Source : mouvements.info
À partir de son
expérience concrète d’ancien éducateur spécialisé et de formateur au
sein d’un Institut régional du travail social, l’auteur propose des
pistes pour repolitiser le travail social. Maxime Chaffotte offre au
lecteur un regard sur l’histoire du travail des éducateurs spécialisés
et sur une expérience innovante de formation des travailleurs sociaux.
Pour
ce faire, je proposerai une réflexion en trois étapes. Dans un premier
temps, je tenterai de qualifier le travail de l’éducateur spécialisé à
travers une approche historique de la construction de ce métier. Nous
verrons ainsi que le métier d’éducateur spécialisé et ses évolutions
sont dès leurs origines intimement liés aux contextes politiques que
traverse la société. On peut alors identifier, selon les temps
politiques identifier quelles sont les formes de l’engagement des
éducateurs, leur contribution aux affaires de la cité, en fonction des
périodes de l’histoire du travail social. Dans un deuxième temps, je
présenterai les expériences, initiatives et innovations pédagogiques que
nous avons développées au sein de notre centre de formation afin
d’amener les étudiants éducateurs spécialisés à questionner la dimension
politique de leur engagement dans ce métier. Enfin, je conclurai cet
article autour d’une réflexion sur les perspectives envisageables et
souhaitables afin de permettre aux futurs éducateurs spécialisés de
conscientiser, d’élaborer et d’affirmer la dimension politique de leur
engagement dans ce métier.
L’engagement des éducateurs spécialisés selon les différentes périodes de l’histoire du travail social
Le travail social est en soi un acte politique. En effet, si l’on considère les travaux de Jeannine Verdès-Leroux1,
le travail social est une invention autant qu’un outil au service de la
classe dominante dont la fonction principale consiste à garantir la
paix sociale et l’ordre moral, nécessaire au bon fonctionnement du mode
de production capitaliste. Le Travail Social n’existe donc pas dans les
autres formes historiques de rapports de production et l’on peut penser
qu’il est amené à disparaître en même temps que le capitalisme puisqu’il
n’a d’utilité que pour cette seule forme d’organisation des affaires de
la cité.
Je
vais ainsi tenter de qualifier ce qu’est le métier de l’éducateur
spécialisé, à travers les formes de son engagement selon les différentes
périodes de l’histoire politique du travail social. En m’inspirant des
travaux de Thierry Goguel-D’Allondans2, je retiendrais quatre périodes principales.
1/ Les éducateurs au temps des œuvres de bienfaisance
Le
travail social naît dans la seconde partie du XIXe siècle, porté par le
courant philanthropique et les utopismes sociaux qui font suite à la
Révolution ouvrière de 18483.
Face au risque insurrectionnel que représentent les classes populaires
du sous-prolétariat, la bourgeoisie industrielle comprend rapidement que
le rapport de force et la répression ne peuvent être des solutions
durables afin de garantir l’ordre politique, économique et moral,
établi. Aussi, la classe dominante initie-t-elle des actions de charité
et de bienfaisance afin de contenir les classes populaires et de les
conformer à l’ordre établi. C’est ainsi que naissent les maisons
sociales et que les asiles pour enfants remplacent progressivement
l’emprisonnement des mineurs indigents ou malfaisants. Ces premiers
établissements sont entièrement financés, gérés et mis en œuvre de
manière privée par les représentants de la bourgeoisie.
Pour Martine Ruchat4,
c’est au sein de ces asiles pour enfants qui deviendront par la suite
des colonies agricoles et pénitentiaires qu’il convient de rechercher
les origines du travail de l’éducateur spécialisé. Les ancêtres de
l’éducateur spécialisé sont qualifiés de « sous-maîtres » ou de
« contremaîtres », selon leur rapport à l’activité de production, et ont
pour principales fonctions : l’observation du comportement des
enfants ; la correction des attitudes déviantes ; l’assistance et
l’apprentissage d’un métier. Du point de vue de la question de
l’engagement, les « sous-maîtres » sont très souvent d’anciens
pensionnaires de l’asile, ayant fait preuve d’une conduite exemplaire et
remarquable. Dans une organisation fermée de type parafamilial, ils
font figure de « grands frères » et contribuent à une œuvre de charité
dans le cadre d’un engagement proche de l’apostolat. Le « sous-maître »
est ainsi un jeune homme, exemplaire de vertus et de qualités humaines,
ayant fait le choix de renoncer aux biens matériels et au mariage afin
de se consacrer entièrement à l’éducation des enfants.
Les
asiles et colonies connaissent un fort développement durant toute la
seconde moitié du XIXe siècle, nécessitant une certaine
professionnalisation des cadres de gestion que les seules dames
philanthropes ne sont plus à même d’assurer par l’engagement bénévole
charitable. C’est ainsi que l’on recrute des couples de direction,
Madame ayant la charge de porter amour et instruction, Monsieur ayant la
responsabilité de l’autorité et de la mise au travail productif des
pensionnaires. Les directeurs joueront également le rôle de formateurs
et de régulateurs des équipes de « sous-maîtres » et « contremaîtres ».
