la première idée systemique politique positive
du 21ème siècle ?
du 21ème siècle ?
Pour une nouvelle manière de travailler,
de consommer, de vivre ensemble, grâce à la métamorphose du travail
de consommer, de vivre ensemble, grâce à la métamorphose du travail
Pour transformer l'énergie du soleil en conscience
qui ne soit pas une conscience de marché ?
qui ne soit pas une conscience de marché ?
grâce à la métamorphose des territoires
Un tout petit texte pour une
grande idée
Francois Plassard
« Le plus probable est l'effondrement,
l'improbable mais possible est la métamorphose »
l'improbable mais possible est la métamorphose »
Edgar Morin,
président d'honneur de 27 universités,
intervenant à Paris devant 3000 personnes
intervenant à Paris devant 3000 personnes
« Plutôt que croître en obésité, grandir en Humanité »
Patrick Viveret
Patrick Viveret
Un homme court dans la foule
entre les étalages d'un marché en criant : « J'ai la solution, j'ai la
solution... ! ». Excédés par ce tapage, les commerçants attrapent cet
homme, l'attachent à une chaise, et lui disent : « maintenant tu vas nous
la dire ta solution ! ». Et l'homme leur répond : « c'est
quoi la question ? ».
Ce conte soufi nous rappelle que
pour qu'il y ait une solution, il faut au préalable se mettre d'accord sur la
question ! Cela peut prendre beaucoup de temps au sein des forums sociaux
mondiaux dans un monde de plus en plus interdépendant et interconnecté, qui vit
le paradoxe d'un temps vécu qui semble s'accélérer tandis que l'espace, par la
vitesse, se rétrécit !
Mais quand par un hasard
étonnant, une solution insolite, improbable, semble arriver « au
bon moment » pour aider à elle seule le dépassement de multiples
questions d'ordre économiques, sociales, écologiques, financières et
démographiques, toujours traitées séparément, cela mérite de s'y
attarder quelques temps !
Le Revenu de Base serait-il comme
un point de convergence pour ceux qui s'inquiètent d'une montée des violences
dans une société en sablier (que des très riches et des très pauvres), de la
pauvreté transformée en misère, comme pour ceux qui s'interrogent sur les
grands défis énergétiques, climatiques, de biodiversité, de démographie à
relever ? Les analogies souvent faites pour comparer notre actualité aux
effondrements économiques du passé, où la surproduction d'un coté côtoie
l'insolvabilité de l'autre, ne nous donnent à voir que des issues violentes,
telles des catharsis ou des fièvres que sont les révolutions sanglantes (par
exemple 1848), ou les guerres pour éviter l'implosion, recréer une unité
interne en nommant un ennemi extérieur, par exemple 1914 renouvelé en 1940 avec
ses 30 millions de morts !
Pouvons-nous préférer, cette fois
ci, de « rendre probable l'improbable » pour éviter les
répétitions violentes en faisant du Revenu de Base « l'effet papillon
d'une métamorphose » ?
Après tout les plus grandes
mutations dans l'évolution de la vie, voire de nos sociétés, n'ont-elles pas
été improbables avant de devenir probables ?
En prenant le temps de lire quelques
« convergences et effets de levier » du Revenu de Base évoqués
volontairement succinctement ici, peut-être aurez-vous envie d'approfondir
ensuite le débat très documenté sur internet, en commençant par l'excellent
film « Le Revenu de Base » de nos amis allemands, disponible en
téléchargement gratuit en plusieurs langues.
Et si vous habitez l'un des 27
pays de l'Europe, rejoignez les groupes locaux et nationaux d’information sur
le revenu de base. Ils ont obtenu le 14 janvier dernier 2013 une ICE, initiative
citoyenne européenne, de la part de la commission de Bruxelles ouvrant la
voie à un futur débat au sein du Parlement Européen sur le Revenu de Base
inconditionnel pouvant donner lieu à un referendum. Faites alors parti du
million de citoyens signataires (voir : www.basicincom2013.eu)
dont dépend la suite de la démarche, pour donner réalité à la célèbre phrase
d'Hõlderlin « Là où croit le péril, naît ce qui sauve » !
