mercredi 13 novembre 2013

De l'autre coté des Pyrénées , on résiste et on lutte aussi !

Analyse et reflexion sur la Plataforma de Afectados por la Hipoteca, Espagne

Source : Rebellyon

A Salt, municipalité de la région de Girona une dizaine de familles occupent depuis Mars 2013 tout un bloc d’appartement (30 sur 5 étages) appartenant au Sareb.
Cette occupation est singulière. Au delà de la simple cohabitation des familles relogées qui avaient été touchées par des expulsions, l’organisation collective dans ce bloc au fil de la lutte a été capable de tisser des liens forts entre les habitants jusqu’à créer un peu de communauté.
L’expulsion devait avoir lieu le 16 octobre suite au recours mené auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, la décision à été prise par cette dernière de suspendre l’expulsion…jusqu’au 29 Octobre.
Suspension de l’arrêté d’expul­sion de l’immeu­ble occupé par la PAH à Salt, Girona, Catalogne.

Mouvement critique

L’explo­sion de la bulle immo­bi­lière en 2008 et l’aggra­va­tion de la crise économique en Espagne conti­nuent de plon­ger des mil­liers de per­son­nes dans la misère. Alors que les poli­ti­ques ne ces­sent de pré­ten­dre que la relance économique est pour bien­tôt, qu’ils sem­blent s’aper­ce­voir d’une sortie de crise à l’hori­zon 2014, les réper­cus­sions sur les condi­tions d’exis­tence ne ces­sent de se faire res­sen­tir.
L’accrois­se­ment du taux de chô­mage (25%), la mul­ti­pli­ca­tion des expul­sions de famille suite à des inca­pa­ci­tés de rem­bour­ser des emprunts (200 expul­sions/jour en Espagne en 2013), la mise en hypo­thè­que des loge­ments acquis lors du boom de l’acces­sion à la pro­priété des années 90-2000, les mou­ve­ments de pri­va­ti­sa­tion mas­sifs dans le sec­teur de la Santé ou de l’Éducation, sont quel­ques-uns des bou­le­ver­se­ments de l’Économie Politique aux­quels les gens sont ici de fait confronté. Il n’y a pas un jour ou l’on ne voit pas une usine fermée, des famil­les expul­sées, des gens à la rue, les stig­ma­tes de « la crise » et son lot de misère.
Dans le même temps où la situa­tion devient cri­ti­que. Apparaissent des ini­tia­ti­ves capa­bles d’enrayer en partie la machine et de s’atta­quer a ce monde. Bien sou­vent celles-ci ne pro­vien­nent pas des milieux poli­ti­ques radi­caux depuis les­quels pour­tant elles pour­raient émerger. La période de reflux du mou­ve­ment d’insou­mis­sion en Catalogne après le 15M, son affai­blis­se­ment, ses inca­pa­ci­tés à for­mu­ler des hypo­thè­ses ter­ri­to­ria­les clai­res, la ques­tion de l’indé­pen­dance, les embrouilles inter­nes et une faible remise en ques­tion de cer­tai­nes pra­ti­ques, ont contri­bué au fait qu’il est aujourd’hui contraint de ce rap­por­ter à ces ini­tia­ti­ves malgré le fait qui les a pen­dant long­temps cri­ti­qué.

Critique du Mouvement

Les gens ici en sont d’ailleurs cons­cients. Il devient urgent de ren­for­cer nos liens et nos pra­ti­ques en les ren­dant capa­bles d’affec­ter plus lar­ge­ment afin de mieux se pré­pa­rer aux pro­chai­nes vagues de contes­ta­tion. En défi­ni­tive, il s’agit de répon­dre d’une cer­taine manière à la ques­tion de l’agir, dans des échelles de temps et d’espace, où la crise et les poli­ti­ques, sem­blent vou­loir impo­ser leurs ryth­mes. Il y aurait beau­coup à en dire, d’un point de vue tac­ti­que, mais aussi stra­té­gi­que. Car répon­dre en ces temps dif­fi­ci­les, à des néces­si­tés pre­miè­res (com­ment bouf­fer, se loger, se soi­gner, avoir de la thune…) impli­que par­fois de passer par l’ usage des méca­nis­mes et dis­po­si­tifs que l’on à l’habi­tude de cri­ti­quer (comme cer­tains cama­ra­des en Grèce qui ne pen­saient jamais devoir tra­vailler et qui se retrouve aujourd’hui obli­ger d’aller récol­ter les olives dans les vil­la­ges ou de bosser comme ser­veur pour 3 euros de l’heure). La ques­tion de la repré­sen­ta­tion, de l’usage des voies dites « léga­les », la cen­tra­lité, le Travail, l’Argent, l’acti­visme, l’entre soi, la bureau­cra­tie, la repro­duc­tion de la sépa­ra­tion de la vie et de la poli­ti­que, sont sou­vent des cri­ti­ques que l’on peut faire de cer­tai­nes formes d’orga­ni­sa­tion et qui sem­ble­raient de fait nous pré­ser­ver de toutes com­pro­mis­sions. Comment faire dès lors, pour ren­contrer d’autres formes de vies, de luttes, com­ment faire pour rester ferme sur notre éthique toutes en res­tant sin­cè­re­ment ouvert à d’autres. Comment faire coïn­ci­der la néces­sité de l’urgence de l’atta­que, à celle de l’ urgence de répon­dre col­lec­ti­ve­ment à des néces­si­tés pre­miè­res ?

