La
lutte se poursuit pour les salariés de l'Itep de Figeac, « Le pas-sage »
(Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique). Rappelons qu'une
manifestation a eu lieu le 17 décembre dernier (voir article publié sur ce site).
Un malaise profond règne actuellement dans cet établissement du
médico-social qui, rappelons-le, accueille des enfants dits à trouble du
comportement, relevant de la Maison Départementale des Personnes
Handicapées du Lot. Une salariée éducatrice spécialisée a saisit les
prud'hommes après avoir enchaîné 89 contrats à durée déterminée sur une
période de 34 mois…
Lucie, la salariée qui a osé engager une
action prud’homale contre l’Itep pour dénoncer le recours abusif aux
CDD a été aussitôt licenciée pour faute grave, en représailles. Et là
commence la descente aux enfer pour Lucie, mais également plusieurs
salariés syndiqués de l'Itep, trahis par des représentants du personnel
et le délégué syndical, tous adhérents à la CGT du Lot (Union
départementale de la CGT) ! Nous vous engageons à lire le témoignage de
Robert Mascarell, reproduit ci-dessous, militant CGT de l'Aveyron qui ne
mâche pas ses mots…
Un sacré imbroglio que cette affaire.
Nous avons reçu les trois salariés de l'Itep mis à pied, dans le studio
d'Antenne d'Oc Figeac le 17 décembre dernier et avons, depuis lors,
l'impression d'avoir mis le pied dans une vaste nébuleuse assez
malodorante. Songez que l'Itep de Figeac appartient à Algeei 46
(Association laïque de gestion d'établissement d'éducation et
d'insertion) et ces deux structures dépendent de la FOL du Lot
(Fédération des œuvres laïques, rebaptisée Ligue de l'enseignement). Les
problèmes constatés à l'Itep de Figeac sont récurrents depuis des
années, et la directrice de l'établissement, Corinne Bigaï, en place
depuis très longtemps n'est pas étrangère aux tristes méthodes de
gestion et à l'ambiance délétère qui règne au sein de son établissement.
Les procédures aux prud'hommes s'enchaînent. Dès lors pourquoi
l'association responsable de l'Itep ne tape pas du poing sur la table ?
Il se trouve que le directeur de l'Algeei 46, Monsieur Daniel Chavaudra
n'est autre que le compagnon de la directrice de l'Itep ! De là à
imaginer que le premier couvre la seconde, il y a un pas que certains
n'hésitent pas à franchir. Précisons également que ces deux cadres
bénéficient, à eux deux, de salaires dépassant les 13 000 euros
mensuels…
Alors si l'Algeei 46 n'intervient pas,
pourquoi la FOL du Lot ne le fait elle pas ? Les valeurs affirmées par
la Ligue de l'enseignement, créée en 1866, sont pourtant bien éloignées
de ce qui se passe à l'Itep de Figeac : « mouvement d'éducation populaire invitant es
citoyens à s'associer dans la lutte contre les inégalités, à débattre
et à être acteurs dans la cité afin de construire une société plus
juste, plus libre et plus solidaire visant à l'émancipation de tous. »
Les
pontes de l'Algeei rencontraient l'ARS le 22 décembre dernie dans les
locaux de Cahors et à la suite d'un rassemblement des salariés,
demandant l'ouverture d'un vrai dialogue et le retrait immédiat de la
procédure de licenciement, une délégation syndicale a été reçue par le
directeur, Daniel Chauvaudra, dès le lendemain. . Un nouvel
appel à mobilisation est lancé par l'Union Local de la CGT de Figeac
pour le lundi 29 décembre, à 9h30 devant le siège de l'Algeei
(151, rue des Hortes à Cahors), où une réunion aura lieu avec Yves
Gineste pour aborder le contenu revendicatif porté dans la pétition. « Ce
jour, nous avons fait savoir au directeur que le dialogue ne pourrait
reprendre que lorsque les propos des dirigeants concernant la nécessité
de renouer le dialogue serait suivi d’actes concrets avec en premier
lieu l’annulation de toute sanction et en second lieu le retour des
salariés à leur poste de travail. »
Une affaire à suivre de près...