I- Déconstruire nos
croyances : Le Revenu de Base pour une nouvelle façon de travailler :
du travail subi au travail choisi
II- Anticiper sur nos lieux de
vie et territoires : Le Revenu de Base pour répondre aux défis du
futur : crise écologique, crise financière, démographie
I- Déconstruire nos
croyances : du travail subi au travail choisi.
1)- « Le travail ne
manque pas, il y a seulement ceux qui ne veulent pas travailler ! »
En 2005 à Davos, le directeur du
BIT (Bureau international du travail) déclare : « Le monde s'enfonce dans
une crise de l'emploi sans précédent. La moitié des 2,8 milliards de
travailleurs de la planète, c'est à dire le même nombre qu'il y a dix ans, ont
gagné moins de deux dollars par jour ».
Prenons l'exemple de la France : en trente ans
le nombre de personnes disponibles pour travailler a augmenté de 23% (soit de
22,3 à 27,2 millions de personnes), trois fois plus de femmes que d'hommes,
rentrant sur le marché du travail. Or dans le même temps, le travail nécessaire
(par la productivité) a baissé de 10% (de 41 à 36,9 milliards d'heures
travaillées) et la production a augmenté de 76% ! Huit millions de
personnes vivent avec moins de 950€/mois et 700 000 personnes sont privées de
logement, qu'elles soient sans domicile fixe, hébergées par des proches, ou
contraintes de vivre dans un habitat de fortune (rapport abbé Pierre).
Un rapport des Nations unis,
constatant en 2003 que 54 pays étaient devenus plus pauvres qu'en 1990,
déclare : « le développement est un voyage qui comprend plus de naufragés
que de passagers ».
Alors le Revenu de Base, une
solution pour la dignité et le partage du travail ?
Quand il faut dépenser cinq euros
pour en donner un à un chômeur, que l'on culpabilise de surcroit d'une
situation d'exclusion du monde du travail dont il ne se sent pas responsable…
il est sûr que le Revenu de Base inconditionnel s'inscrit dans une quête de
dignité !
Sûr aussi qu'il s'inscrit comme
une nouvelle étape ou « pacte social » dans le prolongement des
grands textes constitutionnels qui ont prôné l'égalité associée à la liberté.
Mais qu'en est-il du partage
du travail ?
Une enquête réalisée sur 10 000
personnes en Europe sur le Revenu de Base donne le résultat ci -joint :
avec un Revenu
de Base inconditionnel et cumulable, que feriez-vous ? : 60 % des
personnes interrogées déclarent ne rien vouloir changer à leur situation de
travail ;. 30% déclarent vouloir négocier une réduction de leur temps
de travail ; 10% déclarent vouloir faire autre chose que travailler.
Mais à la
question finale : « que pensez vous que les autres personnes
enquêtées ont répondu ? » 80% disent : « les autres
s'arrêteraient de travailler ! »
Ce paradoxe du décalage entre ce
que l'on pense faire soi même et ce que l'on pense avec inquiétude de ce que
les autres feront… montre la dimension profondément culturelle qu'est devenu le
travail qui apporte un revenu (ce qui n'a pas toujours été le cas !).
Alors que le Revenu de Base propose un revenu pour trouver un travail !
Des 1958 Hannah Arendt dans
« la condition de l'homme moderne » annonçait cette mutation
profonde :
« Cette société de travailleurs
que l'on va délivrer des chaînes du travail, ne saurait-elle plus rien des
activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la
peine de gagner cette liberté ? »
Si le Revenu de Base nous fait
peur, n'est ce pas au delà de la dignité, la peur de nous libérer de
l'enfermement dans un travail dont il s'agit ? Un enfermement, une
dépendance, qui nous rassurent nous même autant que nos proches ?
Avec le Revenu de Base osons ce
qu’André Gorz, expert international sur les questions du travail, formulait
avant son décès :
« La chance historique
qui nous est offerte aujourd'hui est unique : faire en sorte que le temps
dont chacun dispose pour sa quête de sens, soit plus important que celui dont
il a besoin pour son travail, son repos, sa récréation ».