Mais
que l’on ne s’y méprenne, ce tableau idyllique d’un traitement
charitable de l’enfance indigente et « malfaisante » va rapidement
sombrer dans l’autoritarisme et la violence. Les « sous-maîtres » se
trouvent souvent dépassés ou mal accompagnés dans l’exercice de leurs
missions, les conduisant de plus en plus à utiliser la violence comme
seule réponse aux actes et paroles des enfants. Progressivement, les
bourgeois philanthropes à l’origine de la création de ces établissements
se retirent pour ne plus occuper qu’un rôle d’administrateurs,
relativement distant du quotidien de la colonie. Ils délèguent
l’essentiel de la mise en œuvre des établissements à des directeurs ou
des régisseurs que l’on recrute volontiers parmi les anciens militaires
de « la coloniale ». Les asiles de bienfaisance deviennent
progressivement de véritables bagnes pour enfants, au sein desquels les
« sous-maîtres » font régner l’ordre par la terreur et la violence. De
nombreux enfants perdent la vie durant leur séjour dans les colonies
pénitentiaires et agricoles, soit par défaut de soins, soit par
épuisement ou accident au travail, soit par actes de violence de la part
des pairs ou de l’encadrement5.
2/ Les éducateurs au temps de l’institutionnalisation du Travail Social
Progressivement,
tout au long de la première partie du XXe siècle, les métiers du social
s’institutionnalisent et se professionnalisent, en commençant par celui
d’assistante sociale qui dès 1938 bénéficiera de la part des pouvoirs
publics d’un cadre réglementaire et d’une formation professionnelle
spécifique. Ce cadre institutionnel d’organisation des initiatives
privées d’assistance sociale s’appuie fidèlement sur l’idéologie
libérale et les valeurs morales, portées par ces jeunes filles
majoritairement issues de la classe bourgeoise dominante. La forme
associative de type loi de 1901 est très largement retenue comme
organisation statutaire de référence des établissements privés à
vocation sociale.
C’est
sous le régime de Vichy qu’est reconnu le métier d’éducateur,
bénéficiant lui aussi d’un cadre réglementaire autour de la création des
dispositifs de prise en charge de l’enfance inadaptée. Les colonies
cèdent, petit à petit, la place aux instituts de rééducation et chaque
région se voit ainsi dotée d’une Association régionale pour la
sauvegarde des enfants et adolescents (ARSEA), conjointement dirigée par
un médecin, un magistrat et un pasteur. Dès 1942, les premiers
éducateurs sont recrutés au sein des grands mouvements de jeunesse dont,
notamment, le scoutisme et les Chantiers de jeunesse qui participent
largement à la diffusion des valeurs de la Révolution nationale de
Philippe Pétain. Dans le cadre d’une organisation quasiment
paramilitaire, ces éducateurs tentent de promouvoir auprès des jeunes
inadaptés, l’image d’une jeunesse dynamique et patriotique que l’on
pourrait résumer par la formule : « un esprit sain dans un corps sain ».
Pour Michel Chauvière6,
cette structuration du cadre institutionnel de l’Enfance Inadaptée va
permettre la reconnaissance de la profession d’éducateur, selon trois
grandes figures de référence que sont : le technicien de l’observation
dont la principale fonction est de fournir une expertise à but
d’orientation auprès des juges, s’appuyant essentiellement sur l’étude
des comportements à partir des grilles cliniques fournies par la
neuropsychiatrie infantile ; le professionnel de la rééducation sublimé,
issu du scoutisme laïc ou confessionnel, il représente une rupture avec
l’ancienne logique, essentiellement répressive, puisqu’il s’agit de
privilégier l’accroche affective au(x) chef(s) afin de transmettre une
pédagogie basée sur la discipline et le respect de la hiérarchie, la
permanence et la force des groupes restreints, la proximité avec la
nature et l’entretien du corps, les activités collectives artistiques ou
manuelles, le dévouement et la loyauté, l’honneur et l’exemplarité ; le professionnel de l’éducation consacrée
pour qui l’éducation est avant tout affaire de vocation à caractère de
charité chrétienne, retenant l’amour maternel pour l’enfant comme
principal vecteur de sa rééducation. Chacune de ces figures renvoie donc
à une forme d’engagement particulière, qu’elle soit de nature
confessionnelle, laïque philanthropique ou laïque républicaine7.
L’organisation
mise en place sous le régime de Vichy est intégralement reprise par le
Conseil de la Résistance puis par les gouvernements suivants qui
contribueront à son développement dans le cadre des politiques de l’État
providence. Devenus corps de métier, reconnus institutionnellement pour
intervenir dans des organisations associatives privées à but de service
public, les éducateurs se regroupent dès le début des années 1950 sous
l’égide de l’Association nationale des éducateurs de jeunes inadaptés8.
C’est également au début des années 1950 que la formation des
éducateurs glisse progressivement d’une logique interne, propre à chaque
établissement, vers une structuration en centres privés de formation de
type associatif. Le Diplôme d’État d’éducateur spécialisé est créé en
1967 sous la double compétence des Affaires sociales et de l’Éducation
nationale.