Témoignage de Robert Mascarell
« Je
ne connaissais rien de l’existence de l’ITEP-ALGEEI dans le Lot jusqu’à
ce que des salariés de l’ITEP Figeac demandent à me rencontrer, non
pour moi-même évidemment, mais en ma qualité de militant CGT aveyronnais
(une des salariées étant aveyronnaise), spécialisé depuis de nombreuses
années dans la défense des salariés devant les Conseils de prud’hommes.
Ce que j’ai découvert à la lecture des documents et à l’écoute des propos desdits salariés de l’ITEP a dépassé mon entendement.
Ainsi, en 34 mois de travail, la salariée pour laquelle il est apparu nécessaire qu’elle engage une procédure prud’homale, a signé 89 contrats à durée déterminée. Pour une même journée de travail, il est fréquemment arrivé à cette salariée de signer plusieurs CDD de quelques heures, signés le matin même en commençant sa journée de travail.
Pire, il est arrivé à cette salariée de devoir enchaîner, sans interruption, une journée complète de travail avec une nuit de garde, suivie aussitôt d’une autre journée de travail suivie, toujours sans arrêt, d’une autre nuit de garde et d’une autre journée de travail. Bref, un véritable enfer. J’ajoute que les nuits de garde n’étaient pas des nuits de repos. Il suffit de dire que les jeunes que devait encadrer la salariée sont des jeunes souffrant de troubles du comportement pour le comprendre.
Mais je n’étais pas arrivé au bout de l’ignominie. Une très mauvaise surprise m’attendait. En cinquante années de militantisme à la CGT, je n’avais jamais vu ça.
Lucie, la salariée qui a osé engager une action prud’homale contre l’ITEP pour dénoncer le recours abusif aux CDD a été aussitôt licenciée pour faute grave, en représailles. Dans le cours de la procédure, c’est là qu’est arrivé la mauvaise surprise, l’employeur nous a transmis ses arguments, comme il est de règle, et tous les éléments de preuves plaidant en sa faveur. Parmi ceux-là, les témoignages de plusieurs représentants du personnel élus sous étiquette CGT. Il y avait aussi celui du délégué syndical CGT de l’ITEP, désigné par l’UD-CGT du Lot.
Pour le vieux militant CGT que je suis, un tel comportement est contre nature. Mais je n’étais pas parvenu au bout de mes peines. Atterrés, Lucie et moi avons aussitôt essayé d’en savoir plus. Là, nous avons appris que depuis bien des années d’autres salariés de l’ITEP de Figeac, partis depuis, qui avaient, eux aussi, bravé la direction devant la juridiction prud’homale ont eu à se battre contre la direction, mais également contre ces mêmes « représentants du personnel » et ce même délégué syndical, tous adhérents de la CGT. Les mots me manquent pour dire tout le mépris que m’inspire le comportement de tels représentants.
Heureusement, d’autres membres de la CGT de l’ITEP de Figeac, indignés, ont décidé de sauver l’honneur de la CGT, aidés par de nouveaux adhérents. Tant et si bien que les déléguées du personnel indignes ont été poussées à la démission. Les nouveaux, élus par le personnel, sous étiquette CGT, sont propres.
Pour la direction c’en est trop. Autant elle s’accommodait bien des anciens élus, autant elle ne peut supporter les nouveaux.
D’où tous les stratagèmes qu’elle a mis en place pour en licencier deux et en sanctionner un troisième.
La lutte est en train de payer. La sanction disciplinaire est annulée. A cette heure, les licenciements sont maintenus, en dépit du vote contre du comité d’entreprise. Quoique deux de ses membres, qui ne sont autres que les déléguées du personnel CGT démissionnaires, mais toujours au CE, sont allées jusqu’au bout de l’infamie. Elles n’ont pas pris part au vote, ne voulant pas être juges et parties. Ce faisant, elles se sont comportées exactement comme l’employeur. Sauf que lui est interdit de vote par la loi pour cette raison. Elles pas.
Dans cette pénible affaire, il y a réellement une discrimination contre la CGT, mais elle ne frappe que les adhérents de la CGT qui se refusent à pratiquer un syndicalisme de connivence avec l’employeur. Ceux qui s’en sont rendus complices pendant des années ne souffrent d’aucune discrimination.
Ce que j’ai découvert à la lecture des documents et à l’écoute des propos desdits salariés de l’ITEP a dépassé mon entendement.
Ainsi, en 34 mois de travail, la salariée pour laquelle il est apparu nécessaire qu’elle engage une procédure prud’homale, a signé 89 contrats à durée déterminée. Pour une même journée de travail, il est fréquemment arrivé à cette salariée de signer plusieurs CDD de quelques heures, signés le matin même en commençant sa journée de travail.
