Making-of de l’entretien "polémique" avec l’ex-militant d’Action Directe
Source : le Ravi
Depuis dix ans, le Ravi, le mensuel régional de Paca dédié à l’enquête et à la satire, anime une « Grande Tchatche » sur les ondes de Grenouille, la radio de la Friche de la Belle de Mai à Marseille. L’idée est d’y parler « politique avec des politiques (mais pas que)… »
en évitant, autant que possible, la langue de bois. L’objectif est de
débattre sur l’actualité locale, régionale mais aussi sur les enjeux
« nationaux » avec des personnalités de Provence-Alpes-Côte d’Azur. De
très nombreux députés, sénateurs, maires, conseillers régionaux et
départementaux, de droite, du centre ou de gauche, ont ainsi participé à
cette émission dont nous publions tous les mois sur une pleine page de
larges extraits. C’est peu dire que nous ne sommes pas toujours d’accord avec l’ensemble de leurs propos !
Carte sur table
Nous consacrons aussi des "Grande Tchatche" à des personnalités, acteurs culturels, associatifs, syndicalistes, chercheurs, intellectuels, qui n’ont pas de mandat politique. Et le 23 février, nous avons donc invité Jann-Marc Rouillan, ex-Action Directe, écrivain... ! C’est une actualité qui a inspiré ce choix : la sortie d’un film de Jean-Henri Meunier - Il faut savoir se contenter de beaucoup - docu-fiction où Rouillan, assigné à résidence à Marseille, interprète son propre rôle au côté de Noël Godin, surnommé Georges le Gloupier, alias « l’entarteur ». Il nous a ainsi semblé pertinent de questionner un homme se revendiquant toujours du « militantisme révolutionnaire », aujourd’hui placé en liberté conditionnelle, sur les sujets clefs du moment : les politiques sécuritaires, la crise de la démocratie représentative, la radicalisation islamique en prison, les attentats…
Première précision importante : avant, pendant et après l’émission enregistrée dans les conditions du direct, nous avons à chaque étape joué carte sur table avec Jann-Marc Rouillan, lui annonçant les thèmes qui seraient abordés durant l’entretien, soucieux de ne pas le piéger et de lui éviter, comme ce fut le cas en 2008 suite à un entretien dans L’Express, d’être renvoyé en prison. Il lui est en effet notamment interdit d’évoquer les faits pour lesquels il a été condamné [Le parquet de Paris a ouvert lundi 7 mars une enquête préliminaire pour « apologie du terrorisme » à l’encontre de Jann-Marc Rouillan suite à ses déclarations dans notre émission]. Une seconde précision utile : nous avons bien entendu appliqué avec Jann-Marc Rouillan la même distance critique à laquelle nous nous tenons vis à vis de nos invités.
Pas courageux !
Depuis la publication de l’entretien, la presse focalise sur une phrase de Jann-Marc Rouillan : ceux qui ont mené les attentats de Paris « se sont battus courageusement dans les rues de Paris ». A l’antenne, et dans nos colonnes, nous avons clairement indiqué que, à nos yeux, « il ne faut pas beaucoup de courage pour aller abattre des gens à une terrasse de café » ! Ceux qui connaissent la ligne éditoriale du Ravi, ceux qui ont lu nos réactions, nos articles, nos dessins, après les attentats contre Charlie Hebdo, contre l’Hyper Cacher puis contre les victimes du Bataclan et celles des terrasses parisiennes, connaissent le peu d’empathie que nous avons pour les méthodes et les visées des intégristes islamistes.
Dans le même entretien Jann-Marc Rouillan prononce d’autres mots condamnant Daech, « un mouvement basé sur le sacrifice, la mort ». Il y développe des arguments qui méritent d’être entendus, sans que l’on soit obligé d’y adhérer, ni en totalité, ni même en partie : « visiblement la France ne veut pas en terminer avec Daech sinon elle frapperait le Qatar et l’Arabie Saoudite… » ; « plus il y aura de prêcheurs islamistes en prison, plus il y aura d’islamistes… » ; « L’éducation, la contre-culture populaire, ça c’est la possibilité de déradicaliser l’islamisme… » ; « rien ne se fera sans la violence mais la violence ne suffira pas. Il y a des milliers d’autres méthodes pour être révolutionnaire… » Il y parle de son expérience de l’univers carcéral, « presque exclusivement réservé aux gamins des quartiers populaires où s’exerce la terreur d’une classe sur l’autre », prison dans laquelle il a vécu un quart de siècle dont sept années en isolement total…
Cet entretien [lire dans le Ravi n°138, daté mars 2016], comme ceux qui l’ont précédé et ceux qui le suivront, est donc un témoignage pour faire débattre, réfléchir et agir.
