utilisation raisonnée et plus
écologique de la ressource eau.
Puisque l'eau est bien un droit, mettons
le en œuvre. La Cour d'appel administrative de Bordeaux le 8 juillet
2008 et le Conseil constitutionnel le 7 juillet 2011 ont autorisé le
conseil général des Landes, et par jurisprudence tous les départements, à
soutenir les régies publiques de l'eau, octroyant des aides financières
directes à toute commune ou intercommunalité en matière d'eau potable
et d'assainissement. L'arrêt Olivet rend caducs nombre de contrats de
délégations de service public en 2015 et dans les années à venir.
Les conseillers départementaux ont donc
un rôle majeur à jouer en faveur des usagers, pour améliorer le pouvoir
d'achat, pour éviter les gaspillages.
En ce qui me concerne, je mène
activement une campagne locale en faveur de la gestion publique de l'eau
en Essonne dans les communes de Juvisy-sur-Orge, Savigny-sur-Orge,
Paray-Vieille-Poste et Athis-Mons. J'y appelle les maires et le
président de la communauté d'agglomération Les Portes de l'Essonne,
Robin Reda, à opter pour la gestion publique de l'eau et à constituer
une régie intercommunale avec la régie publique Eau des Lacs de
l'Essonne.
Après le second tour des élections
départementales et la Journée mondiale de l'eau, les nouveaux
conseillers départementaux, quelle que soit leur orientation politique,
peuvent prendre parti en faveur de la gestion publique de l'eau.
Conseillers départementaux, choisissez l'eau publique !
Source : http://www.marianne.net
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