Salaire cubain : On aime comparer ?
alors allons y...enfin un article superbement objectif !
Une vérité relative ...
Lorsque
les médias internationaux disent qu’un travailleur professionnel à Cuba
gagne 20 dollars par mois (480 pesos), ils disent la vérité.
Mais c’est une vérité relative.
Il
est évident qu’il est difficile de s’en sortir avec cette somme, à la
limite d’une pauvreté extrême. Les institutions internationales, en rien
sympathisantes du système instauré dans notre île, l’affirment : Cuba
est un des pays d’Amérique latine où les effets de l’extrême pauvreté
sont le moins visibles. De fait, l’indice de développement humain (de
Cuba) est un des plus élevé de la région.
Pourtant,
le salaire moyen est de toute évidence un des plus bas du continent,
probablement le plus bas. Comment expliquer cette apparente
contradiction ? Simplement, la majorité de la population dépend (où pour
le moins profite) des subventions et aides de l’état.
Personne
n’affirme qu’il s’agit là d’une situation idéale (et ce serait une
bêtise de le faire). Mais il est certain que grâce à ces dispositions,
il a été possible de réduire les graves coûts sociaux de la crise
économique dont a souffert le pays. Quoiqu’en disent les adversaires de
notre système, à Cuba, personne ne meurt de faim, pas même ceux qui ne
gagnent presque rien. Ce qui ne signifie pas que les gens satisfassent à
toutes leurs aspirations économiques et de bien- être (Mais ceci est un
autre thème).
Les règles du jeu sont claires :
il n’est pas possible de mesurer le pouvoir d’achat des cubains vivant à
Cuba avec des outils applicables à d’autres entités et réalités
économiques.
Voyons donc.
Une
des conquêtes de la Révolution, un de ses principaux étendards, est de
pouvoir compter sur des systèmes de santé et d’éducation absolument
gratuits. Les chiffres ne mentent pas, les statistiques de ces secteurs
d’activité situent Cuba en tête de tout l’Amérique latine.
Affirmer
que l’éducation et la santé dans l’Ile sont dans leur meilleur période
serait pour le moins innocent ou pure démagogie. Il est certain que la
crise a aussi impacté ces secteurs. Ainsi, bien qu’il puisse être
quelquefois difficile de trouver des suppléments vitaminés dans une
pharmacie, ou que l’on puisse trouver que certains hôpitaux soient
sales, il est certain cependant que si un malade nécessite une
transplantation de coeur, il l’obtiendra sans avoir à payer un peso !
De
même le niveau de nos enseignants n’est plus celui qui existait il y a
30 ans, mais un jeune sera diplômé de l’université (dûment contrôlé),
sans avoir à débourser de grandes quantités d’argent.
Mais
pouvoir compter sur des systèmes publics de santé et d’éducation
gratuits et universels, n’est pas, d’évidence, le seul avantage dont
bénéficient tous les cubains. Et la nourriture qu’il faut payer, et les
transports, et l’électricité, le gaz ...? Tous ces secteurs sont en
bonne partie subventionnés par l’Etat, de façon que leurs prix soient
relativement bas.
Avec la carte de rationnement
(livret de ravitaillement), chaque citoyen reçoit une quantité
déterminée de marchandises pour un prix quasi symbolique. Cette
quote-part ne résout pas tous les problèmes pour un mois, mais elle aide
considérablement. Les transports publics dans les villes sont très peu
chers. Un aller dans le bus coûte 0,40 peso de monnaie nationale c’est à
dire 2 centimes de dollar* Même si le service, surtout aux heures de
grande affluence , est insuffisant. Beaucoup (ceux qui peuvent)
préfèrent prendre un taxi collectif appelé "almendrones" qui coûte entre
10 et 20 pesos en monnaie nationale, soit à peine de 0,5 à 1 dollar.
Les prix de l’électricité et du gaz sont également modiques. Moi, par
exemple, je vis dans un appartement avec réfrigérateur, ventilateurs,
chauffe-eau, autocuiseur électrique, téléviseur, micro ordinateur,
radio, et autres articles électriques... jamais je ne paie plus de 12
pesos par mois, soit la moitié d’un dollar.
A
ceci s’ajoute que la majorité des cubains, ne paie pas de loyer pour se
loger. Ceci ne signifie pas que la situation immobilière est bonne :
plusieurs génération d’une même famille doivent vivre quelquefois dans
une petite maison. Les locations sont réservées à ceux qui entrent dans
un emploi d’état.
Il est un peu plus difficile
pour ceux qui reçoivent les salaires d’état, d’acheter des vêtements ou
des chaussures dans les réseaux de magasins en devises (cuc), les prix y
étant élevés.
Certains profitent des
possibilités offertes dans les centres de travail (uniformes et
chaussures), et d’autres utilisent les magasins de vêtement recyclés.
Il
existe une partie de la population qui est plus vulnérable : les
personnes âgées, et les sans familles. Pour eux ont été ouverts des
restaurants de prix très très bas et ils reçoivent une attention
sociales personnalisée. Il est certain que se sont eux qui ont été les
plus affectés par la crise. Au cours des dernières années,
particulièrement dans les grandes villes, on a pu noter un phénomène
qu’il y a 30 ans était inconcevable : certains personnes âgées demande
l’aumône dans la rue.
Personne ne dit que tout est facile, ou qu’il s’agit d’une bonne vie.
Une
bonne part des cubains s’arrange pour augmenter leurs revenus,
(certains de manière légale, d’autres en frisant le délit, et une
minorité en usant de délinquance).
Mais
augmenter le pouvoir d’achat, le niveau de vie, c’est une aspiration (et
une demande) des travailleurs citoyens, bien que tous ne sont pas
motivés pour travailler. Les prochaines années seront cruciales. Les
gens ont besoin de certitudes.
Yuris Nôrido est journaliste dans des médias officiels comme le journal "Trabajadores" et le site digital "CubaSi".
Membre
du parti communiste de cuba, "parce que confiante en ce qu’il peut-être
le moteur des changements nécessaires pour ce pays" *
note du traducteur :
Ceci
signifie qu’avec un salaire moyen de 20 dollars, un cubain peut payer
2000 allers en bus. A titre d’illustration, un aller en bus à Lyon
coûte, par carnet de 10, 1,50 euro, soit 2 dollars, multiplié par 2000,
correspond à un salaire de 4000 dollars mensuels....pas si mal...
Autre
remarque : comparez le prix de deux pesos pour aller au cinéma à cuba,
soit environ, sur la base de 9 euros la place en France, 270 FOIS MOINS
CHER. Autrement dit, avec le prix d’une place au cinéma en France, on va
270 fois au ciné à Cuba....pas si mal...
Source : Cuba coopération
Un article de YURIS NÖRIDO Pour la BBC Monde
Traduction : Daniel Maury, France-Cuba Lyon
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