Michel Gairaud
Pour écouter l’intégralité de l’entretien avec Jann-Marc Rouillan, mené par Michel Gairaud et Rafi Hamal, enregistré lors de la "Grande Tchatche" du mensuel le Ravi sur radio Grenouille le 23 février 2016, c’est par ici
Carte sur table
Nous consacrons aussi des "Grande Tchatche" à des personnalités, acteurs culturels, associatifs, syndicalistes, chercheurs, intellectuels, qui n’ont pas de mandat politique. Et le 23 février, nous avons donc invité Jann-Marc Rouillan, ex-Action Directe, écrivain... ! C’est une actualité qui a inspiré ce choix : la sortie d’un film de Jean-Henri Meunier - Il faut savoir se contenter de beaucoup - docu-fiction où Rouillan, assigné à résidence à Marseille, interprète son propre rôle au côté de Noël Godin, surnommé Georges le Gloupier, alias « l’entarteur ». Il nous a ainsi semblé pertinent de questionner un homme se revendiquant toujours du « militantisme révolutionnaire », aujourd’hui placé en liberté conditionnelle, sur les sujets clefs du moment : les politiques sécuritaires, la crise de la démocratie représentative, la radicalisation islamique en prison, les attentats…
Première précision importante : avant, pendant et après l’émission enregistrée dans les conditions du direct, nous avons à chaque étape joué carte sur table avec Jann-Marc Rouillan, lui annonçant les thèmes qui seraient abordés durant l’entretien, soucieux de ne pas le piéger et de lui éviter, comme ce fut le cas en 2008 suite à un entretien dans L’Express, d’être renvoyé en prison. Il lui est en effet notamment interdit d’évoquer les faits pour lesquels il a été condamné [Le parquet de Paris a ouvert lundi 7 mars une enquête préliminaire pour « apologie du terrorisme » à l’encontre de Jann-Marc Rouillan suite à ses déclarations dans notre émission]. Une seconde précision utile : nous avons bien entendu appliqué avec Jann-Marc Rouillan la même distance critique à laquelle nous nous tenons vis à vis de nos invités.
Pas courageux !
Depuis la publication de l’entretien, la presse focalise sur une phrase de Jann-Marc Rouillan : ceux qui ont mené les attentats de Paris « se sont battus courageusement dans les rues de Paris ». A l’antenne, et dans nos colonnes, nous avons clairement indiqué que, à nos yeux, « il ne faut pas beaucoup de courage pour aller abattre des gens à une terrasse de café » ! Ceux qui connaissent la ligne éditoriale du Ravi, ceux qui ont lu nos réactions, nos articles, nos dessins, après les attentats contre Charlie Hebdo, contre l’Hyper Cacher puis contre les victimes du Bataclan et celles des terrasses parisiennes, connaissent le peu d’empathie que nous avons pour les méthodes et les visées des intégristes islamistes.
Dans le même entretien Jann-Marc Rouillan prononce d’autres mots condamnant Daech, « un mouvement basé sur le sacrifice, la mort ». Il y développe des arguments qui méritent d’être entendus, sans que l’on soit obligé d’y adhérer, ni en totalité, ni même en partie : « visiblement la France ne veut pas en terminer avec Daech sinon elle frapperait le Qatar et l’Arabie Saoudite… » ; « plus il y aura de prêcheurs islamistes en prison, plus il y aura d’islamistes… » ; « L’éducation, la contre-culture populaire, ça c’est la possibilité de déradicaliser l’islamisme… » ; « rien ne se fera sans la violence mais la violence ne suffira pas. Il y a des milliers d’autres méthodes pour être révolutionnaire… » Il y parle de son expérience de l’univers carcéral, « presque exclusivement réservé aux gamins des quartiers populaires où s’exerce la terreur d’une classe sur l’autre », prison dans laquelle il a vécu un quart de siècle dont sept années en isolement total…
Cet entretien [lire dans le Ravi n°138, daté mars 2016], comme ceux qui l’ont précédé et ceux qui le suivront, est donc un témoignage pour faire débattre, réfléchir et agir.
Michel Gairaud
Pour écouter l’intégralité de l’entretien avec Jann-Marc Rouillan, mené par Michel Gairaud et Rafi Hamal, enregistré lors de la "Grande Tchatche" du mensuel le Ravi sur radio Grenouille le 23 février 2016, c’est par ici
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