Monika Karbowska
Source : Amitié entre les Peuples
Tuzla, juin 2014 Il fait très chaud lorsque nous
arrivons dans cette ville moyenne au Nord Est de la Bosnie.
Comme presque toutes les villes de
Bosnie, Tuzla est située dans une vallée très encaissée entourée de montagnes boisées. Ces montagnes cachent des hectares de sites industriels nichés dans le creux de la vallée : mines de charbon, de sel, la ressource naturelle historique la région, ainsi que des usines chimiques de transformation de ces ressources. Du temps de la Yougoslavie, comme dans tous les pays de régime communiste, ces villes moyennes ont été dotées d’usines et la population y a vécu son âge d’or dans les années 70.
Bosnie, Tuzla est située dans une vallée très encaissée entourée de montagnes boisées. Ces montagnes cachent des hectares de sites industriels nichés dans le creux de la vallée : mines de charbon, de sel, la ressource naturelle historique la région, ainsi que des usines chimiques de transformation de ces ressources. Du temps de la Yougoslavie, comme dans tous les pays de régime communiste, ces villes moyennes ont été dotées d’usines et la population y a vécu son âge d’or dans les années 70.
Lepa
Mljadenovic, militante féministe et pacifiste de la première
heure vivant à Belgrade raconte– « En Yougoslavie,
on allait à la mer Adriatique en été et skier en Bosnie en
hiver. On ne se rendait pas compte que ce bonheur était
éphémère et factice car alimenté par une dette vis à vis des
banques occidentales ». La crise de la dette des années 80,
les exigences de remboursement et la mort de Tito ont surpris
une société nullement préparée à affronter la catastrophe qui
tombait sur elle : la montée des nationalismes régionaux, la
désagrégation politique, les manipulations par les grandes
puissances occidentales qui soutiennaient activement le
séparatisme de la Croatie et de la Slovénie entraînant ainsi
la riposte de Milosevic et la terrible guerre civile
nationaliste de 1992-1995.
Chaque ville et
village de Bosnie a payé son lot à la folie meurtrière de la
guerre, même Tuzla, ville riche d’une longue tradition de
lutte de classes et de solidarité ouvrière. Tuzla n’a
heureusement pas connu de nettoyage ethnique mais a eu ses
victimes : 70 jeunes assassinés le 25 mai 1995 au lieu de
rencontre de la Kapija par la grenade d’un sniper. Sur les
hauteurs entourant la ville se trouve un parc ou le monument à
la gloire des Partisans de Tito fait face aux tombes des
innocents de 1995. En Bosnie on ressent encore la division
profonde du pays, la douleur et la peur que cela ne
recommence. Les villages à l’architecture typique de d’Europe
de l’Est sont ornés qui d’une mosquée flambant neuve, qui
d’une immense Eglise orthodoxe qui d’une Eglise à croix
catholique rénovée.
C’est en passant
d’un village à Eglise orthodoxe à un village à mosquée qu’on
distingue en tant que voyageur la frontière de la République
Serbska et de la Fédération Croato-musulmane. Les Serbes
vivent sur le flanc Nord-Est du pays et leur entité forme un
croissant entourant le reste du territoire. Il est facile
d’imaginer ce qui pourrait se passer si le nationalisme
reprenait sa folie.
Justement, en
2014, 20 ans après cette folie on peine à comprendre comment
se fut-il possible qu’on meurt et qu’on tue pour un idéal
nationaliste. La Bosnie, la Serbie, le Monténégro et le Kosovo
ont tous un niveau de pauvreté similaire et un statut de
seconde zone d’antichambre de l’Union Européenn, qu’ils aient
été auteur ou victime des guerres des années 90. Même la
Croatie et la Slovénie entrées dans l’UE essuient un taux de
chômage fulgurant, la désindustrialisation et les conflits
sociaux. Comment se fait-il qu’on en soit arrivés là ? Le
nationalisme ne fait plus recette car il n’a résolu aucun
problème mais en a amené de nouveaux. De plus la construction
des Etats nationaux s’est traduite par une expropriation des
travailleurs au profit d’une nouvelle classe politique
soutenue en Bosnie par les puissances Occidentales. « Les
puissances occidentales ont favorisé alors une nationalisation
« ethnique » de la propriété des travailleurs yougoslaves et
puis ont organisé une privatisation au profit des
multinationales occidentales » - explique Andreja Zivkovic,
militant du groupe marxiste Marks21 et auteur de nombreux
travaux sur l’économie post-yougoslave et sur le projet d’une
Fédération Balkanique.
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