Pire, il est arrivé à cette salariée de devoir enchaîner, sans interruption, une journée complète de travail avec une nuit de garde, suivie aussitôt d’une autre journée de travail suivie, toujours sans arrêt, d’une autre nuit de garde et d’une autre journée de travail. Bref, un véritable enfer. J’ajoute que les nuits de garde n’étaient pas des nuits de repos. Il suffit de dire que les jeunes que devait encadrer la salariée sont des jeunes souffrant de troubles du comportement pour le comprendre.
Mais je n’étais pas arrivé au bout de l’ignominie. Une très mauvaise surprise m’attendait. En cinquante années de militantisme à la CGT, je n’avais jamais vu ça.
Lucie, la salariée qui a osé engager une action prud’homale contre l’ITEP pour dénoncer le recours abusif aux CDD a été aussitôt licenciée pour faute grave, en représailles. Dans le cours de la procédure, c’est là qu’est arrivé la mauvaise surprise, l’employeur nous a transmis ses arguments, comme il est de règle, et tous les éléments de preuves plaidant en sa faveur. Parmi ceux-là, les témoignages de plusieurs représentants du personnel élus sous étiquette CGT. Il y avait aussi celui du délégué syndical CGT de l’ITEP, désigné par l’UD-CGT du Lot.
Pour le vieux militant CGT que je suis, un tel comportement est contre nature. Mais je n’étais pas parvenu au bout de mes peines. Atterrés, Lucie et moi avons aussitôt essayé d’en savoir plus. Là, nous avons appris que depuis bien des années d’autres salariés de l’ITEP de Figeac, partis depuis, qui avaient, eux aussi, bravé la direction devant la juridiction prud’homale ont eu à se battre contre la direction, mais également contre ces mêmes « représentants du personnel » et ce même délégué syndical, tous adhérents de la CGT. Les mots me manquent pour dire tout le mépris que m’inspire le comportement de tels représentants.
Heureusement, d’autres membres de la CGT de l’ITEP de Figeac, indignés, ont décidé de sauver l’honneur de la CGT, aidés par de nouveaux adhérents. Tant et si bien que les déléguées du personnel indignes ont été poussées à la démission. Les nouveaux, élus par le personnel, sous étiquette CGT, sont propres.
Pour la direction c’en est trop. Autant elle s’accommodait bien des anciens élus, autant elle ne peut supporter les nouveaux.
D’où tous les stratagèmes qu’elle a mis en place pour en licencier deux et en sanctionner un troisième.
La lutte est en train de payer. La sanction disciplinaire est annulée. A cette heure, les licenciements sont maintenus, en dépit du vote contre du comité d’entreprise. Quoique deux de ses membres, qui ne sont autres que les déléguées du personnel CGT démissionnaires, mais toujours au CE, sont allées jusqu’au bout de l’infamie. Elles n’ont pas pris part au vote, ne voulant pas être juges et parties. Ce faisant, elles se sont comportées exactement comme l’employeur. Sauf que lui est interdit de vote par la loi pour cette raison. Elles pas.
Dans cette pénible affaire, il y a réellement une discrimination contre la CGT, mais elle ne frappe que les adhérents de la CGT qui se refusent à pratiquer un syndicalisme de connivence avec l’employeur. Ceux qui s’en sont rendus complices pendant des années ne souffrent d’aucune discrimination.
PS : J'ai oublié de préciser que les
nouveaux délégués du personnel, avant d'être élus, ont témoigné en
faveur de Lucie dans son affaire prud'homale. Défaut rédhibitoire aux
yeux de la direction.
Le lien est donc établi entre l'affaire de Lucie et les licenciements frappant actuellement les deux salariés militants de la CGT de revendications et de lutte, par opposition à la CGT de connivence avec l'employeur. »
Le lien est donc établi entre l'affaire de Lucie et les licenciements frappant actuellement les deux salariés militants de la CGT de revendications et de lutte, par opposition à la CGT de connivence avec l'employeur. »
En savoir plus sur http://www.lelotenaction.org/pages/infos-locales/conflit-social-a-l-itep-de-figeac-la-nebuleuse-des-structures-sociales.html#Wi8UXRFIGY2CFu8G.99
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