3/ Les éducateurs au temps de la contestation
Les
années 1968 constituent une véritable rupture politique avec l’ordre
moral conservateur et paternaliste, incarné en France par la figure du
général de Gaulle. Les éducateurs participent activement participer au
mouvement de contestation, se laissant aller publiquement à l’expression
de leurs « mauvaises pensées9 »
par une critique virulente de l’organisation archaïque des
établissements, des effets pervers de la doctrine charitable, de la
toute-puissance du corps médical, de la psychiatrisation à outrance des
jeunes les plus en difficultés, des logiques d’insertion qui occultent
l’objectif d’épanouissement des personnes et malheureusement, des très
nombreux cas de violence institutionnelle envers les personnes
accueillies. Largement portée par les éducateurs, la contestation des
travailleurs sociaux est relayée par les intellectuels et les
chercheurs, à travers notamment le numéro hors-série de la revue Esprit d’avril-mai 1972, intitulé « Normalisation et contrôle social (pourquoi le travail social ?)10 »
Fortement influencé par une idéologie marxiste, le propos réunit
l’ensemble des professions du social autour d’une déclaration de
principe que l’on pourrait résumer ainsi : « Nous ne sommes et ne serons
jamais des agents au service du contrôle social. Le travail social doit
être un allié pour les personnes et les groupes en difficultés, dans
une perspective de reconnaissance et de défense des droits à finalité
émancipatrice ». Les plus radicaux créent les Groupes d’intervention du
travail social, véritables cellules de veille, visant à dénoncer les
situations où le travail social contribue à la normalisation des
populations et à certaines formes de violence institutionnelle. C’est
donc à cette période que l’on voit émerger la figure militante du
travailleur social qui très rapidement devient une norme implicite, le
non-militant risquant rapidement d’être taxé de « réactionnaire » ou de
« curé ».
Dans
le cadre de ce vaste mouvement de contestation, les éducateurs tentent
de s’affranchir de la tutelle du médical, notamment de la domination du
secteur de la neuropsychiatrie infantile. Pour ce faire, ils modifient
les cadres théoriques de référence de leurs pratiques, en allant
chercher de nouvelles légitimités du côté de la psychanalyse, de
l’antipsychiatrie et de la psychothérapie institutionnelle, des théories
de la communication, de l’expression artistique et des pédagogies
nouvelles non-directives. Un nouveau profil de l’éducateur émerge avec
ses figures de référence, renvoyant chacune à des formes d’engagement
propres. Ainsi pour Daniel Roquefort11,
l’éducateur spécialisé moderne se caractérise selon deux niveaux
d’identification. À un premier niveau, les éducateurs s’identifient à
une figure commune qu’il qualifie de « Bonne Mère », renvoyant aux
dimensions altruistes, humaniste et affective de l’engagement dans ce
métier mais également aux origines charitables du secteur. À un second
niveau, on peut repérer trois profils types d’éducateurs que Daniel
Roquefort12 qualifie ainsi : l’éducateur animateur,
véritable technicien des médiations éducatives et des projets
d’activités pédagogiques collectives, à l’image dynamique et
entraînante ; l’éducateur intellectuel, pour qui tout est sujet à
problématisation et à questionnement, engageant à l’élaboration d’une
pensée complexe à partir des multiples référencements théoriques dont il
dispose ; le technicien du social, pour qui tout est question de
gestion et de projets de développement, s’appuyant sur une batterie
d’outils et de tableaux de bord, au risque d’en oublier la dimension
humaine de la relation à autrui.
Cette
figure moderne du travailleur social militant perdure jusqu’aux débuts
des années 2000 et bénéficier d’un soutien fort de la part des pouvoirs
publics durant toute l’« ère Mitterrand », permettant ainsi aux
travailleurs sociaux d’organiser un changement de leur cadre de
pratiques dans une perspective plus affirmée de développement des
solidarités civiles. L’engagement des éducateurs spécialisés dans cette
profession devient donc prioritairement une question de positionnement
politique. C’est à partir de cette période que le travail social se
revendiquera, du point de vue des opérateurs de terrain, très
massivement dans une mouvance de gauche, voire d’extrême gauche13.
Malheureusement,
l’élan militant du travail social moderne doit rapidement se confronter
aux impasses sociales générées par la crise structurelle profonde que
nous connaissons depuis les deux chocs pétroliers de 1973 et 1976.
Malgré tous les efforts déployés par les travailleurs sociaux pour
trouver des solutions d’insertion durables et adaptées, la société ne
parvient plus à offrir les moyens d’inclure dans les modalités
traditionnelles de lien social que sont la famille et le travail,
générant ainsi une masse de plus en plus importante de personnes
exclues. Le travail social s’épuise face à cette nouvelle pauvreté que
Robert Castel qualifie de phénomène de « désaffiliation14 ».
L’engagement devient coûteux du point de vue humain et nombreux sont
les travailleurs sociaux qui se démoralisent ou perdent petit à petit la
flamme militante pour se réfugier dans l’illusion d’une recherche de
technicité, susceptible de répondre efficacement à l’ampleur d’une
mission devenue quasiment impossible. C’est ainsi que progressivement,
l’éducateur moderne, très militant et soucieux de son engagement
politique, devient le gestionnaire d’une masse d’exclus pour qui il n’a
d’autres solutions que l’orientation de dispositifs d’assistance en
dispositifs d’assistance, sans réelle perspective d’une insertion
durable dans la société.
