Le 1er janvier, Coca-Cola a mis en vente sa nouvelle boisson «
Coca-Cola Life ». Derrière l’opération marketing, nous assistons à l’OPA
des géants de l’agro-alimentaire sur une plante venue du Paraguay, à
coup de brevets et d’OGM.
«
Quatre ans après son compère Mac Donald’s, Coca-Cola se repeint en vert
pour 2015. Sa nouvelle boisson, la quatrième dans l’histoire de la
marque, est modestement appelée « Coca-Cola Life ». Elle nous promet 30
pour cent de calories en moins, grâce à un extrait édulcorant, la
stevia, « au goût sucré d’origine naturelle ».
Bastien Beaufort est le co-fondateur en France du mouvement Disco Soupe qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Actuellement, il poursuit une thèse sur la globalisation de la biodiversité et particulièrement celle de l’Amazonie. Il participe activement à l’association internationale Slow Food.
C’est le parcours chaotique de cette petite plante verte qui mérite
d’être ici mis en lumière : il est éclairant sur les dynamiques qui
animent le petit monde des multinationales agro-alimentaires.
Mais aujourd’hui, elle est en passe de représenter un chiffre d’affaires de 15 milliards de dollars. Soit près d’un tiers du marché global des édulcorants. Le Paraguay, son pays d’origine, avec ses 2.000 tonnes annuelles cultivées fait bien pâle figure sur les marchés internationaux de la petite plante verte. La stevia lui assure un revenu minuscule de 2 millions de dollars. Ceux qui la cultivent là-bas sont des petits producteurs. Ils travaillent la plante sur une superficie totale d’à peine 1.500 hectares.
En face d’eux, dans une forme de guerre périphérique propre à un capitalisme post-moderne, s’allient Pepsi-Co et Merisant pour vendre la marque PureVia. Merisant fut longtemps propriété de Monsanto, qui détint durant les années 1980 le monopole de l’aspartame. Cet ingrédient utilisé dans les boissons light est aujourd’hui soupçonné d’être cancérigène. Depuis les années 1990 et sa tombée dans le domaine public, les grandes entreprises mondiales de la boisson se sont intéressées de près à la petite plante verte. Elle fait office de poule aux œufs d’or.
Il y a un mois, un second brevet était déposé par l’entreprise de semences S&W, côtée au Nasdaq, sur une variété hybride de stevia particulièrement sucrée. Ne nous y trompons pas : en piratant la vie de cette manière avec une poignée d’autres multinationales, Coca-Cola nous laisse une fois de plus un goût amer en bouche et réalise un doux vol édulcoré, pour le plus grand bien-être des consommateurs.
Bio express
Bastien Beaufort est le co-fondateur en France du mouvement Disco Soupe qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Actuellement, il poursuit une thèse sur la globalisation de la biodiversité et particulièrement celle de l’Amazonie. Il participe activement à l’association internationale Slow Food.
Big money
La stevia pousse à l’état sauvage aux confins du Brésil et du Paraguay. Elle était à peine connue hors de sa terre d’origine il y a un siècle. Elle n’a jamais attirée l’attention des conquistadores et de l’entreprise coloniale.Mais aujourd’hui, elle est en passe de représenter un chiffre d’affaires de 15 milliards de dollars. Soit près d’un tiers du marché global des édulcorants. Le Paraguay, son pays d’origine, avec ses 2.000 tonnes annuelles cultivées fait bien pâle figure sur les marchés internationaux de la petite plante verte. La stevia lui assure un revenu minuscule de 2 millions de dollars. Ceux qui la cultivent là-bas sont des petits producteurs. Ils travaillent la plante sur une superficie totale d’à peine 1.500 hectares.
Dans les rues de Paris
Où sont donc passés les 90 pour cent de la production restante ?
Cette stevia qui génère 15 milliards de dollars ? Pas au Paraguay, c’est
sûr. La massification de la production de la plante s’opère en Chine et
en Malaisie. Pour la mise sur le marché du Coca-Cola Life, la
multinationale d’Altanta s’est alliée avec Cargill. Ce mastodonte de
l’agro-alimentaire lui garantit l’approvisionnement d’un extrait d’une
molécule de la stevia. Le produit est dorénavant breveté et appelé
Truvia.En face d’eux, dans une forme de guerre périphérique propre à un capitalisme post-moderne, s’allient Pepsi-Co et Merisant pour vendre la marque PureVia. Merisant fut longtemps propriété de Monsanto, qui détint durant les années 1980 le monopole de l’aspartame. Cet ingrédient utilisé dans les boissons light est aujourd’hui soupçonné d’être cancérigène. Depuis les années 1990 et sa tombée dans le domaine public, les grandes entreprises mondiales de la boisson se sont intéressées de près à la petite plante verte. Elle fait office de poule aux œufs d’or.
Cartel et bio-hacking
Ce que nous dit le Coca-Cola Life, ce n’est pas tant qu’une poignée de multinationales contrôle toujours plus le domaine du vivant. L’histoire se répète : une fois de plus, une plante sud-américaine est délocalisée de sa terre d’origine pour être cultivée dans des conditions opaques à l’autre bout du monde. Ce qui est condamnable, c’est l’absence totale de transparence industrielle et la confusion marketing sur ce qui est « naturel ». Quant aux conditions de production et d’approvisionnement de ces produits… Elles nous invitent à penser à la répartition de la valeur ajoutée issue de l’utilisation commerciale de la biodiversité, ainsi que la division entre le travail et le capital au sein de ces entreprises. Leur structuration sur nos marchés ressemble à un cartel qui possède la capacité d’influencer les réglementations. En témoigne l’interdiction en Europe de la consommation de la plante entière, dont les vertus antidiabétiques sont pourtant avérées, et le procès intenté à l’entreprise Guayapi dans les années 2000 pour avoir présenté sur le marché la plante sous sa forme la plus naturelle, au motif de « tromperie au consommateur ». Guayapi sera relaxée, la même année que les premières autorisations européennes de molécules de la plante…Il y a un mois, un second brevet était déposé par l’entreprise de semences S&W, côtée au Nasdaq, sur une variété hybride de stevia particulièrement sucrée. Ne nous y trompons pas : en piratant la vie de cette manière avec une poignée d’autres multinationales, Coca-Cola nous laisse une fois de plus un goût amer en bouche et réalise un doux vol édulcoré, pour le plus grand bien-être des consommateurs.
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