2)- Avoir un revenu parce
qu'on existe, non lié à un travail, c'est pas bien moral ! « Qui ne
travaille pas, n'aura pas à manger », disait l'épitre selon Saint Paul.
Au sortir de la deuxième guerre
mondiale, un agriculteur nourrissait quatre personnes, maintenant il en nourrit
90 !
Même si nous reviendrons en
arrière de ce productivisme agricole qu'ont permis les intrants pétroliers bon
marché (engrais, pesticides, insecticides) qui ruinent la vie biologique des
sols, le constat est là : même avec une sortie de l'« agriculture
pétrolière » au profit d'agriculture paysannes intensives de circuits
courts, nous ferons plus avec moins.
Dans l'industrie le mouvement est
analogue qui en produisant plus, réduit sa part d'emploi, qui tend vers 10% des
emplois ! Le travail humain pour produire une voiture est par exemple
passé de 400 heures à 4 heures !
Mais si nous nous étions habitués
aux révolutions technologiques ne faisant que déplacer les emplois d'un secteur
à un autre, la nouveauté historique de la nouvelle révolution technologique
qui est devant nous (informatique, biotechnologies, nanotechnologies,
neurosciences) détruira plus d'emplois qu'elle n'en créera ! Les
rapports du CESTA (centre d'étude des systèmes des technologies avancées) où
j'étais dans les années 1980
l'annonçaient déjà, cette affirmation a été reprise par
Jacques Attali en introduction du B20 (Business20) à Nice parallèle au
G20 !
Voyant venir cette impasse
structurelle de production de marchandises ne produisant pas le travail et les
revenus nécessaires à leur achat, des économistes (pas moins de cinq prix
Nobel) et de nombreux intellectuels ont formulé le principe d'un Revenu de Base
comme « la compensation monétaire pour ceux qui n'auraient pas un lopin de
terre » pour Thomas Paine 1792 théoricien de la révolution américaine
après la déclaration des droits de l'homme de 1789, comme une sorte de
« salaire partagé issu du travail réalisé par les robots » ou comme
un « héritage partagé » entre tous de l'effort cumulé par tous, dans
l'espace et dans le temps (principe de l'économie distributive).
3)- « Il y a assez
d'assistés, avec le Revenu de Base ils vont augmenter ! »
A l'inverse du repli, le Revenu
de Base peut être une formidable incitation à l'ouverture.
Ayant mené une expérimentation
réussie en Rhône Alpes de 1992 à 1996 sur un revenu d'existence à mi temps
attribué à toute personne qui libérait son travail à mi temps à un chômeur (job
rotation), j'ai pu constater l'effet démultiplicateur de créativité permis par
le Revenu de Base même à mi temps ! (voir l'université citoyenne du temps
choisi en France et en Italie)
Étymologiquement le mot Métier
prend racine dans deux mots latins « ministerium » ou le service
rendu aux autres et « mysterium » l'art de soi même.
En concevant le Revenu de Base
comme un revenu répondant du pôle « mysterium » : l'art de soi
même, nous pouvons le qualifier de revenu permettant à chaque citoyen de
devenir le : « chef de projet de sa propre vie » !
Quand Paul Jorion, anthropologue
et économiste, explique que l'argent est malheureusement redevenu pour beaucoup
« un substitut de ce qu'était autrefois la force pour s'approprier la
vie de l'autre », nous voyons tout l'intérêt de revenir à cette double
réalité dans la formulation du mot métier.
Avec le Revenu de Base chacun
pourra mieux négocier ce compromis entre :
« Réussir sa vie »
et « Réussir dans la vie », évitant ainsi de « perdre sa vie à
vouloir la gagner » !
Pour conclure ce premier
chapitre, le premier effet du Revenu de Base sera une Métamorphose de notre
manière de travailler. Soit de passer d'une société de plein emploi (qui
avait sacralisé le lien entre travail, revenu et reconnaissance sociale) à
une société de pleine activité, créativité et reconnaissance sociale ! C'est
ce que dans son livre Métamorphose du travail, quête du sens, André Gorz
appelait : « se libérer de la dictature de l'emploi » et « passer
du travail à l'œuvre ».