Ce monde n’est pas contre nous, c’est nos vies qui s’y opposent

Porosité aux fron­tiè­res du Milieu. Transgression de nos pro­pres règles. Élévation de nos capa­ci­tés res­pi­ra­toi­res. Sortie de l’asphyxie. S’atta­quer à nos pro­pres contra­dic­tions. Organiser nos outils. Créer des Alliances.
Dans cer­tains cas, cela peut avoir de la gueule. Nonobstant le fait qu’il est facile sinon juste d’émettre des cri­ti­ques à l’égard de cer­tai­nes maniè­res de faire de la poli­ti­que, de cer­tains « rap­ports au monde démo­cra­ti­que ». Mais nous avons bien plus à gagner à affi­ner La Critique de ces formes d’orga­ni­sa­tion en cher­chant les irré­duc­ti­bi­li­tés sur les­quel­les cons­truire [ou pas] des allian­ces, plutôt que de nous com­plaire dans des modes de jus­ti­fi­ca­tions, radi­caux, qui s’atta­chent le plus sou­vent à émettre de simple avis, sans jamais déjà trou­ver en l’objet, des puis­san­ces en deve­nirs. Comme le disait un cama­rade bré­si­lien sur le mou­ve­ment de contes­ta­tion au Brésil « C’est fou comme d’une simple lutte contre les prix des trans­ports en commun on a pu arri­ver à un mou­ve­ment de contes­ta­tion his­to­ri­que au Brésil, qui affir­mait d’un seul coup A la mierda la Copa ! »
Si l’espace laissé vacant par la perte de cré­di­bi­lité des dis­cours sur la démo­cra­tie, a été récu­péré par ce qu’il est par­fois juste de nommer, mou­ve­ment asso­cia­tif, citoyens, droits de l’hom­mis­tes, réfor­mis­tes, ici indé­pen­dan­tis­tes, c’est avant tout parce que les mou­ve­ments plus radi­caux ont eu des dif­fi­cultés, sinon des inca­pa­ci­tés, à élaborer des dis­cours, des gestes, a la hau­teur de la situa­tion, capa­ble de ren­for­cer les dyna­mi­ques sur les ter­ri­toi­res depuis les­quels ils s’orga­ni­sent. Il est temps de pren­dre toute ou partie de nos res­pon­sa­bi­li­tés en se disant que c’est aussi parce que l’iden­tité radi­cale, au risque de ne demeu­rer que la simple anti­thèse du monde auquel elle pré­tend vou­loir s’oppo­ser, n’a rem­porté que trop peu de vic­toire pour conti­nuer a se rap­por­ter aux choses du monde que par leurs néga­tions. Nos vies s’immis­cent sur les bords et au tra­vers du Monde. Nous nous sommes cons­truit sur des failles aussi pro­fon­des qu’il parait dif­fi­cile de les résor­ber. La seule chose qui semble bonne est de conti­nuer à se ques­tion­ner sur nos maniè­res d’habi­ter, autant que sur celles qui nous habi­tent.
Alors que l’on s’accorde à dire que le Milieu est lui aussi en crise, la manière de se rap­por­ter, puis de se rat­ta­cher à de nou­vel­les situa­tions par leurs néga­tions mêmes, n’a de cesse d’affai­blir pour­tant les justes posi­tions poli­ti­ques que nous avons. À défaut de ne pas trou­ver notre propre pré­sence au monde, nous nous en satis­fai­sons de fait et pré­fé­rons remet­tre à l’exté­rieur de nous-mêmes les causes de nos mal­heurs. Inutile de rica­ner des ini­tia­ti­ves pré­ten­du­ment réfor­mis­tes lors­que l’on a du mal à porter autre chose que du dis­cours ou de la révolte.
La Plataforma de Afectados por la Hipoteca est l’une de ces ini­tia­ti­ves qui a été cons­trui­tes depuis quel­ques années en réponse à la crise du loge­ment en Espagne. Il serait bon d’ana­ly­ser les prises qu’elle a sur le réel sans se com­plaire dans une cri­ti­que acerbe des méca­nis­mes bureau­cra­ti­ques, de la repré­sen­ta­tion et du spec­ta­cle dans les­quels elle est pour­tant en partie empê­trée, mais aussi d’y trou­ver les lignes de forces capa­bles de nous faire avan­cer.
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La PAH c’est quoi ?

