jeudi 21 novembre 2013

Le Revenu de Base inconditionnel


la première idée systemique politique positive
du 21ème siècle ?




Pour une nouvelle manière de travailler,
de consommer, de vivre ensemble,
                                                                                                                                                                                                               grâce à la métamorphose du travail

Pour transformer l'énergie du soleil en conscience
qui ne soit pas une conscience de marché ?
grâce à la métamorphose des territoires



 Un tout petit texte pour une grande idée


Francois Plassard
« Le plus probable est l'effondrement,
l'improbable mais possible est la métamorphose »
Edgar Morin, président d'honneur de 27 universités,
 intervenant à Paris devant 3000 personnes

« Plutôt que croître en obésité, grandir en Humanité »
Patrick Viveret

Un homme court dans la foule entre les étalages d'un marché en criant : « J'ai la solution, j'ai la solution... ! ». Excédés par ce tapage, les commerçants attrapent cet homme, l'attachent à une chaise, et lui disent : « maintenant tu vas nous la dire ta solution ! ». Et l'homme leur répond : « c'est quoi la question ? ».
Ce conte soufi nous rappelle que pour qu'il y ait une solution, il faut au préalable se mettre d'accord sur la question ! Cela peut prendre beaucoup de temps au sein des forums sociaux mondiaux dans un monde de plus en plus interdépendant et interconnecté, qui vit le paradoxe d'un temps vécu qui semble s'accélérer tandis que l'espace, par la vitesse, se rétrécit !
Mais quand par un hasard étonnant, une solution insolite, improbable, semble arriver « au bon moment » pour aider à elle seule le dépassement de multiples questions d'ordre économiques, sociales, écologiques, financières et démographiques, toujours traitées séparément, cela mérite de s'y attarder quelques temps !
Le Revenu de Base serait-il comme un point de convergence pour ceux qui s'inquiètent d'une montée des violences dans une société en sablier (que des très riches et des très pauvres), de la pauvreté transformée en misère, comme pour ceux qui s'interrogent sur les grands défis énergétiques, climatiques, de biodiversité, de démographie à relever ? Les analogies souvent faites pour comparer notre actualité aux effondrements économiques du passé, où la surproduction d'un coté côtoie l'insolvabilité de l'autre, ne nous donnent à voir que des issues violentes, telles des catharsis ou des fièvres que sont les révolutions sanglantes (par exemple 1848), ou les guerres pour éviter l'implosion, recréer une unité interne en nommant un ennemi extérieur, par exemple 1914 renouvelé en 1940 avec ses 30 millions de morts !
Pouvons-nous préférer, cette fois ci, de « rendre probable l'improbable » pour éviter les répétitions violentes en faisant du Revenu de Base « l'effet papillon d'une métamorphose » ?
Après tout les plus grandes mutations dans l'évolution de la vie, voire de nos sociétés, n'ont-elles pas été improbables avant de devenir probables ?

En prenant le temps de lire quelques « convergences et effets de levier » du Revenu de Base évoqués volontairement succinctement ici, peut-être aurez-vous envie d'approfondir ensuite le débat très documenté sur internet, en commençant par l'excellent film « Le Revenu de Base » de nos amis allemands, disponible en téléchargement gratuit en plusieurs langues.
Et si vous habitez l'un des 27 pays de l'Europe, rejoignez les groupes locaux et nationaux d’information sur le revenu de base. Ils ont obtenu le 14 janvier dernier 2013 une ICE, initiative citoyenne européenne, de la part de la commission de Bruxelles ouvrant la voie à un futur débat au sein du Parlement Européen sur le Revenu de Base inconditionnel pouvant donner lieu à un referendum. Faites alors parti du million de citoyens signataires (voir : www.basicincom2013.eu) dont dépend la suite de la démarche, pour donner réalité à la célèbre phrase d'Hõlderlin « Là où croit le péril, naît ce qui sauve » !

I- Déconstruire nos croyances : Le Revenu de Base pour une nouvelle façon de travailler : du travail subi au travail choisi
II- Anticiper sur nos lieux de vie et territoires : Le Revenu de Base pour répondre aux défis du futur : crise écologique, crise financière, démographie

I- Déconstruire nos croyances : du travail subi au travail choisi.