II- Anticiper sur nos lieux de
vie et territoires :
Le Revenu de Base pour
répondre aux défis du futur : crise écologique, crise financière,
démographie
La hausse inévitable des prix des
énergies fossiles, tout comme les effets multiples du réchauffement climatique
par « effet de serre » que nous observons déjà, vont avoir pour
première conséquence un retour à « des économies d'échange
re-territorialisées » après trente années de globalisation des
marchés. À la logique désastreuse pour l'environnement, d'« obsolescence
programmée des marchandises » par souci d'optimiser la compétitivité,
la croissance et l'emploi, va progressivement se substituer une logique de
« rallongement du cycle de vie des marchandises ». Des économies
de type circulaire en seront la conséquence avec pour maître mots les
verbes comme « Recycler, Réparer, Réorienter, Réévaluer, Relocaliser ».
Le développement des « propriétés d'usage » plutôt que
d'accaparement, ira aussi dans ce même sens d'allongement de la vie des
produits.
Un vaste mouvement des « villes
et territoires en transition », né dans le Nord de l'Europe, va
progressivement s'étendre à tous les pays comme autant de réponses
– territoires de vie par territoire de vie – à ce défi sans précédent
dans l'histoire, par sa rapidité, de la crise écologique.
Les initiatives en transition
touchent tous les domaines d'activité : de l'agriculture des circuits
courts, à l'éducation, à la santé, à l'artisanat, à l'environnement, à la
culture.
Le Revenu de Base peut stimuler
fortement ces initiatives multiples à l'échelle des bassins de vie pour adapter
nos modes de vie et nos styles de vie à ces défis écologiques du
futur !
Ainsi le Revenu de Base pourrait
être interprété comme une stratégie systémique de relance (de type keynésienne
ou rooseveltienne) pour un investissement sur la résilience et la
biodiversité de nos territoires pour s'adapter à la crise écologique. Un
grand chantier (Plan Marshall combinant révolution fiscale et création
monétaire ?) de millions de petits chantiers individuels et collectifs.
« Sans revenu point de
citoyens » disait déjà Thomas Paine en 1792 ! Sans Revenu de
Base, nous savons que ce seront les plus pauvres (les sans voies et sans
emplois) qui seront les plus fragilisés par la montée des prix de l'énergie qui
affecte directement le coût du chauffage, des transports, et de l'alimentation.
Nous y sommes déjà.(1)
Un exemple concret d'effet sur la
transition impulsée par le Revenu de Base peut se résumer ainsi dans notre
démarche d'écohameaux intergénérationnels. En absence de Revenu de Base, nous
utilisons les APL (aides pour le logement) pour les transformer en achat de
matériaux pour permettre à des jeunes et seniors au chômage d'autoécoconstruire
leur maison bioclimatique (ossature bois paille terre crue) de 70 m². Le foncier est acheté
séparément par une fondation et loué sur des périodes de 77 ans renouvelables.
Les loyers obtenus sont si bas qu'ils permettent l'installation « hors
cadre de succession familiale » de jeunes pour s'investir dans une
agriculture de circuits courts qui restaure la vie biologique des sols
(permaculture). L'autre moitié des maisons construites par les jeunes sont
destinées à des retraités habitant un logement qui leur est devenu inadapté et
qui trouvent dans le cadre de ces écohameaux l'opportunité de donner des coups
de mains aux jeunes générations comme dans toute agriculture paysanne. En même
temps l'agriculture de production intensive (maraichage bio, permaculture…) a
besoin de remplacer les intrants pétroliers (engrais, pesticides) par des
intrants organiques issus de l'agroforesterie, restaurant aussi la vie biologique
des sols dégradés par les monocultures industrielles ! Ces écohameaux
intergénérationnels sont alors des outils de reconquêtes de
souveraineté-sécurité alimentaire comme de remodelage progressif des paysages
en alternant, entre des rangées d'arbres de 12m à 18m, des céréales ou de la
vigne…
Voilà un exemple, parmi de
nombreux autres possibles dans l'éducation, la santé, la qualité de vie d'« effet
systémique » que pourrait démultiplier le Revenu de Base !
