Source : Express live
Mylène Vandecasteele
En juillet 2001, après des années de lutte contre la drogue, le gouvernement portugais a complètement changé de stratégie et a décriminalisé toutes les drogues (cannabis, héroïne, cocaïne, ecstasy ainsi qu’une multitude de médicaments).
A cette époque, cette mesure a suscité
l’inquiétude de plusieurs personnes. Nombreux sont ceux qui ont craint
qu’une crise sanitaire ayant des répercussions sur la productivité de
plusieurs secteurs ne survienne dans le pays, que la toxicomanie et la
consommation augmentent chez les jeunes ou encore que le Portugal ne
devienne une plaque tournante du trafic de drogues. Cependant, 14 années
plus tard, les résultats sont remarquables, si l’on s’en tient aux
chiffres de divers indicateurs au niveau national.
Dans un premier temps, le Portugal avait
adopté une posture conservatrice vis-à-vis de la consommation de
drogues avec un ensemble de mesures punitives et répressives menées par
le système de justice pénale. Durant les années 80, cette approche a
prévalu mais s’est révélée vaine. En 1999, près d’1% de la population
était accro à l’héroïne et les décès liés au SIDA étaient plus élevés
que dans tous les pays de l’Union européenne, souligne The New Yorker.
Mais en 2001, le gouvernement a totalement changé de cap et a décriminalisé la possession et la consommation de drogues.
Le tableau ci-dessous de Transform Drug Policy Foundation
montre la proportion de la population consommant de la drogue à un
moment donné a augmenté après la décriminalisation pour ensuite décliner
:
La dépénalisation des drogues au Portugal a eu un effet semblable à celui de la psychologie inversée.
Comme l’usage n’est plus interdit, on ne perçoit plus de bénéfices à la
consommation de la drogue et les personnes sont davantage conscientes
des conséquences et dangers éventuels.
D’un point de vue global, la
consommation de drogues chez les jeunes de 15 à 24 ans a diminué. Les
taux d’infection par le VIH parmi les consommateurs de drogues
injectables ont été réduits à un rythme soutenu et le problème est
devenu plus facile à gérer qu’au sein de pays ayant des taux élevés. En
outre, les décès liés à la consommation de drogues ont sensiblement
chuté comme le montre le tableau suivant de Transform Drug Policy
Foundation :
Une étude publiée en 2010 dans le
British Journal of Criminolgy a également montré que durant la période
suivant la décriminalisation, le Portugal a connu une diminution des
emprisonnements liés au trafic de drogues et une hausse des
fréquentations de cliniques de désintoxication et de traitements de
pathologies en rapport avec la toxicomanie.
Comme le fait remarquer le journaliste
Zeeshan Aleem de Mic.com, la solution portugaise n’est pas un remède
mais ce n’est pas non plus une catastrophe. De nombreux partisans de la
décriminalisation et de la légalisation ont salué les résultats du
Portugal. Le gouvernement a véritablement freiné le processus
d’« intoxication » ayant lieu dans la population depuis plusieurs
décennies et la réalité portugaise a le mérite d’élargir le débat en
vigueur sur la dépénalisation des drogues.
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