1)- « Le travail ne manque pas, il y a seulement ceux qui ne veulent pas travailler ! »
En 2005 à Davos, le directeur du BIT (Bureau international du travail) déclare : « Le monde s'enfonce dans une crise de l'emploi sans précédent. La moitié des 2,8 milliards de travailleurs de la planète, c'est à dire le même nombre qu'il y a dix ans, ont gagné moins de deux dollars par jour ».
Prenons l'exemple de la France : en trente ans le nombre de personnes disponibles pour travailler a augmenté de 23% (soit de 22,3 à 27,2 millions de personnes), trois fois plus de femmes que d'hommes, rentrant sur le marché du travail. Or dans le même temps, le travail nécessaire (par la productivité) a baissé de 10% (de 41 à 36,9 milliards d'heures travaillées) et la production a augmenté de 76% ! Huit millions de personnes vivent avec moins de 950€/mois et 700 000 personnes sont privées de logement, qu'elles soient sans domicile fixe, hébergées par des proches, ou contraintes de vivre dans un habitat de fortune (rapport abbé Pierre).
Un rapport des Nations unis, constatant en 2003 que 54 pays étaient devenus plus pauvres qu'en 1990, déclare : « le développement est un voyage qui comprend plus de naufragés que de passagers ».

Alors le Revenu de Base, une solution pour la dignité et le partage du travail ?
Quand il faut dépenser cinq euros pour en donner un à un chômeur, que l'on culpabilise de surcroit d'une situation d'exclusion du monde du travail dont il ne se sent pas responsable… il est sûr que le Revenu de Base inconditionnel s'inscrit dans une quête de dignité !
Sûr aussi qu'il s'inscrit comme une nouvelle étape ou « pacte social » dans le prolongement des grands textes constitutionnels qui ont prôné l'égalité associée à la liberté.
Mais qu'en est-il du partage du travail ?
Une enquête réalisée sur 10 000 personnes en Europe sur le Revenu de Base donne le résultat ci -joint :
avec un Revenu de Base inconditionnel et cumulable, que feriez-vous ? : 60 % des personnes interrogées déclarent ne rien vouloir changer à leur situation de travail ;. 30% déclarent vouloir négocier une réduction de leur temps de travail ; 10% déclarent vouloir faire autre chose que travailler.
Mais à la question finale : « que pensez vous que les autres personnes enquêtées ont répondu ? » 80% disent : « les autres s'arrêteraient de travailler ! »
Ce paradoxe du décalage entre ce que l'on pense faire soi même et ce que l'on pense avec inquiétude de ce que les autres feront… montre la dimension profondément culturelle qu'est devenu le travail qui apporte un revenu (ce qui n'a pas toujours été le cas !). Alors que le Revenu de Base propose un revenu pour trouver un travail !
Des 1958 Hannah Arendt dans « la condition de l'homme moderne » annonçait cette mutation profonde :
« Cette société de travailleurs que l'on va délivrer des chaînes du travail, ne saurait-elle plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté ? »
Si le Revenu de Base nous fait peur, n'est ce pas au delà de la dignité, la peur de nous libérer de l'enfermement dans un travail dont il s'agit ? Un enfermement, une dépendance, qui nous rassurent nous même autant que nos proches ?
Avec le Revenu de Base osons ce qu’André Gorz, expert international sur les questions du travail, formulait avant son décès :
« La chance historique qui nous est offerte aujourd'hui est unique : faire en sorte que le temps dont chacun dispose pour sa quête de sens, soit plus important que celui dont il a besoin pour son travail, son repos, sa récréation ».

2)- Avoir un revenu parce qu'on existe, non lié à un travail, c'est pas bien moral ! « Qui ne travaille pas, n'aura pas à manger », disait l'épitre selon Saint Paul.
Au sortir de la deuxième guerre mondiale, un agriculteur nourrissait quatre personnes, maintenant il en nourrit 90 !
Même si nous reviendrons en arrière de ce productivisme agricole qu'ont permis les intrants pétroliers bon marché (engrais, pesticides, insecticides) qui ruinent la vie biologique des sols, le constat est là : même avec une sortie de l'« agriculture pétrolière » au profit d'agriculture paysannes intensives de circuits courts, nous ferons plus avec moins.
Dans l'industrie le mouvement est analogue qui en produisant plus, réduit sa part d'emploi, qui tend vers 10% des emplois ! Le travail humain pour produire une voiture est par exemple passé de 400 heures à 4 heures !
Mais si nous nous étions habitués aux révolutions technologiques ne faisant que déplacer les emplois d'un secteur à un autre, la nouveauté historique de la nouvelle révolution technologique qui est devant nous (informatique, biotechnologies, nanotechnologies, neurosciences) détruira plus d'emplois qu'elle n'en créera ! Les rapports du CESTA (centre d'étude des systèmes des technologies avancées) où j'étais dans les années 1980 l'annonçaient déjà, cette affirmation a été reprise par Jacques Attali en introduction du B20 (Business20) à Nice parallèle au G20 !
Voyant venir cette impasse structurelle de production de marchandises ne produisant pas le travail et les revenus nécessaires à leur achat, des économistes (pas moins de cinq prix Nobel) et de nombreux intellectuels ont formulé le principe d'un Revenu de Base comme « la compensation monétaire pour ceux qui n'auraient pas un lopin de terre » pour Thomas Paine 1792 théoricien de la révolution américaine après la déclaration des droits de l'homme de 1789, comme une sorte de « salaire partagé issu du travail réalisé par les robots » ou comme un « héritage partagé » entre tous de l'effort cumulé par tous, dans l'espace et dans le temps (principe de l'économie distributive).

