mardi 19 janvier 2016

Voyager en 3ème classe, c’est possible avec M. Macron !


Les montpelliérains peuvent désormais rejoindre la capitale en 13h par L’AUTOCAR. « PAS de ROSES sans ÉPINES » a embarqué dans l’une des compagnies pour un voyage épique.
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Au début du 19eme siècle il fallait une douzaine de jours pour relier Montpellier à Paris en diligence. L’arrivée des chemins de fer permet dès 1893 de faire un Marseille – Paris en 14h.
Aujourd’hui les montpelliérains peuvent être à Paris en 3h30 par le train. Mais le ministre de l’économie a décidé que le train pour les grandes distances c’était trop chic pour les pauvres.  Il met donc en place la diligence des temps modernes : les autocars, lents, polluants, peu confortables, bref …. le rêve.
Forcément, il y a quand même des bons côtés dans l’autocar : c’est l’occasion de se remémorer les sorties scolaires où tout le monde chantait : « Chauffeur si t’es champion…», aux garçons qui faisaient du chahut au fond du bus, à Kevin toujours assis à coté de la prof’ principale :  l’autocar c’est un petit coin de nostalgie.
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Prenez des livres!
Les compagnies de transport proposent en plus du wifi, des sièges confortables et des prises électriques pour améliorer le trajet. Que demander de plus pour passer un voyage qui se composera d’un wifi défectueux, de sièges étroits et des chansons du top 50 en boucle pendant tout le voyage.
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Je mesure 1m80.
             Allez, on n’est pas là pour se reposer ou passer sa journée sur le web. Nous, on veut aller à Paris et pour pas cher.
8h40, tramway les Sabines, le bus est stationné, la queue est déjà d’une quinzaine de personnes devant l’entrée passager.
Devant la porte, c’est Philippe, chauffeur, contrôleur, bagagiste, il est de retour de vacances, ça commence fort pour lui. Les questions sont nombreuses :  à quelle heure on s’arrête manger ?
Est-ce qu’on va être à l’heure ? Combien de fois on va s’arrêter ?
« Ohlala je suis tout seul pour tout faire, on embarque et après on voit ! »
Philippe fera une heure de route pour finalement s’arrêter sur l’air de Caylar. Il passe le relais à Roger, notre second chauffeur. L’ambiance est très bonne à bord, les chauffeurs savent très bien dédramatiser l’atmosphère pesante d’un voyage qui est parti pour être interminable.
Roger fera le trajet jusqu’à Paris c’est-à-dire de 10h à 21h30. Les arrêts seront au nombre de 5. Wc à bord, ne vous inquiétez pas.
Le trajet coûte 9 euros, 4 fois moins cher qu’un Ouigo (TGV à bas coûts lancée par la SNCF), 4 fois moins cher qu’un covoiturage et 8 à 10 fois moins cher que la SNCF. Les tarifs varient mais l’écart reste proportionnel à la concurrence. Enfin quand on sait que OUIBUS, compagnie de transport sur route, appartient à la SNCF, on peut se dire que c’est une drôle de concurrence.
Quelle que soit la compagnie (Isilines en ce qui nous concerne), le voyage est long et éprouvant mais les débriefings des tarifs de transports délient les langues durant toutes les pauses pipi :
« Ouigo ils exagèrent, pas un billet en dessous de 40 euros même le premier jour de vente »
« la Sncf, ils sont fous, faudra bientôt faire un crédit pour aller voir ses parents 3, 4 jours! »
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Pause, encore 6H de route.
Pendant les débats déchaînés de la pause, ne rêvez pas d’un petit café  car hormis pour le déjeuner, tous les autres arrêts se font sur les gares routières désertiques de Clermont-Ferrand, Bourges et Orléans. Après il est vrai, le but n’est pas de dépenser en café ou en sandwich plus que le prix du billet : prévoyez plutôt un petit kit de restauration. Le trajet se termine avec des passagers un peu tendus mais le professionnalisme du chauffeur calme toutes les petites contrariétés.
Fin du voyage en « diligence », le dos en vrac et les jambes raides comme des bâtons, je peux prendre le métro (Porte de Bagnolet) situé quelques mètres plus loin.
À l’occasion de la présentation de son projet de loi, Monsieur Macron disait que «les pauvres qui ne peuvent pas voyager pourront voyager plus facilement». Ça en dit long sur l’idéologie de la gauche française :  les personnes modestes, ils ont le temps, donc ils peuvent bien faire 13h de bus au lieu de 3h30 de train ou 7h de voiture. Rajouter de la pénibilité aux personnes les plus fragiles est l’innovation de monsieur Macron.  C’est simple si tu veux créer de la croissance, tu pénalises ceux qui n’ont pas le sou.
C’est le retour de la troisième classe mais le pire c’est qu’elle ne cohabite même plus avec les deux autres. Les premiers types de wagons comprenaient jusqu’à quatre classes, quelque chose de révolue aujourd’hui mais qui regagne peu à peu les esprits. On continue cette philosophie du discount. Tu mangeras moins cher mais dégueulasse, tu voyageras mais très lentement et bientôt tu respireras mais une fois sur deux!
Cette loi montre l’incapacité des institutions à agir sur la politique. Alors que le train semble être le mode de transport idéal dans un monde préoccupé par le réchauffement climatique, les routes se remplissent d’autocars qui s’alignent aux camions, puisque que le fret ferroviaire est lui aussi en déperdition. Le transport de marchandise sur rail a régressé de 30 % depuis dix ans au profit de la route qui bénéficie d’un soutient sans précédent de la part de l’État.
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Faut pencher un peu la tête.

À défaut de ralentir le rejet de CO2 dans l’atmosphère on crée un marché qui aggrave les problématiques climatiques.
Quand on dit ralentir au gouvernement il comprend ralentir les plus précaires.
Quand le gouvernement a des idées pour redresser le pays c’est libéraliser. Tellement peu d’imagination que les politiques ou les puissances économiques nous démontrent une nouvelle fois leur incapacité à innover dans le bon sens.

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