4/ Les éducateurs d’aujourd’hui
Les
années 2000 se caractérisent à la fois par une crise majeure des
financements publics et une pression de plus en plus forte à la
libéralisation de l’économie des services, notamment à l’initiative de
l’Union européenne. Même si la position française vise à protéger une
part du secteur sanitaire et social de l’exposition à la concurrence15,
il n’en reste pas moins que les pratiques concurrentielles deviennent
de plus en plus courantes, notamment à l’échelle des territoires. En
effet les lois de décentralisation du début des années 2000 et le
glissement des modalités de financement public de la subvention vers le
contrat d’objectifs ainsi que l’appel à projet, conduisent de plus en
plus les tutelles locales à mettre en concurrence les opérateurs sociaux
d’un même territoire. Les services sociaux doivent désormais apprendre à
se vendre et on assiste ainsi à une véritable « chalandisation » du
travail social, pour reprendre les termes de Michel Chauvière16.
Dans
ce contexte où les marges de manœuvre se réduisent fortement, la
nécessité de contrôle devient de plus en plus forte, notamment sur les
aspects financiers et en ce qui concerne la performance des dispositifs.
Aussi les structures et les personnels du secteur sont-ils dans la
nécessité de se doter d’outils d’évaluation et de gestion de plus en
plus complexes. Au sein des établissements, l’axe gestionnaire tend très
largement à prendre le pas sur la dimension militante dans la mise en
œuvre des projets associatifs17, générant une crise profonde de sens pour les opérateurs de terrain.
La
loi de rénovation sociale du 2 janvier 2002, dite « loi 2002-2 » fixe un
nouveau cadre d’exercice aux professions du social, imposant le recours
à des procédures et des outils précis. Les métiers du social doivent
s’adapter dans le sens d’une technicisation accrue que certains
pourraient qualifier de véritable « gadgétisation » des pratiques
sociales. Les personnels d’encadrement évoluent vers des profils de type
managérial, les personnels de terrain subissent un glissement des
fonctions, les conduisant de plus en plus à assurer des tâches
administratives et de coordination, au détriment de la relation aux
personnes accueillies. Aussi, la récente réforme des diplômes du travail
social18
vise-t-elle à adapter les contenus et l’organisation de la formation à
ce nouveau cadre d’exercice du métier que l’on peut qualifier de
techniciste et gestionnaire. L’approche « compétences » désormais
retenue pour qualifier les métiers du social et contingenter les
pratiques au sein de référentiels, ne semble absolument pas faire
référence à la question de l’engagement. C’est comme si la notion de
compétence avait un caractère atemporel, niant totalement la dimension
de processus historique dans la construction des pratiques éducatives.
En conséquence, le militantisme tend à être relégué vers la sphère
privée alors que seul le professionnalisme importe aujourd’hui dans le
rapport de production des travailleurs sociaux. On ne recrute plus
désormais un éducateur pour son engagement politique dans une mission de
service public mais plutôt pour les compétences techniques qu’il pourra
apporter au service économique privé qui l’embauchera.
Bien
évidemment, dépourvues de leur dimension d’engagement politique ou
niées dans la reconnaissance de celle-ci, les professions du social ne
peuvent vivre cette période contemporaine que sous la forme d’une crise
profonde du sens de leur action19. De nombreux professionnels sont exposés à l’injonction paradoxale20
de missions qu’ils vivent comme dépourvues de sens car ne prenant pas
en compte leur contribution aux affaires de la cité, c’est-à-dire leur
engagement politique dans ces métiers. Cette négation d’une part
historiquement essentielle dans la construction des métiers du Travail
Social conduit de nombreux professionnels à de véritables situations de
souffrance au travail. Les publics ne sont pas plus difficiles
qu’auparavant, ni les situations plus complexes : les causes du malaise
que vivent actuellement les travailleurs sociaux sont à chercher dans
l’absence de reconnaissance de la dimension politique de leur engagement
professionnel. Privés de cette reconnaissance, niés dans la
construction historique de leur métier, les éducateurs d’aujourd’hui ne
seront bientôt plus que des techniciens supérieurs du Travail Social,
agissant par compétence mais privés d’intelligence21.
Ils pourront ainsi aisément redevenir des agents de contrôle social au
service de l’ordre établi et c’est là un danger majeur pour notre
société. Professionnels du lien social, ils risquent à terme de devenir
les principaux artisans de la déliaison22
qui menace notre société contemporaine. Il faut oser affirmer : que les
métiers du social traversent actuellement une réelle et profonde crise
de l’engagement politique !
Contribuer à l’élaboration d’une conscience politique dans l’exercice du métier d’éducateur spécialisé
La
question n’est donc pas tant de « repolitiser » le travail des
éducateurs spécialisés que de contribuer à initier et à développer une
conscience politique de l’exercice du métier chez les futurs
travailleurs sociaux qualifiés. En effet et comme nous avons pu le voir
précédemment, le métier d’éducateur spécialisé a toujours été inscrit
dans des contextes politiques particuliers, liés à l’histoire du travail
social et déterminant ainsi des formes d’engagement, et parfois de
luttes, spécifiques. L’héritage cumulé de ces formes d’engagement
constitue ainsi un véritable patrimoine politique et idéologique pour la
profession. Le travail de l’éducateur spécialisé ne me semble donc pas
s’être brusquement « dépolitisé » : il s’agit plutôt d’une lente
transition de l’esprit militant des années 1968 vers des conceptions
beaucoup plus technocratiques et gestionnaires du métier, basées sur
l’idée d’un portefeuille de compétences individuelles mises au service
de la performance sociale. Aussi, à vouloir absolument « repolitiser »
le travail social, l’on court peut-être le risque de céder à une forme
de prosélytisme politique, au regret du « bon vieux temps » militant des
années 1968, voire, à une forme de nostalgie « réactionnaire » qui nous
ramènerait au temps de Vichy ou à celui des œuvres de bienfaisance.