La PAH à vue le jour en 2009 et s’ins­crit dans la lignée d’un autre col­lec­tif de lutte pour le loge­ment « V de vivienda » qui tra­vaillait depuis de nom­breu­ses années sur Barcelone et ailleurs à ras­sem­bler les per­son­nes tou­chées par la ques­tion du loge­ment. Suite à l’explo­sion de la bulle immo­bi­lière, la crise du loge­ment, face à la mul­ti­pli­ca­tion des expul­sions, a cessé d’être quel­que chose de mar­gi­nal. De plus en plus de per­son­nes se retrou­vent à la rue, avec le devoir de conti­nuer de payer une maison dans laquelle elles ne vivent plus. Les gens ont contracté des prêts qu’ils ne peu­vent plus payer. Le rêve de deve­nir pro­prié­taire devient un cau­che­mar. À la suite d’une perte d’emploi vien­nent le chô­mage, les arrié­rés, l’hypo­thè­que puis l’ expul­sion. Violence du quo­ti­dien. Toujours le même méca­nisme, celui de la pro­priété. Qui paye, détient, qui ne paye pas se retrouve à la rue. Ou en taule !
Dans ces pre­miè­res années d’exis­tence, la PAH était plutôt dis­crète. Agissant sur le ter­rain, orga­ni­sant de mul­ti­ples réu­nions et cons­ti­tuant un large réseau de sou­tien, la PAH a peu à peu pris une place impor­tante dans le mou­ve­ment de contes­ta­tion géné­rale à tra­vers notam­ment l’une de ces têtes visi­bles, Ada Colau, avo­cate pré­sente à l’ori­gine du mou­ve­ment. Rassemblant toutes sortes de per­son­nes, le plus sou­vent tou­chées, d’une manière ou d’une autre, par la ques­tion du loge­ment, la pré­sence de la PAH s’est fait sentir sur le ter­rain. D’une pro­blé­ma­ti­que plus géné­rale, la pla­te­forme s’est avant tout concen­trée à orga­ni­ser les dif­fé­ren­tes ini­tia­ti­ves de résis­tan­ces au niveau local. Cela expli­quant sa pré­sence essai­mée sur tout le ter­ri­toire espa­gnol (Madrid, Barcelone, Valence, Tarragona, Sabadell…) mais aussi dans des peti­tes villes de pro­vince.
Les pra­ti­ques de la PAH sont diver­ses. En com­men­çant par des actions direc­tes d’oppo­si­tion aux expul­sions, la pla­te­forme s’est également dotée d’un arse­nal juri­di­que capa­ble de pro­cédé à des recours en cas d’expul­sion avec une cer­taine effi­ca­cité. En plus d’un site inter­net, don­nant accès à des fiches pra­ti­ques pour résis­ter à une expul­sion, le mou­ve­ment a réussi peu à peu à s’immis­cer dans le débat public à tra­vers des cam­pa­gnes de sou­tien massif, péti­tions, mani­fes­ta­tions, occu­pa­tion sym­bo­li­que de Banque, mais aussi har­cè­le­ment col­lec­tif de per­son­na­lité poli­ti­que. De plus la PAH a pro­posé en 2010, au par­le­ment de Madrid, une réforme de la loi sur les hypo­thè­ques qui exi­geait la sup­pres­sion de la dette contrac­tée auprès des ban­ques à la suite d’une expul­sion (ILP). Cette pro­cé­dure visait à inter­di­rent aux Banques de conti­nuer de récla­mer le reste de la dette aux famil­les qui venaient d’être expul­sées de leurs loge­ments. Face au refus du gou­ver­ne­ment et du reste des partis poli­ti­ques de vali­der cette réforme de loi, accom­pa­gné de la mul­ti­pli­ca­tion des cas d’expul­sions, la PAH a décidé de fran­chir un autre niveau d’ offen­si­vité en optant pour la pra­ti­que de l’occu­pa­tion.
