Article publié dans Le Lot en Action de mars (n°98),
borné pour refuser de le lire. Je n’avais
pas été convaincu par « L’insurrection qui
vient » n’ayant rien trouvé
de bien nouveau. Me décidant à le lire pour ne pas
mourir aussi idiot
que Glucksmann, j’ai été enthousiasmé par la lucidité du texte.
Bien
entendu j’aurais plein de choses à critiquer mais ce serait faire preuve
de
mesquinerie. Lucide sur tous les aspects de la contestation
nouvelle, le texte peut
faire grincer des dents à plein de gens. En
effet, s’il commence par une affirmation
joyeuse et positive (pour nous)
« les insurrections, finalement, sont venues »
elle est, dès le 3e
paragraphe, compensée par « les insurrections sont venues,
pas la
révolution ». Ensuite, la critique se déroule en exposant les faits,
les
événements et leurs limites. Tout y passe, des AG et de leurs
contradictions,
à la cybernétique. Bien sûr en leur temps, les
situationnistes, qui l’avaient vu venir,
avaient déjà déclaré « avant la
cybernétique les flics ». Mais ils n’en avaient pas
connu les ravages.
Les auteurs affirment froidement, et je les approuve,
« L’économie
politique régnait sur les élus en les laissant libres de poursuivre
leurs intérêts. La cybernétique les contrôle en les laissant libres de
communiquer ».
Diagnostic définitif Marx affirmait en son temps (ils
l’ont lu et le critiquent) « Plutôt
une fin effroyable qu’un effroi sans
fin, tel est le testament politique de toute classe agonisante ». Eux,
désabusés, constatent après Debord, que l’état de crise permanente,
et
les peurs qu’elle engendre, serait plutôt devenu le mode de gouvernement
du monde.
« Il faut prévenir par la crise permanente toute crise
effective. » Et quand ils analysent
les processus démocratiques dans les
assemblées, ce rêve de toutes les révolutions,
ils osent affirmer,
quitte à choquer fortement, « si l’insurrection a d’abord trait à la
colère puis à la joie, la démocratie directe, dans son formalisme, est
d’abord une affaire
d’angoisse » pour finir par oser « Il n’y a pas à
faire le procès de la démocratie : on ne
fait pas le procès d’une
angoisse ». J’ai dit qu’à le lire des dents crisseraient.
À rapprocher
de J.-P. Manchette qui avait écrit « Il ne faut pas laisser la critique
du
fascisme aux démocrates, pas plus qu’il ne faut laisser la critique
de la
démocratie aux imbéciles. »
image: http://www.lelotenaction.org/medias/images/culure-a-nos-amis-du-comite-invisible-.jpg?fx=r_250_250
Lucides encore une fois, ils comprennent et approuvent la
Lucides encore une fois, ils comprennent et approuvent la
lutte contre les
grands chantiers comme la conscience des enjeux de la
planification de
l’espace.
C’est, bien entendu, écrit dans un
français impeccable, ce qui ne fait que
confirmer que depuis plus de 50
ans seuls les internationaux s’obstinent à
vouloir écrire et donc,
penser correctement. Et la fin du livre vaut son début.
« Vivre tendu
vers demain, marcher vers la victoire, est une des rares façons
d’endurer un présent dont on ne se masque pas l’horreur. » « Devenir
révolutionnaire, c’est s’assigner un bonheur difficile mais immédiat. »
Lisez-le, déjà dans mon entourage les
avis sont partagés. Ce livre, à défaut de
nous redonner totalement
espoir, aura déjà servi à ça : nous faire réfléchir
(et nous engueuler,
mais c’est bien).
En savoir plus sur http://www.lelotenaction.org/pages/content/archives/livre-subversif-a-nos-amis-comite-invisible.html#VduUIpXrRRRhLMMj.99
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