Pour
nous, formateurs en travail social, il me semble que l’enjeu principal
est de faire saisir aux éducateurs la nécessité d’une prise de
conscience des contextes politiques dans lesquels s’inscrit l’exercice
de leur métier. En clair, il s’agit d’amener les étudiants à se poser la
question de leur rôle individuel et collectif au sein de la cité, de
leur contribution à ses affaires. Il s’agit bien d’une question
d’engagement politique et non d’une question d’éthique. Dans notre
Institut régional du travail social, nous abordons cette question de
l’engagement politique selon de multiples modalités pédagogiques que
l’on pourrait décliner en trois catégories principales.
1/ Les enseignements communs
Plusieurs
cours magistraux ou modules traitent explicitement des rapports entre
le travail social et la question politique. Le principal d’entre eux est
un cours sur « la généalogie du métier d’éducateur spécialisé, à
travers l’histoire du travail social23 ».
Dispensé en début de formation, ce cours ne manque pas de bousculer bon
nombre d’étudiants dans leurs représentations, souvent très idéalisées,
du métier. Il s’agit d’une première prise de conscience du rôle
politique de l’éducation spécialisée, suscitant toujours de vifs débats
dans l’amphithéâtre ou lors de la pause.
Un
second enseignement magistral vient quant à lui questionner le rôle
sociétal de l’éducation spécialisée : il s’agit du « cours
d’introduction à l’économie sociale et solidaire24 ».
Les étudiants sont amenés à réfléchir sur leur rôle politique à travers
plusieurs questions telles que celle de leur appartenance à cet
ensemble amalgamé que constituent aujourd’hui l’économie sociale et
l’économie solidaire ; celle de l’utilité sociale produite par le
travail social ; celle du rapport aux pouvoirs publics, entre
instrumentalisation, banalisation et multipartenariats ; celle de la
contribution du travail social au développement des territoires ; celle
des valeurs et des principes humanistes prônés par les acteurs de
l’économie sociale et solidaire ; etc. Cet enseignement est également
dispensé en début de formation.
Plus
récemment, depuis l’année dernière, nous avons choisi d’accueillir les
étudiants de première année autour d’un module d’une semaine, intitulé
« Les fondamentaux du travail social25 ».
À partir de temps d’échange avec des professionnels de terrain, cet
enseignement laisse une très grande part à la problématique de
l’engagement, questionnant les étudiants quant à leurs représentations
du métier, leurs motivations à intégrer ce corps professionnel, leurs
projets de contribution aux difficultés que rencontre la société
contemporaine, les manières dont ils se projettent dans une carrière de
travailleur social, etc.
Enfin,
les modules dédiés aux thèmes des « Dynamiques institutionnelles et
politiques publiques » ou du « Travail en partenariat et en réseau »
comprennent également une large part de questionnement quant au rôle
politique du travail social. Les enseignements sur le « Développement
social local » sont l’occasion de présenter aux étudiants certaines
pratiques politiques du travail social, notamment autour de la question
de la participation des usagers et du développement du pouvoir d’agir
(ou Empowerment26).
Concernant
ces enseignements magistraux, le choix des intervenants et des contenus
s’avère déterminant. Bien que nous soyons dans l’obligation de
respecter un programme organisé en domaines de compétences, nous
bénéficions encore d’une grande marge de manœuvre dans l’ingénierie des
dispositifs de formation que nous élaborons. Nous restons, pour un temps
encore, partiellement maîtres de la coloration et des tendances
idéologiques que nous souhaitons défendre au sein d’un enseignement.
Bien entendu, nous ne manquons pas de recruter nos intervenants parmi
les membres de nos réseaux, très souvent militants et toujours fortement
engagés politiquement sur les questions de société.
2/ Les enseignements optionnels
En
complément des enseignements communs, nous offrons aux étudiants de
première année, la possibilité d’approfondir certains thèmes dans le
cadre de modules optionnels. Depuis une dizaine d’années, nous proposons
en partenariat avec l’Agence provençale pour une économie alternative
et solidaire (APEAS) un module optionnel sur le thème de la rencontre
entre le travail social et l’économie solidaire27.
Bâti sous la forme d’un « parcours solidaire » permettant aux étudiants
de rencontrer la diversité des acteurs locaux qui œuvrent dans cette
mouvance, cet enseignement connaît un très vif succès. À deux reprises,
les étudiants nous ont demandé de poursuivre cette option en seconde
année, élaborant eux-mêmes le projet de cet enseignement. Ils ont ainsi
travaillé durant l’année 2010-2011 autour du thème des formes
alternatives de travail social, plus proches des valeurs de solidarité
et de défense de l’environnement dans lesquelles ce groupe d’étudiants
se reconnaissait. Ce travail s’est concrétisé par une conférence qu’ils
ont eux-mêmes animée lors des États généraux de l’économie sociale et
solidaire28
ainsi que par une restitution auprès de leurs collègues de la promotion
de première année. Cette année encore, les étudiants ayant suivi
l’option « économie solidaire » ont, de manière autonome, élaboré un
projet visant l’organisation prochaine d’une journée de réflexion sur le
thème du travail social et de l’économie solidaire, évènement qu’ils
souhaitent ouvrir à l’ensemble des étudiants de notre institut mais
également aux professionnels de terrain.