Depuis a com­mencé une nou­velle phase où la PAH mène en ce moment une cam­pa­gne d’occu­pa­tion de bâti­ments vides appar­te­nant à des ban­ques pour relo­ger les famil­les qui venaient d’être expul­sées. Selon les chif­fres annon­cés sur sa page web, plus de 800 expul­sions ont été empê­chées et plus de 700 per­son­nes ont été relo­gées. Ce qu’il y a d’incroya­ble là dedans, c’est la capa­cité de mil­liers de per­son­nes à se réap­pro­prier le dis­cours et les gestes offen­sifs du mou­ve­ment d’occu­pa­tion pour répon­dre à des situa­tions d’urgen­ces très concrè­tes. Des gens qui n’étaient pas for­cé­ment des mili­tants se retrou­vent à occu­per, à porter un dis­cours plus offen­sif. En s’orga­ni­sant col­lec­ti­ve­ment l’on voit mieux le lien qu’il pour­rait avoir avec le mou­ve­ment d’occu­pa­tion. Vu la mul­ti­pli­cité et la trans­ver­sa­lité de cette pla­te­forme, cer­tai­nes com­mis­sions de la PAH ont élargi le champ de bataille en s’ auto­dé­fi­nis­sant comme anti­ca­pi­ta­liste (Manresa) conti­nuant d’être rejoint par de plus en plus de monde.
Pour autant appa­rais­sent quel­ques doutes sur les stra­té­gies poli­ti­cien­nes dans les­quel­les se retrouve par­fois la PAH. Autant la PAH sol­li­ci­tée et sol­li­ci­tant les médias à chaque action de résis­tance, fait savoir qu’elle compte bien peser dans le débat public (ILD, Stop Desahucios…) autant le fait que les médias en par­lent par­ti­cipe au fait que de plus en plus de per­son­nes se sen­tent concer­nées. En poin­tant un ennemi commun, la culpa­bi­lité vécue par les gens qui vont être expul­sés se trans­forme. De l’impuis­sance d’être expulsé, de ne pas pou­voir sou­te­nir sa famille, l’on passe à une lec­ture qui n’était pas si claire avant, à savoir celle qui fait que lors­que l’on se retrouve pris dans une force col­lec­tive comme la PAH on peut un peu rele­ver la tête, se res­sen­tir puis­sant face à cette impuis­sance. La ques­tion de l’expul­sion n’est plus un tabou, elle n’est plus qu’un simple pro­blème indi­vi­duel sinon res­senti comme un pro­blème sys­té­ma­ti­que et sys­té­mi­que. La PAH semble défi­nir peu à peu une stra­té­gie à plus long terme. Il y a effec­ti­ve­ment un risque que les actions de la pla­te­forme, avant tout orien­tées en réac­tion à la crise économique de la finance, glis­sent vers une cer­taine forme de mili­tan­tisme capa­ble d’être récu­pé­rée par des partis poli­ti­ques de la gauche tra­di­tion­nelle. Mais n’enter­rons pas si vite ce mou­ve­ment !
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El bloc de Salt no se toca !