3)- « Il y a assez d'assistés, avec le Revenu de Base ils vont augmenter ! »

A l'inverse du repli, le Revenu de Base peut être une formidable incitation à l'ouverture.
Ayant mené une expérimentation réussie en Rhône Alpes de 1992 à 1996 sur un revenu d'existence à mi temps attribué à toute personne qui libérait son travail à mi temps à un chômeur (job rotation), j'ai pu constater l'effet démultiplicateur de créativité permis par le Revenu de Base même à mi temps ! (voir l'université citoyenne du temps choisi en France et en Italie)
Étymologiquement le mot Métier prend racine dans deux mots latins « ministerium » ou le service rendu aux autres et « mysterium » l'art de soi même.
En concevant le Revenu de Base comme un revenu répondant du pôle « mysterium » : l'art de soi même, nous pouvons le qualifier de revenu permettant à chaque citoyen de devenir le : « chef de projet de sa propre vie » !
Quand Paul Jorion, anthropologue et économiste, explique que l'argent est malheureusement redevenu pour beaucoup « un substitut de ce qu'était autrefois la force pour s'approprier la vie de l'autre », nous voyons tout l'intérêt de revenir à cette double réalité dans la formulation du mot métier.
Avec le Revenu de Base chacun pourra mieux négocier ce compromis entre :
« Réussir sa vie » et « Réussir dans la vie », évitant ainsi de « perdre sa vie à vouloir la gagner » !

Pour conclure ce premier chapitre, le premier effet du Revenu de Base sera une Métamorphose de notre manière de travailler. Soit de passer d'une société de plein emploi (qui avait sacralisé le lien entre travail, revenu et reconnaissance sociale) à une société de pleine activité, créativité et reconnaissance sociale ! C'est ce que dans son livre Métamorphose du travail, quête du sens, André Gorz appelait : « se libérer de la dictature de l'emploi » et « passer du travail à l'œuvre ».

II- Anticiper sur nos lieux de vie et territoires :
Le Revenu de Base pour répondre aux défis du futur : crise écologique, crise financière, démographie