En
2012, à la demande d’un groupe d’étudiants, nous avons mis en place un
enseignement optionnel en troisième année de formation sur le thème de
l’engagement politique dans les métiers du social. Libres de choisir les
axes de contenus didactiques ainsi que les modalités pédagogiques, les
étudiants ont opté pour une relecture du numéro hors-série de la revue Esprit
d’avril-mai 1972. Plus précisément, ils ont choisi de tenter de
répondre aux questions de l’enquête conduite en 1972 sur le thème de la
dimension politique des métiers du social et d’ainsi pouvoir mesurer,
quelque quarante ans après, les éventuels écarts de génération. Ce
travail a donné lieu à l’élaboration d’un produit de communication29,
consultable par l’ensemble des étudiants de notre institut et
mobilisables par les formateurs comme support à une réflexion sur
l’engagement politique dans les métiers du social.
Plus
éloignée dans le temps, en 2008, l’option « économie sociale et
solidaire » fût entièrement dédiée à un travail conduit en partenariat
avec la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale
(FNARS) et visant la participation active d’un groupe d’étudiants lors
des Journées nationales du travail social (JNTS)30.
Certains étudiants ont ainsi co-animé des groupes de travail, d’autres
se sont chargés de rédiger des restitutions pendant que les plus hardis
interpellaient à la tribune professionnels et hommes politiques sur le
devenir du travail social. À l’unanimité, intervenants, participants,
organisateurs et personnalités publiques ont reconnu la grande qualité
des interventions et questions posées par les étudiants, notamment du
point de vue de la conscientisation et de l’expression des enjeux
politiques de leur métier.
De
manière générale, le thème de l’économie sociale et de l’économie
solidaire vient nécessairement interroger la dimension politique des
métiers du social, il permet d’entrevoir d’autres formes de travail
social que celles relevant de la tendance actuelle que l’on peut
qualifier de « gestionnaire et technocratique ». De nombreux étudiants
nous avouent être déçus par les expériences de stages qu’ils effectuent,
découvrant un travail social à leur sens trop éloigné des valeurs qui
ont fondé leur engagement dans le métier d’éducateur. Aussi, les
enseignements optionnels tels que celui-ci leur permettent-ils de
découvrir ou plus simplement d’envisager que des formes de travail
social plus en accord avec leur positionnement politique sont possibles.
L’enseignement de l’économie solidaire apparaît alors comme une forme
de résistance à la pression gestionnaire que subit actuellement le
secteur sanitaire et social.
3/ La relation quotidienne aux étudiants
L’essentiel
du travail des formateurs ne se joue pas exclusivement dans le huis
clos de l’amphithéâtre ou des salles de travaux dirigés, il s’effectue
en grande partie dans le quotidien de la relation aux étudiants, ce que
je qualifie volontiers d’« interstices pédagogiques ». Ces
« interstices » sont autant d’occasions de pouvoir échanger avec les
étudiants et de transmettre des objets de connaissance, notamment sur
les questions liées à l’engagement politique dans ce métier.
L’accompagnement
des étudiants aux différents travaux qui leur sont demandés pour
l’obtention du diplôme est l’une de ces occasions de les orienter vers
certaines lectures ou sources d’information. Selon les thèmes abordés,
nous pouvons effectivement diriger les étudiants vers des lectures plus
politiques, voire militantes. Je pense notamment aux travaux de Michel
Chauvière, de Philippe Gabéran, de Jacques Riffault31, de Jacques Ion32, à la revue Lien Social ou à des sites Internet tels que « 7, 8, 9, Radio Sociale »33 et « MP434 », aux publications et recherches menées par les réseaux fédératifs du secteur dont la FNARS35, aux réflexions et actions de l’Organisation nationale des éducateurs spécialisés (ONES)36
et à bien d’autres sources toutes aussi pertinentes les unes que les
autres. Il s’agit en quelque sorte pour les formateurs que nous sommes
d’organiser une veille informationnelle sur les questions politiques qui
traversent le travail social afin de pouvoir alimenter les étudiants
dans leurs réflexions et questionnements.
La
formation des éducateurs étant historiquement bâtie sur le principe de
l’alternance entre centre de formation et stages, l’orientation des
étudiants vers les terrains de stage, appelés désormais « sites
qualifiants », permet également d’aborder la question de l’engagement
politique. En effet, en tant que formateurs et, pour certains d’entre
nous anciens travailleurs sociaux, nous bénéficions d’une bonne
connaissance du tissu associatif local et entretenons de nombreuses
relations de réseau avec les acteurs de terrain. Il nous est ainsi
possible d’orienter certains étudiants vers des lieux de stage que l’on
pourrait qualifier de « militants » ou d’« alternatifs ». De cette
façon, nous tentons d’optimiser l’adéquation entre le profil des
étudiants en matière de réflexion ou d’expression d’un engagement
politique et le projet associatif de certains sites qualifiants. Très
souvent, il s’agit de petites structures, majoritairement implantées en
milieu rural et développant des projets basés sur la participation
active des usagers dans des formes de prise en charge de type
communautaire et solidaire. Ces projets associatifs présentent la
caractéristique commune d’une visée émancipatrice pour les publics
accueillis, dans un souci de développement durable.