L'effet d'impulsion du Revenu de
Base à l'échelle de chaque territoire comme nous l'avons vu pour l'agriculture
et les paysages peut se faire aussi par la création d'une monnaie locale
complémentaire à l'échelle d'un bassin de vie ou d'emploi. 5000 monnaies
locales ont pris leur essor à travers le monde ces dix dernières années
explique Bernard Liater (dont 40 en France ). Les membres d'une association
déposent leurs euros dans une banque « éthique » de leur choix et
émettent parallèlement un nombre de bons d'échanges (billet qui prend un nom
local) équivalent au nombre d'euros mis en réserve. La circulation de ces
billets ou bons d'achat se faisant en moyenne cinq fois plus rapide que la
monnaie ordinaire (mesurée par traçabilité), le PIB local induit par le même
billet en est donc cinq fois plus grand (principe de Schumpeter qui permet de
compenser la rareté de l'argent par sa vitesse de circulation). Si la monnaie
locale est décrétée « fondante » (par adjonction d'un timbre de
quelques centimes collé tous les six mois sur chaque billet par les usagers),
la vitesse de rotation circulaire des billets au profit de tous peut être
encore plus importante !
C'est alors que les acteurs
peuvent se mettre d'accord (par une charte homme Nature) sur la nature des
biens et des services qu'ils souhaitent s'échanger de plus en plus pour
améliorer la vie et le cadre de vie de leur territoire. Contrairement à l'euro
qui n'a pas plus d'odeur que le dollar, l'argent local prend une odeur (une
signification et une orientation) décidée par ses membres !
Imaginez que le Revenu de Base
distribué par chaque État soit par exemple payé un tiers en monnaie
locale ! Quelle impulsion extraordinaire provoquerait ce pouvoir d'achat
captif significatif sur la création de monnaies locales au service des
économies de type circulaires !
Revenu de Base
– Initiatives en transition – Monnaies locales complémentaires
devient alors le triangle magique de la reconstruction de la résilience et de
la biodiversité à l'échelle de chaque territoire ! Certains ont utilisé la
métaphore d'« économie de la pollinisation » pour décrire les
bienfaits de ce recentrage et de cette intensification des échanges au niveau
territorial, maintenant qu'il est démontré que les abeilles produisent cent
fois plus de richesse par la pollinisation des fleurs que par la production du
miel lui-même ! Le Revenu de Base nous permettrait-il de franchir le pas d'une
économie de la production d'objet (destructrice d'emploi, consommatrice
d'énergie structurellement) à une économie de la pollinisation (de la
reconnaissance réciproque ?) qui en biologie a pour effet qu’accroître la
résilience et la biodiversité ? Soit le basculement progressif d'une
« économie du bien » à une « économie du lien » ?
« Du pouvoir d'achat au pouvoir d'être ? » titre du film de
Philippe Derruder sur la monnaie locale complémentaire.
b)- Crise financière et Revenu
de Base
Dans les onze pays de l'Europe la
part des salaires dans le PIB est passée de 70% à 54% en moins de 30 ans !
Puisque les salaires cumulés suffisent de moins en moins à assurer le pouvoir
d'achat pour permettre aux entreprises de vendre l'ensemble des biens et des
services, on comprend qu'il faille trouver d'autres mécanismes ! Parmi ces
autres : l'endettement des États !
Jusque là rien d'anormal sauf que
les États s'étant interdits de battre monnaie doivent emprunter de
l'« argent dette » ou de l'« argent crédit » non
directement à la banque centrale (loi de Giscard Pompidou du 4 janvier 1973
pour la France,
renouvelée dans le traité de Maastricht puis de Lisbonne) mais aux banques
privées qui elles s'approvisionnent auprès de la banque centrale (pour une part
de taux de réserve toujours moindre) et créent environ 80% de la monnaie
restante !