La hausse inévitable des prix des énergies fossiles, tout comme les effets multiples du réchauffement climatique par « effet de serre » que nous observons déjà, vont avoir pour première conséquence un retour à « des économies d'échange re-territorialisées » après trente années de globalisation des marchés. À la logique désastreuse pour l'environnement, d'« obsolescence programmée des marchandises » par souci d'optimiser la compétitivité, la croissance et l'emploi, va progressivement se substituer une logique de « rallongement du cycle de vie des marchandises ». Des économies de type circulaire en seront la conséquence avec pour maître mots les verbes comme « Recycler, Réparer, Réorienter, Réévaluer, Relocaliser ». Le développement des « propriétés d'usage » plutôt que d'accaparement, ira aussi dans ce même sens d'allongement de la vie des produits.
Un vaste mouvement des « villes et territoires en transition », né dans le Nord de l'Europe, va progressivement s'étendre à tous les pays comme autant de réponses – territoires de vie par territoire de vie – à ce défi sans précédent dans l'histoire, par sa rapidité, de la crise écologique.
Les initiatives en transition touchent tous les domaines d'activité : de l'agriculture des circuits courts, à l'éducation, à la santé, à l'artisanat, à l'environnement, à la culture.
Le Revenu de Base peut stimuler fortement ces initiatives multiples à l'échelle des bassins de vie pour adapter nos modes de vie et nos styles de vie à ces défis écologiques du futur !
Ainsi le Revenu de Base pourrait être interprété comme une stratégie systémique de relance (de type keynésienne ou rooseveltienne) pour un investissement sur la résilience et la biodiversité de nos territoires pour s'adapter à la crise écologique. Un grand chantier (Plan Marshall combinant révolution fiscale et création monétaire ?) de millions de petits chantiers individuels et collectifs.
« Sans revenu point de citoyens » disait déjà Thomas Paine en 1792 ! Sans Revenu de Base, nous savons que ce seront les plus pauvres (les sans voies et sans emplois) qui seront les plus fragilisés par la montée des prix de l'énergie qui affecte directement le coût du chauffage, des transports, et de l'alimentation. Nous y sommes déjà.(1)
Un exemple concret d'effet sur la transition impulsée par le Revenu de Base peut se résumer ainsi dans notre démarche d'écohameaux intergénérationnels. En absence de Revenu de Base, nous utilisons les APL (aides pour le logement) pour les transformer en achat de matériaux pour permettre à des jeunes et seniors au chômage d'autoécoconstruire leur maison bioclimatique (ossature bois paille terre crue) de 70 m². Le foncier est acheté séparément par une fondation et loué sur des périodes de 77 ans renouvelables. Les loyers obtenus sont si bas qu'ils permettent l'installation « hors cadre de succession familiale » de jeunes pour s'investir dans une agriculture de circuits courts qui restaure la vie biologique des sols (permaculture). L'autre moitié des maisons construites par les jeunes sont destinées à des retraités habitant un logement qui leur est devenu inadapté et qui trouvent dans le cadre de ces écohameaux l'opportunité de donner des coups de mains aux jeunes générations comme dans toute agriculture paysanne. En même temps l'agriculture de production intensive (maraichage bio, permaculture…) a besoin de remplacer les intrants pétroliers (engrais, pesticides) par des intrants organiques issus de l'agroforesterie, restaurant aussi la vie biologique des sols dégradés par les monocultures industrielles ! Ces écohameaux intergénérationnels sont alors des outils de reconquêtes de souveraineté-sécurité alimentaire comme de remodelage progressif des paysages en alternant, entre des rangées d'arbres de 12m à 18m, des céréales ou de la vigne…
Voilà un exemple, parmi de nombreux autres possibles dans l'éducation, la santé, la qualité de vie d'« effet systémique » que pourrait démultiplier le Revenu de Base !

L'effet d'impulsion du Revenu de Base à l'échelle de chaque territoire comme nous l'avons vu pour l'agriculture et les paysages peut se faire aussi par la création d'une monnaie locale complémentaire à l'échelle d'un bassin de vie ou d'emploi. 5000 monnaies locales ont pris leur essor à travers le monde ces dix dernières années explique Bernard Liater (dont 40 en France ). Les membres d'une association déposent leurs euros dans une banque « éthique » de leur choix et émettent parallèlement un nombre de bons d'échanges (billet qui prend un nom local) équivalent au nombre d'euros mis en réserve. La circulation de ces billets ou bons d'achat se faisant en moyenne cinq fois plus rapide que la monnaie ordinaire (mesurée par traçabilité), le PIB local induit par le même billet en est donc cinq fois plus grand (principe de Schumpeter qui permet de compenser la rareté de l'argent par sa vitesse de circulation). Si la monnaie locale est décrétée « fondante » (par adjonction d'un timbre de quelques centimes collé tous les six mois sur chaque billet par les usagers), la vitesse de rotation circulaire des billets au profit de tous peut être encore plus importante !
C'est alors que les acteurs peuvent se mettre d'accord (par une charte homme Nature) sur la nature des biens et des services qu'ils souhaitent s'échanger de plus en plus pour améliorer la vie et le cadre de vie de leur territoire. Contrairement à l'euro qui n'a pas plus d'odeur que le dollar, l'argent local prend une odeur (une signification et une orientation) décidée par ses membres !
Imaginez que le Revenu de Base distribué par chaque État soit par exemple payé un tiers en monnaie locale ! Quelle impulsion extraordinaire provoquerait ce pouvoir d'achat captif significatif sur la création de monnaies locales au service des économies de type circulaires !
Revenu de Base – Initiatives en transition – Monnaies locales complémentaires devient alors le triangle magique de la reconstruction de la résilience et de la biodiversité à l'échelle de chaque territoire ! Certains ont utilisé la métaphore d'« économie de la pollinisation » pour décrire les bienfaits de ce recentrage et de cette intensification des échanges au niveau territorial, maintenant qu'il est démontré que les abeilles produisent cent fois plus de richesse par la pollinisation des fleurs que par la production du miel lui-même ! Le Revenu de Base nous permettrait-il de franchir le pas d'une économie de la production d'objet (destructrice d'emploi, consommatrice d'énergie structurellement) à une économie de la pollinisation (de la reconnaissance réciproque ?) qui en biologie a pour effet qu’accroître la résilience et la biodiversité ? Soit le basculement progressif d'une « économie du bien » à une « économie du lien » ? « Du pouvoir d'achat au pouvoir d'être ? » titre du film de Philippe Derruder sur la monnaie locale complémentaire.