Récit des faits.
À Salt, muni­ci­pa­lité de la région de Girona une dizaine de famil­les occu­pent depuis mars 2013 tout un bloc d’appar­te­ment (30 sur 5 étages) appar­te­nant au Sareb (banque crée ces der­niè­res années pour regrou­per tous les actifs toxi­ques de la banque espa­gnole). Cette occu­pa­tion est sin­gu­lière. Au-delà de la simple coha­bi­ta­tion des famil­les relo­gées qui avaient été tou­chées par des expul­sions, l’orga­ni­sa­tion col­lec­tive dans ce bloc au fil de la lutte a été capa­ble de tisser des liens forts entre les habi­tants jusqu’à créer un peu de com­mu­nau­tés : la garde des enfants est par­ta­gée et l’on s’occupe de culti­ver le jardin ensem­ble. Au cours de ces der­niers mois, les sou­tiens ont été nom­breux.
Le rendez-vous étant donné le mardi 15 octo­bre autour d’ une soirée fes­tive, orga­ni­sée face à la menace d’expul­sion prévue le len­de­main. Il y a des concerts prévus autour du bloc, la « com­mis­sion cui­sine » pré­pare la bouffe, l’après-midi se déroule entre une ambiance fes­tive, une inquié­tude par­ta­gée et les pré­pa­ra­tifs face à la pos­si­ble expul­sion. De mul­ti­ples ban­de­ro­les recou­vrent la façade de l’édifice « No pasa­ran » « Aucune famille sans toit et nour­ri­ture » « le bloc de Salt ne se touche pas »,etc.
Du monde arrive d’un peu par­tout, « On attend un bus d’une des com­mis­sions de la PAH de Madrid » la nuit tombe, mais les gens res­tent dehors. Les rues sont déser­tes, mais autour de l’immeu­ble il y a de la vie. La stra­té­gie est bien rodée. Une table d’accueil orga­nise l’espace libre pour dormir, face à l’afflux de per­son­nes venues de toute part appor­ter leurs déter­mi­na­tions à empê­cher l’expul­sion. Des jour­na­lis­tes de la télé cata­lane vien­nent grat­ter des infos, « Ils nous ont dit qu’il y avait des Français, où sont-ils ? » Entre les chan­sons et l’alarme du méga­phone, tout le monde essaye de dormir un peu : la jour­née de demain s’annonce éprouvante.
6 Heures du mat, il y a déjà du mou­ve­ment, on attend les flics à n’importe quel moment. Le café du coin à décidé d’ouvrir plus tôt pour per­met­tre à tout le monde de se réveiller. On regarde les images de la veille. L’on parle de plus de 700 per­son­nes qui ont dormi dans les envi­rons. Le petit déjeu­ner est aussi servi aux portes du bâti­ment. Les gens com­men­cent à se ras­sem­bler. On se compte part cen­tai­nes. Le vert, cou­leur de la PAH, enva­hit l’espace. Les cris et les pan­car­tes récla­ment les têtes du gou­ver­ne­ment «  !Si se puede, pero no quie­ren ! ».
À 9 heures la nou­velle tombe : l’expul­sion a été sus­pen­due. Un mili­tant de la PAH prend la parole et expli­que que suite au recours mené auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, la déci­sion a été prise par cette der­nière de sus­pen­dre l’expul­sion…jusqu’au 29 octo­bre. La joie éclate parmi les mani­fes­tants et les famil­les. Cette annonce leur donne un peu plus de temps pour s’orga­ni­ser. Lors de la table de presse, on se rend compte que c’est l’Europe qui est mise en avant comme défen­seur des droits humains. Alors que les médias natio­naux titrent en pre­mière page « L’Europe empê­che l’expul­sion de l’immeu­ble occupé par la PAH », les habi­tants affir­ment que c’est bien grâce à la lutte et aux dif­fé­rents sou­tiens que cela a été pos­si­ble. Une petite vic­toire pour les habi­tants. Mais tout le monde le sait ici. Si l’État compte s’atta­quer à cette occu­pa­tion, il faudra bien plus que de simple com­mu­ni­qué et de jolie pirouette droit-de-l’hom­miste pour en venir à bout. Dans la foulée une manif est orga­ni­sée dans le quar­tier pour appe­ler les voi­sins à se join­dre à une bouffe prévue en bas de l’immeu­ble.
Les 1000 per­son­nes pré­sen­tes ce jour-là s’en sou­vien­dront. La pro­chaine fois, il faudra être encore plus nom­breux et auda­cieux pour arrê­ter les flics et les huis­siers. Car les vic­toi­res peu­vent se trans­for­mer en défai­tes si un nou­veau niveau d’inten­sité n’est pas assumé par le mou­ve­ment. Alors que l’atten­tion du public était foca­li­sée sur cette expul­sion. Le len­de­main Les Mossos et la Guardia en ont pro­fité pour expul­ser le Mas Castelló, maison occu­pée par les oppo­sants aux pro­jets de la MAT (Ligne Très Haute Tension) à quel­ques kilo­mè­tres de là (Cf arti­cle à venir).
La lucha sigue !

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