Comment une banque crée de la
monnaie ? En ouvrant une ligne de crédit (d'écriture) correspondant au
capital emprunté (sur des fonds propres minimes) et en la détruisant à la fin
du remboursement ! Cette création destruction de l'argent du capital nécessite
un mouvement permanent ! Sans renouvellement des prêts, sans croissance,
la banque meurt !
Et l'intérêt du prêt alors ?
C'est l'argent qui n'est pas créé par les banques et que chaque emprunteur doit
aller chercher dans la poche de ses clients pour le donner à son banquier avant
même que d'avoir remboursé le capital ! A croissance zéro, on voit bien
alors que le jeu de remboursement des intérêts met chacun en posture de guerre
contre tous !
Depuis plusieurs siècles la
notion d'intérêt, surtout quand son taux dépasse celui de la croissance
réelle, fait débat. Avant le 13ème siècle l'usurier excommunié était condamné à
l'enfer ! Ce débat non clos sur l'intérêt est sans doute à l'origine du
proverbe populaire « la vertu se dissout dans l'intérêt comme les
ruisseaux dans la mer » ! Le logiciel de la croissance (tel un
déterminisme ?) est intrinsèquement lié à notre manière d'avoir laissé aux
banques le soin de créer la plus grande part de la monnaie crédit ! « Peu
importe ceux qui font les lois du moment que je suis libre de créer
l'argent » disait déjà Rotschild. Après la décision de non
convertibilité en or de la monnaie créée, prise en 1971 par le président Nixon,
le rôle des banques s'est renforcé. Et beaucoup d'États comme la France, consacrent
maintenant l'intégralité des impôts prélevés sur les citoyens (45 milliards
d'euros) pour rembourser des intérêts aux banquiers sur des emprunts
passés !
Le philosophe Homère il y a vingt
siècle avait prédit ce transfert de souveraineté (qui a coûté la vie à
trois présidents des États- Unis ?) : « un jour apparaitront
des demi- dieux manipulateurs de signes et de symboles qui au delà des nuages
guerroieront entre eux, tandis que les hommes dans l'humus seront dans la
survie » ! Nous y sommes, l'argent engendre l'argent, 97% de la
monnaie ne correspond plus à des échanges de biens et de services concrets,
seulement 3% (François Morin spécialiste de la monnaie).
Et voilà nos gouvernants
tiraillés entre l'austérité que réclament les préteurs pour récupérer
leurs intérêts et la croissance pour l'emploi qui ne peut se faire sans
déficit public compte tenu du niveau des salaires !
La « destruction
créatrice » du capitalisme se mute en « destruction
destructrice » dès lors qu'il devient seulement financier !
Si la monnaie, qui est aux
activités humaines ce que le sang est au corps physique, a été comparée aussi à
un langage avec une grammaire, nous ne pouvons que constater combien son
évolution nous éloigne des conditions de notre survie collective par une
meilleur adaptation à notre environnement. Avec une multiplication par sept du
nombre d'habitants de la planète en moins d'un siècle, le phénomène ne pouvait
que s'aggraver.
D'un coté la formule « compétitivité
-croissance-emploi » répétée par les médias de droite comme de gauche
comme une prière (guerrière !) quotidienne destinée à revenir au plein
emploi au détriment de ses voisins.
De l'autre coté la prise de
conscience de l'impossibilité d’une emprunte écologique qui dépasse notre
planète, d'une « croissance infinie dans un monde fini ! » monde
que nous ne quitterons pas avant longtemps. De l'économie du salut du Moyen
Âge, nous passons au Salut par l'économie qui se transforme en guerre
généralisée (pour des mètres carrés de part de marché) dont « la finalité
suprême est celle que le dernier vainqueur est celui qui meurt le
dernier ! ».
Pour restaurer une conscience
qui ne soit pas une conscience de marché, mais une conscience d'adaptation
aux exigences de la reconversion énergétique vers des énergies renouvelables et
aux exigences d'adaptation au réchauffement climatique et à ses tempêtes, les
échelons de réponse qui paraissent les plus pertinents sont ceux des modes
et styles de vie et des territoires d'appartenance, tous deux étant
intimement reliés.