b)- Crise financière et Revenu de Base
Dans les onze pays de l'Europe la part des salaires dans le PIB est passée de 70% à 54% en moins de 30 ans ! Puisque les salaires cumulés suffisent de moins en moins à assurer le pouvoir d'achat pour permettre aux entreprises de vendre l'ensemble des biens et des services, on comprend qu'il faille trouver d'autres mécanismes ! Parmi ces autres : l'endettement des États !
Jusque là rien d'anormal sauf que les États s'étant interdits de battre monnaie doivent emprunter de l'« argent dette » ou de l'« argent crédit » non directement à la banque centrale (loi de Giscard Pompidou du 4 janvier 1973 pour la France, renouvelée dans le traité de Maastricht puis de Lisbonne) mais aux banques privées qui elles s'approvisionnent auprès de la banque centrale (pour une part de taux de réserve toujours moindre) et créent environ 80% de la monnaie restante !
Comment une banque crée de la monnaie ? En ouvrant une ligne de crédit (d'écriture) correspondant au capital emprunté (sur des fonds propres minimes) et en la détruisant à la fin du remboursement ! Cette création destruction de l'argent du capital nécessite un mouvement permanent ! Sans renouvellement des prêts, sans croissance, la banque meurt !
Et l'intérêt du prêt alors ? C'est l'argent qui n'est pas créé par les banques et que chaque emprunteur doit aller chercher dans la poche de ses clients pour le donner à son banquier avant même que d'avoir remboursé le capital ! A croissance zéro, on voit bien alors que le jeu de remboursement des intérêts met chacun en posture de guerre contre tous !
Depuis plusieurs siècles la notion d'intérêt, surtout quand son taux dépasse celui de la croissance réelle, fait débat. Avant le 13ème siècle l'usurier excommunié était condamné à l'enfer ! Ce débat non clos sur l'intérêt est sans doute à l'origine du proverbe populaire « la vertu se dissout dans l'intérêt comme les ruisseaux dans la mer » ! Le logiciel de la croissance (tel un déterminisme ?) est intrinsèquement lié à notre manière d'avoir laissé aux banques le soin de créer la plus grande part de la monnaie crédit ! « Peu importe ceux qui font les lois du moment que je suis libre de créer l'argent » disait déjà Rotschild. Après la décision de non convertibilité en or de la monnaie créée, prise en 1971 par le président Nixon, le rôle des banques s'est renforcé. Et beaucoup d'États comme la France, consacrent maintenant l'intégralité des impôts prélevés sur les citoyens (45 milliards d'euros) pour rembourser des intérêts aux banquiers sur des emprunts passés !
Le philosophe Homère il y a vingt siècle avait prédit ce transfert de souveraineté (qui a coûté la vie à trois présidents des États- Unis ?) : « un jour apparaitront des demi- dieux manipulateurs de signes et de symboles qui au delà des nuages guerroieront entre eux, tandis que les hommes dans l'humus seront dans la survie » ! Nous y sommes, l'argent engendre l'argent, 97% de la monnaie ne correspond plus à des échanges de biens et de services concrets, seulement 3% (François Morin spécialiste de la monnaie).
Et voilà nos gouvernants tiraillés entre l'austérité que réclament les préteurs pour récupérer leurs intérêts et la croissance pour l'emploi qui ne peut se faire sans déficit public compte tenu du niveau des salaires !
La « destruction créatrice » du capitalisme se mute en « destruction destructrice » dès lors qu'il devient seulement financier !
Si la monnaie, qui est aux activités humaines ce que le sang est au corps physique, a été comparée aussi à un langage avec une grammaire, nous ne pouvons que constater combien son évolution nous éloigne des conditions de notre survie collective par une meilleur adaptation à notre environnement. Avec une multiplication par sept du nombre d'habitants de la planète en moins d'un siècle, le phénomène ne pouvait que s'aggraver.
D'un coté la formule « compétitivité -croissance-emploi » répétée par les médias de droite comme de gauche comme une prière (guerrière !) quotidienne destinée à revenir au plein emploi au détriment de ses voisins.
De l'autre coté la prise de conscience de l'impossibilité d’une emprunte écologique qui dépasse notre planète, d'une « croissance infinie dans un monde fini ! » monde que nous ne quitterons pas avant longtemps. De l'économie du salut du Moyen Âge, nous passons au Salut par l'économie qui se transforme en guerre généralisée (pour des mètres carrés de part de marché) dont « la finalité suprême est celle que le dernier vainqueur est celui qui meurt le dernier ! ».

Pour restaurer une conscience qui ne soit pas une conscience de marché, mais une conscience d'adaptation aux exigences de la reconversion énergétique vers des énergies renouvelables et aux exigences d'adaptation au réchauffement climatique et à ses tempêtes, les échelons de réponse qui paraissent les plus pertinents sont ceux des modes et styles de vie et des territoires d'appartenance, tous deux étant intimement reliés.
Contrairement à ce que nous avons fait ces trente dernières années de globalisation, les territoires devraient tenter de répondre à leurs besoins sur les biens essentiels (alimentation, santé, logements, éducation..) et n'échanger à l'extérieur que leurs excédents ou surplus. C'est ainsi que s'organise le vivant avec ses membranes semi perméables nécessaires à la vie, avec ses logiques d'optimisation plus que de maximisation, ses construction en réseaux plus qu'en pyramides…
Un transfert massif des signes monétaires de la sphère du virtuel spéculatif (les 97% que Aristote nommait du nom de Chrématistique) à la sphère plus réelle (les 3% que Aristote nommait oïkos nomos : économie ou règles pour gérer la maison) pour réorganiser les territoires (agriculture, urbanisme, architecture), avec l'aide des revenus de base (calculés pays par pays), ne pourrait-il pas compenser avantageusement le manque de gouvernance mondiale qui n'adviendra pas avant longtemps ?
Quand il n'y a pas de pilote dans l'avion on peut innover dans le mode d'organisation des échanges de chacun avec son semblable :
       en redécouvrant la valeur du don dans la sphère des échanges non marchands,
       en rééquilibrant les forces d'échanges au sein du marché.
Dans les deux cas c’est l'innovation du Revenu de Base inconditionnel qui rendra possible ces mutations !
Un défi pour apprendre à vivre autrement par les autres, pour les autres, avec les autres ?

C'est cette question que ces quelques lignes bien incomplètes ont voulu mettre en débat comme un saut de conscience pour grandir en Humanité, réenchanter notre manière de travailler, consommer et vivre ensemble et donner envie à chacun de s'informer.
Si nous sommes d'accord sur cette question, comme dans le conte soufi du début, nous serons vite d'accord sur les modalités de sa mise en œuvre comme celui de son financement ; surtout si la moitié de celui-ci peut être obtenue par une révolution conceptuelle concertée sur la monnaie au service des peuples. Avec le recul des fièvres et catharsis sociétales du passé, la révolution culturelle du Revenu de Base coûtera bien moins qu'une nouvelle guerre !

François Plassard
(joueur dans son enfance au monopoly où la banque distribuait aux participants des revenus de base pour prolonger la durée du jeu !)
Ingénieur agronome et docteur en économie, coordinateur de la démarche écohameaux intergénérationnels pour accompagner la mutation de l'agriculture vers l'après pétrole et la mutation des paysages.
Auteur de :
       « Crise écologique ou crise sociale ?, vivre ensemble autrement », préface d’Albert Jacquard — leseditionsovadia.com
       « Pour une logique de la métamorphose ? » — leseditionsovadia.com ;
       « La vie rurale un enjeu écologique et de société » — éditions Yves Michel.

1)« La pauvreté est une violation des droits de l'homme » prononcé par le nouveau pape argentin Francois 1er le premier jour de son investiture à Rome est un message adressé à un milliard deux cent millions de catholiques sur la planète, qui savent que la référence à Saint François d'Assise utilisée implique implicitement la triple signification : d'un autre rapport à la nature et à la vie, d'une sobriété volontaire, d'une autre conception de la création de l'argent.



Signez l'Initiative Citoyenne Européenne (ICE)
pour le revenu de base sur :
www.basicincome2013.eu
1 million de signatures nécessaires avant le 14 janvier 2014 pour qu'un debat contradictoire sur la metamorphose du travail et des revenus crée autre chose qu'une Europe neoliberale des profifs

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