Enfin,
et c’est certainement la forme la plus invisible mais la plus
déterminante de la relation aux étudiants, les espaces informels sont
essentiels en matière de contribution à l’élaboration d’une conscience
politique du métier. Il s’agit de toutes ces discussions qui s’engagent
de manière spontanée entre formateurs et étudiants, souvent lors des
temps de pause ou autour de la machine à café. L’aspect informel de ces
espaces d’échange de grande proximité nous permet en tant que formateurs
une plus grande liberté dans l’expression de nos positionnements
personnels. En effet, très souvent, les étudiants nous questionnent sur
nos propres façons de considérer les problématiques sociales abordées en
formation. Ils cherchent à connaître nos positionnements personnels,
nos arguments, nos analyses, en tant que travailleurs sociaux. Il s’agit
donc de moments où la relation entre étudiant et formateur est beaucoup
plus horizontale que lors des séquences pédagogiques formelles. Ainsi
et de manière réciproque, tenter d’amener des étudiants à questionner
leur engagement politique implique nécessairement que ceux-ci viennent à
leur tour nous interroger sur cette question. Il convient de s’y
préparer car on ne peut décemment pas se réfugier derrière l’argument de
la nécessaire neutralité de l’enseignant, du moins pas en ce qui
concerne la question de l’engagement dans les métiers du social.
Évaluation et perspectives
La
question de l’évaluation des effets de formation produits par les
dispositifs pédagogiques et la posture des formateurs quant à la
question de l’engagement politique dans les métiers du social n’est pas
évidente à aborder dans la mesure où n’avons encore jamais mis en place
d’outils spécifiquement dédiés à évaluer cet aspect de notre rôle. Pour
autant, certains effets notables semblent identifiables. À un premier
niveau, ces effets sont repérables de manière qualitative, à travers le
questionnement et l’élaboration de la pensée dont les étudiants font
preuve dans leur prise de parole, notamment dans les petits groupes de
travaux dirigés. À un second niveau, des effets sont également
repérables dans les travaux écrits que produisent les étudiants. De plus
en plus de mémoires de fin de cycle ou de dossiers de pratiques
professionnelles abordent la question du positionnement politique dans
le travail de l’éducateur spécialisé. Ces écrits tentent de faire
connaître et reconnaître des modalités plus militantes de travail
social, telles que le développement du pouvoir d’agir, les prises en
charge de type communautaire ou d’auto-support, l’intervention sociale
de réseau, etc.
Enfin,
c’est surtout à l’issue de la formation que les effets de celle-ci
deviennent visibles, notamment dans la perspective de l’employabilité.
Pour certains étudiants en effet, cette sensibilisation à la question de
l’engagement politique dans le métier s’avère déterminante en matière
de recherche d’emploi. Un nombre croissant d’étudiants nous dit préférer
travailler dans de petites structures militantes plutôt que dans les
grands établissements, très normalisés, du secteur. Certains font même
le choix de s’orienter vers des structures d’éducation populaire ou
d’action humanitaire plutôt que vers les établissements du secteur
sanitaire et social, valorisant ainsi leurs compétences dans le cadre de
projets qu’ils jugent beaucoup plus en correspondance avec le système
de valeurs et les principes d’action qui ont guidé leur engagement dans
le social.
En
règle générale, ces étudiants continuent à entretenir des relations avec
les formateurs, ils deviennent souvent membres de nos réseaux
professionnels ou militants et prennent soin de nous informer
régulièrement sur leur parcours professionnel ainsi que sur leurs
réflexions ou actions militantes. Nous contribuons ainsi à transmettre
et à faire vivre cet héritage collectif d’une pensée politique du
travail social.
En
termes de perspectives, il me semble que la priorité est de ne jamais
oublier qu’en tant que formateurs nous avons deux missions principales :
celle de transférer des compétences et d’aider à leur élaboration, dans
le cadre de l’alternance avec les terrains de stage, mais surtout,
celle de transmettre un héritage professionnel collectif afin que le
corps professionnel des éducateurs spécialisés reste conscient de ses
origines et puisse continuer à questionner le sens de ses pratiques en
tant que contribution aux affaires de la cité. Cette priorité implique
nécessairement que nous puissions bénéficier de marges de manœuvre dans
le choix des contenus didactiques et pédagogiques que nous opérons dans
nos ingénieries de formation : c’est là notre seul pouvoir d’agir et il
convient de le défendre coûte que coûte.
Il
me semble donc que la perspective visant à promouvoir le pouvoir d’agir
de la communauté professionnelle des formateurs en travail social est un
enjeu essentiel en matière de transmission et d’aide à l’élaboration
d’une conscience politique pour les futurs éducateurs spécialisés. De
manière plus générale, je pense que c’est également en cherchant à
valoriser et à défendre le pouvoir d’agir des travailleurs sociaux que
l’on pourra espérer développer un travail social plus proche des
finalités d’émancipation des populations exclues, intégrant ainsi
pleinement l’héritage politique du tournant des années 1970.
À
l’heure où les étudiants s’entendent dire sur les terrains de stage que
le militantisme relèverait de la sphère privée et que seul le
professionnalisme importerait dans la relation salariale, il devient
urgent autant que nécessaire de lutter pour faire reconnaître
l’engagement politique comme partie intégrante et indissociable de
l’identité professionnelle de l’éducateur spécialisé. En l’absence d’une
intelligence politique, la seule compétence technique des travailleurs
sociaux ne permettra certainement pas de contribuer de manière efficace
et adaptée à la résolution des grandes questions sociales
contemporaines.
