mercredi 13 novembre 2013

Agriculture : Pour une nouvelle politique foncière

Communiqué du Front de Gauche pour l'agriculture
Mardi 12 Novembre 2013
Alors qu’une nouvelle loi d’avenir de l’agriculture doit bientôt être soumise au Conseil des Ministres, le Front de Gauche de l’agriculture a présenté ses propositions sur le foncier agricole, résultat d’un travail de plusieurs mois associant syndicalistes, associations, élus et citoyens. L’objectif est de promouvoir une agriculture paysanne, écologique, productrice de produits de qualité, créatrice d’emplois et contribuant à la vie des territoires ruraux.
Pour le Front de Gauche, il faut d’abord protéger le foncier agricole, forestier et naturel face à l’artificialisation des terres –et aussi de lutter contre la  spéculation foncière près des villes- grâce à un plan de protection généralisée du foncier agricole, forestier et naturel s’inspirant de la loi « littoral ». Des exceptions à la règle générale seraient possibles, sur décision des Commissions Départementales de Consommation des Espaces Agricoles (CDCEA), sur la base de critères stricts nationaux. Le rythme national d’artificialisation pour les dix ans à venir serait plafonné, à 10% du rythme actuel, soit 8.000 ha/an.
Les propositions visent d’autre part à inverser le processus actuel de concentration de la production. Des Etablissement Publics Ruraux (EPFR) régionaux et départementaux, reprendraient, en garantissant leur cohérence, les actuelles fonctions du contrôle des structures, des SAFER et de l’encadrement des fermages.
La nouvelle politique des structures reposerait sur l’existence d’une surface maximale d’exploitation par actif (80 ha pour un usage en grandes cultures dans des conditions moyennes de rendement) -applicable, y compris pour les sociétés, en cas d’installation, transmission, renouvellement de bail, agrandissement, division de l’exploitation, diminution du nombre d’actifs, ou encore de changement de l’orientation de la production. Pourront être ainsi libérées des terres au service de l’installation et des petites exploitations.
En matière d’intervention sur le foncier, l’EPFR préempterait systématiquement le foncier à la vente ou en cas de donation –ou en cas de vente, de cession ou de démantèlement d’une société- chaque fois qu’il s’agirait de favoriser les installations, les agrandissements de petites exploitations, les projets d’agriculture écologique ou les projets de collectivités territoriales visant à développer des circuits courts, avec un objectif annuel de 20.000 ha. Un prix de vente de référence du foncier serait établi par territoire.
La révision du droit du fermage viserait à renforcer le droit des fermiers, tout en encourageant la mise en location des terres agricoles.
La politique foncière proposée par le Front de Gauche pourrait ainsi constituer un outil efficace en faveur d’un nouveau modèle agricole. Les mesures proposées ne dépendent que de l’existence d’une véritable volonté politique nationale : à la différence de la PAC, il n’y a ici aucun besoin de consensus européen et il n’y a pas non plus de règles européennes contraignantes qui pourraient servir de justification pour ne pas s’engager sur cette voie.

Contact : Xavier Compain (06.81.00.87.83), Laurent Levard (06.29.43.18.28)

Propositions accessibles sur http://www.placeaupeuple.fr


La Bretagne victime d’un productivisme en bout de course
Jeudi 7 Novembre 2013
Les mobilisations sociales qui se développent en Bretagne sont révélatrices de la crise touchant notre pays et plus particulièrement de la dégradation considérable de la situation économique et sociale dans la région : 6000 emplois salariés en moins rien que pour l’année 2012 et 19 000 dans le secteur marchand depuis 2008. Voilà le résultat de la crise du capitalisme néolibéral, aggravée par les politiques d’austérité du gouvernement, et d’un modèle économique productiviste refusant de prendre en compte les impératifs écologiques.
L’agriculture et les industries agroalimentaires bretonnes, notamment la filière porcine et avicole, se sont, en général, développées sur la base de production de masse de produits peu valorisés destinés en partie à l’exportation. Cette production est aujourd’hui fortement concurrencée par les pays émergents ou par des pays de l’Union européenne qui, comme l’Allemagne ou le Danemark, pratiquent un dumping social éhonté en employant massivement des salariés d’Europe centrale et orientale sous-payés en utilisant les failles de la directive européenne sur le détachement des travailleurs.
Dans ce cadre, l’écotaxe votée sous la droite et mise en œuvre par le gouvernement Ayrault est un prétexte que saisissent le Medef, les tenants de l’agro-business et les patrons de la grande distribution pour détourner l’attention des véritables responsabilités de cette crise. Mais au-delà, si cette fronde rencontre l’adhésion de nombre de catégories sociales excédées de voir leur pouvoir d’achat diminué et les services publics décimés, c’est que cette taxe symbolise l’injustice fiscale actuelle : censée vouloir réduire le trafic routier, elle ne s’appliquera pas sur les autoroutes à péage, là où passe l’essentiel du trafic de camions. Seules seront touchées les routes nationales et les routes départementales. Ainsi seront pénalisées les producteurs locaux, alors que gros du trafic européen qui utilise les autoroutes ne sera pas touché. Cette taxe n’a donc d’écologiste que le nom ! Mais les véritables enjeux sont ailleurs.
L’écotaxe n’est qu’un prétexte et n’est en rien la cause des suppressions d’emplois et de la casse sociale. Pour le Front de gauche, le modèle de l’agroalimentaire productiviste n’est pas soutenable économiquement, socialement et écologiquement. Nous devons rompre avec ce modèle mortifère. Nos revendications ne sont pas celles du patronat, du MEDEF et de la FNSEA. Avec les travailleurs, nous devons nous opposer à l’austérité imposée par le gouvernement et l’Europe libérale, aux cadeaux faits au Medef et aux nouvelles coupes dans les dépenses publiques. Aussi, il se prépare une bataille d’importance contre le budget d’austérité que nous appelons à refuser.
Pour nous, ce changement de modèle passe par la planification écologique. C’est le rôle des pouvoirs publics, Etat et collectivités locales, d’aider à cette transition :
Il faut mettre en œuvre un plan de reconversion de l’industrie agroalimentaire bretonne basé sur un élevage et une une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des hommes, pour des produits de meilleure qualité, la relocalisation de la transformation, la fin de la concentration des outils de travail et une juste rémunération du travail salarié et paysan.
Nous demandons également d’investir massivement dans le ferroutage, la relocalisation de l’activité et la conversion vers des modèles de production durables écologiquement.
De mettre en œuvre une politique fiscale fortement redistributrice et qui s’attaque aux véritables défis écologiques : suppression des niches fiscales anti-écologiques, taxes aux frontières contre les délocalisations, sur les transports de marchandises longue distance etc.
Une politique de l’emploi réduisant et partageant le travail ainsi que la création de véritables filières industrielles dans les secteurs économiques nécessaires à la transition écologique : transports alternatifs, énergies renouvelables, agriculture écologique, économies d’énergie…

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