Contrairement à ce que nous avons
fait ces trente dernières années de globalisation, les territoires devraient
tenter de répondre à leurs besoins sur les biens essentiels (alimentation,
santé, logements, éducation..) et n'échanger à l'extérieur que leurs excédents
ou surplus. C'est ainsi que s'organise le vivant avec ses membranes semi
perméables nécessaires à la vie, avec ses logiques d'optimisation plus que de
maximisation, ses construction en réseaux plus qu'en pyramides…
Un transfert massif des signes
monétaires de la sphère du virtuel spéculatif (les 97% que Aristote nommait du
nom de Chrématistique) à la sphère plus réelle (les 3% que Aristote nommait oïkos
nomos : économie ou règles pour gérer la maison) pour réorganiser les
territoires (agriculture, urbanisme, architecture), avec l'aide des revenus de
base (calculés pays par pays), ne pourrait-il pas compenser avantageusement le
manque de gouvernance mondiale qui n'adviendra pas avant longtemps ?
Quand il n'y a pas de pilote
dans l'avion on peut innover dans le mode d'organisation des échanges de
chacun avec son semblable :
en redécouvrant la valeur du don dans la sphère
des échanges non marchands,
en rééquilibrant les forces d'échanges au sein
du marché.
Dans les deux cas c’est
l'innovation du Revenu de Base inconditionnel qui rendra possible ces
mutations !
Un défi pour apprendre à vivre
autrement par les autres, pour les autres, avec les autres ?
C'est cette question que ces
quelques lignes bien incomplètes ont voulu mettre en débat comme un saut de
conscience pour grandir en Humanité, réenchanter notre manière de travailler,
consommer et vivre ensemble et donner envie à chacun de s'informer.
Si nous sommes d'accord sur cette
question, comme dans le conte soufi du début, nous serons vite d'accord sur les
modalités de sa mise en œuvre comme celui de son financement ; surtout si
la moitié de celui-ci peut être obtenue par une révolution conceptuelle
concertée sur la monnaie au service des peuples. Avec le recul des fièvres et
catharsis sociétales du passé, la révolution culturelle du Revenu de Base
coûtera bien moins qu'une nouvelle guerre !
François Plassard
(joueur dans son enfance au
monopoly où la banque distribuait aux participants des revenus de base pour
prolonger la durée du jeu !)
Ingénieur agronome et docteur en économie, coordinateur de la démarche écohameaux intergénérationnels pour accompagner la mutation de l'agriculture vers l'après pétrole et la mutation des paysages.
Ingénieur agronome et docteur en économie, coordinateur de la démarche écohameaux intergénérationnels pour accompagner la mutation de l'agriculture vers l'après pétrole et la mutation des paysages.
Auteur de :
« Crise écologique ou crise
sociale ?, vivre ensemble autrement », préface d’Albert Jacquard
— leseditionsovadia.com
« Pour une logique de la
métamorphose ? » — leseditionsovadia.com ;
« La vie rurale un enjeu écologique et
de société » — éditions Yves Michel.
1)« La
pauvreté est une violation des droits de l'homme » prononcé par le nouveau
pape argentin Francois 1er le premier jour de son investiture à Rome est un
message adressé à un milliard deux cent millions de catholiques sur la planète,
qui savent que la référence à Saint François d'Assise utilisée implique
implicitement la triple signification : d'un autre rapport à la nature
et à la vie, d'une sobriété volontaire, d'une autre conception de la création
de l'argent.
Signez l'Initiative Citoyenne Européenne (ICE)
pour le revenu de base sur :
www.basicincome2013.eu
1 million de signatures nécessaires avant le 14 janvier 2014 pour qu'un debat contradictoire sur la metamorphose du travail et des revenus crée autre chose qu'une Europe neoliberale des profifs
pour le revenu de base sur :
www.basicincome2013.eu
1 million de signatures nécessaires avant le 14 janvier 2014 pour qu'un debat contradictoire sur la metamorphose du travail et des revenus crée autre chose qu'une Europe neoliberale des profifs
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