1 J. Verdès-Leroux, Le travail social, Paris, Les Éditions de Minuit, coll. « Le Sens Commun », 1978.
2 T. Goguel-D’allondans, « Efficacité et enjeux du travail social », article en ligne : http://www.thigodal.net/PDF/enjeuxtravail.pdf
3 Voir : J. -L. Laville, « Travail social et économie solidaire, vers un dialogue », conférence filmée, Printemps du travail social et de l’économie solidaire,
Poitiers, 19-21 mars 2013 :
http://uptv.univ-poitiers.fr/program/printemps-du-travail-social-et-de-l-economie-solidaire/video/3777/travail-social-et-economie-solidaire-vers-un-dialogue/index.html
4 M. Ruchat, « Généalogie du métier d’éducateur spécialisé », Éducation et Recherche, 17(2), 1995, CNRS, 1995.
5 À ce propos, lire le roman de C. Gritti, Les enfants de l’île du Levant, Paris, Ed. JC Lattès, coll. « Essais et Documents », 1999.
6 M. Chauvière, « Enfance inadaptée, l’héritage de Vichy », le Travail du Social, Paris, L’Harmattan, 2009.
7 F. Blum, « Regard sur les mutations du travail social au XXème siècle », Le Mouvement social, n° 199, avril-juin 2002, Paris, Les Éditions de l’Atelier.
8 CEDIAS, « 1922-2007, Une histoire du travail social, film documentaire », Un regard sur le Travail Social, 4, LRSH-CEDIAS Musée Social, 2008.
10 Esprit, « Normalisation et contrôle social (pourquoi le travail social ?) », 4-5, avril-mai 1972.
11 D. Roquefort, Le rôle de l’éducateur – éducation et psychanalyse, Paris, L’Harmattan, coll. « Emergences », 1995.
13 À ce propos, lire : Le Sociographe, « Le travail social est-il de gauche ? », 30, Éditions Champ Social, septembre 2009.
14 R. Castel, Les métamorphoses de la question sociale : une chronique du salariat, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1993.
15 M. Thierry, A. Bodon, R. Duchêne, « Mission
relative à la prise en compte des spécificités des services d’intérêt
général dans la transposition de la directive “Services” et
l’application du droit communautaire des aides d’État », rapport, inspection générale des Affaires Sociales, mars 2009.
16 M. Chauvière, Trop de gestion tue le social. Essai sur une discrète chalandisation, Paris, La Découverte, coll. « Alternatives sociales », 2010.
17 F. Rousseau, Gérer et militer, thèse de doctorat en Gestion, soutenue le 4 novembre 2004, École Polytechnique, économie et sciences sociales : http://pastel.archives-ouvertes.fr/docs/00/50/34/10/PDF/Rousseau.pdf
19 B. Ravon (dir.), « Le malaise des travailleurs sociaux : usure professionnelle ou déni de reconnaissance ? », La Lettre de l’ONPES, 6, Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, 10 décembre 2008 : http://www.cnle.gouv.fr/Le-malaise-des-travailleurs.html
20 E. Melchior, « Le travail social soumis à des injonctions paradoxales », TSA, 10, mars 2010, p. 6-7.
22 Notion utilisée par Michel Autès pour qualifier une perte de lien entre le corps social et les institutions, in S. Karsz (dir.), L’exclusion, définir pour en finir, Dunod, Paris, cols. « Santé Social », 2013.
23 M. Chaffotte, « Généalogie des métiers de l’éducation spécialisée, à travers l’Histoire du travail social en France », cours de 1ère année ES, IRTS PACA & Corse, 2012.
24 M. Chaffotte, « Introduction à l’économie sociale et solidaire en France », cours de 1ère année ES, IRTS PACA & Corse, 2007.
25 B. Organini, « Les Fondamentaux du travail social », module de 1ère année ES, IRTS PACA & Corse, 2013
26 À ce propos, lire : B. Vallerie, Interventions sociales et empowerment, Paris, l’Harmattan, coll. « Savoir et Formation », 2012.
27 M. Chaffotte, « Former les futurs travailleurs sociaux à l’économie sociale et solidaire », in Le Sociographe, hors-série n° 5, « Les enjeux hybrides de l’économie sociale et solidaire », éditions Champ Social, 2012.
28 « Initiatives locales, alternatives sociales », conférence, L’Equitable Café, Marseille, 14 avril 2011.
29
« Engagement politique et travail social », livret Calaméo, mai 2012 :
http://www.calameo.com/read/000292203fd5bfca40f6e?authid=tPO3OoMqTbPI
30
Voir :
http://www.fnars.org/champs-d-action/travail-social/ressources-travail-social-menu/archives-menu-travail-social/1458-le-travail-social-sert-il-encore-a-quelque-chose
31 J. Riffault, « 20 questions pour penser le travail social », Paris, Dunod, coll. « Santé Social », 2007.
34 http://www.mp4-champsocial.org/
35 Voir le site Internet de la FNARS : http://www.fnars.org/
36 Voir le site Internet de l’ONES : http://www.ones-fr.org/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire